Toute condamnation qui emporte dégradation de
nobleffc contre le condamné, en fait auffi déchoir fes
delcendans, qui tenoient de lui La qualité de noble.
(A)D
égradation des ordres sa cres. Voyt{ ci-
dtvam D égradation d’un Ecclesiastiqu e;
D égradation d’un Prêtre. Voye^ ci-devant
D égradation d’un Ecc lesiastiqu e. (A ) ^
D ég r ad a t io n , D égrader , en Peinture, c’eft
l’auomentation ou la diminution des lumières & des
ombres, ainfi que de la grandeur des objets. Ces dégradations
doivent être inlenfibles ; celle de la lumière,
en s’affoibliffant peu-à-peu jufqu aux plus
grandes ombres; celles de la couleur, depuis la plus
entière jufqu’à la plus rompue relativement à leurs
plans, yoyei C ouleur rompue. On dit, ce peintre
fait bien dégrader les lumières, fes couleurs, fes
objets. Toutes ces chofes dégradent bien , c’eft-à-
■ dire, font bien traitées par la lumière, la couleur ,
& la grandeur. (R)
D égrader un v a is se a u , (Marine.} c’eft abandonner
un vaiffeau après en avoir ôté les agrès 8c
aparaux, 8t tout ce qui fervoit à l’équiper, lorsqu'il
eft trop vieux, ou que le corps du bâtiment eft
endommagé & hors de fervice. (Z )
DÉGRADER UN HOMME , en terme de Marine,
c ’eft lui faire quitter le vaiffeau, oc le mettre fur quelque
côte ou quelque île deferte oti l’on l’abandonne :
ce qui fe fait quelquefois pour punir des criminels
qu’on ne vouloit pas condamner à la mort. (Z )
DÉGRADER , ( Jardinage.) on dit dégrader un bois,
quand on y coupe ou dégarnit trop d’arbres, ce qui
y forme des clairières. (A )
DÉGRAIS, (Draperie.') Voye^ , à P article La in e ,
Manufactures d ’étoffes en laine.
DÉGRAISSAGE , (Draperie.) Voye{, à l'article
La in e , Manufactures d'étoffes en laine.
DÉGRAISSER une étoffe de laine , (Man.
en laine!) c’eft là faire fouler avec la terre & l’urine,
pour en léparer la graiffe ou l’huile.
On donne la même façon aux laines avant que
de les travailler. On les degraifle dans un bain chaud
fait de trois quarts d’eau claire, & d’un quart d’urine.
Enfuite on les dégorge à la riviere. Voye^ D égorger.
11 eft important que les laines & les étoffes ayent
été bien dégraiffées 8c bien dégorgées. Voyt-^ l'article
Laine.
Les falpétriers dégraiffent, dit-on, leur falpetre ;
les uns avec la colle forte d’Angleterre, les autres
avec le fel ammoniac, le blanc d’oeuf, l’alun, & le
vinaigre : mais la colle vaut mieux. Voye^ l'article
SALPETRE, DÉGRAISSER LE VIN, (GZcon. rufeiq.) II y a des
vins qui tournent à la graiffe en vieilliffant. Pour
leur ôter cette mauvaife qualité lorfqu’ils l’ont contrariée
, on prend de la meilleure colle de poiffon,
deux onces ; on la met en morceaux , on la diffout
à froid dans une chopine de vin blanc, on paffe la
diffolution dans un linge , & on la jette par la bonde
dans un tonneau de vin, qu’on remue fortement
à deux ou trois reprifes avec un bâton, au bout duquel
on a attaché uneferviette. Cela fait, on le laiffe
repofer.
Mais cette recette n’eft pas la feule qu’on employé
; il y en a qui fe fervent de blé grillé fur le
feu , & arrolé d’eau-de-vie ; d’autres , de cire jaune
fondue & jettée chaude dans le tonneau ; quelques-
uns , d’alun blanc pulvérifé & fricaffé bien chaud
avec du fable ; quelques autres, de blé & de fable
rôtis enlèmble ; ou d’un fachet de fel commun, de
gomme arabique, & de cendre de farment, qu’ils
attachent au bout d’un bâton , & qu’ils remuent
dans le vin.
D égraisser les ch e v eu x , (Perruquier.) c’eft
frotter à l'ec avec les mains les meches les unes après
les autres, dans du gruau : le but de cette préparation
eft d’en ôter la graiffe, pour les tirer plus aifé-
ment par la tête.
DÉGRAISSEUR, f. m. (Art méch.) on donne ce
nom à des ouvriers qui font partie de la communauté
des Fripiers, & qui détachent les étoffes. Voye^
l'artich FRIPIER.
DÉGRAISSOHl, f. m. (Drap.) Voyc{ à l'article
Laine , Manufactures d'étoffes en laine.
DÉGRAS, f. m. terme de Chamoifeur, c’ eft un nom
qu’on donne à l’huile de poiffon qui a fervi à paffer
des peaux en chamois. Voye[ C hamoiseur.
Cette huile n’eft point perdue, quoiqu’elle ait déjà
fervi. On s’en fert chez les Corroyeurs pour paffer
principalement les cuirs blancs. Voyeç Cor-
ROYEUR.
DÉGRAVELER un tu y a u , (Hydr.) c’eft ôter
d’un tuyau de fer ou de plomb, fervant à conduire
les eaux dans les fontaines , le fédiment qui s’y
forme.
DÉGRAVOYER , v, afl. & DÉGRAVOYE-
MENT, f. m. (Hydr.) c’eft l’effet que produit l’eau
courante de déchauffer & defacoter des pilotis de
leur terrein, par un mouvement continuel. On y
peut remédier en faifant une creche autour du pilotage.
Voyer C reche. (K)
DEGRÉ DE COMPARAISON ou DE SIGNIFICATION
; on le dit , en Grammaire , des adjectifs
, qui par leur différente terminaifon ou par des
particules prépofitives, marquent ou le plus , ou le
moins, ou l’excès dans la qualification que l’on donne
au fubftantif,yàv<z/zf, plus favant, moins f avant,
très ou fort favant. Ce mot degré fe prend alors dans
un fens figuré : car comme dans le fens propre un
degré fert à monter ou à defcendre , de même ici la
terminaifon ou la particule prépofitive fert à relever
ou à rabaiffer la lignification de l’adjeûif. Voy.
C om para tif . (A)
D egré , f. m. (Métaph.) c’eft en général la différence
interne qui fe trouve entre les mêmes qualités,
lefquelles ne peuvent être diftinguées que pa r- là ,
c’eft-à-dire par le plus ou le moins de force avec lequel
elles exiftent dans divers fujets$ ou fucceffive-
ment dans le même fujet.
Par exemple , vous ave^ chaud. & moi aufji; la
même qualité nous eft commune, 8c nous ne pouvons
diftinguer entre chaleur & chaleur-, que par le
degré oii elle fe trouve en nous : à cet égard, votre
chaleur peut être à la mienne , comme tant à tant.
De même en Morale, quant aux vertus, la tempérance
, par exemple, eft la même vertu dans Pierre
8c dans Paul ; mais l ’un peut la pofféder 8c la pratiquer
dans un degré fupérieur à celle de l’autre.
Les degrés font donc les quantités des qualités par
oppoiition aux quantités des maffes, qui confiftent
dans la grandeur & dans l’étendue. Les degrés exiftent
toûjours dans les qualités, mais ils ne iauroient
être compris que par voie de comparaifon.
Comme la longueur d’un pié ne fauroit être déterminée
qu’en rapportant le pié à une autre mefu-
r e , de même nous ne faurions expliquer le degré de
froid qui eft dans un tel corps, ou le plus grand froid
d’un certain jour d’h yver, fi nous ne connoiffons un
degré de froid donne, auquel nous appliquons celui
dont nous voulons juger. Les vîteffes ne fe déterminent
non plus que de la même maniéré.
Comme une ligne droite peut être double, triple,
quadruple , &c. d’une autre; de<même un degré de
froid, de lumière, de mouvement, peut avoir de
pareilles proportions avec un autre degré.
Les degrés fe fubdivifent en d’autres plus petits. Je
fais une échelle pour le baromètre ouïe thermomètre,
j re | j»y prens arbitrairement la grandeur d’un degré-,
mais enfuite je puis divifer çe degré en quatre, f ix ,
huit portions égales, que j’envii'agerai comme de
moindres degrés , qui font partie de l’autre. ’
Les parties qui conftituent les qualités , ne font
pas comme celles de l’étendue, l’une hors.de l’autre
: un degré de vîteffe ne lauroit être coupé en tant
de morceaux, comme une planche ou un fil ; mais
il peut s’augmenter ou fe diminuer, fans qu’il arrive
aucun changement à l’étendue du fujçt dans lequel
il exifte. Mais en comparant les parties de l’efpace
parcouru par deux mobiles en même tems, ou par le
même mobile dans des tems égaux, nous attribuons
aux forces les mêmes proportions que nous trouvons
entre les efpaces & le tems ; & npus difons que la vîteffe
de ce mobile dans la première fécondé étoit à fa
yîteffe dans la fécondé fuivante, comme tel nombre
à un autre, ou telle ligne à une autre. Ces notions
imaginaires ne font point chimériques, 8c elles font
les plus efficaces pour nous conduire aux idées dif-
tinftes ; il faut feulement prendre garde de ne leur
pas prêter une réalité d’exiftence dans les fujets même.
Article de M. FORMEY.
Suivant ces principes , il faut, i° être attentif à
n’employer le mot degré qu’à propos , pour une plus
grande précifion ou clarté du difcours, 8t pour exprimer
Amplement des rapports , 8c non pas des
quantités abfolues : z° il faut ne s’en fervir que lorf-
qu’il eft queftion de quantités qu’on peut mefurer,
& par conféquent comparer entr’elles , 8c non pas
lorfqu’il eft queftion de quantités purement méta-
phÿfiques 8c incomparables. Ainfi on peut dire qu’un
corps a tant de degrés de mouvement ou de vîteffe,
parce que le mouvement ou la vîteffe d’un corps
fe détermine par l’efpace parcouru en un certain
tems donné, 8c que cet efpace eft une quantité qui
peut fe mefurer. Il faut même ajouter qu’on ne doit
le fervir du mot de degré de vîteffe ou de mouvement,
que lorfqu’il s’agit de comparer le mouvement
de deux ou plufieurs corps, 8c non pas,lorfqu’il
eft queftion d'un corps ifolé ; car le mouvement
d’un corps ifolé n’a point en lui - même de
grandeur abfolue, ni qu’on puiffe repréfenter par
des degrés. Mais on ne peut pas dire, par exemple,
en comparant deux fenfations ou deux affeâions entr’elles
, que l’une de ces deux fenfations ou affections
eft plus grande que l’autre d’un certain nombre
de degrés; car on ne peut jamais dire qu’une fen-
fation foit double, triple, moitié, &c. d’une autre ;
on fent feulement qu’elle eft plus ou moins vive ;
mais nous n’avons point de mefure pour comparer
exactement nos fenfations les unes aux autres.
Ceci fnffira pour faire fentir le ridicule des degrés
d’être, que l’auteur de la Prémotion phyfique imagine
dans notre ame. Selon cet auteur, toute modihca-
tiofi, toute idée de notre ame, eft un degré d'être de
plus ; comme fi la fubftance de notre ame s’augmen-
toit réellement par de pareilles modifications, 8c
comme fi d’ailleurs ces augmentations (fuffent-elles
auffi réelles qu’elles font chimériques) pouvoient fe
comparer 8c fe mefurer.C’eft pourtant liir cette idée fi
peu vraie 8c fi peu philofophique, que l’auteur a bâti
toutes fes propofitions fur la prémotion phyfique ;
propofitions qu’il a honorées des noms de théorèmes
& de démonflrations ; mais, comme l’obferve très-
bien M. dé Voltaire, il ne faut juger, ni des hommes,
ni des livres par les titres. V. A p p l i c a t i o n de
la méthode des Géomètres à la Métaphyfique ; V. auffi
le traité des Syfîmes de M. l’abbé de Condillac, où
l’on a fait à ce fyftème fur leS degrés d'être l’honneur
de le réfuter.
Nous ne’ croyons pas devoir, nous étendre ici fur
ce qu’on a appellé dans l’école degrés métaphyfiques,
8c qui ne font autre chofe que les attributs généraux,
Tome IV .
défignés par les mots à'être, de fubflançe, de modification,
&c. ou, comme d’autres les définiffent, les
propriétés effentielles d’un être, depuis fon genre
luprème jufqu’à fa différence fpécifique ; comme
être,fubflançe , vivant, f entant, penfant, &c. On demande
quelle diftindion il faut admettre entre ces
degrés ; queftion frivole. Il eft évident que ce font autant
d’abftradions de notre eljprit, qui n’indiquent
rien de réel 8c d’exiftant dans l’individu. En effet qu-
eft-ce que l’être 8c la fubftance en général ? Y a-t-il
autre chofe que des individus dans la Nature ? L’efprit,
il eft vrai, operç fur ces individus ; il y remarque des
propriétés femblables ; celle d’exifter, qui conftitue
ce qu’on appelle être; celle d’exifter ifolé, qui çonf-
titue la fubftance ; celle d’exifter de telle maniéré •
qui conftitue la modification. Mais l’erreur confifte à
s’imaginer qu’il y ait hors de l’efprit même, quelque
chofe qui foit l’objet réel de ces abftra&ions. (O)
D e g r e . Ce mot, en Géométrie , fignifie la 360e
partie d ’une circonférence de cercle. Voy. C e r c l e .
Toute circonférence de cercle grande 8c petite eft:
fuppofée divifée en 360 parties qu’on appelle degrés.
Le degré fe fubdivife en 60 parties plus petites, qu’on
nomme minutes , la minute en 60 autres appelléea
fécondés , la fécondé en 60 tierces, &c. d’où il s’en-;
fuit que les degrés, les minutes, les fécondés, &c4
dans un grand cercle font plus grands que dans un'
petit. Voy e { M in u t e , S e c o n d e , & c.
Il y a apparence qu’on a pris 360 pour le nombre'
des degrés du cercle, parce que ce nombre, quoiqu’il
ne foit pas fort confidérable, a cependant beaucoup
de divilèurs ; car il eft égal à z x z X iX 3 X 3 X ^
8c par conféquent il peut le divifer par z , par 4 J
par 5 , par 6 , par 8, par 9,, par 10, & par beau-'
coup d’autres nombres. Voye^ D i v i s e u r . -
Les fubdivifions des degrés font des fractions, dont
les dénominateurs procèdent en raifon de 1 à 60.'
c’eft-à-dire que la minute eft de degré, la fécondé
TZôô 9 ta tierce ^5%. » mais comme ces dénominateurs
font ^embarraffaiis, on fubftitue à leur place
des expreffions plus fimples dans l’ufage ordinaire
pour les indiquer.
Ainfi un degré étant l’unité ou un entier , eft exprimé
par d, la minute ou prime par ' , la feconde<
par " , la tierce par ; ç’eft pourquoi 3 degrés, 2y
minutes, 16 tierces, s’écrivent ainfi3d |É| i6 " 'j
. Stevin, Ougthred, ‘Wallis, ont defiré que l’on proscrivît
cette divifion fexagéfimale du degré, pour met-,
tre la décimale à fa place. Il eft certain que cela.’
abrégeroit les opérations. Car fi au lieu de divifer J
par exemple, le degré en 60 minutes, on le divîfoit
en 100, la minute en 100 fécondés, &c. on rédui-
roit plus promptement les fra&ions de degrés en minutes.
Ainfi pour réduire 77 .d e degré en minutes, il
faudroit Amplement divifer y 100 par 72 , au lieu
qu’il faut d’abord multiplier 51 par 60, & divifer en-
fuite par 72 : on s’épargneroit donc une multiplication.
En général il feroit à fouhaiter que la divifion
décimale fût plus en ufage. Voye[ D é c i m a l .
La grandeur des angles fe défigne par les degrés ;
ainfi on dit un angle de 90 degrés, de 70 degrés, 50
minutes , de 2 ç degrés , 1 y minutes , 49 fécondés. Voy.
A n g l e . On dit auffi: Telle étoile eft montée de tant de
degrés au-deffus de l'horifon ; décline de l'équateur de
tant de degrés, &c. V. H a u t e u r & D é c l in a i s o n .
La railôn pourquoi on mefure un angle quelconque
par les degrés ou parties d’un cercle , c’eft i ° que
la courbure du cercle eft uniforme 8c parfaitement
la même dans toutes fes parties ; enforte que des an-*
gles égaux dont le fommet eft au centre d’un cercle,
renferment toûjours des arcs parfaitement égaux de
ce cercle; ce qui n’arriveroit pas dans une. autre
courbe , par exemple, dans l’ellipfe dont la courbure
n’eft pas uniforme : i ° deux angles égaux ren.-
D D d d d