lois anterieures. La liberté germanique a depuis été
confirmée de nouveau par les traites de Nimegue,
de RifVick, de Raftadt 6c Baden, & enfin par le dernier
traité d’Aix-le-Chapelle en 1748, où la France
a toujours eu foin de ftipulcr l’entier affermiffcment
des princes 6c états de l’Empire.
Enfin les dernieres lois font les recès de l’Empire,
c ’cft-à-dirc les conftitutions 6c les decrets dont les
princes 6c états du corps germanique font convenus
dans les dictes générales, du conlentement de l’empereur,
fans la ratification duquel aucunes lois, résolues
môme par les trois colleges, n’ont la force de
lois publiques.
Nous n avons ici parlé que des dernieres lois impériales
: ce n’eft pas qu’il n’y en ait de très-anciennes
recueillies par Lindenbroge, auffi-bien que dans
nos capitulaires, 6c par Goldafte ; mais elles fervent
moins pour le droit public de l’Empire, que pour
l ’hiftoire de ce vafte corps. Celles qui font d’ufage
ont été données par une infinité d’écrivains, qui les
ont expliquées, commentées, 6c comparées les unes
avec les autres ; c’eft un travail 6c une étude fuivie
de les connoître toutes. V. D roit germanique.
Par rapport aux lois qui regardent les particuliers,
elles font la plupart émanées des coûtumes des
provinces, des cercles de l’Empire, ou même des
princes qui ont droit d’en faire pour leurs fujets, 6c
pour terminer les différends qui s’elevent entr eux.
Les difficultés font ordinairement décidées en première
inftance par les juges établis dans les villes
principales de chaque cercle, état, comté, ou principauté
; & les appellations s’en rejevent à la chambre
impériale de W etzlar, autrefois établie à Spire,
ou bien elles font réglées par le confeil aulique qui
réfide prés de l’empereur. Il y a néanmoins des princes
de l’Empire dont les jugemens font fans appel à
ces deùx Âibunaux : tels font les éleûeurs de Saxe 6c
de Brandebourg. Mais on s’eft toujours plaint qu’on
ne voyoit jamais finir les affaires ni régler les con-
teftations, dès qu’elles étoient portées à la chambre
impériale ou au confeil aulique, où d’ailleurs
les dépenfes font exceffives.
Peines impojèes aux membres de L'Empire. Mais
dès qu’il s’agit des difficultés qui naiffent entre les
princes 6c états de l’Empire, elles ne peuvent être
réglées que par la diete générale de ce vafte corps ;
autrement c ’eft une infraction faite aux lois fondamentales
de l’état. C ’eft pourquoi l’empereur ne
jfauroit de fon autorité punir un membre de l’Empire
, le condamner au ban de l’Empire, c’eft-à-dire
au bànniffement ou à la profeription, ni priver un
prince de fes états. Il faut que le corps de l’Empire,
fur la connoiffance 6c la conviction du crime, prononce
fon jugement. En effet, le ban impérial étant
une peine qui paffe aux enfans, en ce qu’ils ne fuc-
cedent point aux biens de leur pere, il eft jufte 6c
même néceffaire que cette profeription fe faite avec
l ’approbation de tous les états.
Il y a deux exemples notables de ce ban : le premier
fut celui de Jean Frédéric électeur de Saxe,
proferit par l’empereur Charles-quint, 6c dont les
états pafferent au prince Maurice de Saxe coufin de
JeanFréderic, mais d’une branche puînée. Afa mort
arrivée fans laiffer d’enfans mâles, en 1553, fon
éleCtorat paffa à fon frere Augufte, qui mourut en
1586 ; 6c c’eft de lui que defeend la maifon de Saxe
qui poffede aujourd’ hui toutes les terres 6c les dignités
de la branche aînée.
La fécondé profeription fut celle de Frédéric V.
électeur Palatin, qui mourut dépouillé de fes états
en 1631 : mais fon fils Charles Louis fut rétabli en
1648,avec le titre de huitième électeur. Ceux de
.Saxe 6c de Brandebourg ne laifferent pas de fe plaindre
du ban publié 6c exécuté contre 1’éleCteur Palatin
: c’eft ce qui obligea les électeurs d’inférer dans
la capitulation de Léopold 6c dans les fuivantes,
que l’empereur ne pourra mettre perfonne au ban
de l’Empire, même en cas de notoriété, fans le confeil
6c le confentement des électeurs.
Lorfqu’il s’agit de mettre un prince eccléfiaftique
au ban de l’Empire, il faut que les deux puiffances y
concourent ; c’eft-à-dire le faint-fiége ou le pape,
& la puiffance temporelle, c’eft-à-dire l’empereur
avec le confentement des électeurs.
Une autre peine, mais qui n’eft foûtenue d’aucune
loi pofitive, eft la dépoùtion de l’empereur. C ’eft
néanmoins ce qui eft arrivé plus d’une fois. Adolfe
de Naffaii fut dépofé en 1198 par les électeurs, pour
avoir négligé ce que fes prédéceffeurs avoient reli-
gieufement obfervé dans l’aminiftration de l’Empire,
ou même pour avoir méprifé les avis des électeurs ;
pour avoir engagé une guerre injufte & préjudiciable
au bien commun du corps germanique, enfin pour
avoir fomenté des divifions entre plusieurs états de
l’Empire.
Le deuxieme exemple eft celui de Wenceflas fils
de l’empereur Charles IV. qui fut dépofé vingt-deux
ans après fon élection, pour avoir démembré l’Empire
par la vente qu’il fit du Milanois aux Vifcomti,
6c même de plufieurs autres états d’Italie ; enfin pour
avoir maffacré de fa propre main ou fait inaffacrer
plufieurs eccléfiaftiques : ces excès engagèrent les
électeurs à le déclarer indigne de l’Empire, dont il
fut privé, 6c l’on élut en fa place Robert comte Palatin,
l’an 1400 ; Wenceflas ne mourut qu’en 1418,
dans le royaume de Boheme où il s’étoit retiré, 6c
dont il étoit roi. (a)
Constitutions apostoliques, font un re*
cueil de reglemens attribués aux apôtres, qu’on fup-
pofe avoir été fait par S. Clément, dont elles portent
le nom.
Elles font divifées en huit livres, qui contiennent
un grand nombre de préceptes touchant les devoirs
des Chrétiens, 6c particulièrement touchant les cérémonies
& la difeipline de l’Eglife.
La plupart des lavans conviennent qu’elles font
fuppolées, 6c constatent par des preuves allez palpables
, qu’elles font bien poftérieures au tems des
apôtres, & n’ont commencé à paroître que dans le
quatrième ou cinquième fiecle, 6c que par confisquent
S. Clément n’en eft pas l’auteur.
M. Wifthon n’a pas craint de fe déclarer contre
ce fentiment univerfel, 6c a employé beaucoup de
raifonnemens & d’érudition pour établir que les
confitutions apofiotiques font un ouvrage facré , dicté
par les apôtres dans leurs affemblees, écrit fous
leur dictée par S. Clément ; 6c il les regarde 6c veut
les faire regarder comme un fupplément au nouveau
Teftament, ou plutôt comme un plan ou un expofé
de la foi chrétienne 6c du gouvernement de l’Eglife.
Voye{ fon effai fur les conjlituùons apojloliques, &
fa préface hijlorique, où il décrit toutes les démarches
qu’il a faites pour parvenir à cette prétendue découverte.
Une raifon très-forte contre, le fentiment de M.'
Wifthon, c’eft que ces conjlituùons qu’il attribue
aux apôtres, fentent en quelques endroits l’arianif-
me, fans parler des anachronifmes 6c des Opinions
fingulieres fur plufieurs points de la religion, qu’on
y rencontre prefqu’à chaque page. (G) C o n st itu t io n , (Medecine.) voye{ T empéra^
ment.
CONSTITUTIONNAIRE, f. m. ( Thiol.) nom
que l’on donne à ceux qui ont accepté la bulle Unigenitus.
(G)
CONSTRICTEUR, f. m. (Anat.) épithète des
mufcles dont FaCtion eft de refferrer quelque partie.
Le çonfiricleur dçs paupières, voye^ Orbiculaire.
Les
• Les conflriiïeurs des aîles du nez paire de muf-
clés communs aux aîles du nez & a la levre fupé-
rieure. Foye{ Ne z , Myrtiforme. ,(Z.)
CONSTR1ÇTION , f. f. (Med.') vice des folides
ou organiques. Le mot confriclion exprime Uétat d’une
partie l’olide ou organique, qui éprouve aCtuelr
lement une tenfion violente & contre nature , un
refferrement convulfif ou fpafmodiquc. Voy. Spasm
e . (b) ; •
CONSTRUCTION , f. f. terme de Grammaire ;
ce mot eft pris ici dans un feus métaphorique, 6c
Vient du latin confleère, conftruire, bâtir, arranger.
La confection eft donc l’arrangement des mots
dans le difeours* La conjlruclion eft vicieufé quand
les mots d’urié phrafe ne font pas arrangés félon
l’ufage d’une langue. On dit qifuné conjlruclion. eft
greque ou latine, loffque les móts font rangés dans
un ordre conforme à l’ufage, au tour, au génie de
la langue greque, ou à celui de la langue latine. ,,
Conjlruclion louche ; c’eft lorfque les mots font
placés de façon qu’ils femblent d’abord fe rapporter
à ce qui précédé, pendant qu’ils fe rapportent réellement
à ce qui fuit. On a donné ce nom à cette
forte de conjlruclion, par une métaphore tirée de
ce que dans le fens propre les loiichcs femblent regarder
d’un côté pendant qu’ils regardent d’un autre.
On dit confrütiion pleine, quand on exprime tous
les mots dont les rapports fucceffifs forment le fens
que l’on veut énoncer. Au contraire la conjlruclion
eft elliptique lorfque quelqu’un dé cês mots eft fouS-
entendu.
Je crois qii’on ne doit pas confondre confriulion
âvec fyntaxe. Conjlruclion ne préfénte que l’idée dé
combinàifon 61 dérangement. Cicéron a dit félon
trois combinaifons differentes , accepi Hueras tuas j,
tuas dccepi Htteras , & Hueras accepi tuas : il y a là
trois confections, puifqu’il y a trois différens arran-
gemeris dé mots ; cependant il n’y a qii’iine fyntaxe ;
Car dans chacune dé ces conjlruclions il y à leS mêmes
figrtes des rapports que les mots ont entr’eu x,
ainfi ces rapports font les mêmes dans chacune de
ces phrafes. Chaque mot de I’une indique également
le même corrélatif qui eft indiqué dans chacune des
deux autres $ enforte qu’après qù’on a achevé de
lire OU d’entendre quelqu’une de ces trois propofi-
tions , l’efprit voit également que Hueras eft le déterminant
d’dccepi, que tuas eft l’adjeCtif de Hueras;
ainfi chacun de ces trois arrangemens. excite dans
l’efprit le même fens, j'a i reçu votre lettre. Or ce
qui fait en chaque langue, que les mots excitent le
fens que l’on Veut faire naître dans ï’efprit de ceux
qui favent la langue, c’eft ce qu’on appelle fyntaxe.
La fyntaxe eft donc la partie de la Grammaire qui
donne la connoiffance des fignes établis dans une
langue pour exciter un fens dans l’efprit. Ces fignes,
quand on en fait la déftination , font connoître les
rapports fucceffifs que les mots ont entr’eux ; c’eft
pourquoi lorfque celui qui parle ou qui écrit s’é-,
carte dé cet ordre par des tranfpofitions que l’ufagé
«utorife, l’efprit de celui qui écoute ou qui lit rétablit
cependant tout dans l’ordre en vertu des fignes
dont nous parlons ,• 6c dont il connoît la déftination
parufage. ,
Il y a en toute langue trois fortes de conjlruclions
qu’il faut bien remarquer. 1°* Confection néceffaire, fgnificative ow énoncia-
live, c’eft celle par laquelle feule les mots font un
fens : on l ’appelle auffi conjlruclion finiplç 6t confection
naturelle f parce que c’eft celle qui eft la plus
conforme à l’état des .cnofes, comme np.iis le ferons
Voir dans la fuite, 6c que d’ailleurs cette confection
eft le moyenne plus propre & le plus raeile qùé là
nature nous ait donné pour fairè connoître nos pen-
£ées par la parole ; ç’eft ainfi que' lorfque dans un
Tome J K • ■ * f«* •, em
traité de. Geometrie les proportions font rangées
dans un ordre fucceflïf qui nous en fait appercevoir
aifément la iiaifon & le rapport,.fans quoi y ait aucune
proportion intermédiaire à fuppléer, nous di-
fons que les proportions de ce traité font rangées
dans 1 ordre naturel.
empruntent la propriété qu’elles ont de fignificr, au
point que fi la cùnflnMion néceffaire ne pouvoit pas
fe retrouver dans les.autres fortes d’énonciàtions
celles-ci n’exciteroient aucun fens dans l’efprit, ou
n y exciteroient pas celui qu’on vouloit y faire naître
; c’eft ce que nous ferons voir bien-tot plus feu-
fiblementi .
II . La fécondé forte de confection, eft là confection
figurée. , , J 111°. Enfin, la troifieme eft celle où les mots ne
font ni tous arrangés fuivant l’ordre de la confection
Jimplcy ni-tous difpofés félon la confection figurées
Cette troifieme forte d'arrangement eft le plus en.
ufage} .c’eft pourquoi je l’appelle confection nfuelle.
1 . De la confection fimple. Pour bien comprendre
ce que j’entens par confection fimple 6c necejfai-
re, il faut obferver qu’il y a bien de la différence entre
concevoir uri fens total, 6c énoncer enfuite par
la parole ce que l’on a conçu.
L’homme eft iift être vivant, capable dé fenfir j ’
de perifer, dé connoître, d’imaginer, de juger, de
vouloii-, de fe reffouveriir j &c. Les àéles particuliers
de ces fâcultes fe font en nous d’une maniéré
qui ne noüs eft pas plus connue qiie la caufe dii mouvement
du coeur, oit de celui des piés 6c des mains*
Nous favôns par fentiment intérieur* que châque
a£le particulier de là faculté de pénfer, ou chaque
penfèe fingliliere eft excitée én nous en uri inftant,
fans diVifiôri, & par une fimple àffettion iritéfieure
de nous-menies. C ’eft Une vérité dont nbiis pouvons
àifement nous convaincre par notre propre expé-
riencé, 6c fur-tout en nbus rappellant ce qui fe pa f-
foit en nous dans les premières années de riôtre enfance
: avant que nous eùffioris fait une àffez grande
provifion de mots pour érioncer nos perifées, les
mots nous mànqùoiént, & nous lie laiffions pas de
penfer, de féntir * d’imagirièr, de concevoir * & dé
juger. C ’eft airifi que nous voulons par ùn àélë fimple
de notre volonté, afte dorit riotre fens interne eft
àffefte auffi prompteriierif epie nds yeux le l'ont par
les différehtes iriipreffioris fingulieres de la lumière,
Ainfi je ctois que fi àprès là création l’homme fût
demeure feul dans le monde, il ne fe feroit jamais
avifé d’obferver dans là penl'ée un fujet, ùn attribut,
un fubftantif, un àdjeftif, une cbnjonôiori^
ùn adverbe, ünè particule négative * 6*c. 3mfi que fbîiverit noüs rie failbns connoître
nos fentimeris intérieurs que par des geftes, des mines
, des regards, des foupirs, des larmes , 6c par
tons les aütres fignes, qui font le langage des paf-
fions plutôt que celui de l’intelligence. La perilée’ '
tarit q'ii’elle n eft que dans notre efprit, laris aucun
égard à l’énoriciatibri, n’a befoin ni de bouche ni
de langue, ni dri fon des fyllabes ; elle n’eft ni hébraïque,
ni greque, ni latine, ni barbare, elle n’eft
qu’à nous i intàs, in domicitio ccfgitaùoHis, hic ha-
brea f nec grceca tiec Latina , nec barbara. , . fine oris
& tinguoe organisy fine ftrepitiifyUàial-um. S. Augiift,
etinfef. I. XI: c:iij:
1 1 s fairc connoître aux autres
les affections ou penfées fingulieres, & pour ainfi
dire, individuelles de l’intelligence, nous rie pouvons
produire cef effet qü’eh.fâifant en détail des
impreffions, oii fur l’organe d.e' l’ouïe,par des fons
dont les autres hommes connoiffent comirié nous 1?
K,