on expliquera dans la fuite, il la mâche une fécondé
fois, en la faifant palier & repaffer fous les dents
molaires, dont les bafes inégales frottant obliquement
les unes contre les autres, la froiffent & la
broyent jufqu’à ce qu’elle foit affez préparée pour
la fécondé digeftion qu’elle doit recevoir dans trois
autres ventricules.
Comme la plupart des animaux qui ruminent, ne
vivent que d’herbe, & que l’herbe qu’ils ont arrachée
avec leurs dents incifives, eft encore trop,longue
pour être facilement broyée, la nature leur a
donné des dents molaires , qui font en même-tems
propres à couper & à broyer l’herbe.
Les animaux qui vivent d’herbe & qui ne ruminent
point, comme font les chevaux, les ânes & les
mulets, ont à chaque mâchoire lix dents incifives
fort groffes, difpofées de maniéré qu’elles fe rencontrent
& fe touchent également par leur bafe ; elles
ont cela de particulier qu’elles font très-larges,
& qu’elles ont de petites inégalités, ayant dans leur
milieu un efpace vuide, qui pour l’ordinaire fe remplit
à mefure que ces animaux vieillifl'ent. Les bords
de ce vuide étant un peu élevés, laiffent tout-à-
l ’entour un petit enfoncement, qui eft terminé par
le bord extérieur de la dent ; ils ont deux canines
fort courtes qui fe jettent en-dehors, & qui laiffent
entr’èlles un peu d’efpace, ne s’engageant pas l’une
dans l’autre , comme font les canines des animaux
carnaciers. Il y a un grand efpace vuide entre les
incifives & les molaires, de même qu’aux animaux
qui ruminent.
Chaque côté des mâchoires eft garni de fept molaires
, dont les racines font très-profondes & très-
groffes. La bafe de ces dents eft plate & quarrée ;
mais elle eft rendue inégale par de légères éminences
& par des cavités peu profondes.
Le cheval ne fe fert que de fes levres pour amaffer
l ’herbe, & non pas de fa langue , comme le boeuf ;
aufïi ne la coupe-t-il pas de fi près, ni en fi grande
quantité à chaque fois.
Après qu’il a ramaffé l’herbe avec fes levres, il
la preffe avec les dents incifives, qui font difpofées
de maniéré qu’elles la ferrent également par-tout ;
& comme leurs bafes font fort larges, & qu’elles
ont de petites inégalités, il la retient plus facilement
: enfuite il l’arrache en donnant un coup de
tête à droite & à gauche, & aufïi-tôt il la pouffe
avec la langue fous les dents molaires, qui fe frottant
obliquement l’une contre l’autre à droite & à
gauche, la froiffent & la broyent : il la mâche plus
exactement que ne fait le boeuf même il la choifit
avec plus de foin, parce qu’il ne peut lui donner les
préparations que lui donnent les animaux qui ruminent.
Les dents canines du cheval étant fort courtes ,
& ne fe rencontrant point l’une contre l’autre, elles
ne font pas propres pour arracher l’herbe , ni pour
leur donner aucune préparation , & elles ne fervent
au cheval que d’armes pour fe défendre.
Dans le cheval & dans les animaux qui ruminent,
la figure de la mâchoire inférieure eft coudée de
forte qu’elle s’applique également en même tems
dans toute fa longueur aux dents molaires de la mâchoire
fupérieure, afin que les dents puiffent broyer
à la fois une plus grande quantité de nourriture; car
fans cela elles ne pourroient broyer exactement les
alimens qu’en un feul point de la mâchoire. Les
animaux carnaciers ont au contraire la mâchoire
inférieure moins coudée, parce qu’ayant à brifer
des -os , il leur faudroit un bien plus grand effort
pour les cafter , fi leurs dents s’appliquoient en même
tems les unes contre les autres , que quand elles
s’appliquent fucceflivement.
X-es caftors, les porcs-épics, les .rats, les lievres,
les lapins, les écureuils , & tous les autres anittiau*
qui vivent de racines, d’écorces d’arbres, de fruits,
& de noyaux,ont deux incifives feulement à chaque
mâchoire ; elles font demi-rondes par-dehors, d’un
rouge clair , tirant fur le jaune , & fort tranchantes
par le bout qui eft taillé en bifeau par-dedans ; leurs
racines font très-longues, principalement dans la mâchoire
inférieure. Dans le caftor & le porc-épic,
leurs racines font longues de trois pouces, & le
corps de la dent n’a que cinq lignes de longueur :
elles font courbées fuivant fa courbure de la mâchoire
, & elles s’étendent dans toute fa longueur.
Ces dents font fituées de maniéré que la partie
tranchante de celles d’en-bas ne rencontre point la
partie tranchante de celles d’en * haut, mais elles
paffent les unes fur les autres en forme de cifeau,
celles d’en-bas coulant fous celles d’en-haut ; & afin
que les dents de la mâchoire inférieure qui eft fort
courte, puiffent s’enfoncer fuffifamment fous celles
d’en-haut fuivant les différens befoins, les appuis de
cette mâchoire ont un mouvement très-libre en devant
& en arriéré.
Le mufeau de tous les animaux reffemble à celui
des lievres : la levre füpéfietire étant fendue ,
celle d’en-bas forme par-dedans un répli qui fait
comme un étui qui fert à loger les incifives de la mâchoire
inférieure. Ils n’ont point de dents canines ;
il y a un vuide confidérable entre leurs incifives &
leurs molaires ; ils ont à chaque mâchoire huit molaires
, favoir quatre de chaque côté. Dans le porc-
épic, dans le caftor, & dgns le cochon d’inde,toutes
ces dents font courtes , leurs bafes font coupées fort
également, & elles ne font pas entièrement folides,
étant percées fort avant par plufieurs trous de différente
figure ; dans les écureuils Ôc dans les rats ,
les dents molaires ont des inégalités qui peuvent leur
aider à couper & à broyer.
On remarque que ces animaux coupent avec leurs
dents, non pas en les ferrant doucement les unes
contre les autres , mais en frappant par plufieurs
petits coups réitérés & fort fréquêns. Comme la force
du lievre eft fort diminuée vers l’extrémité de la
mâchoire , & que l’effort qui s’y feroit pour ferrer
feroit très-petit ; ces animaux , pour augmenter le
mouvement qui eft néceffaire pour l’incifion , y
ajoutent la force de la pereufliort ; ils frappent donc
de petits coups de dents ce qu’ils veulent couper :
mais comme ces coups agiroient alitant contre leurs
mâchoires que contre les corps qu’ils ont à couper
& à brifer, la nature a fait la racine de leurs dents
fix fois plus longue que leur partie extérieure, & a
courbé cette longueur afin que l’effort que la dent
foûtient fe partageant dans toute cette longue courbure
, chaque partie en fouffrît moins , & que par
confisquent la membrane intérieure s’en trouvât
moins ébranlée dans chacune de fes parties. Cette
courbure fait aufti qu’une plus grande longueur eft
enchaffee dans les mâchoires, quoique très-courtes,
afin que leurs alvéoles les embraffent & les affermif-
fent dans un plus grand nombre de parties , & non
pas comme quelques-uns ont penfé , pour en fairé
des bras de leviers plus longs , puifque la longueur
du levier ne fe mefure que par la perpendiculaire
qui part du point d’appui.
Ces animaux ont des dents molaires dont ils fe
fervent pour broyer les alimens durs qu’ils ont coupés
& rongés; leur maniéré de broyer le fait comme
dans l’homme, en les frottant à droite & à gauche,
en devant & en arriéré, parce que l’articulation de
la mâchoire permet ces deux elpeces de mouve-
mens.
Dans les caftors , les porc-épies , & autres animaux
femblables , la bafe de ces dents eft comme
piquée de plufieurs petits trous qui lemblent n’être
que les intervalles des feuilles dont la dent eft com-
pofée , ce qui rend ces dents plus propres à moudre
& à broyer que fi elles étoient parfaitement polies ;
de même que l’on a foin d’entretenir des inégalités
dans les meules de moulin , en les piquant de tems
en tems; comme ces trous pénètrent allez avant dans
la dent, ils ont toujours affez de profondeur pour
entretenir ces inégalités , quoique la dent s’ufe un
peu.
La ftruûure des dents de l’homme fait connoître
qu’il peut vivre de toutes fortes d’alimens ; il y a à
chaque mâchoire quatre incifives, deux canines, &
dix molaires. Ses incifives font taillées en bifeap,,
& elles font tranchantes comme celles des animaux
carnaciers, pour déchirer & couper les viandes.
Ses dents canines font plus rondes, plus épaiffes,
& plus folides que les incifives ; leur extrémité eft
taillée en pointe , & leurs racines font un peu plus
longues & enchâffées plus avant dans celles des in-
eifives.
Les dents canines des animaux font beaucoup plus
longues que leurs incifives : elles paffent ordinairement
les unes à côté des autres ; & il y a dans chaque
mâchoire des efpaces vuides pour en loger les
bouts , ce qui n’eft pas ainfi dans l’homme ; cependant
la figure des dents canines de l’homme les rend
très-propres à percer & à ronger les corps durs ;
d’où.vient que l’on porte naturellement fous ces dents
les os qu’on veut ronger & le corps qu’on veut percer
: & en cela l’homme tient encore des animaux
carnaciers.
Les molaires dans l’homme font plates & quar-
rées : leurs bafes ont des éminences & des cavités
qui font reçues les unes dans les autres quand les
mâchoires font fermées ; & la mâchoire ayant fes
appuis formés de têtes plates enchâffées dans des
cavités prefque rondes & fort larges , elle a la liberté
dé remuer en tous fens : en tout cela l’homme
reffemble aux animaux qui vivent de grain
d’herbe.
Cette articulation permet aufti aux dents incifives
de rencontrer tantôt à la maniéré des tenailles,
& tantôt à la maniéré des cifeaux , les dents d’en-
bas pouvant aifément couler fous celles d’en-haut,
& pouvant aufti paffer un peu par-deffus : & en cela
l’homme reffemble aux animaux qui rongent les
fruits & les racines.
Le finge eft celui de tous les animaux dont les vif-
ceres & toutes les parties intérieures approchent le
plus de celles de l’homme ; c’eft aufti celui dont les
dents font le plus femblables à celles de l’homme : il
a quatre incifives à chaque mâchoire comme l ’homme
, & il a de même les dents plates & quarrées ;
aufti mange-1-il de toute forte d’alimens de même
que l’homme. Pour ce qui eft des canines dans la
plûpart des linges, elles font longues en maniéré de
défenfes, & il y a des efpaces vuides en chaque
mâchoire pour les loger ; en quoi le finge reffemble
aux animaux carnaciers. Cependant M. Duverney
a fait voir quelques têtes de finges dont les dents canines
n’étoient pas plus longues que les incifives,
y ayant feulement dans chaque mâchoire des efpaces
vuides pour les loger : il a encore montré la tête
d’un petit finge, où les dents canines étoient rangées
& difpofées comme à l’homme.
Les mâchoires de l’éléphant n’ônt point de dents
incifives ni de canines : .elles ont deux molaires de
chaque côté : la bafe par où ces dents fe touchent en
mâchant eft fort large ; elle eft aufti .très-égale & très-
liffe, parce que ces dents s’ufent par leur frottement
mutuel. Chaque dent paroît compofée de plufieurs
feuilles de fubftance blanche, qui font collées & jointes
enfemble par une matière grifâtre ; elles font de
grandeur différente à la mâchoire d’en-haut ; celles
de devant font les plus longues, au lieu qu'à la mâchoire
d’en-bas les plus longues font celles de derrière.
Dans la mâchoire de l’éléphant diffequée
par MM. de 1 académie royale des Sciences, lequel
avoit environ dix-fept ans , on a trouvé les germes
des dents qui dévoient repouffer. La mâchoire inférieure
de cet animal eft fort pelante , &C beaucoup
plus courte que la fupérieure.
Les défenfes de l’éléphant font appellées dents par
quelques auteurs ; mais on peut dire que l’origine &&
la fituation de ces défenfes décident la queftion & no
laiffent aucun doute fur ce fujet ; car l’os dont elles
fortent eft diftinét & féparé de celui d’où fortent les
véritables dents : leur fubftance a aufti beaucoup
plus de rapport à celle des cornes qu’à celle des
dents ; car l’ivoire qui n’eft autre chofe que les défenfes
de l’éléphant, eft aifé à couper & à travailler
, & il s’amollit au feu de même que la corne ;
au lieu que les dents ne s’amolliffent point au feu ,
& qu’elles font d’une fi grande dureté que les burins
les plus tranchans n’y fauroient mordre : le feul rapport
que ces défenfes ont avec les dents , eft qu’elles
fé nourriffent de la même maniéré.
L’éléphant prend fa nourriture d’une maniéré qui
lui eft particulière.
L’homme fe fert de fes mains pour porter les alimens
à fa bouche ; &c les animaux à quatre piés fe
ferrent pour le même ufage, ou de leurs levres , ou
de leur langue, ou de leurs piés de devant : pour ce
qui eft de la boiffon , l’homme pour la prendre fé
fert de fes mains ; les chiens fe fervent de leur langues
; les ôifeaux de leur bec : mais les chevaux &c
les ânes la tirent en fuçant. L’éléphant ne prend rieiî
immédiatement avec fa bouche , fi ce n’eft qu’on y
jette quelque chofe quand elle eft ouverte ; il fe fert
feulement de fa trompe qui lui tient lieu de main , &£
même, pour ainfi dire, de gobelet ; car c’eft par le
moyen d’un rebord , en forme de petit doigt, qui
eft à l’extrémité de fa trompe , qu’il fait tout- ce
qu’on peut faire avec la main^fl dénoue des cordes
, il prend avec adreffe les chofes les plus petites
, & il en çnleve de fort pefantes quand il peut
y appliquer ce rebord qui s’y attache fermement par
la force de l’air que l’éléphant attire par fa trompe.
C ’eft aufti en attirant l’air qu’il fait entrer fa boiflon
dans la cavité de fa trompe qui contient environ
un demi-feau ; enfuite recourbant en deffous l’extrémité
de fa trompe , il la met fort avant dans fa
bouche , & il y fait paffer la liqueur que la trompe
contient, la pouffant à l’aide du fouffle de la même
haleine qui l’a attirée : aufti quand il prend l’herbe ,
dont il fe nourrit , de même que de grain & de
fruit, il l’arrache avec fa trompe, & il en fait des
paquets qu’il fourre bien avant dans fa bouche.
Cette maniéré fi finguliere de prendre la nourriture
eft fondée fur la ftrucïure de la trompe & fur
celle du nez. La trompe a tout de fon long dans le
milieu dèux conduits qui vont en s’élargiffant vers
fa racine, afin que la liqueur qui y eft contenue foit
pouffée dehors avec plus de force par le fouffle de
l’haleine , le retréciffement que ces conduits ont
vers leur fortie augmentant ce mouvement : ces
conduits font environnés de fibres charnues qui forment
diverfes couches , & qui fervent à l’alongê-
ment, à l’accourciffement, & aux differentes inflexions
de la trompe : ils font comme deux narines
prolongées qui s’oiivrent dans les deux cavités du
crâne, où font enfermés les organes immédiats de
l’odorat, & qui font fituées vers la racine de
Cette trompe. D e - là il eft aifé de voir que l’ufage
de ces conduits eft de donner paffage à l’air pour la
refpiration & pour l’odorat, & de recevoir îa boiffon
pour la porter dans la bouche de l’éléphant par
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müàllfeislÉSÉ?
Ht m