femme en deuil. Au lieu de bierre les Spartiates fe
fervoient d’un bouclier. Les Athéniens célebroient
les funérailles avant le lever du foleil. Les joueurs
de flûte précedoient le convoi en jouant Yialemos, ou
le chant lugubre que les Latins appelloient ncenia.
Comme on avoit multiplié à l’excès le nombre de
ces joueurs de flûte, il fut reftreint à dix ; ils étoient
entremêlés de faltinbanques qui gefticuloient & dan-
lbient d’une maniéré comique ; mais cela n’avoit
lieu qu’aux convois de gens aifés, & dont la vie
• avoit été heureiife. Cette marche étoit éclairée de
flambeaux & de cierges ; les pauvres allumoient feulement
des chandelles. On faifoit accompagner le
mondes marques de fes dignités & de fes exploits ;
il y étoit lui-même repréfenté en cire au milieu
de fes ayeux, dont on portoit les images en bufte
fur dé longues piques : ces images étoient tirées de
la falle d’entrée, & on les y replaçoit. Si le mort
avoit commandé les armées, les légions étoient du
convoi, elles y tenoient leurs armes renverfées ;
les lxfteurs y tenoient auflî les faifceaux renverfés :
les affranchis y avoient la tête couverte d’un voile
de laine blanc : les fils étoient à la tête, le vifage
voilé : les filles y afliftoient les piés nuds & les che-
yeux épars. Chez les Grecs les hommes & les femmes
de la cérémonie fe couronnoient. Mais il paraît
que l’ajuliement des funérailles a varié ; on
s’y habilla de nôir , on s’y habilla auflî de blanc.
Quelquefois on fe déchiroit. On loiioit des pleu-
reufes qui fondoient en larmes en chantant les
loiianges du mort ; elles fe tiroient auflî les cheveux
, . ou elles fe les coupoient & les met-
toient fur la poitrine du mort. Si le mort étoit fur
lin char, il y eut un tems oii l’on coupoit la crinière
aux chevaux. Quand la douleur étoit violente, on
infultoit les dieux, on lançoit des pierres contre les
temples, on renverfoit les autels, on jettoit les
dieux Lares dans la rue. A Rome , fi le défunt étoit.
un homme important, le convoi fe rendoit d’abord
aux roftres; on l’expofoit à la vùe du peuple : fon fils,
s’il en avoit un qui fut en âge, haranguoit ; il étoit
entouré des images de fes ayeux , à qui on rendoit
des honneurs très-capables d’exciter la jeunefle à
en mériter de pareils : de-là on alloit au lieu de la
fépulture. Voyei Sé p u l t u r e , Enterrement ,
Mort, Bûcher, & c.
. Nos convois tenant beaucoup du caraélere de notre
religion, n’ont point cet air d’oftentation des
convois du paganifme. Cette trifte cérémonie fe fait
diverfement dans les différentes feôes du Chriftia-
nifme. Parmi les catholiques, des prêtres précédés
de la croix viennent prendre le corps qui eft fuivi
des parens, amis & connoiffances, & le portent au
lieu de fa fépulture. Voye^ Enterrement.
Convoi , dans l’Art milit. fe dit des provilions
d’armes, de munitions , &c. efcortées par un corps
de troupes, allant au camp ou dans une place forte,
&c.
Les armées ne pouvant fubfifter long-tems. par
elles-mêmes, & devant être continuellement pour-
vûes de ce qui fe confomme journellement, il eft
de la prudence du général de faire affembler les
convois dans la place la plus voifîne de l’armée, afin
de pouvoir aifément les rendre fréquens.
Il doit ordonner au gouverneur de veiller continuellement
à tenir les chemins fûrs contre les petits
partis ennemis , qui, à la faveur des bois, fe peuvent
tenir cachés , &c enlever en détail les marchands
qui viennent à l’armée. Ces fortes de petits
partis doivent plûtôt être Regardés comme des voleurs
qui fe raflèmblent, que comme des partis de
guerre ;'-auflî doivent-ils être traités avec toute
forte de rigueur lorfqu’on les charge , & avant
qu’ils ayent pu faire voir qu’ils font munis de paffe-
ports. r
Lorfque le convoi eft p rêt, il eft du foin du général
de le faire arriver dans fon camp avec fûreté.
La lîtuation du pays, ou fon éloignement de la ville
d’où part le convoi, & même la portée de l’armée
ennemie, font les différences de la qualité & de la
force des efcortes, qui peuvent être en certain cas
aflçz confldérables pour mériter d’être commandées
par un officier général, comme font ceux d’argent.
Qes autres convois, il y en a de plufieurs efpeces.
Ceux des vivres font prefque continuels pour l’allée
& le retour, parce que le pain fe fournit aux troupes
tous les quatre jours ; & à ceux-ci fe joint tout
ce qui vient à l’armée pour fon befoin particulier.
Les autres font des convois de munitions de guerre
pour les befoins journaliers de l’armée , & ceux qui
le font pour conduire devant une place afîiégée la
groffe artillerie.
En général, de quelqu’efpece que foit un convoi;
il faut toûjours pourvoir à ce qu’il arrive fûrement
à l’armée, afin de ne point rebuter les gens que le
gain attire à la fuite de; l’armée , & qu’elle ne manque
jamais de rien. Mém. de Feuquiere. (Q )
Convoi , (Marine.) C ’eft un vaiffeau de guerre
qui conduit des vaiffeaux marchands, & les efeorte
pour les défendre contre les corfaires., ou contre les
ennemis en tems de guerre. Le convoi eft compofé
de plufieurs vaiffeaux, lorfqu’on craint la rencontre
d’une efeadre ennemie.
Le commandant de l’éfeorte donne à chaque capitaine
ou maître de vaiffeau marchand, un billet,
par lequel on lui permet de fe mettre fous la protection
du convoi: c’eft ce qu’on appelle lettre de
convoi. Voye{ CONSERVE. (Z)
Convoi eft auflî un terme qui en Hollande a
plufieurs lignifications. On y appelle convoi, les
chambres ou bureaux des collèges de l’amirauté où
fe diftribuent les paffe-ports. On y nomme auflî en
général convoi-geie, les droits d’entrée & de fortie
que ces collèges font rècevoir par leurs commis.
Convoi - loopers. On nomme ainfi à Amfter-
dam des efpeces de faéteurs publics qui ont foin de
retirer du convoi, o u , comme on dit en France, de
la douane, toutes les expéditions, acquits & paffe-
ports dont les marchands Ont befoin pour l’entrée
ou la fortie de leurs marchandifes. Chaque marchand
a fon convoi-looper, qui porte au convoi fes
avis ou déclarations, & en rapporte les acquits ou .
paffe-ports, moyennant un certain droit allez modique
que lui donne le marchand ; car il ne monte
pas à trois florins pour tout paffe-port d’entrée de
200 florins, ni à fix florins pour tout paffe-port de
600 florins, de fortü. Voye^ Chamb. & Savary. {G)
Convoi de Bordeaux, (Jurifpr. Hiß. & Fin.')
eft un droit qui fe perçoit au.profit du Roi dans la
généralité de Bordeaux, fur certaines marchandifes.
Il fut établi lors de la réduction de la Guienne à
l’obéiffance de Charles VII. fur les marchandifes qui
devant être tranfportées par mer aux lieux de leur
deftination, avoient befoin d’efeorte & de convoi
pour les aflurer contre les entreprifes des Anglois
nouvellement chaffés de Bordeaux , qui faifoient
les derniers efforts pour en anéantir le commerce.
Les Bordelois , pour mettre leurs marchandifes en
lîireté , s’affujettirent volontairement à payer un
droit de reconnoiffance à deux où trois petites barques
, dont le principal emploi étoit de conduire les
vaiffeaux marchands au-delà de la tour de Cordoiian
& de la branche de la Gironde ; mais dans la fuite
nos Rois ayant jugé qu’il ne convenoit pas à de Amples
particuliers dè donner le fecours de conduite
& de convoi, ils s’en font attribué le droit, & ont
défendu à aucun particulier d’y prétendre. Il a été
5fak différons-tarifs pour la perception de ce droit
fur chaque forte de marchandife. Ce droit eft pré-
fentement compris nommément dans le bail des fermes
générales. Voye^ ce qui ejl dit au mot Compta-
BLIE. (Â )
C O N V O IE R des Vaisseaux marchands ,
{Marine.) C ’eft le foin que le vaiffeau de guerre
prend de leur conduite, pour laquelle il leur donne
la route, & les fignaux pour la manoeuvre qu’ils
doivent faire, en cas de rencontre d’ennemis ou de
corfaires. (Z )
CONVOLER À de secondes Noces , {Jurif-
prud.) ou convoler Amplement, fignifie paj/er à un
fécond mariage. Veyeç Ma r ia g e 6* Secondes
Noces. (A )
CONVOLVULUS, voyei V olubilis ou grànd
Lïseron.
CONVULSIF ou SPASMODIQUE, {Médecine.)
Voyei Spasme.
CONVULSIONNAIRES , f. m. pl. {Hifi. ecd.)
fefte de fanatiques qui a paru dans notre fiecle,
qui exifte encore, & qui a commencé au tombeau
de M. Paris. Les convulfions ont nui beaucoup à la
caufe de l’appel, & aux miracles par lefquèls on
vouloit l’appuyer ; miracles atteftés d’ailleurs par
une foule de témoins prévenus ou trompés. Jamais
les Janféniftes ne répondront à cet argument fi fim-
ple : Ou font nées les convuljions, là font nés les
miracles. Les uns & les autres viennent donc de la même
fource ; or, de l'aveu des plus fages d'entre vous, l'otuvre
des convuljions ejl une impojlure, ou l'ouvrage du diable
: donc, &c. En effet, les plus fenfés d’entre les
Janféniftes ont écrit avec zele & avec dignité contre
ce fanatifme, ce qui a occafionné parmi eux une
divifion en anti-convulfioniftes & convulfioniftes.
Ceux-ci fe font redivifés bientôt en Auguftiniftes,
Vaillantiftes, Secourûtes, Difcernans, Figuriftes,
Mélangiftes, &c. &c.&c. &c. noms bien dignes d’être.
placés à côté de ceux des Ombilicaux, des Ifca-
riotiftes, des Stercoraniftes, des Indorfiens, des
Orebites, des Eoniens, & autres feétes auflî il-
luftres. Nous n’en dirons pas davantage fur un fujet
qui en vaut fi peu la peine. Arnaud, Pafcal & Nicole
n’avoient point de convulfions, & fe gardoient
bien de prophétifer. Un archevêque de Lyon difoit
dans le jx. fiecle, au fujet de quelques prétendus
prodiges de ce genre : « A - t -o n jamais oui parler
» de ces fortes de miracles qui ne guériffent point
» les malades , mais font perdre à ceux qui fe por-
» tent bien la fanté & la raifon? Je n’en parlerais
» pas ainfi, fi je n’en avois été témoin moi-même ;
» car en leur donnant bien des coups, ils avoiioient
» leur impofture ». Voye^ le refte de ce paffage très-
curieux dans Y abrège de l'hijloire eccléjiajlique en 2
volumes in-12. Paris, 1752, fous l’année 844. C ’eft
en effet un étrange faint, que celui qui eftropie au
lieu de guérir. Mais il eft peut-être plus étrange encore
que les partifans d’un fanatifme fi fcandaleux
& fi abfurde, fe parent de leur prétendu zele pour
la religion, & veuillent faire croire qu’ils en font
aujourd’hui lès feuls défenfeurs. On pourrait leur
appliquer ce paffage de l’Ecriture : Quare tu enarras
juflitias meas, & ajfumis tejlamentum meum per os
tuurn ? Voyei CONSTITUTION & JANSENISME. (O)
ÇONZA , {Géog.)_ petite ville d’Italie au royaume
de Naples, dans la principauté ultérieure, fur
la riviere d’Offante. Long. J z . 55. lat. 40. 5o.
CONYZOIDES , ( Botaniq. ) genre de plante à
fleurs, à fleurons femblables à ceux de la conyze ;
mais elle différé de ce genre par fes femences, qui
n’ônt point d’aigrette. Tournefort, mém. de Cacad.
royale des feien. année, yqÇ, Voyt{ PLANTE, (/)
tome lV y
G O O ' COÔBLIGÊ, adj. {Jurifpr.) eft celui qui eft obligé
avec une ou plufieurs autres perfonnes à une mê-
me chofe. Les coobligés- font appellés dans le droit
Romain, correi debendi feuproihittendi : cette matière
eft traitée principalement dans les inftitutes dë Juf-
tinien, liv. III. tit. xvij. de duobus reis Jlipulandi &
promittendi. On voit dans ce titre que chez les Romains
il pou voit y avoir plufieurs coobligés, de même
que plufieurs co-créanciers ; mais ce qui eft de
remarquable dans leur ufage, c’eft que les coobligés
étoient toûjours folidaires., lorfque chacun avoit répondu
féparément qu’il promettoit de payer la dette
: cependant l’un des coobligés pou voit être obligé
purement.& Amplement, un autre à terme, ou fous
condition, & les délais dont l ’un pouvoit exciper >
n’empêchoient pas que l’on ne pût pourfuivre celui
qui étoit obligé purement & Amplement : fi l’un des
.coobligés étoit abfent ou infolvable, les autres étoient
obligés de payer pour lui. Cet ancien droit fut. corrigé
par la novelle 99, qui explique que quand il y
a plufieurs cofidéjuffeurs, ils ne font point tenus fo-
lidairement, à moins que cela n’ait été expreffément
convenu. Parmi nous il y a deux fortes de coobligés ,
les uns folidaires , les autres fans folidité. On tient
pour principe qu’il n’y a point de folidité, fi elle
n’eft exprimée. Voyei Obligation solidaire.
COOMB ou CÖMB, f. m. {Comm.) eft une me-
fure angloife contenant quatre boiffeaux ou un demi
quart. Mesure 6* Boisseau,
M. Savary, dans fon dictionnaire de Commerce,
évalue ainfi le comb , que l’on nomme auflî carnoki.
Le comb eft compofé de quatre boiffeaux, chaque
boiffeau de quatre peclcs, chaque peck de deux gabions
a raifon de huit livres environ le gallon poids
de troy : fur ce pié le.comb pefe 256 livres poids-de
troy.
II ajoute que deux combs font une quarte, & dix
quartes un left qui pefe environ cinq mille cent vingt
livres , poids de troy. Voyeç Chambers, Dish, & le
dictionn. du Comm. {G)
COORDONNÉES, adj. pl. (Gèom.) on appelle
de ce nom commun les ablciffes & les ordonnées
d’une courbe {Voyeç Abscisses & Ordonnées) ;
foit qu’elles faffent un angle droit ou non. La nature
d’une courbe fe détermine par l’équation entré fes
coordonnées. Voyeç Courbe. On appelle coordon*
nées rectangles, celles qui font un angle droit. (O)
* COOPÉRATEUR, f. m. {Gramm.) celui qui
concourt avec un autre à la produ&ion d’un effet,
foit dans l’ordre naturel, foit dans l’ordre furnatu-
rël. La volonté de l’homme coopéré avec la gracéde
Dieu dans,les a étions falutaires. Il faut dans la gué-
rifon des infirmités du corps, que la nature & le
médecin coopèrent. Ce terme s’employe beaucoup
plus fréquemment en matière théologique, qu’en
aucune autre. On en tire les termes coopération, co*
opératrice, coopérer, qui ne renferment que les mêmes
idées confidérées fous différentes faces gram«
maticales.
* COOPTATION, f. f. {Hiß. anc. & mod.) maniéré
dont quelques corps peuvent s’affocier des membres,
lorfqu’il y a des places vacantes. Les au gure sle s
pontifes le choififfoient anciennement des collègues
par cooptation. Aujourd’hui l’univerfité a quelquefois
conféré des dignités réfervées pour ceux qui
avoient acquis le droit de les remplir par des études
faites en fon fein, à des étrangers à qui.elle fem-
bloit accorder des dilpenfes.de formalités en faveur
d’un mérite extraordinaire. Ainfi la cooptation eft
proprement une nomination extraordinaire ôc fans