on appelle couleur d'eau; puis on delfine legerement
deffus ce qu’on veut figurer, 6c on le taille avec un
couteau à tailler de petites limes ; enfuite avec un fil
d’or ou d’argent fort délié-, On fuit le deffein, & on
remplit de ce fil les endroits qu’on a marqués pour
former quelques figures , le faifant entrer dans les
hachures avec un petit outil qu’on nomme cifeau ; 6c
avec un matoir on amatit l’or. Foye^ M a t o i r .
Si l’on veut donner du relief à quelques figures,
on met l’or 6c l’argent plus épais , & avec des cife-
lets on forme deffus ce qu’on veut.
Mais quand avec la damafquinure on veut mêler
un travail de rapport d’or ou d’argent, alors on grave
le fèr profondément en - deffous 6c à queue d’a-
ronde, puis avec le marteau 6c le cifelet on fait entrer
l’or dans la gravure ; après en avoir taillé le
fond en forme de lime très-déliée afin que l’or y entre,
& y demeure plus fortement attaché.
Cet or s’employe aufii par filets, & on le tourne
& manie comme en damafquinant fuivant le deffein
qu’on a gravé fur le fer.
Il faut avoir attention que les filets d’or foient
plus gros que le creux qu’on a gravé , afin qu’ils y
entrent par force avec le marteau. Quand l’or ou
l’argent eft bien appliqué, on forme,les figures deffus
, foit avec les burins ou cifelets, foit par eftam-
pes avec des poinçons gravés de fleurons, ou autres
objets qui fervent à imprimer ou eftamper ce que l ’on
veut. Foye{ C i s e l u r e , 6c la figure 14. du Cifeleur-
Damafàuineur, qui r epréfente une plaque de métal
fur laquelle eff une feuille taillée 6c damafquinée en
partie.
Cet article eft tiré du dici. du Com. qui l’a env
prunté du diélionnaire des principes de l’Architecture
, Peinture, 6c Sculpture. Nous n’y avons rien
changé, parce qu’il nous a paru contenir ce qu’il y
avoit d’effentiel à remarquer fur cet art,plus difficile
à pratiquer qu’à entendre.
DAMASSÉ, adj. (Manufaci. en fil.') il fe dit d’une
forte de linge très-fin deftiné au fervice de la table,
çii l’©n remarque un fond 6c un deffein ; d’où- l’on
voit qu’il n’a été appellé damajfè que parce que le
travail en eft le même que celui du damas. On lui
donne encore le nom de petite Fenife. F. D a m a s .
DAMASSER , V. aft. en termes de Fannier , c’eft
faire à une piece de lafféré des ornemens en lofan-
g e , en croix, ou autres figures femblables à celles
qu’on voit fur les ferviettes damajfiées.
* DAMASSIN , f. m. {Manuf. en foie.) petit damas
moins garni de chaîne & de trame que les damas
ordinaires.
* DAMATER, (Myth.) furnom de Cérès. Les
Grecs appelloient Damatrius le dixième de leur
mois , qui répondoit à-peu-près à notre mois de Juillet
: c’étoit le tems de leurs moiffons, ou de la récolte
des dons dont ils rendoient grâces à Cérès.
DAMBÉE, ( Géog. mod.) province d’Abyfîinie en
Afrique, fur un grand lac de même nom proche le
Nil.D
AME, f. f. {Hifi. nat.) Foye.1 Pie .
D a m e , f. f. {Hifi. mod.) titre autrefois très-dif-
tingué , très-honorable parmi nous, & qu’on n’ac-
cordoit qu’aux perfonnes du premier rang. Nos rois
ne le donnoient dans leurs lettres qu’aux femmes des
ichevaliers ; celles des écuyers les plus qualifiés
étoient Amplement nommées madèmoifelle : c’eft
pourquoi Françoife d’Anjou étant demeurée veuve
avant que fon mari eût été fait chevalier, n’eft ap-
pellée que mademoifelle. Brantôme ne donnoit encore
que le titre de mademoifelle à la fénéchale de
Poitou fa grand-mere. Il parleroit différemment aujourd’hui
que la qualification de madame eft devenue
fi multipliée, qu’elle n’a plus d’écla t, 6c s’accorde
pleine à -de Amples femmes de bourgeois.Tous
lés mots qui déAgnent des titres, des dignités, des
charges , des prééminences , n’ont d’autre valeur
que celle des lieux 6c des tems, & il n’eft pas inutile
de fe le rappeller dans les lefturés hiftoriques.
Article de M. le Chevalier DE J AU COUR T.
D a m e d u P a l a i s , {Hifi. de France.) titre d’office
chez la reine d£ France avec penfion. François I.
introduifit les femmes à la cour, 6c la' reine Catherine
de Médicis , les filles d’honneur qu’elle employa
comme un moyen des plus propres à fervir
fes deffeins, à amufer les grands, & à découvrir
leurs fecrets. Enfin en 1673 la trifte aventure de mai*
demoifelle de * * * * * , une des filles d’honneur de
la reine mere Anne d’Autriche, dont le malheur eft
connu par le fonnet de l’avorton, donna lieu à un
nouvel établiffement. « Les dangers attachés à l’état
» de fille dans une cour galante 6c voluptueufe, dit
M. de Voltaire dans fes Anecdotes de Louis X IF . « dé-
» terminèrent à fubftituer aux douze filles d’honneur
» qui embelliffoient la cour de la reine, douze dames
» du palais ; & depuis, la maifon des reines de Fran-
» ce fut ainfi compofée ». Article de M. le Chevalier
d e Ja u c o u r t .
D a m e , en Architecture : on appelle aihfi dans un
canal qu’on creufe , les digues du terrein qu’on laiffe
d’efpace en efpace pour avoir de l’eau à difçrétion ,
6c empêcher qu’elle ne gagne les travailleurs.
On nomme aufli dames de petites langues de terré
couvertes de leur gazon , qu’on pratique de diftance
en diftance pour fervir de témoins de la hauteur des
terres qu’on a fouillées afin d’en toifer les cubes j
alors on les appelle témoins. (P)
D a m e ou D e m o i s e l l e , (.Fortification. ) eft une
piece de bois ayant des bras, que l’on tient à deux
mains, pour battre 6c refouler la terré ou le gazon
qui fe mettent dans le mortier. Foye{ M o r t i e r .
Les paveurs fe fervent du même infiniment pour
affermir les pavés des rues 6c des cours après qu’ils
font placés. Celui-ci eft un gros bloc de bois dont
l’extrémité eft un peu allégie ; fa tête eft ceinte d’une
bande, de fer, 6c armée en-deffbus de gros clous
de fer.;
Dame eft encore une partie de terre qui refte
comme ifolée entre les fourneaux des mines qui ont
joiïé. (Q)
D a m e Je a n n e , f. f. {Marine.) Les matelots appellent
ainfi une greffe bouteille de verre couverte
de nattes, qui fert à mefurer furies vaiffeaux marchands
les rations de la boiffon de l’équipage ; elle
tient ordinairement la douzième partie d’une barf-
que , c’eft-à-dire dix-fept à dix-huit pintes. (Z )
D a m e L o p r e , f. f. {Marine.) On donne ce nom
en Hollande à une forte de petit bâtiment dont on
fe fert dans ce pays pour naviguer fur les canaux 6c
fur les autres eaux internes.
Cette forte de bâtiment a ordinairement cinquante
ou cinquante - cinq piés de long de l’étrave à l’etam-
bord, fur une largeur de onze à douze piés. On lui
donne quatre pieds de creux depuis les vaigres du
fond jufqu’au bordage où les dalots font percés, 6c
cinq pieds derrière le côté du banc où le mât touche,
qui regarde l’arriere.
A l’égard de la quelle qu’on donne à ces fortes de
bâtimens, le charpentier fe réglé à la vûe ; cepen-*
dant le plus qu’on leur en peut donner eft le meilleur.
On fait la quille d’une feule piece , d’un pié dé
large fur quatre à cinq pouces d’épais. (Z )
* D a m e , f. f. {grofies forges.) c’eft une piece d’environ
un pié de hauteur, qui ferme la porte du creu-
fet qui donne dans la chambre , à la réferve d’un
efpace d’environ fept à huit pouces , qu’on appelle
la coulée 6c par lequel paffe toute la fonte contenue
dans le creufet.
* £)a m e {Jeu. ) On dçnne ce nom à de petites
tranches cylindriques de bois ou d’ivoire qui font
peu épaiffes, qui ont à-peu-près pour diamètre le
côté d’un quarreau du damier, 6c dont on fe fert
pour joiier aux dames. II y en a de deux couleurs ;
un des joueurs prend les dames d’une couleur, &
l’autre joueur, les dames de l’autre couleur. Foye^
D a m e s , {Jeu de) & D a m i e r .
* D a m e s , {Jeu de ) Le jeu de dames fe joue avec
les dames. Foye^les art. D a m e 6* D a m i e r . Il y a
deux fortes principales de jeu de dames;, on appelle
l’un les daines françoifes, & l’autre les dames polo-
noifes. Aux dames françoifes, chaque joueur a douze
dames ; aux dames polonoifes, vingt. On commence
le jeu par placer fes dames.
Aux dames françoifes le joüeur A place fes douze
dames fur les douze quarreaux ou cafés a , h, c , d ,
&c. 6c le joiieur B , fes douze Aënnes fur les douze
cafés 1 , z , 3 ,4 , ç , &c. fig. 1. Chaque joüeur joue
alternati vement. Lorfque le joiieur A a pouffé une
de fes damesle joiieur B en pouffe une des fiennes.
Les dames ne font qu’un pas ; elles vont de la café
où elles font, fur les cafés vuides de même couleur
qui leur font immédiatement contiguës par leurs
angles, fur la bande qui eft immédiatement au-def-
fus : d’où l’<?n voit qu’une dame quelconque ne peut
jamais avoir que deux cafés au plus à choifir. Au
bout d’un certain nombre de coups, il arrive nécef-
fairement à une des dames du joiieur A ou B 3 d’être
immédiatement contiguë à une des dames du joiieur
B ou A . Si c’éft au joiieur A à joiier, & que la dame
M foit contiguë à là dame N du joiieur B , enforte
que celle-ci ait une café vuide par-derriere elle, la
dame M fe placera dans la café vuide, & la dame N
fera enlevée de deffus le damier. S’il y a plufieurs
dames de fuite en avançant vers le fond du damier,
placées de maniéré qu’elles foient toutes féparées
par unçfeule café vuide contiguë, la même dame
'M les enlevera toutes, & fe placera fur la derniere
café vuide. Ainfi dans le cas qu’on voit ic i, fig. 2. la
dame M enlevera les dames 9, 7, 5, 3 , 6c s’arrêtera
fur la café «f. Quand line dame eft arrivée fur la
bande d’en-haut de l’adverfaire , on dit qu’elle eft
arrivée à dame : pour la diftinguer des autres on la
couvre d’une autre dame, & elle s’appelle dame damée.
La dame damée ne fait qu’un pas, non plus que
lés .autres dames, mais les dames fimples ne peuvent
point reculer ; elles avancent toûjours ou s’arrêtent,
& ne prennent qu’en avant : la dame damée au contraire
avance, recule, prend en avant, en arriéré,
en tout fens, tout autant de dames qu’elle en rencontre
féparées par des cafés vuides, pourvu qu’elle
puiffe fuivre l’ordre des cafés fans interrompre
fa marche. Que cet ordre foit ici en avançant,
là en reculant, la dame damée prend toujours ; au
lieu que quand elle n’eft pas damée , il faut que
l’ordre des dames prifes foit toûjours en avançant ;
elles ne peuvent jamais faire un pas en arriéré. A infi,
fig. 3 . la dame damée M prend les dames 1 , 2 , 3 ,
4 , 5 , &c. au lieu que la darne fimple ne'pourroit
prendre que les dames 1 , 2. Si on ne prend pas
quand on a à prendre, 6c qu’on ne prenne pas tout
ce qu’on avoit à prendre, on perd la dame avec laquelle
on devoit prendre, foit fimple, foit damée ;
cela s’appelle fouffler ; votre adverfaire vous fouffle
6c joue ; car fouffler n’eft pas joiier. Le jeu né finit
que quand l’un des joueurs n’a plus de dame; c’eft
celui à qui il en refte qui a gagné. •
Les dames polonoifes fe jouent comme les dames
françoifes, mais fur un damier polonois ,^c’eft-à-
dire à cent cafés, 6c chaque joiieur a vingt dames.
Les dames polonoifes fimples avancent un pas feulement
, comme les dames françoifes fimples ; mais
elles prennent comme les dames damées françoifes,
& les dames damées polonoifes marchent comme les ■
Tome I F .
fous aux échecs : elles prennent d’un bout d’une ligne
à l’autre toutes les dames qui fe trouvent féparées les
unes des autres par une ou plufieurs cafés vuides ;
paffentfans interrompre leur marche,d’un feul & même
coup, fur toutes les lignes obliques , tant qu’elles
rencontrent des dames à prendre , & ne s’arrêtent
que quand elles n’en trouvent plus. On fouffle aufli
à ce jeu les dames fimples 6c damées ; & oïl perd ou
gagne , comme aux dames françoifes , .'quand on
manque de dames ou qu’on en garde le dernier.
DAMERY, {Géog. mod.) petite ville de Champagne
en France ; elle eft fituée fur la Marne, entre
Ay & Châtillon.
DAMGASTEN, {.Géog. mod.) ville d’Allemagne
à la Poméranie, fur la riviere de Recknitz : elle eft
aux Suédois. Long. 30. 4S. lat. S4. 20.
D AMIANISTE, 1. m. {Hifi. ecclef.) nom de fe£le.
Les Damianifies étoient une branche des Acéphales
Sévérités ; ils recevoient le quatrième concile avec
les Ca;hoIlques, mais ils rejettoient toute différence
de perfonnes en Dieu, n’admettant qu’une feule nature.
incapable d’aucune diftinélion. Ils ne laiffoient
pourtant pas d’appeller D ieu, Pere, Fils, 6c S. Ef-
prit; c ’eft pour cela que les Sévérités Pétrites, autre
branche des Acéphales, les 2.p^el[b\entSabellianifiesy
& quelquefois Tétradites. C ’eft-là à-peu-près ce que
nous en apprend Nicéphore Callifte, l. X F I1I. c.
xlix.
Les Damianifies étoient ainfi appellésd’un évêque
nommé Damian qui fut leur chef. Foyer le dictionn.
de Trév. {G)
■ D AMI ANO, (Saint) ville d’Italie dans le Mont-
ferrat, à trois lieues d’Albe.
* DAMIER, f. m. {Jeu.) furface plane divifée en
quarreaux alternativement blancs & noirs. Le. damier
qui fert pour les dames.françoifes 6c pour les;
échecs , .n’a que foixantfe - quatre quarreaux ou
cafés. Chaque bande de quarreaux eft de huit ; 6c
dans chaque bande j fi le quarreau d’une, bande eft
noir, les correfpondans: dans les bandes immédiatement
au-deffus 6c au-deffgus, feront , blancs. Ainfi
dans une bande quelconque, fuppofé que les. quarreaux
foient, en allant de la gauche à la droite,'
blanc, noir , blanc , noir , &c. dans la bande au -
deffous 6c au-deffus de cette bande , les quarreaux
feront, en allant pareillement de la gauche à la
droite , noir, blanc, noir, blanc , &c. . . . . . Le
damier qui fert pour les dames polonoifes, ne différé
de celui-ci que par le nombre de fes cafés ou'quarreaux
; il en a cent ,-dix fur chaque bande. F ’ l'article
D a m e , Je u , & l'art. E c h e c . F. aujji.la PI. du Jeu.
* DAMIE, f. f . {Mytholog.) c ’e ft a infi q u ’o n ap-
p e llo i t la b o n n e d é e f f e , ainfi q u e les fa c r ific e s q u ’o n
lu i fa ifo it . Foye£ Varticle C y b e l e .
DAMIETTE, {Géogr. mod.) ville d’Afrique en
Egypte , fur l’une des bouches orientales du Nil.
Long. Sa. lat. 3 1 . 1 .
DAMITES ou DAMITONS, f. m. pl. {Comm.)
toiles de coton qui fe fabriquent en Chypre, 6c qui
s’y débitent.. Dictionn. du Comm. b de Trév.
DAMMARTIN, {Géog. mod.) petite ville de l ’île.
de France, à la Goëlle.
* DAMNATION, f. f. (Théol.) peine éternelle
de l’enfer. Le dogme de la damnation ou des peines.-
éternelles eft clairement révélé dans l’Ecriture. Il,
ne s’agit donc plus.de chercher par la raifôn, s’il eft,
poflible ou non qu’un être fini fafle.à Dieu une injure
infinie ; fi l’éternité des peines eft ou n’eft pas-
plus contraire à fa bonté que conforme, à fa juftice;
fi. parce qu’il luî Ta plu d’attacher une récompenfe
infinie au bien, il a pu ou non attacher- un châti-;
ment infini au mal. Au lieu de s’embarraffer dans une
fuite de raifonnemens captieux, & propres à ébran^..
1er une foi peu affermie, il fautfe foûmettre à l’au-»-
I f i i ij