Corps, dans le Commerce, le dit de plufieurs
marchands ou négocians dans un même genre , qui
forment une compagnie réglée .par les mêmes fta-
tuts, ôc foûmife aux mêmes chefs ou.Officiers.
Il y a à Paris fix corps de marchands., qui font regardés
comme les principaux canaux ôc inftrumens
du commerce de cette grande ville.
Le premier eft celui de la Draperie. Voye^ Draperie.
Le fécond, celui de l’Epicerie. Voye^ Epicerie..
Le troifieme, celui de la Mercerie. Ployer Mercerie.
Le quatrième, celui de la Pelleterie. Voyez Pelleterie.
Le cinquième, celui de la Bonneterie. Voy. Bonneterie.
Le fixieme eft le corps de l ’Orféverie Voye^ Or-
féverie.
Chacun de ces corps a fes maîtres ôc gardes en
charge, qui en font comme les chefs,ou officiers..
Les affemblées particulières de chaque corps fe
font dans le bureau de ce corps ou maifon commune
qu’a chacun d’eux pour traiter de fa police ôc de
les affaires particulières. Mais les affemblées générales
fe font ordinairement dans le bureau des Drapiers
, qui feuls font en droit de les convoquer, à
caufe du premier rang qu’ils y tiennent ; & c’eft toujours
le premier grand-garde de la Draperie qui pré--
lide.
Ce font les maîtres ôc gardes des fix corps des marchands
qui ont l’honneur de porter le dais fur les Rois,
les Reines, ôc autres princes, princeffes, & feigneurs
qui font leur entrée publique à Paris, chaque corps
alternativement, depuis le throne dreffé hors des
barrières de la porte Saint-Antoine, jufque dans le
Louvre.
Les fix corps de marchands de Paris ont une de-
vife , qui a pour corps un homme kffis tenant en fes
mains un faifceau de baguettes qu’il s’efforce de
rompre fur le genou, ôc pour ame ces mots : Vincit,
concordia fratrum. Voye£ le Dicl. de Commerce.(Gy \ '1
Corps, fe dit auffi des communautés des arts &
métiers, c’eft-à-dire de toutes les fortes dlartifans &
d’ouvriers qui ont été réunis en divers corps de.jurande.
On dit plus ordinairement communauté. Voyeç
Communauté. Ibid. (G )
Corps de Jurande ; ce font les communautés'
d’artifans à qui, par des lettres patentes des rois, il
a été accordé des jurés, le droit de faire des appren-.
tis, la maîtrife, ôc des flatuts de police & de dilci-
pline. Voye^ Jurés 6- Jurande. Ibid. (G)
Corps de Pompe, voye^Pompe.
Corps d’Entrée, (DanfeY) ce font les choeurs
de danfe qui figurent dans un ballet, & qu’on nomme
auffi figurans. Le corps d'entrée eft ordinairement
compofé de huit danfeurs & danfeufes ; quelquefois
ils font jufqu’à feize. Voye^ Entrée, Figurant,
& Quadrille. (R)
• Corps, en Venerie, fe dit quand il s’agit de la
tête d’un cerf, d’un dain, ôc d’un chevreuil, & des
perches & du marrain où font attachés les andouil-
lers ; & quand il s’agit du pié, il fe dit des deux cô-
tés du pié d’une bête fauve, ôc des pinces qui forment
le bout du pié.
Corps ligneux , ( Hift. nat.botan. ) ce qui eft
renfermé dans la tige couverte de l’écorce dont il
tire fon origine, auffi - bien que de la graine ; fon
tiffu eft plus ferré, ôc forme un cercle plein de pores
, plus ouverts que ceux del’éGorce. (A)
- CoR-PS, dans les ri rts rnechamques, fe dit ordinairement
de quelque partie principale d’un ouvrage,
d’une machine: en voici quelques exemples, o ;
I -Corps DE Seau ,• en terme de Boiffelerie ; c’eft
une planche de hêtre fendue très-mince, haute d’en-
■ virôn un pié, dont on fait.le milieu ou corps du.
C orps de Carrosse ; c’eft ainfi que les Selliers
appellent le carroffe avant qu’il foit pofé fur fes
: roues ôc fur fon train.
Corps , dans l'Ecriture, eft relatif à la hauteur ôc
à la force du caraftere : ainfi une écriture qui peche
par le corps, eft ou trop maigre ou trop courte, 6*c.
• Le corps a la hauteur de huit becs de plume ôc cinq ÔC
demi de large pour le titulaire ; quatre ôc demi pour
la hauteur de la ronde, ôc quatre environ de large ;
pour la coulée, fept & demi de hauteur & cinq de
large.
Les majeurs ou mineurs qui excédent les autres
lettres, fe partagent en trois parties ; le corps intérieur
ou médial de la figure, le corps fupérieur qui
excede au-deffus du caraûere, ôc l’inférieur qui ex-
cede en-deffous.
* CORPS, (Fonderie en caractèresd'Imprimerie Y)Les
caraéieresiid’lmprimerie ont une épaiffeur jufte ôc
déterminée, relative à chaque caradere en particu-
culier, ôc fur lefquels ils doivent être fondus: c’efl:
cette épaiffeur qui s’appelle corps, qui fait la diftan-
ce des lignes dans un livre ; ôc on peut dire qu’il y a
autant de corps dans une page, qu’il y a de lignes:
c’eft: ce corps qui donne le nom au cara&ere, ôc non
l’oeil de la lettre. Cependant pour ne rien confondre
, lorfque l’on fond, par exemple, un cicéro fur
le corps de faint-auguftin, pour donner plus de blanc
entre les lignes de ce cicéro, pour les ouvrages de
poéfie ou autres, on dit pour lors oeil de cicéro fur le
corps de faint-augufiin. Voye{ CARACTERES.
_ On dit corps faible ÔC corps fort, par un abus qui
vient de l’ignorance des premiers tems de l’Imprimerie,
qui n’a été remarqué qu’en 174Z par le fieur
Fournier le jeune, graveur Ôc fondeur de cara&eres
à Paris. Il a donné un plan qui affigne au corps des
cara&eres une épaiffeur fixe ôc déterminée, ôc une
correfpondance générale entre eux. N’y ayant point
déréglé fûre pour exécuter les cara&eres avant que
le fieur Fournier en ait donné, il eft arrivé que
chaque Imprimeur a fait faire ces cara&eres fuivant
lès modèles qu’il a trouvé chez lui, ou qu’il a voulu
choifir : ainfi il commande, par exemple, un caractère
de cicéro, fans connoître la mefure déterminée
& exa&e que devroit avoir ce corps ; un autre a le
même cara&ere, dont le corps eft un peu plus fort ;
un troifieme en a un plus foible, & ainfi des autres.
D ’un même caraftere ainfi différent de corps, on appelle
le plus épais corps fort, ÔC les autres corps faible.
Ces corps ainfi confondus , n’ont ni mefure,
ni jufteffe, ni correfpondance ; ce qui jette une
grande confiifion dans l’Imprimerie, &: elle fubfiftera
tant qu’on n’exécutera point les proportions données
par ledit fieur Fournier. V. l'art. Caractère.
Corps,.«» termes de Fondeur de cloches, eft la troifieme
partie de la plus grande épaiffeur du bord de
la cloche, ou la quarante-cinquieme du diamètre.
Voye{ l'article Fonte des Cloches.
Corps, (Joiiaillerie.) ilfe dit de l’anneau d’une
hague. Lorfqu’une bague a une tête, l ’anneau qui
la fupporte s’appelle le corps de bague.
Corps, (Maréchall.) on appelle ainfi les côtes
& le ventre du cheval. Avoir ou n’avoir point de
corps. Voye^-Carticle fuivant. ( V )
Corps , (avoir du) Maréchall. fe dit d’un cheval
qui a le flanc rempli, & les côtes évafées & arrondies.
N'avoir point de corps, fe dit d’un cheval qui a
les côtes plates, & dont le ventre va en diminuant
vers les cuiffes, comme celui d’un levrier. Les.chevaux
d’ardeur font fujets à cette conformation. Avoir
de la nobleffe , fe dit principalement d’un cheval qui
a le cou long Ôc relevé, Ôc la tête haute & bien placée.
Avoir du ventre, fe dit en mauvaise part d’un
cheval qui a le ventre trop gros , ce qui eft un ligne
de pareffe. Avoir de l 'haleine & du fond, fe difent
communément des chevaux qu’on employé à courir,
quand ils réfiftent long-tems à cet exercice fans s’ef-
fouffler, & qu’ils le peuvent recommencer fouvent
fans fe fatiguer. Avoir des reins ou du rein, fe dit d’un
cheval vigoureux, ou de celui dont les reins fe font
fentir au cavalier, parce qu’ils ont des mouvemens
trop durs & trops focs. Avoir le ne^au vent, fe dit
d’ùn cheval qui leve toujours le nez en-haut ; c’eft'
un défaut qui provient fouvent de ce que le cheval
ayant les os de la ganache ferrés, a de la peine à
bien placer fa tête : ce défaut vient auffi quelquefois
de ce qu’il a la bouche égarée, c ’eft-à-dire déréglée.
Avoir l'éperon fin , fo dit d’un cheval fort fenfible à
l’éperon, ôc qui s’en apperçoit pour peu qu’on l’approche.
Avoir de la tenue à cheval, fo dit du cavalier
qui y eft ferme ôc ne fe déplace point, quelques
mouvemens irréguliers que le^cheval fafle. Avoir
du vent, fe dit d’un cheval pouffif. ( V )
C orps DE Rang , terme de Perruquier ; ce font des
treffes qui fe coiffent au-deffus des tournans, en allant
depuis les temples jufqu’à la nuque. Voye^ l'art.
Perruque.
Corps , (Manufàcl. en foie.') c’eft l’affemblage de
toutes les mailles attachées aux arcades. Voye^ Arcades
& Velours.
Corps c’eft, che[ les Tailleurs, la partie d’un habit
qui couvre depuis le cou jufqu’à la ceinture :
ainfi ils difent un corps de pourpoint j doubler un habit
dans le corps.
Quoique nous ayons rapporté im grand nombre
d’acceptions différentes du mot corps, nous ne nous
flatons pas de n’en avoir omis aucune ; mais celles
qui précèdent fuffifent pour donner une idée de l’étendue
dans la langue, de ce mot qui défigne une
chofo qui en a tant dans la nature.
CORPULENCE, fub. f. (Medecine.) l’état d’une
perfonne trop graffe. Voye^ Chair & Graisse.
' La corpulence revient à ce quelès Médecins appellent
oUéfité, & qu’on appelle communément graijfe. •
Êtmuller la définit une telle augmentation ôc des
membres & du ventre , que les fonftions duVorps
en font empêchées, particulièrement le mouvement
& la refpiration.
Boerhaave remarque que la corpulence ou Yobéjîté
ne confifte pas dans l’augmentation des folides, mais
dans leur diftenfion extraordinaire, caufée par l’abondance
des humeurs qu’ils contiennent. Voyeq_ Sol
id e , &c.
La corpulence oii la graijfe vient d’un fang Ioiiable,
abondant, huileux j doux , contenant moins de fol
que l’ordinaire.
Une telle conftitutiori dufangn’occafionne qu’une
foible fermentation, il s’en fait plus qu’il ne s’en
diffipe ; la lymphe qui paroît la matière propre de la
nutrition, garde plus long-tems fa confiftance vif-
queufe ; ôc par ce moyen adhéré en plus grande quantité
aux différentes parties du corps. Ajoutez qu’il y
a plus de graiflè féparée du fang , qu’il ne s’en peut
dépofer naturellement dans les cellules adipeufes ;
de-là le corps groffit confidérablement, ôc les parties
s’étendent quelquefois jufqu’à un volume monf-
trueux.
La corpulence eft occafionnée par tout ce qui tem-
pere & adoucit le fang, ôc qui le rend moins acide
ôc moins falin ; tel eft le manque d’exercice & de
mouvement, une vie indolente, trop de fommeil,
des alimens fort nourriffans, &c. On la prévient &
on la guérit par les caufos contraires , & particulièrement
par l’ufage de boiffons & d’alimens falins &
acides.
La corpulence eft la caufe de plufieurs maladies,
particulièrement de l’apoplexie ; elle paffoit pour infâme
parmi les Lacédémoniens.
Etmuller affirme qu’il n’y a point de méilleur re-
mede contre une graiffe exceffive, que le vinaigre
fquillitique. Borelli recommande de mâcher du tabac
, ce dont Etmuller difftiadè, de peur que cela ne
mene à la confomption. Sennert fait mention d’un
homme qui pefoit 600 livres, ôc d’une Hile dé 3 6 ans
qui en pefoit 450. On dit que Chiapin Vitellis marquis
de Cerona , general Efpagnol, très-connu de
fon tems pour fa corpulence exceffive, fo rédûifit, en
buvant du vinaigre, à un tel degré de maigreur, qu’il
pouvoit tourner fa peaii plufieurs fois autour de lui :
on peut douter de ce dernier fait. Chambers.
CORPUSCULAIRE , adj, (Phyfique.) c’eft ainfi
qu’on appelle cette phyfique qui cherche là raîfon
des phénomènes dans la configuration , la difpo-
fition, ôc le mouvement des parties des corps. En
voici une idée un peu plus étendue. La phyfique cor-
pufculaire fuppofe que le corps n’eft autre chofo qu’une
maffe étendue, & n’y reconnoît rien que ce qui
eft renfermé dans cette idée, c’eft-à-dire une certaine
grandeur jointe à la divifibilité des parties, où Pon remarque
une figure, une certaine Situation, du mouvement
Ôc du repos, qui font des modes de la fubftance
étendue. Par-là on prétend pouvoir rendre raifon
des propriétés de tous lès Corps, fans avoir recours
à aucune forme fubftantielle, ni à aucune qualité qui
foit diftin&e de ce qui réfulte de l’étendue, de la divifibilité
, de la figure, de la Situation, du mouvement
, ôc du repos. Cette phyfique ne reconnoît aucunes
efpeces intentionnelles, ni aucuns écoulemens
par le moyen defquels on apperçoive les objets. Les
qualités fenfibles de la lumière, des couleurs , du
chaud, du froid, des faveurs, ne font dans les corps
que la difpofition des particules dont ils’ fe trôiivent
compofés, ôc eh nous , que dés fonfations. de notre
ame, cauféés' par-l’ébranlement dès organes.'
Ce font-là lès opinions dé'Défcartes j mais il a
des précurfours dans l’antiquité.-
Leucippe ôc Démocrite furent les premiers quî
enfeignerent dans la Grecè là phyfique corpufculaire;
Epicure l’apprit d’eux, ôc la per'fèéHonna tellement
qu’à la fin elle prit fon nom, & qu’on l’appellâ la phi*
lôfophie d'Epicure.
Il y a eu divers philofoph'es, qui, fans fuivre l’a-
théifme de Démocrite, foutenoïent que toutes choies
étoient compofées de corpiifoules, comme Ec-
phantus , Heraclide , Afolepiade , Ôc Méfrodbre de
Chio. En général tous les Atomiftès qui ont vécu
avant Démocrite ÔC Leucippe, ont joint la créance
d’une divinité avec la doârine des atomes ; de forte
qu’on peut dire d’eux ce que Sidoine Apollinaire a
dit d’Arcéfilas : ■
Pofi ho s y ArcejilaSy divinâ mente paratam ;
Conjicit hanc molem , confeclam partibus illis
Quas atomos vocat ipfe levés.
Les anciens confidérant l’idée qu’ils avoient de
l ’ame & ce qu’ils- connoiffoient dans le corps-, :trôu-
voient qu’ils pouvoient concevoir diftinttement deux'
chofes, qui font- les principales de tout ce qu?il y a
dans l’univers. L’une eft la matière, qu’ils regar-
doient comme incapable de foi-mêmè d’agir; ÔC
l’autre eft une faculté agiffante. Duo queerenda funt,
dit Cicéron, unum quee materiajît ex quâ queeque res
efficiatur y alterum quee res Jtt quoe quidque ejfficiat. On
prouve la même chofo par Séneque & par l’auteur
du livre de placitis philofophorum, qui eft parmi les
oeuvres de Plutarque.
Bien loin que la philofophie^ corpufculaire mene à
l’athéifme, elle conduit au contraire à reconnoître
des êtres diftinfts de la matière. En effet, la phyfique
corpufculaire n’attribue rien au corps que ce qui