73.8 D E D
Décurion ëtoit auffi un nom qu’on donnoit à certains
prêtres deftinés à quelques Sacrifices particuliers
ou autres cérémonies religieufes, même aux
Sacrifices de quelques familles ou maifons particulières
, félon la conjecture du commentateur Ser-
-vius , qui croit que c’eft de - là que venoit leur
nom.
Quelle que Soit l’origine de-ce nom, nous voyons
dans Gruter une infcription qui confirme ce que
mous avons dit de leur fonction : An chia lu s
Gub. aed. Q . Ter. in . aede. Decvrio a d -
LECTUS. EX CONSENSV D e CURIONUM. FAM1-
LIJE VO LVN TATE. Cette infcription prouve que
-Q. Térentius étoit décurion dans la maifon d’un particulier
.Ghambers. (G)
* DECUSS ATION, f. f. on appelle, en Optique,
ie point àç décujfation, le point où plufieurs rayons fe
'croifent, tels que le foyer d’une lentille, d’un miro
ir , &c. Il y a une décuffation des rayons au-delà du
•cryftallin, fur la rétine , quand la vifioneft diftinéte.
* DECUSSIS, (Hiftoire anc.) monnoie romaine
évaluée, qui a eu différentes valeurs. Elle fut d’a-
'bord de ro as, fous Fabius de 16, fous Augufte de
i z , & dans un autre tems égale au denier.
DEDAIGNEUR, adj. pris fubft. en Anat. nom
du mufcle abluéleur de l’oeil. Voye{ OEil . (A)
D ed a jle ou L a b y r i n t h e , ( Jard. ) ce morceau
de jardin tire fon nom du fameux labyrinthe dont
Dedale-eft l’inventeur. Les labyrinthes conviennent
dans un grand jardin, pour remplir les places éloignées
du château. Il faut leur donner un peu de ter-
rein. Voye%_ L a b y r i n t h e . (K)
DEDALES, (ffifl. anc. Mytk.) fêtes que les Pla-
téens, peuples de i’Épire , aujourd’hui l’Albanie,
célébroient depuis leur retour dans leur patrie : c’é-
toit pour remercier les dieux de ce qu’ils y étoient
rentrés, après en avoir été chaffés par lesThébains,
8c avoir demeuré foixante ans chez les Athéniens,
qui donnèrent généreufement afile dans leurs villes
à ces infortunés citoyens. D ’autres difent que ces
fêtes furent inftituées au fujet d’une ftatue de bois,
qui repréfentoit Platea fille d’Afopus, & dont Jupiter
fe fervit pour confondre la jaloufie de Junon. Les
Platéens, ajoûtent - ils, en mémoire de cet événement,
donnèrent à ces fêtes le nom de dédales, parce
qu’anciennement toutes les ftatues de bois étoient
appellées dédales. Paufanias, liv. IX . chap. ïij. rapporte
les cérémonies de cette fête, 8c diftingue deux
fortes de ces folennités, les grands 8c les petits dédales.
Dans les premiers, tous les Béotiens y affif-
toient, mais ils ne fe célébroient que de foixante en
foixante ans : ce qui revient à la première origine
que nous avons rapportée. Les petits dédales étoient
moins folennels, & fe célébroient tous les ans félon
quelques-uns, 8c félon d’autres tous les fept ans. On
refervoit pour porter en procefîion le jour de cette
fê te , toutes les ftatues que l’on avoit faites pendant
l’année , & huit villes tiroient au fort à qui auroit
l ’honneur de porter ces ftatues : Platée, Coronée,
Thefpie, Tanagre, Cheronée, Orchomene, Lepa-
dëe, & Thebes. Cette diftin&ion concilie la fécondé
opinion fur l’origine des dédales avec la première. wÊBM , . ., DEDANS, ( Gram. ) prépofition qui fe rend en
latin par intüs ; elle eft au fimple relative à .un lieu
qu’on occupe, & elle conferve la même analogie au
figuré.
D e d a n s , mettre les voiles dedans, terme de Marine
dont on fe fert pour dire plier ou ferrer les voiles,
lorfqu’on y eft contraint par le mauvais tems, ou
pour quelque autre manoeuvre. (Z )
D e d a n s , (Faucon.') mettre un oifeau dedans , c’eft
l ’appliquer a&uellement à la chafte.
D E D
D e d a n s , terme employé de plufieurs façons
dans le Manège. Avoir un , deux , trois dedans, c’eft
en courant la bague l ’enlever une, deux, trois fois.
Le talon du dedans , la rêne du dedans, la jambe du de«
■ dans, par oppofition à celles de dehors.
Cette façon de parler eft relative à plufieurs cho-
fes, félon que le cheval manie à droite ou à gauche
•fur les voltes, ou félon qu’il travaille le long d’une
muraille, d’une haie ,ou de quelqu’autre chofe fem-
blable ; ainfi elle fert à diftinguer à quelle main ou
de quel côté il faut donner les aides au cheval qui
manie. Auprès d’une muraille, la jambe de dedans
eft la jambe du côté oppofé à celui de la muraille.
Surjes voltes, fi le cheval manie à droite, le talon
droit fera le talon de dedans, la jambe droite la jambe
de dedans.
Quelques académiftes pour fe faire mieux entendre
, fe fervent ordinairement des expreffions à droite,
à gauche , 8c difent : aide£ le cheval du talon droit,
de la rêne droite , de la jambe droite , félon la fituation
des talons 8c des rênes, eu égard à la volte. Voye£
V o l t e .
Un cheval a la tête & les hanches dedans, quand
on fait paffeges , ou que l’on porte un cheval de
biais, ou de côté fur deux lignes. Mettre un cheval
dedans, c’eft le dreffer, le mettre bien dans la
main & dans les talons. Cheval.qui s ’ejl bien mis dedans
, c’eft-à-dire cheval qui s’eft bien dreffé.
D e d a n s , efpece de jeu de paume, qui différé d’avec
les autres qu’on appelle quarrés, en ce que dans
le grand mur du côté de la grille il y a un tambour,
8c qu’au lieu du mur du bout où il y a le trou 8c
l’ais, il eft garni dans prefque toute fa largeur d’une
galerie a jour, qui avance d’environ trois piés dans
le jeu, 8c eft couverte d’un toit femblable à celui
qui eft à l’autre bout.
Cette galerie qui eft à l’extrémité fe nomme auflï
le dedans ; elle eft garnie d’un filet ou réfeau de ficelle
, qui ne tient que par le haut, pour amortir le
coup des balles, & empêcher que ceux qui regar-,
dent joiier n’en foient frappés.
DEDICAC E, f. f. (Hift. profane & ecclèf.) cérémonie
par laquelle on voue ou l’on confacre un temple
, un autel, une ftatue, une place, &c. en l ’honneur
de quelque divinité. Foye^T e m p l e , A u t e l ,
&c.
L’ufage des dédicaces eft très-ancien, tant chez les
adorateurs du vrai D ieu , que chez les Payens. Les
Hébreux appelloient cette cérémonie hhanuchah ,
imitation : ce que les Septante ont rendu par tyaivi*
îycaviG/Aoç, renouvellement. Il eft pourtant bon d’ob-
ferver que les Juifs ni les Septante ne donnent ce
nom qu’à la dédicace du temple faite par les Ma-
chabées, qui y renouvellerent l’exercice de la religion
interdite par Antiochus qui avoit profané le
temple.
On trouve dans l’Ecriture des dédicaces du tabernacle
, des autels, du premier & du fécond temple,
& même des maifons des particuliers. Nomb, c. vij«
v. i o. / 1.84.8c 88. Deut. c. xx. v. 5. Liv. I. des Roisy
c. viij. v. G g . Liv. II. c. vij. v. 5. 8c 9 . Liv. I. d’Ef-
dras, c. vj. v, iG. 8c ly. Pfal x x x j. v. 1. Hebr. c. jx .
v. 18. On y voit encore des dédicaces des vafes, d’or-
nemens, de prêtres, de lévites. Chez les Chrétiens
on nomme ces fortes de cérémonies , confécrations ,
bénédictions , ordinations, & non dédicace : ce terme
n’étant ufité que lorfqu’il s’agit d’un lieu fpéciale-
ment deftiné au culte divin.
La fête de la dédicace dans l’Eglife romaine eft l’an-
niverfaire du jour auquel une eglife a été confacrée.
Cette cérémonie a commencé à fe faire avec folen-
nité fousConftantin, lorfque la paix fut rendue à l’E -
glife. On affembloit plufieurs évêques pour la faire
8c ils folgnnifoient cette fête , qui duroit plufieurs
jours
D E D
jours par la célébration des SS. myfteres, & par des
difcotvrs fur le but & la finde cette cérémonie. £u-
febe nous a confervé la defcription des dédicaces des
églifesde T yr & de Jérufalem. On jugeadepuis cette
conféçration fi néceffaire, qu’il n’étoit pas permis
de célébrer dans une églife qui n’avoit pas été dédiée,
8c que les ennemis de S. Athanafe lui firent un
crime d’avoir tenu les affemblées du peuple dans une
pareille églife. Depuis le neuvième fiecle, on a obr
fervé diverfes cérémonies pour la dédicace, qui ne
peut fe faire que par un évêque ; elle eft accompagnée
d’une oftave folennelle, dans chaque jour de
laquelle un évêque officie dans les grandes villes, &
un prédicateur parle fur le fujet de la fête. Il y a cependant
beaucoup d’églifes, furtout à la1 campagne,
qui ne font pas dédiées, mais feulement bénites :
comme elles n’ont point de dédicaces propres , elles
prennent celles de la cathédrale ou de la métropole
du diocèfe dont elles font. On faifoit même autrefois
la dédicace particulière des fonts-baptifmaux, comme
nous l’apprenons du pape Gelafe dans fon facramen-
taire.
La fête de la dédicace, ou plutôt du patron d’une
églife, eft appellée par les Anglois, dans leurs livres
de droit, dédicacé; & avarft la, réfôrmation elle n’étoit
pas feulement célébrée chez eux par les habitans
de la paroiffe ou du lieu, mais encore par ceux des
villages voifins qui avoient coutume d’y venir. Ces
fortes d’affemblees étoient autorifées par le roi : ad
dedicationes , adfynodos , &c. venientes fumma pax.
On conferve encore en Angleterre quelques reftes
de cet ufage fous le nom de wakes , veilles , ou vi-
gils, vigiles. Foye^ V e i l l e s & V i g i l e s . .
Les Juifs célébroient tous les ans pendant huit
jours la fête de la dédicace du temple ; & c’eft ce que
nous trouvons appellé , dans la verfion vulgate du
nouveau Teftament, encoenia : cet ufage fut établi
par Judas Machabée & par toute la fynagogue, l’an
de l’ere fyromacédonienne 148, c’eft-à-dire 164 ans
avant Jeius-Chrift, à l’occafion que nous avons dit,
8c pour célébrer la viâoire que les Machabées remportèrent
fur les Grecs. Léon de Modene remarque
lur ce fujet, dans fon traité des cérémonies des Juifs ,
qu’ils allüment dans leurs maifons une lampe le premier
jour de cette fête,deux le fécond,& ainfi fuccef-
livement jufqu’au dernier qu’ils en allument huit ; le
même rabbin ajoute, qu’ils célèbrent auffi pendant
cette fête la mémoire de Judith, & qu’ils mettent
dans leurs repas quelque coutume différente de celles
qu’ils obfervent ordinairement. Liv. III. c .jx .
Les Payens faifoient auffi des dédicaces des temples,
des autels, & des images de leurs dieux. Na-
biichodonofor fit faire une dédicace folennelle de fa
ftatue, comme on le voit dans le prophète Daniel,
cap. ïij. v. 2. Pilate dédia à Jérufalem des boucliers
d’or en l ’honneur de Tibere, au rapport de Philon
dè Legat. Pétrone dans la même ville dédia une ftatue
à l’empereur. Ib. p . y<)\. & Tacite, hiß. lib. IV ,
cap. liij. parle de la dédicace du capitole, après cjue
Vefpafien l’eut fait rebâtir. Ces dédicaces fe celé-
broient par des facrifices propres à la divinité à laquelle
on rendoit ces honneurs, & on ne les faifoit
jamais fans une permiffion bien authentique. On ne
yoit point par qui elle étoit donnée chez les Grecs :
mais c’étoient des magiftrats qui l’accordoient chez
les Romains. Voici les principales cérémonies que
ceux-ci obfervoient dans la dédicace de leurs temples.
D ’abord on entouroit le nouveau temple de
guirlandes 8c de feftons de fleurs ; les veftales y entroient
portant à la main des branches d’o livier, &
arrofoient d’eau luftrale les dehors du temple : celui
qui dédioit le temple s’approchoit, accompagné du
pontife qui l’appelloit pour tenir le poteau de la porte',
8c il répétoit mot pour mot d’après le pontife ;
T om e I
D E D 739
c'eut été. le plus mauvais augure du monde, que d’y
omettre ou changer une feule fyllabe : enfuite il of-
froit une vittime dans le parvis ; & en entrant dans
le temple, il oignoit d’huile la ftatue du dieu auquel
le temple étoit dédié, & la mettoit fur un oreiller
(jpulvinar) auffi frotté d’huile. La cérémonie étoit
marquée par une infcription qui portoit l’année de
la dédicacé, & le nom de celui qui l’avoit faite, 8C
l’on en renouvelloit tous les ans la mémoire à pareil
jour, par un facrifice ou quelqu’autre folennité particulière.
Rofin , antiq. rom. & Chambersf G )
D É D I T , f. m. (Commerce.) peine ftipulée dans
un marché contre celui qui ne veut pas le tenir. C ’eft
ordinairement une fomme d’argent convenue , que
paye celui qui manque à fa parole. (G)
DÉDO CTOIRE, f. m. (Vénerie.) bâton de deux
piés, dont on fe fervoit autrefois pour parer les gau-
lis. On fe fert à-préfent du manche du fouet.
DÉDOUBLER, v. ach il fe dit des pierres dont
on peut féparer les lits, félon toute leur longueur ,
avec des coins de fer. II faut feier ou couper celles
qu’on ne peut dédoubler ; travail fort long. ‘Entré
les différentes pierres qu’on tire des carrières voifi-
nes de Paris, il n’y a , à ce qu’on dit, que la lambourde
ou le franc-ban qui fe dédouble. Les autres n’ont
point de lit ou litage affez màrqué pour comporter
cette manoeuvre.
DÉDUCTION , f. f. ( Philofophie. ) ce mot fé
prend en notre langue dans deux fens différens.
En matière de calcul, d’affaires, &c. il fignifie
foufraction , l’aôion d’écarter, de mettre à part, 6*c,
comme quand on dit : ce bénéfice, déduction faite
des charges, des non-valeurs, des réparations, vaut
10000 livres de revenu : cette fucceffion, déductiori
faite des dettes 8c legs, monte à zooooo liv. & ainfi
des autres.
En matière de Sciences, & fur-tout de Logique ÿ
déduction fe dit d’une fuite & d’une chaîne de raifon-
nemens, par léfquels on arrive à la preuve d’une
propofition : -ainfi une déduction eft formée d’un premier
principe, d’où l’on tire une fuite de conféquen-
ces. Donc, pour qu’une déduction foit bonne, il faut
i° . que le premier principe d’où l’on part foit ou
évident par lui - même, ou reconnu pour vrai : 20.
que chaque propofition ou conféquence fuive exactement
de la propofition ou conféquence précédente
: 30. on peut ajouter que pour qu’une déduction.
foit bonne, non - feulement en elle-même & pour
celui qui la fait, mais par rapport aux autres, il faut
que la liaifon entre chaque conféquence & la fuivan-
te puiffe être facilement apperçûe, ou du moins que
cette liaifon foit connue d’ailleurs. Par exemple , fir
dans une fuite de propofitions on trouvoit immédiatement
l’une après l’autre ces deux - ci : les planètes
gravitent vers le Soleil en raifon inverfe du quarré des
difances : donc elles décrivent autour du Soleil des cl-
lipfes. Cette conféquencé', quoique jufte, ne feroit
pas fuffifamment déduite,.parce qu’il eft nécelïairè
de faire voir la liaifon par plufieurs propofitions intermédiaires
: ainfi ontne pourroit s’exprimer ainfi
que dans un ouvrage dont le lefteur feroit fuppofé
connoître d’ailleurs la liaifon de cès deux vérités.
D ’où il s’enfuit en général, que pour juger de la
bonté d’une déduction, il faut connoître le genre d’ouvrage
où elle fe trouve, 8c le genre d’elprits 8c de-
leâeurs auxquels elle eft deftinéé. Telle déduction eft
mauvaife dans un livre d’élémens, qui feroit bonne
ailleurs.
Les ouvrages de Géométrie font ceux où l’on peut
trouver plus facilement dés exemples de bonnes 'dé-
du&ionsjparce que les principes de cette fcience font
d’une évidence palpable, & que les conféquençes y
font rigoureufes : par conféquent s’il faut un certain
degré plus ou moins grand de patience, d’attention