868 DEP Député, chez les Anglois, ne fuppofe fouvent qu’- ;
une commiffion ou emploi, & non une dignité.; eu- î
forte qu’on s’en fert indifféremment pour un vicej \
ou lieutenant. Voyt^ L i e u t e n a n t . ^ , , \
Chez les anciens, deputatus a premièrement ete- ;
appliqué aux Armuriers ou ouvriers que l’on em-
ployoit dans les forges à fabriquer les armes, &c. &
fecondement à ces hommes aaifs qui fuivoient 1 armée
, & qui étoient chargés de retirer de la melee
&: de foigner les bleffés.
Deputatus, AF.nOYTATOZ, étoit aufli dans 1 egliie
de Conftantinople un officier fubalterne , dont les.
fondions étoient d’aller chercher les perfonnes de
condition auxquelles le patriarche vouloit parler, &
d’empêcher la preffe fur le paffage de ce prélat.
Il paroît que cet officier étoit une efpece d’huif-
lier, qui étoit outre cela chargé du foin des ornemens
facrés ; en quoi fon office reffembloit en quelques
parties à celui de facriftain. Chambers & Trev. (G)
D é p u t é s d u C l e r g é : ils font tirés tant du premier
que du fécond ordre , qui dans les affemblées
de ce corps repréfentent les provinces eccléfiafti-
ques, & en ftipulent les intérêts : ceux de l’univer-
iité ou des cours fouveraines vont au lieu de la
députation préfenter le voeu de leur ordre ou compagnie
: ainfi après la vi&oire de Fontenoy, le Roi
fut complimenté par des députés de toutes les cours
fouveraines, qui fe rendirent pour cet effet au camp
devant Tournay. (G)
■ D é p u t é d u T i e r s -é t a t , (Hijloire mod.) nous
traduifons ainfi le mot anglois commoner; nom qu’on
donne aux membres de la chambre des communes,
en oppofition à celui de pair ou defeigneur, que 1 on
donne aux membres de la chambre-haute. Ces députés
peuvent être choifis parmi toutes fortes de perfonnes
au-deffous du rang de baron , c’eft-à-dire .
parmi les chevaliers, les écuyers, les gentilshommes,
les fils de la nobleffe, &c. Voye^ chacun de
mots fous fon propre article, C h e v a l i e r , É c u y e r ,
g i (G)
D é p u t é d u C om m e r c e , (Comm.) c’eft un
marchand, négociant, faifant actuellement le commerce
, ou qui l’a exercé pendant plufieurs années,
qui eft élû à la pluralité des voix ou par le fcrutin
dans l’affemblée générale des chambres particulières
de Commerce établies dans quelques-unes des principales
villes de France, pour aflifter au nom de la
chambre dont il eft: député, au bureau général du
Commerce établi à Paris, ou en pourfuivre les affaires
au confeil royal de Commerce.
Il n’y a que le député des états de la province de
Languedoc qui foit difpenfé de la profeffion a&uelle
du négoce, ou du moins exercée pendant long-tems;
le Roi ayant trouvé bon que le fyndic des états en
tour de député à la cour, de quelque condition qu’il
fe trouve, puiffe aufli faire les fondions de député
de la chambre du Commerce de la province.
: Il y a treize députés du Commerce ; favoir deux de
Paris, & un de chacune des villes de Lyon, Rouen,
Bordeaux, Marfeille, la Rochelle, Nantes, Saint-
Malo , Lille, Bayonne, Dunkerque, & celui de la
province de Languedoc.
Les appointemens de ces députés du Commerce ne
font pas les mêmes pour ceux de toutes les villes ;
car celui de L yon, par exemple, a 8ooo liv. celui
de Roiien en a autant : & dans la plûpart des autres
chambres les appointemens de ces députés font fixés
plus ou moins haut, à la volonté du Roi. Diclionn.
de Comm. & de Trév. & Régi, du Comm. (G )
DÉRAC , f. m. (Hijloire anc.) c’étoit l’ancienne
coudée des Egyptiens & même des Hébreux. Gréa-
ves dans fon traité du pié romain, l’évalue à 1814
millièmes du pié de Langres.
DÉRADER, v. a&. (Mar.') fe dit d’un vaiffeau
D E R que le gros tems force de quitter la rade où il étoit
mouillé, en le faifant chaffer fur fon ancre.. (Z )
DÉRANGER, DÉMAILLER LA BONNETTE,
£ Marine. ) c’ eft-à-dire déboutonner la bonnette du
corps de la voile.
DÉRAPER, v. n. (Marine.') fe dit de l’ancre, qui
quitte le fond où elle etoit mouillée1, foit qu’on la
leve pour appareiller „{oit qu’un mauvais tems tourmente
le. vaiffeau * & roidiffe allez le cable pour le
forcer de quitter le fond.
DERAS, (Géograph. mod.) ville de Perfe en Afie.
Long, yc). 3,©. lat. 3 1..32,
* D ÉRAYURE, f. f. ( CKconom. rujliq.) le dernier
fillon d’un champ, celui qui le diftingue d’un champ
voifin , & qui leur eft commun à l’un & à l’autre.
DERBENT, (Géog. mod.) ville de Perfe en Afie ;
elle eft fituée au pié du Caucafe, proche la mer Caf-
pienne. Lat. 42. 8. long. 67. $5.
DERBY, (Géog. mod.) voyei DARBY.
DERBISHIRE, (Géog. mod.) province d’Angleterre
, qui a Derby pour capitale.
* D E R C É TO , f. f. (Myth.) idole moitié femme
& moitié poiffon, adorée dans la Paleftine : les uns
la confondent avec Dagon , d’autres avec Ater-
gatis.
DERHEM, f. m. (Comm.) petit poids de Perfe
qui vaut la cinquième partie d’une livre ; il n’en faut
pas tout-à-fait trois cents pour faire le batman de
Tauris. Les Perfans regardent le derhem comme leur
dràgme. Voye{ Batman. Diclionn. de Comm. & de
Trév. & Disk. (G)
DÉRIBANDS, f. m. pl. (Comm.) toiles de coton
de différentes longueurs & largeurs , qui viennent
des Indes orientales en pièces de cinq & neuf aulnes.
Foye^ le diclionn. de Comm.
DÉRIVATIF , adj. m. terme de Médecine, par lequel
on exprime un moyen de procurer la dérivation
des humeurs vers une partie plus que vers une autre.
On dit une faignée dérivative, un purgatif dérivatif,
un bain, un topique dérivatif. Voyez D É R IV A T
IO N , S a i g n é e , (d)
D é r i v a t i f , terme de Commerce. Voy. D é r i v é ,
qui eft plus en ufage.
DÉRIVATION, f. f. terme de Grammaire ; c’eft
un terme abftrait pour marquer la defcendance, & ,
pour ainfi dire, la généalogie des mots. On fe trompe
fouvent fur la dérivation des mots.
Dérivé, ée', part. paff. de dériver, terme de Grammaire
: ce mot fe prend fubftantivement, comme
quand on dit le dérivé fuppofe un autre mot dont il
dérive. On appelle dérivé, un mot qùi vient d’un autre
qu’on appelle primitif. Par exemple, mortalité eft
dérivé de mort, légifie de lex. Ce mot dérivé vient lui-
même de rivus, ruiffeau, fource, fontaine où l’on
puife. Notre poéfie ne fouffre pas la rime du dérivé
avec le primitif, comme d’ennemi avec ami. (F)
D é r i v a t i o n , terme de Médecine, par lequel on
exprime le cours des humeurs qui font détournées
d’une partie vers une autre, où elles fe portent en
plus grande abondance, refpettivement à l’état naturel
; en forte que celle-ci en foit plus chargée, à
proportion de ce que celle-là n’en reçoit point : ainfi
la dérivation eft oppofée à la révulfion. Voyez RÉVULSION.
L’un & l’autre terme font employés particulièrement
pour donner l’idée des effets de la faignée, au
moyen de laquelle le fang fe portant par les lois
d’Hydraulique obfervées dans la machine humaine,
vers l’endroit où il y a moins de réfiftance, eft dérivé
des autres parties voifinès, & des rameaux mêmes
, vers le tronc du vaiffeau ouvert. Il s’eft fait
une grande révolution dans la do&rine de la dérivation
ôc de la révulfion, à l’égard des faignées, fur-.
D E R iout depuis qu’a paru le célébré traité du cûeur de
M. Senac. Voye^ S a i g n é e .
On appelle aufli dérivation, le mouvement des
humeurs qui fe portent vers une partie relâchée par
le bain, les fomentations, dans celles qui font moins
preffées que les voifinès ; par l’effet des ventoufes,
par la fuftion, qui diminuent le poids de l’atmofphe-
re , &c.
On employé encore ce terme de dérivation y pour
défigner l’effet de certaines, évacuations , comme
celles qui fe font par la voie des felles, des fueurs,
des urines, qui , à proportion qu’elles font plus
augmentées, diminuent davantage toutes les autres,
parce que la matière de celles.-ci fe porte vers les
couloirs de celles-là ; ainfi les purgatifs fervent fouvent
à détourner l’humeur qui fe porte trop abondamment
vers les reins, comme dans l’inflammation
de ce vifeere, dans le diabètes. Les humeurs étant
attirées vers les inteftins, y font dérivées des voies
des urines, &c.
Les cautères, les fêtons, fervent aufli à faciliter la
dérivation des humeurs vers une partie moins effen-
tielle, en les attirant par la réfiftance diminuée, &
en détournant ainfi les fluxions de certaines parties
qu’il eft plus important de conferver faines. Voye^
C a u t e r e , D i a b è t e s , F l u x i o n , &Ci(d)
DÉRIVÉ ad). Foye{D é r i v a t i o n .
DERIVE, f. f. (Marine.') c’eft. la différence qu’il
y a entre la route que fait le navire , & la dire&ion
de fa quille ; ou bien la différence qu’il y a entre le
rumb de vent fur lequel on court, & celui fur lequel
on- veut courir , & vers lequel on dirige la
proue de fon vaiffeau.
Lorfque le vent n’eft pas abfolument favorable,
& que les voiles font orientées obliquement, le navire
eft pouffé de côté, & alors il s’en faut beaucoup
qu’il ne fuive dans fon mouvement la direction de la
quille : on nomme dérive cet écart, ou l’angle que
fait la vraie route avec la ligne de la longueur du
vaiffeau. Quelquefois cet angle çft de plus de vingt
ou vingt-cinq degrés ; c’eft-à-dire que le navire , au
lieu de marcher fur le prolongement de fa quille ,
fuit une direction différente de cette même quantité.
Il eft donc important pour la jufteffe de l’eftime &
la fûreté de la route, de çonnoître la quantité de la
dérive, qui eft différente dans différens ca s, & l’on
doit l’obferver avec foin. Pour le faire , il faut remarquer
que le vaiffeau, en fendant la mer avec
force, laiffe toûjours derrière lui une trace qui fub-
iifte très-long tems. On peut prendre cette ligne
pour la vraie route, & l ’on obferve fon giffement
avec la bouffole, ou plûtôt le compas de variation ;
comparant enfuite ce giffement avec celui de la quille
, leur différence eft la dérive. Pour une plus parfaite
intelligence, voye{ la P l. X F. fig. /. où AB repréfente
un vaiffeau dont A eft la poupe, & B la
proue. La voile E D , au lieu d’être fituée perpendiculairement
à la quille, eft orientée obliquement,
afin de recevoir le vent qui vient de côté, & qui la
frappe félon la dire&ion V C ; le navire fera pouffé
par fa v o ile, non-feulement félon fa longueur, mais
il le fera aufli de cô té , & il fuivra la route C P , qui
peut faire un angle aigu avec la direction du vent.
Comme il doit trouver beaucoup plus de difficulté à
fendre l’eau par le flanc que par la proue, il eft foû-
tenu par la réfiftance que fait le milieu, fur lequel
fon flanc fe trouve comme appuyé ; il préfente la
proue au vent ; il gagne par fa marche contre le
vent, ou, pour s’expliquer autrement, il remonte
vers le lieu d’où vient le vent : il eft pour ainfi dire
dans le cas d’un bateâu qui étant dans un large fleuv
e , iroit obliquement contre fon cours. On fent
très-bien qu’on ne peut empêcher qu’il n’y ait de la
dérive : il faut donc en obferver la quantité exa&e,
D E R 869 ou la grandeur de l’angle B CF; ce qui fe peut faire,
puifque la trace C G que forme l’eau agitée par le
mouvement du navire, eft en ligne droite avec la
ligne C F , comme on l’a dit ci-deffus.
Un quart de dérive. On dit avoir un quart de dérive,
pour marquer que le vaiffeau perd un quart de rumb
de vent fur là route qu’on veut faire. On veut faire,
par exemple, le nord-oueft ; il y a un quart de dérive
vers l’oueft ; la route ne vaut que le nord-oueft
x oueft, & ainfi des autres rumbs. (Z )
D é r i v e , (Mar.) c’eft un affemblage de plaiiches
que les navigateurs du Nord mettent au côté de leurs
petits bâtimens, afin d’empêcher qu’ils ne dérivent»
Foyeç S e m e l l e .
D é r i v é , (à la) Marine ; c’eft quelque.chofe qui
flote fur l’eau au gré du vent & du courant. (Z )
DÉRIVER, v. n. (Marine.), c’eft ne pas fuivre
exactement fa route, foit par la violence des vents,
des courans, ou des maréès. On dit qu’un vaiffeau
fe laiffe dériver, pour dire qu’il s’abandonne au gré
des vents & des vagues.
DÉRI V O T E , f. f. terme de Riviere; perche fer-
vant à éloigner un train de la rive.
DÉRI VOIR , f. m. ( Horlogerie. ) outil d’horlogerie
; efpece de poinçon fort femblable au pouffe-
pointe : il a un trou comme lui ; mais le bord du
trou au lieu d’être un peu large eft au contraire fort
étroit, afin qu’il ne déborde pas les rivures des af-
fiettes ou des. pignons. Il fert à dériver une roue,
c’eft-à-dire à la chaffer de deffus fon afîiette ou de
deffus fon pignon ; le trou doit être fort long, afin
que les tiges puiffent s’y loger fans qu’en hauffant
les roues on puiffe les endommager. ( T )
DERNIER, f. m. terme de jeu de Paume , c’eft là
partie de la galerie qui comprend la première ouverture
à compter depuis le bout du tripot jufqu’au
fécond. Quand on pelotte à la paume, les balles qui
entrent dans le dernier font perdues pour le joiieur qui
garde ce côté ; mais quand on joiie partie , elles
font une chaffe qu’on appelle au dernier à remettre.
D e r n i e r r e s s o r t , (Xurifpr.) VoyeflxjsTic*.,
Ju r i s d i c t i o n & R e s s o r t . (A ) .*>
DERNIS , ( Géog. mod. ) ville de la Dalmatie.
D É R O B É , ( Maréchal. ) pié dérobé, Voye{ PiÉ.-
DÊROBEMENT , f. m. (coupe des Pierres.) c ’eft
la maniéré de tailler une pierre fans le fecours des
panneaux par le moyen des hauteurs & profondeurs
qui déterminent ce qu’il en faut ôter , comme
fi on dépouilloit la figure de fon enveloppe,
ainfi que font les Sculpteurs. (D )
DÉROBER UNE MARCHE, (Art.milit. ) fe
dit dans l ’art militaire lorfque le général d’une armée
a fait une marche par une efpece de furprife
fur fon ennemi, c’eft-à-dire fans que le général ennemi
en ait été informé. Cette faute de fe laiffer
ainfi dérober ou foujfler une marche, a fouvent de fi
grandes fuites , que rien n’eft plus humiliant ni plus
chagrinant pour celui qui s’y laiffe furprendre. M.
de Folard prétend qu’un général en eft plus mortifié
que de la perte d’une bataille, parce que rien ns
prête plus à la glofe des malins & des railleurs.
On dérobe une marche à l’ennemi de deux manières
: la première en décampant fans qu’il en foit informé
; & la fécondé en faifant une marche forcée ,
c’eft-à-dire en faifant en un jour le chemin que dans
l’ufage ordinaire on feroit en deux. On ne doit jamais
forcer les marches fans une grande néceflité ,
parce qu’elles minent les hommes & les chevaux.
(Q) . • 'V -
D é r o b e r l e v e n t , ( Marine. ) fe ditlorfqu’un
vaiffeau étant au vent d’un autre l’empêche de recevoir
le vent dans fes voiles ; c’eft lui dérober le
vent.