75 a D E G que le fouvefain ne change la deftinatlfln de ces eho- :
fes pour les M o in s , en les appliquant à d’autres ula-
ees Après tout ,, de quelque maniéré qu’on décidé
cette queffion, il eftdumoms inconteftableque ceux
qui croyent que les chofès iaçrées,renferment une
delïination divine & inviolable, feraient très7mal
d’y toucher, puifqu’ih pécheraient en le faifant contre
leur propre confciençe,, I ■ , H I
Convenons toutefois d’une raifon.qtti pourrait
iuftifier les payens feulement du reproche defacri-
léee lorfqu’ils pilloient les temples des dieux quils
reconnoifioient pour tels ; ,c’eft qu ils sW in o t e n t
que quand une ville venoit à être prife , les theux
qu’on y adorait abandomioiént en meme tems leurs
temples & -leurs autels fur -tout après, qu’ils-les
avoient évoques » eux, & toutes les chofes fadrées,
VvecVertaïnes cérémonies. , 1
Mais tous les princes .chrétiens font aujourdhui
d’ accord de ïefpea'er dans le JBBBSBM S*iofes 9“ W
droit de la guerre autorife, .toutes celles qui font def-
tïnéesd des ùfages fàcffe car quand même toutes
ces chofes feiroiènt à leur maniéré du domaine de l’état,
Sc qu’on pourrait impunément félon le droit des
gens les endommager ou les détruire, Cependant li
Ton n’a rien à craindre de ce côté-là, il faut par ref-
p e à pour là religion conferver les édifices facrés &
tout« leurs dépendances, fur-tout fi l’ennemi àpjui
elles appartiennent fait prbfeifion d’adorer le même
Dieu , quelque différence qu’il y ait par rapport à
certains fentimens ou certains rits particuliers. Plu-
iieufs 'peuples' en ont donné l’exemple ; Thitcidide
témoigne que parmi les Grecs de fon teins , c etoit
une efpece de. loi générale de ne point toucher aux
iieüx facrés lorfqu’on faifoit irruption dans les terres
d’un ennemi. Ils refpeaoient également les perfon-
heS j à calife de lafainteté des temples où elles s ’é-
toicnt réfugiées. * ’ .
Les mêmes égards doivent s etendre fur les mai-
fons religieûfes-, les fépùlcrês & leSmonnméfts-Ÿugf
des érigés en l ’honneur dés morts ; parce qu’outre
que ce ferait fouler aux piés les loix de l’humanité ,
un dégât de ce genre ne fert de-rien , ni pour la dé-
fenfe, ni pour le maintien des droits , ni pour aucune
fin légitime de la guerre. Concluons qu’en tous
ces points on doit obferver fcrupuleufement les loix
de la .religion, 8c ce qui eft établi par les coûtumes
des peuples. Florus , parlant de Philippe, ( tir. II.
tkap. vij'S ditqu’en violant les temples 8e les autels ,
il porta les droits delaviftoire au-delà des mîtes
homes. Détruire1 des chofes , dit le fage Polybe,
/ liv. V. chap. xj.i) qui ne font d’aucune utilité pour
la guerre, fans que d’ailleurs leur perte diminue les
forces.de Pennemi, fur-tout détruire les temples,
les fia tues, & autres femblables ornemens , quand
même on le ferait par droit de repréfailles, cfeft le
comble de l’extravagance. , . h
Après avoir mis à couvert les chofes facrees 8c
leurs dépendances, voyons avec quelle modération
on doit ufer du dégât, même à l’égard des chofes
profanes.
Premièrement, fuivant les obfervations de Grotius
, pour pouvoir fans injuftice ravager ou détruire
le bien d’autrui, il faut de trois chofes l’une ; ou
une néceffité telle qu’il y ait lieu de préfumer q u elle
forme un cas excepté , dans un établiffement
primitif de la propriété des biens ; comme par exemple
, fi pour éviter le mal qu’on a à craindre de la
part d’un furieux , on prend une épée d’autrui dont
il alloit fe faifir, & qu’on la jette dans la riviere ;
fauf à réparer enfuite le dommage que le tiers fouf-
fre par-là , & on n’en eft pas même alors difpen-
fé : ou bien il faut ici une dette qui provienne de
quelque inégalité, c’eft-à-dire que le dégât du bien
d’autrui fe faffe en compenfation de ce qui nous eft
D E G
du ; comme fi, alors on recevoit en payement la
chofe que l’on gâte ou que Ton ravage , appartenante
au débiteur , fans quoi on n’y auroit,aucun
droit : ou enfin il faut qifon nous ait fait .quelque
mal qui mérite d’être puni d’une telle maniéré, ou
jufqu’à un tel point ; ca r, par exemple, l ’équité ne
permet pas de ravager Une province pour quelques
trpupeaux enlevés, ou quelques mailons brûlées. .
Voilà les raifons légitimes, & la jufte mefurede
l’itfage du droit dont il s’agit. Du refte j lors même
qu’on y eft autorifé par de tels motifs , fi l’on n’y
trouve pas en même tems un grand avantage , ce
feroit une fureur criminelle1 de faire du mal à autrui
fans qu’il nous en revienne du bien.
Quoiqu’on ne p.uiffe condamner un dégât qui en
peu de tems réduirait l’ennemi à la nécelîité de demander
la paix,' cependant à bien confidérer la chofe
, l’animofité a fouyent plus de pari: à ces fortes
d’expéditions , qu’une délibération fage & réfléchie.
•• . .
Il faut s’abftenir. du dégât lorfqu’il s’agit d’une
chofe dont on retire du fruit, & qui n’eft point au
pouvoir de l’ennemi : par exemple , des arbres fruitiers
, des femences, &c. il faut auffi s’en abftenir
quand on a grand fujet d’efpérer une prompte victoire.
: 1 v.
Il faut encore ufer de pareille modération lorfque
l’ennemi peut avoir d’ailleurs de quoi v iv re , comme
fi la mer lui eft ouverte , ou l’entrée de quelqu’-
au.tre pays entièrement libre. Dans les guerres de
nos jours on laiffe labourer & cultiver en toute fureté
, moyennant des contributions que les ennemis
exigent dé part & d’autre ; & cette pratique n’eft
pas nouvelle, elle avoit lieu parmi les Indiens du
tems deDiodore de Sicile. Le fameux capitaine Timothée
donnoit à ferme les meilleurs endroits du
pays ôîi il étoit entré avec fon armée.
Enfin toutes les chofes qui font de nature à ne
pouvoir être d’aucun ufage pour faire la guerre, ni
contribuer en quoi que ce foit à là prolonger, doivent
être épargnées, comme tous les bâtimens publics
facrés & profanes, les peintures, les tableaux *
les ftatues , tout ce qui concerne les arts & les métiers.
Protogene peignoit tranquillement dans une
maifon près de Rhodes, tandis que Demetrius l’af-
fiégeoit: Je ne puis croire, difoit le peintre au conquérant
, que tu fajfes la guerre aux Arts.
Finiffons par les réflexions que fait le même Grotius
pour engager les princes à garder dans le dégât
une jufte modération en conféquence du fruit qui
peut leur en revenir à eux-mêmes. D ’abord , dit-il,
on ôte à l’ennemi une des plus puiffantes armes , je
veux dire le defefpoir : de plus , en ufant de la modération
dont il s’ag it, on donne lieu de penfer que
l’on a grande efpérance de remporter la viftoire, &
la clémence par elle-même eft le moyen le plus propre
pour gagner les coeurs. Il eft encore du devoir
des fouverains &: des généraux d’empêcher le pillag
e , la, ruine , l’incendie des villes prifes , & tous
les autres a&es d’hoftilité de cette nature , quand
même ils feroient d’une grande conféquence pour
les affaires principales de la guerre ; par la raifon
que de tels a&es 'd’hoftilité ne peuvent être exécutés
fans caufer beaucoup de mal à un grand nombre,
de perfonnes innocentes ; & que la licence du foldat
eft affreufe dans de telles conjônélures, fi elle n’eft
arrêtée par la difeipline la plus févere.
» L’Europe , ( dit l’hiftorien du fiecle de Louis
» XIV. ) vit avec étonnement l’incendie du Palati-
» nat ; les officiers qui l’exécuterent ne pouvaient
» qu’obéir : Louvois en avoit à la vérité donné les,
» confeils ; mais Louis avoit été le maître de ne les
» pas fuivre. Si le roi avoit été témoin de ce ‘fpec-
» tacle,
D E G
w il auroit lui-même éteint les flammes. Il figna du
» fond de fon palais de Verfailles, la deftruâion
» de tout un pays , parce qu’il ne voyoit dans cet
» ordre que ton pouvoir, & le malheureux droit
» de la guerre ; mais de plus près il n’en eût vu que
» les horreurs. Les nations qui jufques-là n’avoient
» blâmé que fon ambition, en l’admirant, b'Iâme-
» rent alors fa politique ». Article d e M. le Chevalier
pe Jaucourt.
Si on en croit M. de Folard, les entreprifes qui
confiftent uniquement à ravager & à faire le dégât
bien avant dans une frontière, ne font guère utiles,
& elles font plus de bruit qu’elles ne font avanta-
geufes ; parce que fi l’on n’a pas d’autre objet que
celui de détruire le pays, on fe prive des contributions.
« Si l’on faifoit, dit Montecuculi, le rava-
» ge au tems de la récolte , on ôteroit à l’ennemi
» une partie de fubfifiance ; mais comme on ne peut
» le faire alors , parce que l’ennemi tient la cam-
» pagne , & qu’il l’empêche , on lé fait dans l’hiver
» quand il elt entièrement inutile. » Il eft certain
que le ravage d’un pays, lorfqu’il n’eft pas fort étendu
, ne change rien ou peu de chofe à la nature de
la guerre. L’ennemi fe pourvoit d’une plus grande
quantité de provifions , & le mal ne tourne, comme
le dit l’auteur qu’on vient de citer , qu’à l’op-
preffion des pauvres payfans , ou des propriétaires
des biens qu’on a détruits. Si l’on remporte enfuite
quelque avantage fur l’ennemi , on ne peut fuivre
fa viftoire : on fouffre les mêmes inconvéniens qu’on
a voulu faire fouffrir à fon ennemi : ainfi , « loin
» que ces dégâts nous foient avantageux, dit encore
» Montecuculi, ils nous font au contraire très-pré-
» judiciables, & nous faifons juftement ce que l’en-
» nemi devroit faire s’il n’étoit pas en état de tenir
» la campagne ».
Un général prudent & judicieux ne doit donc pas
faire le dégât d’un pays fans de grandes raifons ;
c ’eft-à-dire lorfque ce dégât eft abfolument néceffaire
pour fauver ou conferver les provinces frontières ;
mais lorfque le dégât ne peut produire que du mal,
& l’intérêt de quelques particuliers chargés de cette
trifte fonttion ; le bien des habitans, celui même de
l’armée qu’on commande s’oppolent à cette deftrac-
tion. On dit le bien de l'armée meme , parce que
le pays qu’on pille fournit des provifions pour fer-
virde reffource dans le befoin. (Q)
DÉGAUCHIR , ( Coupe des pierres, ) c’eft former
une furface plane ; ce qui fe fait par le moyen
de deux réglés, A B , C D ,/ig. g , que l’on applique
fur la pierre, & que l’on regarde d’un point O ,
tel que les lignes ou rayons vifuels O C ? O B , touchent
la réglé A B ; alors les deux réglés font dans
un même plan , & la pierre étant taillée félon leur
dire&ion fe trouve dégauchie. ( D )
DÉGEL , f. m. ( Phyf. ) fonte de glace , qui par
la chaleur de l’air reprend fon premier état de fluide.
Voye%_ Glace.
Nous allons donner en fubftance les principaux
phénomènes du dégel d’après l’ouvrage de M. de
Mairan , qui a pour titre : Dijfertation fur la glace,
Paris 1749. Nousfupprimerons les explications phy-
fiques , tant parce qu’elles font purement conjecturales
, que parce qu’elles doivent être lûes dans
l’ouvrage même.
La glace mife fur une affiete d’argent moins froide
qu’elle , fond plus vite que fur la paume de la
main, parce que la glace s’applique plus exaét#-
ment à la furface polie du métal. La glace fond
plus vite fur le cuivre que fur les autres métaux, &
fur un fer à repaffer, que fur un fer ordinaire ; &
il eft bon d’ajoûter que le cuivre, & fur-tout le cuivre
jaune, eft celui de tous les métaux que la chaleur
dilate le plus.
Tome I K t
D E G 753
La glace fe fond beaucoup plus lentement qu’elle
ne s’eft formée ; elle commence à fe fondre par la
furface : mais au lieu que l’eau fe gele du centre à
la circonférence , elle fe dégele de la circonférence
au centre.
Dans tout ce que nous venons de dire, nous entendons
en general par dégel la fonte de la glace j
mais dans 1 ufage ordinaire ce mot fignifîe Cadoucij'-
fement du tems , qui fait fondre dans un pays les glaces
& les neiges. Les caufes générales du dégel (ont
le retour du foleil vers nous , la précipitation des
corpufcules nitreux & falins de l’air , les vents
de lud- chauds , ou tempérés , & humides , & fur-
tout le relâchement des parties extérieures du ter-
rein par une fortie plus abondante des vapeurs ter-
reftres. Mezeray rapporte qu’en 1608, il fe forma
dans le dégel, par le mouvement des glaçons, une
maffe de glace fur la Saône à Lyon devant l’églife de
l’Obfervance. Le froid paroît augmenter au commencement
du dégel, quoiqu’il diminue réellement ;
c’eft que l’air eft alors plus humide & plus pénétrant.
Foye{C haleu r, C a v e , T hermomè tre,
6-Degré.
Les murailles & les autres corps folides & épais
ayant été refroidis par la gelée , & fe réchauffant
plus lentement , il arrive que pendant le dégel les
particules humides de l’air qui s’y attachent , forment
encore une efpece de gelée ou de neige : ces
mêmes particules fe condeniant ainfi dans les filions
très-fins & prefque imperceptibles que le fable des
vitriers fait fur les panneaux de vitre, y forment des
courbes plus ou moins régulières & remarquables.
Voye{ Dijfertation fur la glace , page 31g , & fui~
vantes. (U)
DÉGÉNÉRER-, ( Jardinage. ) fe dit d’un oignon
inférieur en beauté à la mere qui l’a produit ; une
graine qui dégénéré, ( i ï )
DEGLUTITION, f. f. ( Medec. Phyjiol.) lignifie
une des aérions principales de l’oeconomie animale
, qui confifte dans l’exercice d’une des fondions
naturelles, par laquelle les alimens mâchés ou rendus
prefque fluides p $ quelqu’autre moyen que ce
foit, & ceux qui font naturellement liquides , font
portés de la bouche dans l’oefophage, font avalés 8c
portés dans l’eftomac. Voy. Mastication, OEsophage.
Les alimens, après avoir été fuffifamment hachés
par les dents incifives, percés & déchirés par les
canines, & broyés par les molaires ; après avoir été
affez humeélés, pénétrés, ramollis par les différens
fucs falivaires (voye[ Salive) , font convertis en
une efpece de pâte, laquelle fe trouvant éparfe dans
les différentes parties de la bouche, en-dedans & en-
dehors des gencives, eft enfuite ramaffée par le concours
de l’aérion des mufcles, des levres & des
joues, & par celle de la langue , qui eft fufceptible
de fe mouvoir, de fe plier & de fe replier, de s’allonger
& de fe raccourcir en tous fens , au moyen
des différens plans de fibres mufculeufes dont elle eft
compofée. Voye^ Langue.
Cette pâte étant réunie en une feule maffe fur le
dos de la langue , celle-ci s’élargit, de maniéré
qu’elle eft contiguë aux deux côtés des mâchoires ;
elle éleve fa pointe vers le palais, elle fe rend concave
par fa partie moyenne, enforte qu’elle tient
renfermée de tous côtés la matière alimentaire en-
tr’elle & la voûte de la bouche : elle eft relevée aux
deux côtés de fa bafe par la contraction des mufcles
ftylogloffes, & fa bafe elle-même eft en même tems
abaiffée par le raccourciflement des fternohyoidiens
& des homohyoidiens, ce qui forme comme un canal
incliné vers le fond de la bouche. La langue
dans cette fituation n’agiffant que par fa pointe,