834 D E N l’invention de la machine pneumatique. Viye{ Air ,
Ra r é fa c t io n , & C ondensation.
Il eft démontré que dans le même vaiffeau ou dans
des vaiffeaux différens qui communiquent entr’eux,
l ’air eft de la même denjîtê à la même diftance du centre
de la terre. La denjîtê de l’air en général eft en
même raifon que les poids dont on le charge, ou les
puiffances qui le compriment. Voye^ Pression.
C ’eft pour cette raifon que l’air d’ici-bas eft plus
denfe que l’air fupérieur ; cependant la denjîtê de l’air
d’ici-bas n’eft pas proportionnelle au poids de l’at-
mofphere, à caufe du froid & du chaud qui altèrent
fenfiblement fa denjîtê 6c fa rareté. Si l ’air devient
plus denfe, le poids des corps qui s’y trouvent diminue
; fi l’air devient plus rare, ce même poids augmente
, par la raifon que les corps perdent plus, de
leur poids dans un milieu plus pefant que dans un
autre plus leger.
Par conféquent, fi la denjîtê de l’air eft fenfible-
ment altérée, des corps qui étoient également pefans
dans un air plus leger, & dont la pefanteur fpécifi-
que eft confidérablement différente, ne feront plus
en équilibre dans un air plus denfe, & celui qui eft
fpécinquement plus pefant l’emportera. C ’eft fur ce
principe qu’eft fondé le manomètre ou infiniment
pour mefurer les changemens de denjîtê de l’air. V .
Manomètre. (O)
DENTS , f. m. (Anatomie.') dentes, quaji edentes,
parce qu’elles fervent à manger, font les os les plus
durs 6c les plus compaûs de tous ceux du corps humain.
Voye^ Ma st ic a t io n & Squelete.
L’homme, 6c la plupart des animaux, ont deux
rangs de dents, l’un à la mâchoire fupérieure, l’autre
à là mâchoire inférieure. Voye{ G e n c i v e , &
Ma c iÎo ir e .
Dans l’homme, le nombre ordinaire des dents eft
de trente-deux, feize à chaque mâchoire : elles font
toutes placées dans des loges particulières, qu’on
nomme alvéoles; elles y font affermies par une articulation
en forme de cheville, appellée gompkoji.
Foye^ Alv éole & Gomphose.
Il y a de trois fortes de dents : celles qui font à la
partie antérieure de chaque mâchoire, fe nomment
incijives ; elles font larges, minces, & plates, 6c au
nombre de quatre à chaque mâchoire. Quelques-uns
les appellent dents de primeur, en latin primores, parce
qu’elles paroiffent les premières : d’autres les nom -
ment dents de lait, l’aclei; & d’autres rieufes, ridentes,
parce qu’elles fe montrent les premières quand on
r it . Voye{ IN CISIVES.
Derrière les dents incijives de chaque côté de chaque
mâchoire , il y en a deux qui font pointues 6c
un peu plus éminentes,; on les appelle canines, & le
peuple oeilleres ou dents de l'oeil, parce qu’une partie
du nerf qui fait mouvoir les yeux s’y diftribue ; 6c
de-là le danger de les tirer.
Derrière les canines font les molaires, cinq de chaque
côté , qui, dans l’homme, fervent principalement
à la maftication. Voye^ Molaire & Mastic
a t io n .
Les incifives n’ont ordinairement qu’une racine :
les canines en ont quelquefois deux, & les molaires
trois ou quatre , 6c quelquefois cinq, fur-tout les
plus poftérieures qui a'giffent avec le plus de force.
Les ouvertures des alvéoles ne font pas toutes
fenfibles dans le foetus ; il n’en paroît que dix ou
douze à chaque mâchoire, elles ont peu de profondeur
; les clpifons qui les féparent font très-minces :
ces alvéoles fe font connoître avant la fortie des
dents par autant de boffes ; le bord de ces cavités eft
très-mince, & leur ouverture eft alors fermée par
la gencive qui paroît tendineufe.
A mefure que les dents font quelques progrès , la
gencive devient molle 6c vermeille ; elle demeure
DEN dans cet état jufqu’à fix ou fept mois : fi après l’avoir
coupée on examine ce qui eft contenu dans les alvéoles
, on reconnoîtra que dès les premiers tems
de la formation, chaque alvéole renferme un amas
de matière vifqueufe 6c molle, figurée à-peu-près
comme une dent ; cette matière eft renfermée dans
nne membrane véficulaire, tendre, poreufe, & par-
femée d’un grand nombre de vaiffeaux, qui fe diftri-
buent au germe pour y porter la nourriture 6c la matière
fuffilante à l’accroiffement de la dent, dans laquelle
ils fe diftribuent enfuite. Quelques Anatomif-
tes ont appellé cette membrane chorion. Voye{ C h o r
i o n . ;
Cet amas de matière molle & vifqueufe s’appelle
communément le noyau de la dent ; quelques-uns le
nomment la coque , 6c d’autres le germe de la dent,
Foyei G e r m e .
On trouve ordinairement dans chaque alvéole
deux germes, 6c rarement trois, placés l’un fur l’autre
, 6c féparés par une cloifon membraneufe , qui
paroît être une production de celle qui revêt l’alvéole.
Voye^ A l v é o l e .
Les dents , félon Peyer, font formées de pellicules
repliées, durcies, & jointes enfemble par une
mucofité vifqueufe. Si l’on examine les dents du cerf,
du cheval, du mouton, &c. on trouvera que le fen-
timent de cet auteur eft bien fondé.
D ’autres auteurs expliquent autrement la formation
des dents. Quincy obferve que les alvéoles font
tapiffés d’une tunique mince, fur laquelle on voit
plufieurs vaiffeaux par où paffe une humeur épaiffe
& tranfparente, qui à mefure que l’enfant croît fe
durcit 6c prend la forme des dents; & vers le feptie-
me ou le huitième mois après la naiffance, les dents
percent le bord de la mâchoire, déchirent le périof-
te & la gencive, qui étant fort fenfibles, occafion-
nent une violente douleur & d’autres fymptomes
qui furviennent aux enfans dans le tems de la naiffance
des dents.
Les dents ne commencent pas toutes à la fois à
paroître : les incifives de la mâchoire fupérieure paroiffent
les premières, & enluite celles de la mâchoire
inférieure , parce que-les incifives font les
plus minces 6c les plus pointues. Après celles-là
lortent les canines, parce qu’elles font plus pointues
que les molaires, mais plus épaiffes que les incifives.
Les molaires paroiffent les dernieres de toutes
, parce qu’elles font les plus épaiffes 6c les plus
fortes.
Les dents incifives paroiffent vers le feptieme, le
dixième, 6c quelquefois le douzième mois après la
naiffance : les canines, le neuvième ou le dixième
mois ; les molaires, à la fin de la première ou de la
fécondé année.
Il tombe ordinairement dix dents de chaque mâchoire
vers la quatrième, cinquième, fixieme année
, quelquefois même plus tard; favoir, les incifiv
e s , les canines, 6c les quatre petites molaires ; ce
font ces dents qu’on appelle dents de lait. Celles qui
leur fuccedent percent ordinairement entre la fep-.
tieme & la quatorzième année.
Les auteurs ne font pas d’accord fur les racines
des dents de lait; quelques-uns prétendent qu’elles
n’en ont point ; d’aurrés, comme Diemmerbroek ,
veulent que les fécondés dents foient produites par
les racines des dents de lait. On s’eft affûré de la fauf*
fêté de ces deux fentimens par la diffe&ion ; car non-
feulement on a remarqué dans le foetus les deux germes
diftinûement féparés, mais encore dans les fu-
jets de quatre, cinq à fix ans avant la chute des dents
de lait, on voit les deux dents, favoir la dent de lait
6c celle qui doit lui fuccéder, parfaitement bien formées
, avec un corps 6c une racine.
Si Ton a vu des gens faire des dents jufqu’à trois,
DEN fois, c’eft qu’ils avoient dans les alvéoles trois touches
de l’humeur vifqueufe, ce qui n’arrive prefque
jamais.
Vers l’âge de vingt-un ah les déux dernières deè
dents molaires paroiffent, & font nommées dents de
fagefè, parce qu’elles fortent lorfque Ton eft à l’âge
de difcrétion. Voye^ S a g e s s e .
On diftingue dans chaque dent en particulier deux
portions ; Tuile eft hors l’alvéole & appellée le corps
de la défit ; elle eft aufli appellée coürbfine , mais ce
nom convient plus particulièrement aux molaires ;
l ’autre eft renfermée dans l’alvéole, 6c fe nomme la
racine de la dent. Ces deux portions font diftingûees
par une efpece de ligne circulaire, qu’on appelle le
collet de la dent : leur fituation eft telle, que dans le
rang fupérieur les racines font en-haut & le corps
en-bas, 6c dans le rang inférieur la racine eft en-bas
& le corps en-haut.
On obferve au collet de la dent quelques petités
inégalités à l’endroit où s’attache la gencive, & le
long des racines différens petits filions qui rendent
l’adhérence de leur périofte plus intime. Voye^ G e n c
i v e & P é r i o s t e .
On obferve au bout de la racine de chaque dent
un trou par où paffent les vaiffeaux dentaires, & qui
eft l’orifice d’un conduit plus Ou moins long, qui va
en s’élargiffant aboutir à une cavité fituée entre le
corps & la racine ; cette cavité s’appelle Jitius : elle
eft plus ou moins grande, 6c il paroît que l’âge n’eft
pas la feule caufe de ces variétés ; car on la trouve
grande dans de vieux fujets, & petite dans de jeunes
; petite dans des gens avancés en âge, 6c grande
dans de jeunes gens.
Lorfque les racines ont plufieurs branches, ces bram
ches varient beaucoup par rapport à leur direftion ;
tantôt elles s’approchent parleur bout en embraffant
quelquefois une portion de la mâchoire 6c les vaif-
feaux dentaires : on donne alors à ces dents le nom
de dents barrées ; tantôt elles fe portent en-dehors,
quelquefois elles fe confondent enfemble, rarement
avec leurs voifines.
M. de la Hire le jeune a obferve que le corps de
la dent eft couvert d’une fubftance particuliere appellée
émail, entièrement différente de celle du refte
de la dent.
C e t ém a il a p p e llé pèriojle, côeffe9 croûte p a r q u e lq
u e s a u t r e s , e ft c om p o fé d ’u n e in finité d e p et ite s fib
r e s q u i s’ o lîifie n t p a r le u r s r a c in e s , à-peu-prè s com m
e fo n t le s o n g le s o u le s co rn e s . Voye^ O n g l e 6*
C o r n e .
Cette compofition fe difcerne facilement dans une
dent caffée, où l’on apperçoit l’origine & la fituation
des fibres. M. de la Hire eft perfuadé que l’aecroif-
fement de ces fibres fe fait à-peu-près comme celui
des ongles. Si par quelque accident un petit morceau
de cet émail vient à être caffé, enforte que
l’os refte à nud, c’eft-à-dire fi les racines des fibres
font emportées, l’os fe cariera en cet endroit, 6c
on perdra fa dent, n’y ayant aucun os dans le corps
qui puiffe fouffrir l’air. Voye^ Os.
Il y a à la vérité des gens, qui à force de fe frotter
les dents avec des dentifriques, &c. ont l’émail fi
ufé & fi endommagé, qu’on voit l’os à travers, fans
que néanmoins la dent foit cariée. Mais la raifôn de
cela eft que l’os n’eft pas entièrement nud, 6c qu’il
refte encore une couche mince d’émail qui le con-
ferve ; 6c comme cette couche eft affez mince pour
être tranfparente, la couleur jaune de l’os fe voit à-
travers.
Les dents de la mâchoire fupérieure reçoivent des
nerfs de la fécondé branche de la cinquième paire ;
celles de la mâchoire inférieure de la troifieme branche
de la cinquième paire. Voyt{ les articles N e r f &
M â c h o i r e .
Tome IV ,
DE N &35 Les arteres viennent des carotides externes, 6c
les veines vont fe décharger dans les jugulaires externes.
V oyé^ C a r o t Ide & J u g u l a i r e .
Quoique lés dents ne foient pas revêtues d’un pé-
tiôfte femblablé à celui des autres o s , elles ont ce-*
pendant une membrane qui leur en tient lieu ; le pé-*
riofté qui révet les os maxillaires s’approche du bord
des alvéoles , flans lefquélles il fe réfléchit & s’unif
intimement avec la membrane qui les tapiffe en-dedans,
à moins que quelque? fibres charnues de la
gencive ne s’oppofent à céttë urtiori.
Les dents ne font point fenfibles par elies-mêmes
6C elles tiennent des nerfs qui s’y diftribuent touté
la fehfibilité qu’elles paroiflent avoir. Voye^ N e r f .
Quelquefois une dent fe caffe, & Tos refte nud ,
fahs que la perfonne en reffente aucune douleur. La
raifon de cela eft que le trou de la racine de la dent
par où entre un petit filet de nerf, qui rend la dent
fenfible, étant entièrement bouché par l’âge ou par
quelqu’autre caufe, a comprimé le nerf 6c ôté toute
communication entre la dent & l’origine des neçfs,
& par conféquent toute fenfibilité.
Les anciens, & même Riolan parmi les modernes,
Ont cru que les dents étoient incombuftibles, 6c
qu’elles l’étoient feules entre toutes les parties du
corps ; c’eft pourquoi on les plaçoit avec grand foin
dans des Urnes parmi les Cendres des morts. Mais
cette opinion eft fauffe, car on n’a trouvé que deux
dents dans les tombeaux de Veftphalie, dont il y en
avoit même une à demi-calcinée. On peut d’ailleurs
s’aflïîrer par foi-même de la fauffeté de ce fenti-
ment.
Une autre erreur populaire eft que les dents croif-
fent toujours, même dans les vieillards , jufqu’à
l’heure de la mort. M. dé la Hire obferve que l’émail,
qui eft une- fubftance fort différente de celle des
dents, eft la feule partie des dents qui croît.
Là figure, la difpofition & l’arrangémënt des
dents, font admirables. Les plus antérieures font
foibles, 6c éloignées du centre de mouvement ,
comme ne fervant qu’à donner la première préparation
aux alimens ; les autres, qui font faites pour
les broyer 6c les hacher, font plus greffes 6c placées
plus près du centre de mouvement.
Galien fuppofe que l’ordre des dents fût renverfé ;
& que les molaires, par exemple, fuflënt à la place
des incifives 6C il démande de quel ufage feroient
alors les dents, & quelle coiifiifion ne cauferoit pas
ce fimple dérangement. Il conclut de-là que comme
nous jugerions qu’un homme auroit de l’intelligence
, parce qu’il rangerôit dans im ordre convenable
Une compagnie de trente-deux hommes -, ce qui eft
juftement le nombre des dents , nous devons à plus
forte raifon juger la même chofe du créateur, &c.
Gai. du ufu partium.
La différente figure des dents dans les différens
animaux, n’eft pas une chofe moins remarquable ;
elles font toutes exactement proportionnées à la
nourriture particulière & aux befoins des diverfes
fortes d’animaux : ainfi dans les animaux carnaciers
elles font propres à faifir, à tenir, à déchirer la
proie. Dans les animaux qui vivent d’hèrbagës ,
elles font propres à ramaffer 6c à brifer les végétaux
: dans les animaux qui n’ont point de dents ,
comme les oifeaux, le bec y fuppleé.
Le défaut de dents pendant un certain tems dans
quelques animaux, n’eft pas moins digne d’attention
; comme, par exemple, que les enfans n’en
ayent point, tandis qu’ils ne- pourroient s’en fervir
que pour fe bleffer eux-mêmes, ou leurs meres ; &
qu’à l’âge où ils peuvent prendre une nourriture
plus fubftancielle 6c le paffer de la mammelle, 6c où
ils commencent à avoir befoin de dents pour parler,
qu’alors juftement elles commencent à paroître, 6c
N N n n n ij