la juftice aux étrangers auffi-bien qu’aux habîtans de
la ville, & connoiffoit de toutes fortes d’affaires.
L’archevêque de Vienne, comme abbé de S. Bernard
de Romans, avoit auffi un courier qui exerçoit
fa juftice dans la ville ; cela réfulte d’une l'entence
arbitrale de 1294, par laquelle il paroît que cet officier
avoit la police 8c la correction des moeurs ;
qu’il poiivoit reprimer la licence 8c les defordres,
comme la proftitution dés femmes mariées.
Le courier que ce même archevêque avoit à Vienne,
n’avoit prefque d’autre fonction que de tenir la
main à l’execution des jugemens , & à la punition
des criminels qui étoient condamnés ; il prenoit quelquefois
aufîi le titre de vice-gérent ou lieutenant.
Lors du procès que l’archevêque de Vienne eut en
1339 contre le dauphin Humbert, il prétendoit que
fon courier pouvoit en outre informer de toutes fortes
de crimes & de malverfations, faire emprifonner
les accufés, établir des gardes pour la fureté de la
v ille , avoir infpeCtion fur la police de la ville ? 8c
plufieurs autres droits-.
A Grenoble, le courier de l’évêque avoit droit de
convoquer l’arriere-ban 8c les milices, faire mettre
les habitans fous les armes au nom de l’évêque ; c’efl
ce qui paroît par une afîignation donnée au crieur-
p'ublic, pour comparoître en jugement au fujet d’une
proclamation faite par ordre du courier de l’évêque,
dans laquelle il avoit excédé les limites de la jurif-
diftion, & entrepris fur celle du dauphin.
Il eft parlé de ces couriers 8c de leur jurifdiCHon,
dans une ordonnance du roi Jean du mois d’O&obre
ï 3 c8. Voyc{ l'hijloire de Dauphinéy par M. deVal-
bonay. (A )
COURIR, en terme de Marine, c*eft faire route :
on dit courir au nord, courir au fud, pour lignifier faire
route au nord ou au fud.
Quand on apperçoit à la mer un vaifleau qu’on dit
courir à l’eft ou à l’oueft, c’efl: dire qu’il fait route
vers l’eft ou vers l’oueft. Si l’on dit qu’il court à l’autre
bord, il faut entendre qu’il fait une route contraire
à celle que tient çelui qui le voit.
Courir une bordéey (Marine.) c’efl: faire route fur un
côté, jufqu’à ce qu’on revire pour courir de l’autre
côté.
Courir fur la terre , ( Marine. ) c’eft lorfqu’on voit
une terre , ou qu’on eftime n’en être pas éloigné,
on fait route pour s’en approcher.
Courir terre à terre, (Marine.') c’efl naviger le long
de la côte ; ranger la côte.
Courir le bon bordy (Marine.) c’efl une façon de
parler de corfaires, pour dire qu’il ne faut attaquer
que des vaiffeaux marchands, dont la prife peut être
bonne 8c avantageufe.
Courir y la côte court y (Marine. ) on fe fert de ce
mot pour fignifîer que les terres s’étendent & régnent
fuivant un certain giffement, ou félon tel air de vent.
Lorfqu’on dit qu’une chaîne de roche ou qù’un banc
de fable court au fud-ouefl deux lieues, c’en: dire qu’il
s’étend à cette diflance fur cet air de vent.
Fais courir y (Marine.) terme de commandement
qu’on fait au timonier, pour qu’il fafTe porter plein les
voiles, ou qu’ il n’aille pas au plus près du vent.
Courirfurfon ancre y (Marine.) c’efl lorfque le vaif-
feau efl porté ou chafTé par le vent ou Le courant de
la mer, du côté où fon ancre efl mouillée. ( Z )
C ourir , (Jurifprud.) a dans cette matière plufieurs
lignifications.
On dit, par exemple, qu’une procédure empêche
2a péremption ou la prefcription de courir.
Il faut une demande expreflë pour faire courir les
intérêts.
On dit aufîi courir un bénéfice , pour dire envoyer
à Rome pour l’obtenir. Foye^ C o u r s e & C o u r s e
AMBITIEUSE. (A)
C o u r ir , dans le Commerce, a d iv e r fe s lignific ations
.
On dit que les intérêts d’une fomme commencent
k courir, quand ils commencent à être dûs. Les interets
des fommes dues pour marchandifes, ne courent
que du jour que la demande a été faite en jufti-
ce par le créancier, & qu’il efl intervenu un jugement
qui y condamne le débiteur.
Courir fur le marché d'autrui, c’efl vouloir avoir
une marchandife dont un autre èfl en marché, en
enchériflant fur lui, ou en offrant de meilleures conditions.
Courir franc, terme de négoce d'argent, qui fe dit
lorfque les agens de banque ne prennent rien pour
leur falaire des lettres-de-change qu’ils font fournir
pour de l’argent comptant. Diclionn. de Comm. (G)
C o u r ir , (Manege.) c’efl faire galoper un cheval
de toute fa force. Trop courir un cheval, c’efl l’outrer
, le faire courir trop vîte & trop long tems. Courir
à toutes jambes ou à tombeau ouvert, c’efl: faire courir
fon cheval tant qu’il peut. (V )
C o u r i r , v. neut. terme d'ourdiffage; il fe dit d’un
fil de laine , de foie, de fil, lorfqu’il fournit beaucoup
d’étoffe ou d’ouvrage. Il court d’autant plus ,
qu’il eft plus fin.
C o u r i r , fe dit auffi en Géographie, Cette fuitede
montagnes, dit-on, court eft-oueft, pour dire qu’elle
eft dirigée de l’eft à l’oueft ; cette côte court entre
l’oueft & l’oueft-fud-oueft, pour dire que fa direction
eft entre l’oueft 8c l’oueft-fud-oueft, &c. & ainfi des
autres. (O )
COURLIEU. Foyc{ C o r l i e u .
COURLIS. Voye%_ C o r l i e u .
COURMON^TERAL, (Géog. mod.) petite ville
de France, au bas Languedoc, près de Montpellier.
COURONDI, f. m. (Hifl. nat. bot. exot.) grand
arbre, toujours verd, qui croît aux environs de Pa-
racaro 8c dans les Indes orientales. Belle defçription !
COURONNE, f. f. en Géométriey eft un plan terminé
ou enfermé par deux circonférences parallèles
de cercles inégaux, ayant un même centre, & qu’à
caufe de„ cela on appelle cercles concentriques. On a la
furface de la couronne, en multipliant fa largeur par
la longueur de la circonférence moyenne arithmétique
entre les deux circonférences qui la terminent,
c’eft-à-dire que fi l’on veut mefurer la couronne dont
la largeur eft A Bs (fig. 11. Géom.) 8c qui eft terminée
par les cercles dont les rayons font C A & C B ,
il faut prendre Le produit de la largeur A B 8c de la
circonférence décrite du centre C par le point de
milieu D de la largeur A B. La démonftration en eft
bienfimple; foit a le rayon du grand cercle, c fa circonférence,—
fera fon aire ; foit r le rayon du petit
cercle, 4f- X 77 °u ^ 7 fera fon aire ; donc la
différence des deux aires, c’eft-à-dire la furface de
la couronne = : = ( 0— r ) x — X —7—
Or A B = a — r, 8c la circonférence dont le rayon eft
CD , a pour expreflion -7- x c C
Donc , &c. (O ) *
C o u r o n n e b o r é a l e , en Aftronomie, eft une
conftellation de Phémifphere feptentrional, où il y
a '8 étoiles félon le catalogue de Ptolomee, autant
dans celui de Tychobrahé, & 21 félon le catalogue
Britannique, &c. (O) -
C o u r o n n e m é r i p i o n a l e , (Aftronomie.) conftellation
de l’hémifphere méridional, compofée de
13 étoiles. (O )
C o u r o n n e s d e c o u l e u r s , ( Phyftque.) ou anneaux
colorés qu’on yoit autour pes aftres 3 on les
appelle
appelle autrement 8c plus communément halos. Foy.
Ha lo . (O ) ‘ : o, X
C ouronne impér iale , (Hifl. nat. bot.) corona
imperialis, genre de plante dont les fleurs font difi-
pofées, pour ainfi dire,.en couronne furmontée d’un
bouquet de feuilles, ce qui a fait donner le nom de
couronne impériale à cette plante. Chaque fleur eft foliacée
& faite, pour ainfi dire ; en forme de cloche,
& compofée de fix pétales ; le piftil qui occupe le
milieu de la fleur devient dans la fuite un fruit garni
d’ailes longitudinales, & divifé en trois loges, 8c il
renferme dès femences applaties , placéesries unes
fur les autres. Ajoutez au caraétere de ce genre, que
la racine eft cqmpofée de tuniques, 8c fibreufe dans
fa partie inférieure. Tournefort , infl. rei herb. Foyer
Plante. ( / )
•Couronne im p ér ial e, (Matière med.) Toutes
les parties de cette plante fontvénéneufes, mais fur-
tout fa racine, qui efl: un bulbe ou oignon, qui, félon
Wepfer, pris intérieurement, produit les mêmes
effets que la ciguë. Voyc^ C igu ë .
Cette racine eft eftimée réfoLutive : elle entre dans
l’emplâtre diabotanum de Blondel.
C ouroNne , f. f. (Hifl. une, ■ & mod.) marque de
dignité , ornement que les rois & les grands mettent
fur leur têjte pour marquer leur pouvoir, & qu’on
regarde aufli comme un fymbole de viéloire, de joie.
Foye^ R o i. •
L’antiquité la plus réculée ne défera les couronnes
qu’à la divinité. Bacchus, fi' Bon en croit Pline, s’en
para le premier après la conquête des Indes. Phere-
cydes, cite par Tbrtullien, de corona, rapporte l’origine
des couronnes à Saturne ; Diodore l’attribue à
Jupiter après fa viûoire fur les Titans ; Fabius Piôor
à Janus, 8c dit que cet ancien roi d’Italie s’en fer vit
le premier dans les facrifices. Léon l’Egyptien affûre
qu’Ifis fe couronna la première d’épis de blé , parce j
qu’elle avoit appris aux hommes l’art de le femer 8c j
de le cultiver.
La plupart des auteurs conviennent que la couron- ;
ne étoit dans fon origine, plutôt un ornement du fa- j cerdoce que de la royauté; 'les fôùverains la prirent
enfuite, parce qu’alors ces deux dignités, du facer- :
doce 8c de l’empire, étoient réunies. :
Les premières couronnes n’étoient qu’une bande- i
lette nommée diadème y dont on fe ceignoit la tête ;
8c qu’on lioit par-derrière, comme on le voit aux I
têtes de Jupiter, des Ptolomées, 8c des rois de Syrie,
fur les médailles.
Quelquefois on les faifoit de deux bandelettes
enfuite on prit des rameaux de différens arbres, auxquels
on ajouta des fleurs.
Tertullien, de corond, écrit que félon Claudius
Saturninus il n’y avoit aucune plante dont on n’eût ’
fait des couronnes. Celle de Jupiter étoit de fleurs • ’
elle eft fouvent de laurier fur les -médailles. Celle
de Junon, de vigne ; celle de Bacchus , de pampre
& de raifin, de branches de lierre chargées de fleurs
& de fruits ; celles de Çaftor, de Pollux, & des fleu- '
ves , de rofeaux; celle d’Apollon, de rofeaux ou de
laurier ; celle de Saturne, de figues nouvelles ; cel- :
le d’Hercule, de peuplier; celle de Pan, de pin ou \
d’hyeble ; celle de Lucine, de diélame ; celles des :
heures, de fruits propres à chaque faifon ; celles des ■'
grâces, de branches d’olivier , aulfi-bien que celle i
de Minerve ; celle de Venus, de rofes ; celle de Ce-
rès , d’épis aulfi-bien que celle d’Ifis; celles des La- !
r,es ». 4e n07 er °ù 4e romarin, en quoi l’on fuivoit
1 opinion commune dans le paganifine, que ces ar?
bres ou plantes étoient particulièrement confaerés à j
ces divinités. Foye^ Guirlande.
Non-feulement les couronnes furent employées j
pour decorer les ftatues & défîgner les images des i
dieux, pour les prêtres dans les làcrifices, pour mar- i
Tome I F . '
ijliet .1 anfonte dans les prêtres & les fottverains,
mars on couronr&ùmcore lesantels, les temples les
porter des niaifons: ,■ les vales 'faerés, les viaitnes
les.navires, &c. On eeurormoit auffi les poëtes ,'ceux
qui remportoient la viclotre dans des.jeux folèhnels
es gens -de gtietre qui .le diûinguoient par quelque'
exploit. y<pci O l y m p i q u e s . H
h m paflages
d Eufebe de Cefaree, que les évêques portoient autrefois
des couronnes, •
On trouve fur les médailles quatre fortes-de cou-
ronnes propres aux empereurs Romains ;'i*. une couronne
de laurier ; 2®. une couronne rayonnée • 30 une
- couroam ornée de 'perles, & qtielqûéfois-dêipieiireL
lies-, 4°. une efpece de bonnet à-p'eu-prâSÜ&iîlWable
à un -mortier ou bonnet, tel que’ les princes; de Item,
pire le mettent fur Jeur écu.- / n | ,
Jules Cefar obtint la permiffion du fénat de porter
la première, à caufe, dit-on, qu’il étoit chauve ; fës
lucceffeurs 1-imiterent. La couronne- radiale rt’étoiit
accordée; aux princes qtfapisès leur é à t t ; mâfeMé.
ron la prit de fon-v-iWitt. OndSs voit f f ir fe tnédaü-
i es avec-la cwroime ferlée-, ffiâis îuéiniên eïî le me-
1111er niu ait porté celle de la ’quatrième ef-pcce, que
Uucange nomme c^méla-Hciüm, Sc qu’ois a colifondft
avee le nianteletI qu'on appelle ctimail,HH HR;éè
la refiemblance de ce mot, quoique Tun foit fait
pour couvrir i e s t é p â t i l e s l ’autre ;pdttr;côii.TOur la
tete. .
La touvonm papale eft Compofée d’piie-tiare- &
d’une triple xôaro/me qui l’environne ; «Hé à deux
pendans»,-comme la mitre des évlquesi KÔveïTiAKE
& l ’ APE. r. - ’ -il
La-çdüronjicimpériale eft un bonnet ou tiare avec
un demi -çctèle d or oui porte la tigure du ir.oifcie
cintre & fommé d’une croixii t- , -- ■
%& 'cotixQmu du-roi''d’Angleterre eli reha-.iffée de
quatre-ctoix, de la façon de celle de Malte , entre
lelquelles îljr a quatre tîeürs-de-li« j elle.eftcbaVétté
de quatre diadcitïes,'qtii «‘bouriH’enî ù un périt glèbe
lurmonte d’une croix.
Celle du roi de France eft un cercle de huit fleurs-
de-lis, cintré de fix diadèmes qui le ferment, & qui
portent au-deffus une double fleur-de-lis qui eft le cimier
de France. Quelques-Uns prétendent que Char-
les VIII. efl le premier qui ait pris la couronne fermée
lorfqu’il eut-pris la qualité d’empereur d’Orient, en
1495 ’ cependant l’on voit dans les cabinets dès curieux
, des écus d’or 8c autres monnoies du roi Louis
XII. fucceffeur de Charles VIII. où la couronne n’eft
point fermee. Il paroît donc qu’on pourra rapporter
cet ufage à François I. qui ne vouloit céder en rien
à Oharles-Quint 8c à Henri VIII. qui ayoieht pris là
couronne fermée.
Celles des rois de Portugal, de Danemark, & de
Suède,* ont des fleurons fur lé cercle, & font fermées
de cintres a vec un globe' oroifé fur le haut. La
couronne des ducs de Savoie , comme rois de Chypre
, avoit des fleurons fur le cercle , étoit férmeê
de cintres, & furmontée de là croix de S. Maurice
fur le bouton d’en-rhaut: eelle-du grand duç de Tof-
cane eft ouverte , à pointes mêlées de grands trefles
fur d’autres pointes -, àvèê La flëiir-de-lis de Florence
au milieu.
Celle du roi d’Efpagne eft rehauffée de grands
trefles refendus, que l’on appelle fouvent hauts fleurons
-, 8c couverte de diadème^âbOutiffans à un glo-
furmonté d’une croix.
La nobléfle fur fes armoiries porte aufli des couronnes,
qu’en appel!e couronnes de cafques oi\ couronnes
d'écuffons. Elles font de différentes formes, félon
les divers dègrés de nobleffe ou d’illuftration. On en
diftingue de cinq fortes principales : i° . la couronne
ducale , toute de fleurons à fleurs d’açhe ou de per-
D d d