772 D E J faveur des connoiffances qu’il leur a tranfmifes, lès
divfirfss maniérés dont les maladies doivent le ter—
miner, lorfque les mêmes cas qu’il a obl'ervés fe
préfentent dans la pratique.
Il fe dépofe naturellement dans les inteftins une
grande quantité d’humeurs différentes, qui par con-
léquent peut être aufli évacuée par cette voie; favoir
la falive, la mucofité de la bouche, du gofier, des
narines , de i’oefophage, du ventricule ; le fuc gaf-
trique, inteftinal ; la lymphe pancréatique, les deux
biles, 6c la mucofité de tous les boyaux : outre la
matière féreufe, atrabilaire du fang, 6c des vifceres
des hypocondres ; comme aufli toute matière purulente
des abcès, qui fe forme dans les premières
voies ,o u qui y eft portée d ’ailleurs, foit critique,
foit fymptomatique : il ne peut rien être mêlé dans
la maffe des humeurs, qui foit contre nature , fans
eaufer du trouble dans l’oeconomie animale ; le chyle
même , fans être vicié , dès qu’il eft feulement
trop abondant, y caufe des dérangemens indiques
par l’inquiétude, l’agitation , la chaleur, & c . qui
fuccedent : à plus forte raifon furvient-il du defor-
dre lorfqu’il a quelque vice effentiel, ou qu’il entre
dans le làng toute autre matière nuifible, La nature
ou le méchanifme du corps humain eft difpofé de
maniéré qu’il ne peut foufïrir rien d’étranger , ou
qui acquiert des qualités étrangères , fans qu’il s’y
faffe des mouvemens extraordinaires qui tendent à
le châtier dehors. Si c’eft un humeur morbifique,
elle eft pouffée par l’aftion des vaiffeaux, félon la
différence de fa confiftence 6c de fa mobilité, vers
quelqu’un des émonûoires généraux; ou bien elle eft
dépofée en quelqu’endroit particulier où elle népuiffe
plusléfer les fondions principales. Voy. C o c t i o n ,
C r i s e . Dans le premier cas, elle peut acquérir un
degré de denfité 6c de ténacité , tel qu’avec un degré
de mouvement proportionné à la réfiftance des
couloirs des inteftins, elle les pénétré, 6ç fe porte,
en parcourant les conduits fecretoires & excrétoires,
jufque dans la cavité des boyaux : elle peut être
également adaptée aux couloirs du foie, 6c fe jetter
dans la même cavité par les conduits qui portent la
bile dans le canal inteftinal ; ainfi des autres voies,
par lefquelles il peut fe faire qu’elle y foit portée
par la fuite d’une opération affez femblable à celle
des fecrétions dans l’état naturel. Voy. S é c r é t i o n .
Cette matière viciée ne peut pas être laiffée dans
les boyaux, elle y eft aufli étrangère que dans le
refte du corps ; elle excite par conféquent la con-
traèlion des fibres mufculaires des boyaux , qui la
porte hors du corps par le même méchanifme que
les excrémens ordinaires , à proportion de fa con-
fiftance. Elle fort avec différentes qualités, félon fa
différente nature : de - là les différens prognoftics
qu’elle fournit. Il n’en fera préfenté ici que quelques
- uns pour exemple ; c’eft Hippocrate qui les
fournira, ils ne pourroient pas venir de meilleure
main.
« Dans tous les mouvemens extraordinaires du
*» ventre, qui s’excitent d’eux-mêmes, fi la matière
» qui eft évacuée eft telle qu’elle doit être pour le
» bien des malades, ils en font foulagés, & foûtien-
» nent fans peine l’évacuation : c’eft le contraire, fi
» l’évacuation n’eft pas falutaire. Il faut avoir égard
» au climat, à la faifon, à l’âge 6c à l’efpece de ma-
» ladie, pour juger fi l’évacuation convient ou non ».
Aphor. ij.fect. i.
Cet axiome eft d’un grand ufage dans la pratique,
il apprend comment on peut connoître que le corps
humain s’évacue avec avantage des mauvaifes humeurs
qui y étoient ramaffées, 6c meme de la trop
grande abondance des bonnes : mais quand il eft
purgé de ces matières nuifibles ou fuperflues, fi
l ’évacuation continue, elle ceffe d’être utile , elle
D E J nuit ; c’eft ce que déclare Hippocrate dans fes Pror-
rhetiques , liv, II. chap, jv . Il regarde comme très-
pernideux les longs cours de ventre, foit bilieux,
foit pituiteux ou indigeftes : il recommande de ne
pas le laiffer durer plus de fept jours fans y apporter
remede.
Il y a lieu d’efpérer que les déjections font falutai-
taires, lorsqu’elles Surviennent après la coftion de
la matière morbifique, lorfque la nature a commencé
à fe rendre Supérieure à la caufe de la maladie :
celles au contraire qui fe font pendant l’augment,
font plutôt Symptomatiques que critiques, 6c nui-
fent aufli plus qu’elles ne font utiles.
Si la maladie tourne à bien, les déjections prennent
aufli de meilleures qualités en général. C ’eft à ce
propos qu’Hippocrate a dit: « Les déjections font
» moins fluides, prennent de la confiftance, quand
» la maladie tend à une termioaifon falutaire ».
Voilà pour les évacuations du ventre èri général.
Pour ce qui regarde les différentes qualités des déjections
y qui font toutes mauvaifes, par des raifons
qu’il feroit trop long de détailler i c i , on fe bornera
à en expofer quelques-unes de chaque efpece de déjection
viciée.
Profper Alpin, lib. VII. cap. xj. de prafag. vitâ
& morte, les décrit ainfi : « Par rapport à leur fub-
» fiance, elles peuvent être très-différentes ; il y en
» a dont la matière eft trop dure, rude, liquide, vif-
» queufe, aqueufe, grade, écumeufe, inégalé, mê-
» langée,pure & colliquative.Par rapport àleurs cou-
» leurs, il y en a dont la matière eft blanche, bilieufe,
» jaune, fafiranée, rouffe, v erte, poracée , livide,
» fanglante , noire, 6c de différente couleur. Par
» rapport à l’odeur, il y en a de très-puantes, d’au-
» très qui le font peu , d’autres qui ne le font point
» du tout. Par rapport à la quantité, il y a des déjec-
» dons très-abondantes, très - fréquentes ; d’autres
» peu copieufes, 6c qui ne fe répètent pas fouvent ;
» d’autres qui font fupprimées. Par rapport au tems
» de l’excrétion, les unes ont lieu au commence-
» ment de la maladie, d’autres dans l’augment. Ces
» dernieres font le plus fouvent mauvaifes, parce
» qu’elles précèdent la coftion ; elles indiquent l’a-
» bondance des crudités ». L’auteur des prorrhéti-
ques , lib. I. parle ainfi des déjections de matière
dure :
» Si le ventre étant refferré» rend par néceflité
» des excrémens en petite quantité, qui foient durs,
» noirs & tortillés, & qu’il furvienne en même tems
» un flux de fang par les narines , c’eft mauvais
» ligne ».
Selon Galien, cela arrive parce qu’ils ont été trop
retenus, & à caufe de la chaleur brûlante des entrailles.
S’il fe joint à cela de violens fymptomes ,
6c qu’il y ait quelqu’autre mauvais ligne , l’excrétion
de ces matières fécales en devient un mortel.
Entre les excrémens liquides, Hippocrate regarde
comme mauvais ceux qui font d’unè confiftance
aqueufe. Dans les prognoftics, fuivant ce que dit Galien
, c’eft un figne de crudité : ils font mortels dans
les maladies bilieufes , 6c dans celles qui font accompagnées
de violens fymptomes.
« Si la matière des excrémens eft gluante, blan-
» che, un peu fafranée, en petite quantité, & lé-
•» gere, elle eft mauvaife, » dit Hippocrate dans fon
liv. I I . des Prognoftics.
Une telle matière ne peut qu’être toujours de
très-mauvais figne , parce qu’il eft toujours très-
nuifible que la fubftance du corps fe confume & que
la graille fe diflipe ; ce qui eft une preuve "d’une
grande chaleur dans les maladies aigues, 6c d’une
fin prochaine, s’il fe joint à cela quelqu’autre mauvais
figne. Dans une maladie plus bénigne, c’eft un
figne que la maladie fera de durée.
D E I On lit dans les Prorrhétiques, lib. III. que « les
» déjections qui Unifient par être de matière pure &
» bilieufe , annoncent l’augmentation de la mala-
» die » ; & , comme le prétend Galien, la rendent
beaucoup plus fâcheufe : aufli font-elles regardées à
jufte raifon comme un très - mauvais figne dans les
maladies aigues, parce qu’elles indiquent une très-
grande ardeur dans le corps, qui confume les fé-
rofités des humeurs qui pourroient fe mêler avec
elles. Si elles font encore écumeufes , elles dénotent
une chaleur colliquative , félon les prénotions
coaques.
La mauvaife odeur extraordinaire des excrémens
eft toûj ours un mauvais figne, dit Galien dan$,le
fepdeme Livre des Epid. parce qu’elle indique une
grande corruption des humeurs. Hippocrate la regarde
comme un préfage de mort, lorfqu’elle eft
jointe avec la couleur livide ou noire des excrémens.
Prognoft. liv. II.
» Si les déjections font abondantes 6c fréquentes,
» il y a danger de défaillance prochaine ». Vjye[ les
prénodorti coaques. » Une déjection liquide qui fe fait
» abondamment & tout-à-la-fois , & celle qui fe
» fait peu-à-peu, font toutes les deux mauvaifes,
» parce que l’une 6c l’autre épuifent les forces &
» accablent la nature. » Prognoft. liv. II.
Les déjections trop peu abondantes font inutiles 6c
de mauvais figne , parce qu’elles, ne fufîifent pas
pour détruire la caufe. morbifique , & qu’elles annoncent
la foibleffe de la nature qui tente de l’évacuer
, 6c fuccombe. Dans les Epidémies tfHippo-
crate.
Cet article ne finiroit point, fi on expofoit tout
ce que cet auteur dit à ce fujet ; ce qui eft rapporté
ic i , fuffit pour faire voir au lefteur comment il traite
en maître ces matières, 6c combien il eft important
d’obferver exactement tout ce qui a rapport aux déjections,
fans troubler les opérations de la nature,
.en n’agiffant que pour.l’aider, & non pas pour procurer
la guérifon lans la confulter, 6c fe concerter,
pour ainfi dire , avec elle. Voye^ fur cette matière
tous les traités des prognoftics d’Hippocrate ; Ga-
'Iièn fur le même fujet ; le commentaire des coaques
par Duret ; Profper Alpin, de prafag. vitâ & morte.
\Voye{ P u r g a t i f s , P u r g a t i o n s , D i a r r h é e ,
D iS SEN TE R IE , TENESME . ([d)
DEJETTER , terme de Menuiferie & Charpent. il
fe dit des bois , lorfque par trop de féchereffe ou
trop d’humidité, en renflant ou fe refferrant, ils fe
courbent 6c fe gauchiffcnt.
DEJEUNER, f. m. (Médecine.) jentaculum, petit
repas que prennent le matin certaines perfopnes, 6c
fur-tout les enfans : c’eft râv.pa.Ti<r/Acç des G recs, qui
mangeoient à ces heures-là un morceau de pain
trempé dans du vin pur.
Pour ce qu’il y a à obferver, par rapport au régime
, à l’égard de ce repas , voyeç H y g i e n e , R é g
i m e . (d)
DÉIFICATION, f. f. terme du Paganifme ; cérémonie
très-diftinguée par laquelle on déïfioit les
empereurs, c’eft-à.-dire qu’on les mettoit au rang
des dieux , 6c on leur décernoit les honneurs divins.
Voyéi D i e u 6* C o n s é c r a t i o n . La déification eft
la même que Yapothéofe.'Voye^ A p o t h é o s e . ( G )
DÉINCLINANT owDÉINCLINÉ, adj: (Gnom.)
cadrans déinclinans ou déinclinés y font ceux qui déclinent
& inclinent ou reclinent tout-à-la-fois ,
c’efLà-dire qui ne paffent ni par la ligne du zénith,
ni par la commune feftion du méridien avec l’hori-
fon, ni par celle du premier vertical avec l’horifon.
Voyei C a d r a n .
Çes fortes de cadrans font peu en ufage, parce
qu’ils font peu commodes. On peut voir à l'article
D é c l i n a i s o n , l a maniéré de trouver le u r pofi-
D E I 773 tion par rapport au premier v ertical, à l’horifon 6c
au méridien. (0 )
DÉINSE, ( Géog. mod.) petite ville de la Flandre
autrichienne, fituée fur la Lys. Long. z i. //. latit.
DEJOUER, terme de Marine, pour dire qu’un pavillon
ou qu’une giroiiette joue ou voltige au gré du
vent. (Z )
DÉISME, f. m. (’Tkéol.) doètrine de ceux dont
toute la religion fe borne à admettre l’exiftence d’un
Dieu, 6c à fuivre la loi naturelle. Voyez D é i s t e s . GHDÉISTES , fubft. m. pl. ( Théolog.) nom qu’on a
d’abord donné aux Anti-trinitaires 'ou nouveaux
Ariens hérétiques du feizieme fiecle , qui n’admet-
toient d’autre Dieu que Dieu le pere , regardant
J. C. comme un pur homme, 6c le S. Efprit comme
un fimple attribut de la divinité. On les appelle aujourd’hui
Sociniens o u Unitaires. Voye{ S u CINIENS
ou U n i t a i r e s .
Les Déifies modernes font une feèle ou forte de
prétendus efprits forts, connus en Angleterre fous
le nom de frèe-thinkers, gens qui pen/ènt librement,
dont le caraftere eft de ne point profeffer de forme
ou de fyftème particulier de religion, mais dé fe
contenter de reconnoître l’exiftence d’un D ieu, fans
lui rendre aucun culte ni hommage extérieur. Ils
prétendent que vu la multiplicité des religiôns 6c le
grand nombre de révélations , dont on ne donne ,
difent-ils, que des preuves générales & fans fondement
, le parti le meilleur 6c le plus fur, .c’eft de fe
renfermer dans la fimplicité de la nature & la croyance
d’un Dieu , qui eft une vérité reconnue de toutes
les nations. Voye{ D i e u & R é v é l a t i o n .
Ils fe plaignent de ce que la liberté de penfer &
de raifonner eft opprimée fous le joug de la religion
révélée ; que les efprits fouffrent 6c font tyvannifés
par la néceflité qu’elle itnpofe de croire des myfteres
inconcevables , & ils foûtiennent qu’on ne doit admettre
ouvcroire que ce que la raifon conçoit ejaire-
ment., Voye^ M y s t è r e & Foi.
Le nom de Déifies eft donné fu r -to u t à ce s
fortes de perfonnes qui n’étant ni athées ni chrétiennes
, ne font point abfolument fans religion
( à prendre ce mot dans fon fens ie plus général) ,
mais qui rejettent toute révélation comme une pure
fiâion ,& n e croyent que ce qu’ils reconnoiffent par
les lumières naturelles , & que ce qui eft crû dans
toute religion, un Dieu, une providence, une vie future,
des récompenfes 6c des châtimëns pour les bons
& pour les méchans ; qu’il faut honorer Dieu 6c accomplir
fa volonté connue par les lumières de la
raifon & la voix de la confcience, le plus parfaitement
qu’il eft poflible ; mais que du refte chacun
peut vivre à fon gré , 6c fuivant ce que lui diète fa
confcience.
Le nombre des Défiés augmente tous les jours. En
Angleterre la plûpart des gens de lettres fuivent ce
fyftème, 6c l’on remarque la même chofe chez les autres
nations lettrées. On ne peut cependant pas dire
que le déifme faffe Teèle 6c corps à part. Rien n’eft
moins uniforme qüé lés fentimens des Déifies ; leùr
façon de penfer, prefque toûj ours accompagnée de
pyrrhonifme, cette liberté qu’ils affeètent de ne fe
foûmettre qu’aux vérités démontrées par la raifon ,
font qu’ils n’ont pas de fyftème commun, ni de
point bien fixe dont tous conviennent également :
c’eft pourquoi les auteurs qui les ont combattus ,
diftinguent différentes efpeces. de Déifies.
Abbadie les divife en quatre claffes : i°. ceux qui
fe font une idée bifarre de la divinité.: i° ,. ceux qui
ayant une idée de D ieu , qui avoit paru d’abord
affez jufte, lui attribuent de ne prendre aucune con-
noiffance de ce qui fe fait fur la terre; 3 °. ceux qui