Zod. Galt. ann. 4. p. iGo. Plempius avoit déjà observé
que Ja vifion pouvoit toujours fe faire, le cryf-
tallin abattu, au moyen de l’humeur vitrée 10$.
la plupart des modernes l’ont remarqué. M. Mery
eft le premier de MM. de l’académie des Sciences
qui changeant ingénuement d’avis, a trouvé le cryf-
tallin opaque dans deux cataraÛes, mém. de l'acad.
rjo8. pag. 313. 8c hiß. de l'acad. iyog. obf. I I . M.
Petit le médecin l’a aulîi trouvé tel deux fois ; V.
Brißcauyp. /64.M. Maréchal trois fois,pag. 163. La
célébré obfervation faite fur les yeux de Bourdelot,
le confirme aufli, p. / G4. Et enfin le jeune la Hire
chantant la palinodie, a avoiié, pag. 268. du même
livre y qu’on pouvoit abattre le cryfiallin fans danger.
La vérité s’eft encore mieux montrée de nos
jburs. Le célébré Briffeau , 6 Avril tyoS , trouva
le cryfiallin obfcurci dans un oeil qui avoit la cata-
raétë, l. c. p. 3 . Maître-Jean, dans fon livre für les
maladies des yeux y rapporte qu’il fit en 1682. & 1685
des expériences qui le conduifirent à la même vérité
, & qu’il publia en 1707. Boerhaave fut des premiers
à fuivre Maître-Jean, dans la première édition
de fes Infiituts, 1707. n°. Go y. Heifter trouva la
même idee vérifiée dans la diffeétion d’un cadavre ,
qu’il fit en 1707, & la foûtintdans plufieurs écrits.
Le célébré Petit a rendu cette opinion prefqu’alifli
certaine qu’une propofition de Mathématique, fi
bien qu’il ne fe trouve prefque perfonne qui penfe
autrement, fur-tout présentement qu’il eft démontré
que la chambre poftérieure de l’oeil ell très - petite,
èc n’a pas affez d’efpace pour une membrane libre
& dotante. Duverney, Littré & la Hire, dans l’académie,
& parmi les médecins oculiftes, Woolhoufe,
ont en vain voulu ruiner cette opinion. On fait affez
par expérience que les cataraétes membraneufes font
très-rares ; telles font celles de Geifler, p. 380. &
acl. Breflav. iy i8 1 menfe Mort, de Woolhoufe, pag.
23. 23y. 24S. de Walther, tranfacl. philof. n. 3$c).
de Hovius,/». 8G. de Galtald, acl. Breflav. iyi8. p.
20. 62, & d’autres dont Palfyn fait mention, Anat.
çhirurg, p. G().
S. Yves dit que c’eft le pus qui les forme, d’autres
veulent que ce foit l’opacité de la capfule ; mais
il y a une infinité de cas où le cryfiallin, même
obfcurci, eft la caufe & le liège de la maladie. Haller,
comment. Boerhaav. Voye^ C a t a r a c t e . (X)
CR Y STA LLIN , (extraction du) opération de Chirurgie
y par laquelle on rend la vûe à ceux qui l’ont
perdue par la formation de la cataraâe ; & que M.
Daviel, qui a toujours fait fa principale occupation
des maladies des yeux a pratiqué avec fuccès, voye{
C a t a r a c t e . L’ancienne opération confifte à placer
ou ranger au fond de l’oeil le cryfiallin y devenu par fon
opacité un obftacle à la pénétration des rayons lumineux.
Cette méthode a des inconvéniens ; la ca-
iaraâe peut remonter après l’opération la mieux
faite, & répandre encore fes voiles fur l’organe de
la lumière : cette opération n’ell pas praticable,
lorfque la cataraâe n’a pas acquis affez de folidité
pour foutenir l’effort de l’aiguille ; on déchire le
corps vitré, & il en réfulte quelquefois des inflammations
intérieures qu’aucun fecours ne peut calmer.
M. Mery célébré chirurgien de Paris, a connu
ces inconvéniens, & il a propofé l’extraâion du
cryfiallin, dès qu’on a été généralement convaincu
que la cataraéte n’étoit point une pellicule formée
dans l’humeur aqueufe de l’oeil. Il étoit naturel qu’a-
près qu’il a été démontré par l’opération même qui
a pour but d’abaiffer la cataraâe, qu’il eft poffible
de voir fans cryfiallin ; il étoit, dis-je, naturel qu’on
fongeât non-feulement à déplacer ce corps quand il
étoit devenu opaque, mais à l’extraire totalement,
à délivrer l’oeil d’une partie déformais inutile. C ’eft
içe que M, Mery avoit propofé de faire dès l’année
1707, dans les méirtoires de l’académie royale des
Sciences. Nous nous contenterons de rapporter ici
le refultat des obfervations de cet habile chirurgien $
d’après le Secrétaire de l’académie $ hifi.p. 24.
« Sur ce que la cornée ayant été. Coupée fe re-
» prend aifément, & fur ce que la perte de l’humeur
» aqueufe fe répare avec la même facilité, M. Mery
» croit qu’on pourroit tirer les cataraâes hors de
» l’oeil par une incifion faite à la cornée ; & que
» cette maniéré, dont il ne paroît pas qu’il y ait rien ,
» à appréhender, préviendroit tous lès périls & les
» inconvéniens de l’opération ordinaire. Il eft bien
» fur que la cataraâe ne remonteroit point, & ne
» cauferoit point les inflammations qu’elle peut cau-
» ferlorfqu’on la loge par force dans le bas de l’oeil».
Maigre les avantages qu’on vient d’expofer, lés
chirurgiens qui faifoient l’opération de la cataratte ,
la pratiquoient fuivant l’ancienne méthode, & M.
Daviel lui - même n’a pas opéré autrement jufque
dans ces derniers tems. Ce n’eft pas qu’on objeâât
rien au projet de M. Mery, il n’étoit peut-être entré
dans la tête d’aucun praticien d’examiner fi cette
opération pouvoit avoir des inconvéniens ; & ce
qu’on peut penfer de plus avantageux fur leur compte
, pour les difculper d’un fervile attachement à la
routine, c’eft qu’ils ne connoiffoient pas l’expofé de
de M. Mery. Si M. Daviel étoit dans ce cas, on ne
peut lui refufer la gloire d’être l ’inventeur de l’extraâion
du cryfiallin ; & dans la fuppofition même
où il auroit été guidé par les lumières de M. Mery,
il ne mériteroit pas un moindre éloge pour avoir
pratiqué une méthode aulîi utile à la perfection
de laquelle il auroit/toûjours effentiellement contri-
. bué par l’invention des divers inftrumens qui fervent
à fon opération. Le malade mis dans la fituation
convenable, comme nous l’avons dit au mot C a t a r
a c t e , M. D aviel incife la cornée tranfparente inférieurement
près de la conjonctive, avec une aiguille
pointue, tranchante & demi-courbée , ayant
la forme d’une lancette ; une aiguille pareille, mais
moufle, fert à aggrandir cette incifion. On achevé
de couper demi-circulairement la cornée tranfparente
à droite & à gauche jufqu’au-deffous de la prunelle
, avec de petits cifeaux courbes & convexes.
Il faut avoir recours à ces inftrumens, parce que la
cornée qui devient lâche par l ’effufion de l’humeur
aqueufe, ne pourroit être coupée avec un infiniment
tranchant. M. Daviel décrit une autre petite aiguille
pointue & tranchante des deux côtés, pour
ouvrir la membrane qui recouvre antérieurement lé
cryfiallin; & u n e petite curette d’or pour faciliter
quelquefois l’iffue du cryflalliny ou tirer les fragmens
de ce corps, s’il en reftoit dans le trou de la prunelle
: enfin une petite pincette pour emporter les portions
de membrane qui pourvoient fe préfenter.
Dans les différentes opérations que j’ai vu pratiquer
à M. Daviel, ces trois derniers inftrumens
n’ont point fervi ; car dès que la cornée étoit inci-
fée, le cryfiallin paffoit dans la chambre antérieure
& tomboit fur la joue, même fans le fecours de la
compreflion légère que M. Daviel recommande de
faire fur le globe de l’oeil. Par cette opération, dont
la cure n’a rien de particulier, la catafaâe ne peut
remonter: l’on opéré également dans lé cas des cataractes
molles ou folides ; il n’eft plus néceffaire d’attendre
ce qu’on appelloit la maturité de la cataracte.
Ce font des avantages qui rendent la nouvelle méthode
précieufe, & il eft évident qu’on a beaucoup
d’obligation au zele & aux travaux de M. Daviel fur
ce point de l’art. Son mémoire eft inféré dans le fécond
volume de l’académie royale de Chirurgie, &
il n’y eft annoncé que comme l’extrait de ce que l’auteur
publiera fur cette matière dans un traité complet
des maladies des yeux, (Y )
C r y s t a l l i n .
C R Y Crystal lin , (EmailL) c’eft une forte de verre
fait avec de la foudre d’Alicant & du fablon vitrifiés
enfembie ; les Orfèvres & les Rocailleurs s’en fervent
comme de corps & de matière pour compofer
les émaux clairs & les verres brillans qu’ils foufflent
à la lampe, pour les mêler avec les émaux faits d’étain.
Voyc^ Em a il .
CRYSTALLINE, capfule cryfialline, voye{ C R Y S -
talloïde. (X )
CRYSTALL1SATION, (Chim. & Hifi. nat.) On
entend en général par ce mot, un phénomène phy-
fique par lequel les parties folides & homogènes d’un
corps qui a été diffous & atténué dans un liquide, fe
réunifient enfembie , & forment une maffe folide
dont la figure eft confiante & déterminée. Cette définition
convient à toutes les fubftances* falines &
minérales qui préfentent ce phénomène.
Les Chimiftes employent plus particulièrement le
mot de cryfiallifation, pour exprimer une opération
chimique par laquelle on difpofe les molécules d’un
fel neutre diffous dans un menftrue convenable ,
à fe réunir enfembie en gardant entr’elles un ordre
fymmétrique , & à former des corps différemment
figurés , fuivant la nature de chaque fel. Voye^
Sel.
Le s Phyficiens font partagés fur les caufes de ce
phénomène : les Cartéfiens l’expliquent par l’impul-
fion de la matière fubtile : les Newtoniens ont recours
aux lois de l’attraCtion, & difent que la cryf-
tallifation des fels fe fait parce que les molécules falines
s’attirent en raifon de leurs maffes. Becher &
Stahl veulent que ces molécules s’attirent & s’unif-
fent en raifon de la nature de leurs faces. Sans nous
arrêter à difeuter cette queftion, nous nous contenterons
de décrire ici les faits principaux qui accompagnent
là cryfiallifation.
11 n’entre point feulement des molécules falines
dans la formation des cryftaux de fels , il y entre
aufli une portion d’eau qui ne leur eft point effen-
îielle , attendu qu’elle peut leur être enlevée fans
que les fels perdent aucune de leurs propriétés , fi-
non la figure. C ’eft cette eau que M. Roüelle appelle
Veau de la cryfiallifation , pour la diftinguer de celle
qui a fervi à mettre les fels en diffolution, qu’il nomme
Veau de la diffolution. Voye{ dans les mémoires
de l’académie royale des Sciences, année 1 y44 , p.
3^3 ' ^ f u^v• m^moire de M. Roüelle, dont cet article
eft entièrement tiré.
Voici en général les réglés de la cryfiallifation. Il
faut que la fubftance qu’on veut faire cryftallifer ,
ait été mife en diffolution dans un diffolvant convenable
; fur quoi l’on obfervera que plus les fels ont
d’eau dans leur cryfiallifation , moins il en faut pour
les mettre en diffolution , & vice verfd. Quand on
veut que la cryfiallifation foit faite avec foin, on paf-
fe la diffolution au-travers d’un filtre , afin de la dégager
des parties étrangères qui pourroient y être
mêlées. Il faut enfuite , pour que 1* cryfiallifation
s’opère, qu’une partie de la liqueur qui tient les molécules
du corps diffous écartées les unes des autres,
foit chaffée ( c ’eft ce qu’on nomme l’évaporation) ,
afin que ces molécules puiffent fe rapprocher. Ce
rapprochement commence à fe faire à la furface du
liquide où les molécules fe réunifient, & forment
une toile ou pellicule i'aline qui n’eft qu’un amas de
petits cryftaux, qui, après avoir acquis une pefan-
teur fpécifique plus grande que celle du diffolvant,
tombent au fond, & s’y cryftallifent fous des figures
différentes dont on parlera en traitant de chaque fel.
Voye1 Sel.
L’évaportion eft d’une grande conféquence dans
la cryftaLlifaùon ; elle y produit des phénomènes
très-djfférens, fuivant qu’elle a été plus ou moins rapide
: quand elle l’a été trop, les cryftaux qu’-elle
C U B 529 fournit font confus, & il eft très-difficile d’en obfer-
ver la figure ; au lieu que plus l’évaporation a été
lente, & plus l ’on a employé d’eau dans la diffolution,
plus les cryftaux qu’on obtient font gros, parfaits
& réguliers. Le grand froid nuit aufli à la régularité
de la cryfiallifation, il eft caufe que les cryftaux
fe forment trop promptement & fans ordre. Voyê\[
Sel & É v a p o r a t i o n . Tout ce qui a été dit dans cet
article fur la cryfiallïfations des fels, peut s’appliquer
aux cryfiallifation que la nature opéré dans le régné
minéral. Voye^ C r y s t a l o w C r y s t a u x . (—)
CRYSTALLOIDE, f. f. (Anatomie.) membrane
très-fine qui, félon quelques auteurs , renferme le
cryftallin. Les Anatomiftes font divifés même fur l’e-
xiftence de cette membrane, qu’on appelle aufli membrane
arachnoïde, à caufe de la finéffe de fon tiflù.
Voye{ A r a c h n o ï d e . (X)
CRYSTALLOMANCIE , f. f. (Divination.) eft ÿ
félon quelques-uns, l’art de prédire ou de deviner
les évenemens futurs par le moyen d’une glace ou
d’un miroir , dans lefquels on voit repréfentées les
chofes qu’on demande. Cette cryfiallomancie conçûe
de la forte , eft peut-être la même que la catoptro-
mancie , ou du moins elle a beaucoup d’affinité avec
elle. Voye% C a t o p t r o m a n c i e .
Cependant Delrio les diftingue, & croit que la
cryfiallomancie proprement dite employoit pour inftrumens
, non un miroir, mais des morceaux de cryf-
tal enchâffés dans un anneau, ou même tout unis ^
ou façonnés en forme de cylindre , dans lefquels
on feint que le démon réfidoit. Il cite à ce fujet di-
verfes hiftoires qu’on peut voir dans fes Difquifi-
tions magiques, liv. IV. queft. G. fecl. 4. page î>45j
M i .
Ce mot cryfiallomancie vient du grec »pvçTaXXoc i
glace y eau congelée, ou cryfial ; & de pavjtia. , divination.
(G)
CRYSTINE, f. f. ('Comm.) monnoie d’argent fabriquée
& de cours en Suede ; elle vaut 14 fols 1 r:
den. de France : il y a des demi-cryfiines. La cryftine
& la Caroline font les deux feuls monnoies que l’oa
fabrique en Suede. Voyelledict. du Comm.
C U
* CUBA , f. f . ( Mythol. ) divinité des Romains ;
ainfi appellée de cubo. On l’invoquoit pour faire dormir
les enfans. Il eft difficile que ceux qui ont tant
de dieux ayent beaucoup de religion; ils ont fi fou-
vent raifon de s’en plaindre. Un accès de colique quz
faifoit crier un petit enfant toute une nuit, devoit
arracher à fa nourrice mille blafphèmes contre la
déeffe Cuba.
C u b a , ( Géog. mod. ) grande île de l’Amérique
feptentrionale, à l’entrée du golfe du Mexique. La
Havane en eft la capitale.
CUBAGUA, (Géog. mod.) île de l’Amérique méridionale
, près la Terre-ferme, où il fe faifoit ci-de-.
vant une grande pêche des perles.
CUBATURE ou CUBATION D ’UN SOLIDE,*
(iGéométrie.) c’eft l’art ou l’aétion de mefurer l’efpa-
ce que comprend un folide, comme un cône, un cylindre
, une fphere. Voye^ C ô n e , P y r a m i d e , C y l
in d r e , &c.
La cubature confifte à mefurer la folidité du corps y
comme la quadrature confifte à en mefurer la furface.
Quand on a déterminé cette folidité, on trouve en-
fuite un cube qui foit égal au folide propofé, & c’eft:
là proprement la cubature. Ce fécond problème eft
fou vent fort difficile , même après que le premier eft
réfolu. Ainfi fi l’on trouvoit un folide qui fût double
d’un certain cube connu, par exemple , d’un pié cube
, il (groft enfuite fort difficile d’afligner exaâe^