l'es qui ne font point propres à nourrir, qui font nui-
iibles qui font inufitées. I
Ainfi la refpiration eft dite pécher par dépravation,
lorfqu’elle fe fait d’une maniéré vicieufe, comme
dans le ris involontaire, le hoquet, 1 eternument,
& la toux opiniâtre.
Ainfi le jugement eft dit léfé par dépravation , lorl-
qu’il s’exerce dans un homme qui ne dort pas, d’une
-maniéré qui n’eft pas conforme aux objets connus,
comme dans le délire.
Ces trois exemples appliqués aux trois fortes de
fondions naturelles , vitales , & animales, doivent
fuffire pour faire comprendre dans quel fans on employé
quelquefois le terme de dépravation : il s enfuit
que la fignification peut être ou générale ou particulière
dans les différens ouvrages de medecine. Foyei
M a l a d i e , S y m p t ô m e , P a t h o l o g i e , (d)
DÉPRÉCATIF, adj. terme de Théologie, fe dit de
la maniéré d’adminiftrer quelqu’un des lacremens en
forme de priere. Voye{ Forme & Priere. JJ
Chez les G recs, la forme d’abfolution eft dépreca-
tive, étant conçue en ces termes, félon le P. Goar :
Domine Jefu-Chrifie , fili Dei vivi, relaxa , remitte,
condonapeccata, &c. au lieu que dans l’éÿife latine,
& même dans quelques-unes des reformées, on dit
en forme indicative, ego te abfolvo, & c . Voyt{ Absolution.
.. t
Ce n’eft qu’au commencement du xij. fiede qu on
commença à joindre la forme indicative à la dépréca-
tive dans l’adminiftration du facrement de pénitence,
& au xiij. que la forme indicative feule eut lieu en
Occident. Jufqu’à la première de ces époques, on
avoit toûjours employé dans l’églife latine la forme
déprécative, comme le prouve le P. Morin, lib. F I I l.
depoenit. c. viïj. & jx . (G )
DÉPRÉCATION, f. f. (Belles-lettres.) figure de
Rhétorique, par laquelle l’orateur implore l’affiftam
c e , le fecours de quelqu’un, ou par laquelle il fou-
haite qu’il arrive quelque punition ou quelque grand
mal à celui qui parlera fauffement de lui ou de fan
adverfaire. Celle-ci s’appelle plus proprement imprécation.
Voye^ Imprécation. ^ t
Cicéron donne un bel exemple de la deprecation
proprement dite, dans ce morceau de l’oraifon pour
Déjotarus : hoc nos metu, Ccefar, per fidem & confian-
tiam & clementiam tuarn libéra, ne refidere in te ullam
partent iracundice Jufpicemur. Per dexteram te ifiam oro,
quam régi Dejotaro hofpes hofpiti porrexifii, ijlam , in-
quam, dexteram , non jam in bellis & protliis quam in
promiffis & fide firmiorem. f G)
DÉPRÉDATION, f. f. ('Jurifp.) terme ufité en
droit & dans le ftyle du palais, pour exprimer les
malverfations commifes dans l’adminiftration d une
fucceffion, d’une fociété, dans la régie d’une terre,
dans une exploitation de bois, &c. (A )
DÉPREDÉ, adj. p. (Marine.) ce mot fe trouve
dans l’ordonnance de la Marine, en parlant des mar-
chandifes qu’on a pillées dans un vaiffeau ennemi,
& qu’on donne par compofition aux pyrates pour le
rachat du navire & des marchandifes ; le rembour-
fement de ces marchandifes ou effets eft du nombre
■ des greffes avaries. On dit contribuer au rembourfe-
ment des effets déprédés ou naufrages. F .Av ar i e. (2 )
DÉPRESSER, v . aft. (Manufacture en laine.) c’eft
affaiblir le luftre qu’on avoit donné par la preffe.
DÉPRESSION , f. f. terme de Chirurgie, qui fe dit
des os du crâne enfoncés par quelque caufe externe
qui les a frappés avec violence, impreffio, introcejjio
cranii. Les os du crâne des enfans, à raifon de leur
molleffe, font fujets à la déprtjjion. Il eft difficile que
la table externe des os du crâne d’un adulte puiffe
être enfoncée, qu’il n’y ait fraûure de la table interne
, ou au moins des cloifons de la fubftance fpon-
eieufe qui eft entre les deux lames. Les faignées réitérées,
le régime, l’ufage des infiifiohs vulnéraires,'
peuvent procurer la résolution du fang épanché en*
tre les deux tables. Ces fecours négligés peuvent
donner lieu à la fuppuration du diploë, qui fera fui»
vie de carie. Scultet (armamen. chirurgie, obfer. j y.)
dit avoir vu un léger enfoncement au crâne d’une
perfonne de 30 ans, à l’occafion d’une chute fur un
efcalier. L’auteur avoit porté fon prognoftic fur la
néceffité de l’application du trépan, en cas que la
table interne fût fraûurée : mais comme il ne fur*
vint aucun accident, on n’eut point recours à cette
opération pour guérir cette plaie. Foye^ Trépan.
<J)D
ÉPRI, f. m. (.Jurifp.) appellé dans les anciens
titres depnfus, eft l’accord qui eft fait avec le fei-
gneur, pour obtenir de lui une modération des droits
de mutation à lui dûs, fait pour héritages féodaux
ou roturiers.
Déprier, lignifie compofer avec le feigneur.
On tire l’étymologie de ce mot du latin deprecari,
parce que celui qui veut obtenir une diminution va
prier le feigneur de la lui accorder.
Cet accord peut fe faire avant l’acquifition ou
après ; mais communément les feigneurs n’accordent
point de diminution quand on a traité d’un bien
relevant d’eux avant de les en prévenir.
Le feigneur remet ordinairement un tiers ou un
quart, quelquefois la moitié.
Les adminiftrateurs des églifes, hôpitaux & communautés,
ne peuvent pas faire de remife, à moins
qu’ils n’y foient autorifés par une délibération en
bonne forme.
Le tuteur ne peut pas non plus régulièrement accorder
de remife, à moins qu’elle ne fait conforme
à ce qui fe pratique ordinairement ; encore e ft-il
plus fûr qu’il s’y rafle autorifer par un avis de pa-
rens, fi on juge cette remife convenable, pour faciliter
l’acquifition, & pour procurer au mineur un
vaffal qui lui convienne.
Le feigneur propriétaire ne peut pas accorder de
remife, au préjudice de l’ufufruitier ni de fon receveur
ou fermier.
Quand le feigneur a accordé une remife , il ne
peut plus révoquer fon confentement, quand même
il feroit mineur, s’il eft émancipé, parce que c’eft
un atte d’adminiftration. Foye^ le glojfaire de M. de
Lauriere au mot déprier ; le tr. des fiefs de Billecoq,
liv. IP. ch. xxxjx.fecl. 4. & ci-après D ÉPRIER. (A )
D épri fe prend auffi pour la déclaration que l’on
fait au bureau des aides du lieu dont on veut faire
tranfporter ailleurs quelques marchandifes, avec foû-
miffion d’en payer lés droits. (A )
DÉPRIER, ( Jurifprud.) fignifie faire un dépri ou
accord avec le feigneur touchant les droits à lui dûs
pour l’acquifition que l’on a faite ou que l’on eft fur
le point de faire dans fa mouvance. Foye^ ci-devant D épri. (A ) D éprier, dans quelques coûtumes, fignifie notifier
au feigneur l’acquifition que l’on a faite, pour
éviter l’amende qui feroit encourue après un certain
tems par l’acquéreur faute d’avoir fait cette notification.
Il ne fuffit pas à l’acquéreur de déclarer qu’il a
acquis, il doit exhiber fan contrat ; & fi le contrat
n’étoit pas fincere, qu’une partie du prix y fût diffi-
mulée , l’amende feroit encourue comme s’il n’y
avoit point eu de notification. Foye{ la coûtume
d’Orléans, art. 48. Dourdan, art. 4S. (A ) D éprier, faire fa déclaration aux bureaux des
cinq grofles fermes ou à ceux des aides, de payer
les droits dûs pour les marchandifes ou les vins qu’on
a deffein de tranfporter. DiUionn. de Commerce
& de Trévoux. (G)
DÉPRISER, MÉPRISER, (Gramm.) Méprifer*
contemnere ', eft ne faire aucun cas d’une chofe : déprifer,
depretiare, dans la baffe latinité, & dans Cicéron
deprimere, c’eft ôter du prix, dti mérite ,• de la
valeur d’une chofe : méprifer dit donc infiniment plus
que déprifer. Un acheteur peut déprifer une bonne mar-
chandife que le, vendeur prife trop haut. On peut déprifer
les chofes au-delà de l’équité, mais on méprife
les vices bas & honteux. On déprife fouvent les chofes
les plus eftimables, mais on ne fauroit les mépri-
ftr. Tout le monde méprife la fordide avarice , &
quelques gens feulement déprifent les avantages de
la fcience ; le premier fentiment eft fondé dans la
nature, l’autre eft une folle vengeance de l’ignorance.
En vain une parodie tenteroit de jetter du ridicule
fur une belle feene de Corneille; tous fes traits
ne fauroient la déprifer. En vain s’attache-t-on quelquefois
à déprifer certaines perfonnes, pour faire
croire qu’on les méprife; cette affe&ation eft au contraire
le langage de la jaloufie , un chagrin de ne
pouvoir méprifer ceux contre lefquels on déclame
avec hauteur. La grandeur d’ame méprife la vengeance
; l ’envie s’efforce à déprifer les belles a&ions ; l’émulation
les prife, les admire, & tâche de les imiter.
Notre langue dit efiimer & ejlime, méprifer & mépris;
mais elle ne dit que déprifer, & n’a point adopté
dépris. Cependant ce fubftantif nous manque dans
quelques occafions où il feroit néceffaire, pour désigner
le fentiment qui tient le milieu entre Pefiime
& le mépris , & pour exprimer comme fait le verbe
cette différence. Par exemple, le dépris des richeffes,
des honneurs, &c. feroit un terme plus jufte, plus
exa&, que celui de mépris des richeffes, des honneurs
, Grc. que nous employons, parce que le mot
de mépris ne doit tomber que fur des chofes baffes ,
honteufes, & que ni les richeffes ni les honneurs ne
font point dans ce cas, quoiqu’on puiffe les trop
eftimer & les prifer au-delà de leur valeur. Article
de M. te Chevalier DE Jaucourt.
DÉPURATION, f. f. (Pharrn.) ce terme qui eft
proprement fynonyme de purification, de clarification
, eft cependant particulièrement confacré pour
les fucs exprimés des plantes & des fruits.
La dépuration fe fait pour féparer du fuc exprimé,
ou la partie colorante verte de la plante, ou une
partie du parenchime du fruit, qui s’y font mêlées
& qui le troublent.
La dépuration ordinaire des fucs des fruits, comme
coings, oranges, citrons, grofeilles, &c. fe fait
par défécation. Foye^ Défécation.
Quant au fuc des plantes, la dépuration s’en fait
par divers moyens. Les fucs des plantes purement
extraâives, par1 exemple, c’eft-à-direde celles qui
ne contiennent aucun principe volatil, fe dépurent
en leur faifant prendre un bouillon, qui fur le champ
amene fur la liqueur les parties hétérogènes ou non
diffoutes qui la troubloient ; & il n’eft plus queftion
alors que de les en féparer, en verfant le tout fur
une étamine (voyeç Étamine). Si au contraire les
plantes étoient aromatiques ou alkalines, il faudroit
avoir recours à la défécation (yoy. D éfécation) ,
ou bien à la filtration (voye{ Filtration). Foye{
auffi Su c de plantes.
DÉPUTATION, f. f. (ffifi. mod.) eft l’envoi de
quelques perfonnes choifies d’une compagnie ou
d’un corps, vers un prince ou à une affemblée,
pour traiter en leur faire. nom ou pourfuivre quelqu’af- Foye^ D éputé.
Les députations font plus ou moins folennelles,
fuivant la qualité des perfonnes à qui on les fait, &c
les affaires qui en font l’objet.
Députation ne peut point être proprement applique
à une feule perfonne envoyée auprès d’une autre
pour exécuter quelque commiffion, mais feulement
lorfqu’il s’agit d’un corps, Le parlement en An-
Tomt I F ,
gleterre députe un orateur & fix membres pour pré»
l'enter fes adreffes au roi. Le chapitre députe deux
chanoines pour folliciter fes affaires au-confeil.
En France i’affemblée du clergé nomme des députes
pour complimenter le Roi. Le parlement fait
auffi par députés fes remontrances au fouverain ; &
les pays d états, Languedoc, Bourgogne, Artois >
Flandres, Bretagne, &c. font une députation vers la
Roi à la fin de chaque aflèmblée. Chambers.CG)
D é p u t a t i o n , (Hifloire mod.) forte d’affemblée
des états de 1 empire, différente des dietes. C ’eft un
congrès où les députés ou commiffaires des princes
& états de l’empire difeutent, règlent & concluent
les chofes qui leur ont été renvoyées par une diete ;
ce qui fe fait auffi quand l’élefteur de Mayence, au
nom de l’empereur, convoque les députes de l’empire,
à l i priere des direfteurs d’un ou de plufieurs
cercles, pour donner ordre à des affaires, ou pour
affoupir des conteftations auxquelles ils ne font pas
eux-mêmes en état de remédier.
Cette députation ou forme de regier les affaires
fut inftituee par les états à la diete d’Augsbourg en 15 5 5 • O1} y nomma alors pour comruiffaires perpétuels
celui cpie l’empereur y envoyeroit, les députés
de chaque eleôeur, excepté celui du roi de Boheme
parce qu’il ne prenoit part aux affaires de l’empire ,
qu en ce qui concernoit l’éleâion d’un empereur ou
d’un roi des Romains ; mais les chofes ont changé à
cet égard depuis l’empereur Jofeph. On y admet
auffi ceux de divers princes, prélats & villes impériales.
Chaque député donne fon avis à part, fait
qu’il fait de .'la chambre des életteurs, ou de celle
des princes. Que files fuffirages de l’une & de l’autre
chambre s’accordent avec celui du commiffaire de
l’empereur, alors on conclud, & l’on forme un ré-,
fultat qui 1e nomme confiitution, comme on fait dans
les dietes ; mais une ieule chambre qui s’accorde
avec le commiffaire de l’empereur, ne peut pas faire
une conclufion, fi l’autre eft d’un avis contraire.
Heiff. hifi. de T Empire, tome III. (G)
* D É P U T É , AMBASSADEUR, ENVOYÉ:
\Jambaffadeur & Venvoyé parlent au nom d’un fouverain
, dontP ambaffadeur repréfente la perfonne, &
dont Penvoyé n’explique que les fentimens. Le député
n’efl: que l’interprete & le repréfentant d’un corps
particulier , ou d’une fociété fubalterne. Le titre
d'ambaffadeur fe préfente à notre efprit avec l’idée de
magnificence; celui dé envoyé, avec l’idée d’habileté r
& celui de député, avec l’idée d’éledion. On dit le
député d’un chapitre , P envoyé d’une république ,
P ambaffadeur d’un fouverain. D éputé, adj. pris fubft. (Hifi. mod.) eft une ou
plufieurs perfonnes envoyées ou députées au nom & en faveur d’une communauté. Foye^ D éputé.
Plufieurs provinces de France envoyent tous les
ans des députés au R oi, pour lui préfenter le cahier
des états. Ces députés font toûjours au nombre de
trois ; un pour le clergé, l’autre pour la nobleffe, & le
dernier pour le peuple ou le tiers-état. Le député du
clergé porte toûjours la parole.
Dans toutes les villes de Turquie il y a toûjours
des députés, pour traiter ainfi avec les officiers du
grand-feigneur, des impôts & de toutes leurs autres
affaires. Ces députés font trois ou quatre des plus
riches & des plus confidérables d’entre les bourgeois,
-, :
Nous ayons de même en France des députés du
Commerce, qui font des négocians extrêmement
verfés dans cette matière , réfidans à Paris , de la
part des principales villes maritimes & commercantes
du royaume , telles que Nantes , Bordeaux,
Lyon, avec des appointemens de la part de ces villes
, pour veiller aux intérêts & pourfuivre les affaires
de ces négocians au ççnfeil du Commerce^
R R r r ç ij