
1066 D I T marquer què lorfqu’on dit une belle difiribution , on
comprend celle des objets & celle des lumières ; au
lieu que lï l’on n’entend parler que d’une, il faut la
fpécifier. Foye^ C o lo r is , C l a ir - o b s cu r , &c.
De Piles , & clicüonn. de Peint. (R)
DISTRICT, f. m. (Jurifprud.) lignifie ordinairement
territoire, rejjort, étendue d'une jurifdiction. On
entend aufli quelquefois par-là l’étendue du pouvoir
d’un officier public. (A )
DITHMARSEN, (Gèogr. mod.) province du duché
de Holftein , partie dans le Dannemark, partiè
dans les états du duc de Holftein-Gottorp.
DITHYRAMBE, f. m. ( Belles Lettres.) c’étoit
chez les Grecs une forte de poéfie confacrée à Bacchus
, dont il eft plus facile d’affigner le caraâere
que de trouver la véritable étymologie.
Ceux qui la cherchent dans la langue greque font
peu d’accord entr’eux. Les uns la tirent delà double
naiffance de Bacchus félon les fixions des poètes
( <T;V Sùpctç à/A&Uov ); les autres de l’antre à deux portes
où il fut nourri ( S'ià-vpn» ) ; d’autres du cri de Jupiter
connu en ces termes, Xtm pd.ppet, décous la future
y par laquelle ce dieu en travail demandoit à être
promptement délivré de l’enfant qu’il portoit dans fa
cuiffe ; ceux-là de l’éloquence communiquée par le
vin aux buveurs, à qui cette liqueur femble ouvrir
deux bouches à la fois ç-o/x* S'id-ùpov. Quelques - uns
peu contens de ces étymologies greques, fuivantlef-
quelles la première fyllabe du mot S'iSvpa.p.t3oç devroit
être breve, croyent mieux trouver leur compte dans
les langues orientales où ils en vont chercher d'autres.
On n’eft pas moins partagé fur le premier auteur
de la poéfie dithyrambique ; félon Hérodote ce fut
le fameux Arion de Méthymne qui en donna les premières
leçons à Corinthe ; Clément d’Alexandrie en
fait honneur à Lafus ou LafTus d’Hermione, ainfi que
le feholiafte de Pindare , qui de plus nous apprend
que ce poète lui-même varioit fur le lieu où cette forte
de poéfie avoit pris naiffance, difant dans fes hy-
porchèmes que c’étoit dans l*île de Naxos ; dans le premier
livre de fes dithyrambes que c’étoit à Thebes,
& dans fes olympiques que c’étoit à Corinthe. Quoi
qu’il en foit aes premiers auteurs de cette poéfie,
il y a beaucoup d’apparence qu’elle doit fon origine
à ces affemblées ruftiques de buveurs, chez qui le
vin feui échauffant le génie, développoit cet enthou-
fiafme & cette fureur poétique, qui faifoit pour ainfi
dire l’ame du dithyrambe.
De-là comme d’une fource féconde partoient fix
principales qualités ou propriétés qui caraûérifoient
cette efpece de poéfie; fa voir, i° . la compofition
trop licencieufe de plufieurs noms joints enfemble,
& d’où naiffoient des expreffions nouvelles empou-
Iées, propres à furprendre l’oreille : z°. des métaphores
tirées de trop loin , trop dures, trop hardies,
trop compliquées : 30. des renverfemens de conf-
tru&ion trop fréquens & trop embarraffés : 40. le de-
fordre apparent dans la difpofition ou l’arrangement
despenfées, quelquefois vraiment fublimes, fouvent
alambiquées ou trop guindées, & qui étourdiffoient
l’auditeur fans qu’il connût bien diftin&ement ce
qu’il venoit d’entendre : 50. une verfification trop
libre &trop affranchie de la plupart des réglés : 6°.
l ’harmonie ou la modulation phrygienne fur laquelle
on chantoit cette poéfie mife en mufique. Tous ces
carafteres réunis, prouvent que l’excellence du dithyrambe
approchoit fort du galimathias.
Ces cara&eres des dithyrambes fe font fentir à
ceux qui lifent attentivement les odes de Pindare,
ainfi que les choeurs des tragédies & des comédies
greques, quoiqu’on ne doive abfolument regarder
ni les unes, ni les autres, comme des poèmes dithyrambiques.
Il nous refie cependant, fans compter
D I T
la Caffandre de Lycophron, quelques morceaux de
ce dernier genre fur lefquels on pourra s’en former
une idée complette en confultant les inflitutions
poétiques de Voffius liv. I I I . & la differtation d’E-
rafme Schmid de dithyrambis, imprimée à la fin de
fon Pindare. Remarques de M. Burette fur le dialogue
de Plutarque fur la mufique. Mem, de l'acad. des Belles
Lettres.
Les dithyrambes, parce qu’on vient de voir, étoient
différens de ce que nous appelions vers libres, & de
ce que les Italiens nomment verjîfciolti. Les uns &
les autres n’admettent ni les licences, ni les Angularités
qui regnoient dans les anciens dithyrambes.
C ’efldonc fort improprement auffi que quelques modernes,
tels que M. Dacier & le P. Commire, ont donné
le nom de dithyrambes compofés à toutes fortes
de vers indifféremment, félon qifils fe préfentoient
à leur imagination, fans ordre ni diftinélion de ftro-
phes. Ce n’eft-là pour ainfi dire que l’écorce la plus
fuperficielle des anciens dithyrambes.
Jodelle qui vivoit fous le régné d’Henri II. ayant
donné fa tragédie de Cléopâtre qui fut extrêmement
applaudie, les poètes, fes contemporains, pour le
féliciter, imaginèrent une cérémonie finguliere : ce
fut de mener en pompe chez lui un bouc couronné
de lierre, & de le complimenter en corps ; & comme
ils fe piquoient tous d’imiter les G recs, « la fête,
dit M. de Fontenelle, dans fon hiftoire du théâtre
François, «fut accompagnée de vers; & comme
» elle regardoit Bacchus le dieu du théâtre, pouvoir
«on faire d’autres fortes de vers que des dithyram-
» bes ? Il n’y avoit pas d’apparence, cela auroit été
» contre toutes les réglés. La plûpart des poètes du
«tems firent donc fes dithyrambes. Je rapporterai,
« ajoute le même auteur, quelques morceaux de ce-
« lui de Baïf, parce qu’il eft affez curieux, 6c tout-
« à-fait à la greque.
Au dieu Bacchus facron de cette fête %
Bacchique brigade ,
Qu'en gaye gambade
Le lierre on fecoue ,
Qui nous ceint la tête ;
Qu'on joue ,
Qu'on trépigne y
Qu'on faffe maint tour
Alentour
Du bouc qui nous guigne'.
Se voyant environné
De notre ejfain couronné ,
Du lierre ami des vineufes carolles ;
Yachy Evoë , yachy ia, ha, & c .
Cet Yach, évoë , yack , &c. eft le refrain de tous
les couplets.
C'ejt ce doux dieu qui vous pouffe
EJ pris de fa fureur douce ,
A reffufciter le joyeux myflere
De fes gayes orgies
Par l'ignorance abolies.,
O pere Evien !
Bacche Dithyrambe,
Qui retiré de la foufJUufe jambty
Dedans üantre Nyjîen,
Aux Nyfîdes des nourrices ,
Par ton deux fois pere,
Meurtrier de ta mere ,
Fut baillé jadis à nourrir. '. .■
Dieu brife fouci ?
O Nyclelien !
O Sémelien !
Démon aime dance . . .
« Quel jargon, pourfuit M. de Fontenelle ! . . ce--
« pendant il faut rendre juftice à Baïf, ce jargon ,
« ces mots forgés, ce galimathias, tout cela lèlon
D I T
»» l’idée dès anciens', eft {oxtdithyrarnbiqut». Cette
plaifanterie ëft placée, car ies anciens dithyrambes
étoient encore plus obfcurs, plus empoulés , & d’u-
né compofition plus extraordinaire que ces vers de
Baïf. (G) .
DITHYRAMBIQUE, adj. ( Belles L titres. ) Ce
qui appartient au dithyrambe. Voye^ D it h y r am b e .
On dit vers dithyrambique, poète dithyrambique yflyle
&feu ou enthoujiafme dithyrambique. Un mot tompofé
& dithyrambique a quelquefois fa beauté, ainfi que
l’obferve M. Dacier ; mais ce ne peut guere être
que dans les langues greque & latine ; les modernes
font ennemies de ces compofitions hardies qui réuf-
fiffoient fi bien autrefois. Quelques - uns appellent
dithyrambiques des pièces faites dans le goût de l’ode
, qui ne font point diftinguées par ftrophes, & qui
font compofées de plufieurs fortes de vers indifféremment;
mais ce méchanifme ne conftituoit pas
uniquement chez les anciens la poéfi z dithyrambique y
u n’en faifoit que la moindre partie.
La poéfie dithyrambique n ée, comme nous l ’avons
déjà dit, de la débauche 6c de la joie, n’admettoit
d autres réglés que les faillies, ou pour mieux dire
les écarts d’une imagination échauffée par le vin. Les
réglés n’y font pourtant pas totalement négligées,
mais elles-mêmes doivent être conduites avec art
pour modérer ces faillies qui plaifent à l’imagination
; & l’on pourroit en ce fens appliquer aux vers
dithyrambiques y ce qu’un de nos poètes a dit de
l’ode :
Son flyle impétueux fouvent marche ait hàfard ,
Che[ elle un beau defordre efl un effet de Part.
Boil. art.poét. ch. ij.
Yoyei PlNDARIQUE. (G)
D IT O , ( Commerce. ) terme üfité parmi les né-
gocians. Il fignifie d it, dudit, ou du fufdit : dans les
écritures des marchands on âbrege fouvënt cè môt
en écrivant D°. par exemple, 26 ï>°. pour dire
U.5 dit y ou 2.5 dudit, ou 25 dit fufdit mois.
Quand fur un livre ou une fa&ure, &c. on couche
Un article d’une pièce de ferge ou d’autre mar-
chandife, & que l’on met eft abrégé dito par D ô, cë-
la doit s’entendre que la ferge ou autre marchandife
comprife en cet article, eft de la même qualité ou
couleur que celle dont il a été parlé dans l’article
précédent, en forte que dito en ce dernier fefts fignifie,
de même que ci-deffus, OU comme eft ci-deffas
dit.
Quelques négocians fe fervent encore, mais plus
rarement, des termes de dette ou dito dans le même
fens. Diclionn. de Commerce , de Trév. & de Chambèrs
{G) I .
DITON, f. m. eft dans l’ancienne Mufique, un intervalle
compofé de deux tons , une tierce-majeure ;
voye{ Tierce. (S)
D IU , ( Géogr. Mod.) ville du royaume de Gu-
zarate aux Indes, dans une île de même nom. Long. 86. zo.lat. 21.45.
DIVALES , adj. f. pris fubft. ( Ilifi. anc. Myth. )
divalia, nom de fête qui fe célébroit chez les anciens
le 21 de Décembre, à l’honneur de la déeffe
Angeronne , & qui les a fait encore appeller an-
géronales; voyeç ANGiRONALES.
La fête des divales fut établie à l’occafion d’une
maladie qui faifoit mourir les hommes & les animaux.
Cette maladie étoit une efpece d’efquinan-
cie ou d’enflure de gorge qu’on appelle en latin an-
gina, d’où les divales furent nommées angèronales,
comme Macrobe nous l’apprend. Liv. I. Saturn.
c. xij
Ce jour-là les pontifes faifoient un facrifîce dans
le temple de Volupia ou de la déeffe du Plaifir &
de la Joie, qui étoit la même qu’Angéronne, & qui
Tome I Y ,
D I V 1 chaffoit toutes les angoiffes & les chagrins de la vie-.
Dicl. de Trév. 6c Chambèrs.« (G)
DIVAN y f. m. (Hifi. fnod.) mot arabe qui veut
dire efirade y owfopha en langue turque ; ordinairement
c’eft la chambre du confeil ou tribunal où on
rend la juftice dans les pays orientaux, furtout chez
les Turcs. Il y a des divans de deux fortes > l’un du
grand-feigneur, & l’autre du grand-vifir.
Le premier qu’on peut nommer le confeil d'état, fe
tient le dimanche & le mardi par le grand-feigneur
dans 1 inferieur du ferrail, avec les principaux offi-
ciers de 1 empire au nombre de fept ; favoir le grand-
vifir, le kaïmacan viceroi de l’empire , le capitan-ba-
cha, le defterdar, le chancelier, les pachas du caire
• & de boude : & ceux - ci en tiennent de particuliers
chez eux, pour les affaires qui font de leur département
; & comme les deux derniers membres ne s’y
trouvent pas, ils font remplacés par d’autres pachas.
Le divan du graftd-vifir, c’eft-à-dire le lieu où il
rend la juftice, eft une grande falle garnie feulement
d un lambris de bois de la hauteur de deux ou trois
pies, & de bancs matelaffés & couverts de drap ,
avec un marche - pie : cette falle n’a point de porté
qui ferme ; elle eft comme le grand-confeil ou le premier
parlement de l’empire ottoman. Le premier mi-
niftre eft obligé de rendre la juftice au peuple quatre
fois par femaine, le lundi, le mercredi, le vendredi
, & le famedi. Le cadilesker de Natolie eft affis à
fa gauche dans le divan, mais Amplement comme auditeur
; & celui de Romelie en qualité de juge eft à
fa droite. Lorfque ce miniftre eft trop occupé, le
canfch-bachi tient fa place : mais lorfqu’il y affilié ,
cet officier fait ranger les parties en deux files, &
paffer de main en main leurs arzhuais ou requêtes
jufqu’au buijuk - teskeregi, premier fecrétaire du
grand-vifir, auquel il lit la requête; & fur le fujet
qu’elle contient, les deux parties font entendues contradictoirement
fans avocats ni longueur de procédures
; on pefe les raifons ; des affeffeurs refument le
tout & concluent. Si leur décifion plaît au grand-vifiryfon
fecrétaire l’écrit au haut de la requête, & le
miniftre la confirme par le mot fah, c’eft-à-dire certain
, qu’il fouferit au bas : finon il fait recommencer
le plaidoyer, & décide enfuite de fa pleine autorité
, en faifant donner aux parties un hujet ou copie
de la fentence. Les caufes fe fuccedent ainfi fans interruption
jufqu’à la nuit, s’il y en a : on fert feulement
dans la falle même de l ’audience $ un dîner qui
eft expédié en une demi-heure. Les officiers qui com*
pofent ce divan, outre le grand-vifir, font fix autres
vifirs ou confeillers d’état, le chancelier, & les fe*
crétaires d’état. Le chiaoux-bachi fe tient à la porte
avec une troupe de chiaoux, pour exécuter les or-»
does du premier miniftre. Les caufes importantes qui
intereffent les officiers de fa hauteffe, tant ceux qui
font attachés à fa perfonne, que ceux qui occupent
les grandes charges de l’empire, les délibérations po*
litiques, les affaires de terre & de mer, font la matière
du confeil-privé du grand-feigneur : on l’appelle
galibé divan. Il fe tient tous les dimanches & les mardis
, comme nous l’avons dit. Les autres officiers militaires
font affis à la porte ; le muphti y affifte lorsqu’il
y eft mandé par un ordre exprès ; le teskeregi
ouvre l’affemblée par la leéhire des requêtes des particuliers
; le vifir azem propofe enfuite l’affaire importante
qui doit faire la matière de la délibération ;
& après que les membres du galibé divan ont donné
leur avis, ce miniftre entre feul dans une chambre
particulière, où il fait fon rapport au grand-feigneur
qui décide.
Lorfque le fultan le juge à-propos, il convoque un
confeil général, qui ne différé du galibé divan que
par le plus grand nombre des membres qui le com-
pofent, Tous les grands de la porte y font appelles.
T T T 1 1 1 ij