
io-o d i y
» fi frivole & 'fi répétée, qu’elle reffeiïible bien da-
» vantagè àu gâfouillement des oiféaïix, qu’à l’èù-
» tretien d’une aflemblée d’êtres penfans ; ou dans
» la fréquentation de deux fpéCtacles, dont l’un hu-
y> milie l'humanité , & l’autrè exprimé toujours la
» joie & la triftefle indifféremment par des chants
» & des danfes. Ils tâchent envain par de tels moyens
» dé fe procurer des diverdjfemehs réels, itn ariiufe-
» ment agréable, de donner quelque diftraCtion à
» leurs chagrins, quelque récréation à leur efprit ;
» cela n’eft pas poflible : leurs réjoiiijfances même
» n’ont d’attraits qùô pôur le peuple, & ne font
» point consacrées comme lès hôtres au culte du Soft
Ieil: leurs regards, leurs difcôurs, leurs réflexions
» ne fe tournent jamais à l’honneur de cet aftre di-
» vin: enfin leurs froids amufemens, leurs puériles
» récréations y \gurs diverdjfemens affeCtés, leurs ridi—
» cules rejo'ùïffafic'eS, loin de m’égaler, de me plaire,
» de me convenir, me rappellent encore avec plus
» de regret, la différence des jours heureux que je
» palfoi's avec toi ». Article de M. le Chevalier de
JAU COURT.
DIVIDENDE, âdj. pris fub. on appelle ainfi en
3Arithmétique un nombre dont on propofe de faire la
divifion. Noye^ DIVISION.
Le quotient d’une divifion eft à l’unité, Comme
le dividende eft au divifeur. Voye^ D ivision. (O)
DIVIDENDE , DIVIDENTE ou DIVIDENT,
f. m. ( Comm.) en termes de compagnie & de commerce
d’aCtions, lignifie la répartition qui fe fait des
profits d’une compagnie de commerce aux actionnaires
qui y ont pris intérêt. Voye[ A ct ion , C ompagnie
, Ré pa rtitio n. Diction, de Comm. de Trév.
& Chambers. f
DIVIN, adj. (Gramm. & Theol.') qui appartient à
D ieu , qui a rapport à D ieu , qui provient de Dieu :
ainfi I’oh dit la fcience divine , la divine providence , la
grâce divine , &c.
Ce mot s’employe aufîi dans un fens figuré, pour
défigner quelque chofe d’excellent, d’extraordinaire
, qui femble furpaffer les forces de la nature & la
portée ordinaire de l’efprit humain.
C ’eft dans cè fens que le compas, le télefcope,
les horloges, l’Imprimerie, &c. ont été quelquefois
appellés des inventions divines. On a donné à Platon
le lurnom de divin, ou à caufe de l’excellence de fon
génie, ou parce qu’il a parlé de la Divinité d’une
maniéré plus noble & plus élevée que tous les philo-
fophes payens. Quelques-uns ont aufli prodigué,
allez mal-à-propos ; ce me femble, la même épithete
à Seneque.On a un peu plus de fondement à appel-
ler Hippocrate le divin vieillard , divine fenex , à
caufe de la perfection à laquelle il porta un art infiniment
plus utile que la philofophie fpéculative.
Les Théologiens en citant les PP. les nomment divus
Augujlinus , divus Tkomas.
Les Arabes donnent le nom de divin (elahioun) \
la fécondé feCte de leurs philofophes : ce font ceux
qui admettent un premier moteur de toutes chofes,
une fubftance fpirituelle dégagée de toute efpece de
matière, en un mot un Dieu. Par ce nom ils diftin-
guent ces philofophes de ceux de la première feCte,
qu’ils appellent deherioun ou thabaioun, c’eft-à-dire
les hommes du monde, les naturaliftes, qui n’admettent
d’autre principe que le monde matériel & la nature.
Chambers.
Le mot eïahioun eft dérivé d’Allah, Dieu ; enfor*
te que les eïahioun ou les divins font les théologiens
par oppofition aux efprits forts & aux athées. (£ )
D I v I N , emplâtre divin , emplaftrum divinum,
IPharmac.') On a donné ce nom à l’emplâtre dont
nous allons donner la defcription, à caufe des grandes
vertus qu’on lui a attribuées. 0
Emplâtre divin de la pharmacopée de Paris, Clf de la
D I V
lithatge préparée, une livre ; de l’huile d’olive, detiX
livres ; de l’eaii commune, une fuffifante quantité :
cuifez-léS enfernble en confiftance d’emplâtre ; après
quoi faites-y fondre cire jaune huit onces, puis y
mêlez félon l’art la polidre fuivante.
'df galbanum, myrrhe, de chaque deux onces &
deux gros ; bdellium , deux onces ; gomme ammoniaque
, trois onces & trois gros ; encens mâle, une
once & un gros ; opopanax, maftic , ariftolochè
ronde, verd-de-gris, de chaque une once : faites du
tout une poudre félon l’art.
Nota que fi vous voulez que l’emplâtre.foit rougeâtre
, il faudra faire cuire le verd-de-gris en même
tems qite la litharge ; & au contraire fi on veut
que l’emplâtre foit verdâtre, il faudra l’y mêler
après les poudres. *
* DIVINATION, f. f. ( Ordr. tncyclop. Entendemi
R-aifon ou Scienc. Science dès efpr. Divinat.') C ’eft l’art
prétendu de connoître l’avenir par des moyens fu-
perftitieux. Cet art eft très-ancien. P'oyt^ Enthousiasme
, Prophétie , &c.
Il eft parlé dans l’Ecriture de neuf efpeceS de du
vination. La première fe faifoit par l’infpeCtion des
étoiles , des planètes & des nuées ; c’eft l’aftrologie
judiciaire ou apotélefmatique, que Moyfe nomme
méonen. La fécondé eft défignée dans l’Ecriture par
le mot menachefch, que la vulgate & la plupart des
interprètes ont rendu par celui d’augure. La troifie-
me y eft appellée mecafcheph > que les Septante & la
vulgate traduifent/Tza/tf/zces oupratiques occultes & pernicieuses.
La quatrième eft celle des hhober ou enchanteurs.
La cinquième confiftoit à interroger les
■ efprits pythons. La nxieme, que Moyfe appelle des
judeoni, étoit proprement le fortilége & la magie.
La feptieme s’exécutoit par l’évocation & l’interro-
gaiion des morts, & c’étoit par conféquent la necro-
mantie. La huitième étoit la rabdomantie ou fort
par la baguette ou les bâtons, dont il eft queftion
dans Ofée , & auquel on peut rapporter la béloman-
tie qu’Ezechiel a connue. La neuvième & derniere
étoit l’hépatofcopie, ou l’infpeCtion du foie. Le même
livre fait encore mention des difeurs de bonne
avanture, des interprètes de fonges, des divinations
par l’eau, par le feu, par l’air, par le vol des ob-
feaux, par leur chant, par les foudres, par les éclairs*
& en général par les météores, par la terre, par des
points, par des lignes, par les ferpens, &c.
Les Juifs s ’étoient infeCtés de ces différentes fu-
perftitions en Egypte, d’où elles s’étoient répandues
chez les Grecs, qui les avoient tranfmifes aux Romains.
Cès derniers peuples diftinguoient la divination
en artificielle & en naturelle.
Ils appelloient divination artificielle, un prognoftic
ou une induCtion fondée fur des lignes extérieurs liés
avec des évenemens à venir (voye^ Signe & Pro-
GNO STIC ) ; & divination naturelle, celle qui préfa-
geoit les chofes par un mouvement purement intérieur,
& une impulfion de l’efprit indépendante d’aucun
ligne extérieur.
Ils fubdjvifoient celle-ci en deux efpeces, l’innée,
& l’infufe :Tinnée avoit pour bafe la fuppofition
que l’ame circonfcrite en elle-même, & commandant
aux différens organes du corps fans y être préfente
par fon étendue, avoit effentiellement des notions
confufes de l’avenir, comme on s’en convainCt,
difoient-ils, par les fonges, les extafes, & ce qui ar-
arrive à quelques malades dans les approches de la
mort, & à la plupart des autres hommes lorfqu’ils
font menacés d’un péril imminent. L’infufe étoit
appuyée fur l’hypothefe que l’ame femblable à un
miroir, étoit éclairée fur les évenemens qui l’inté-
reffoient, par une lumière réfléchie de Dieu ou des
Efprits.
l A a a * ^ ...
D I V Ils divifoient aufli la divination artificielle en deux
efpeces : l’une expérimentale, tirée de caufes naturelles
, & telle que les prédirions que les Aftro-
nomes font des éclipfes, &c. ou les jugemens que
les Médecins portent fur la terminaison des maladies
, ou les conjectures que forment les politiques
fur les révolutions des états; comme il arriva à
Jugurtha fortantde Rome, où il avoit réufli à force
d’argent à fe juftifier d’un crime atroce, lorfqu’il
dit : O venalem urbem, & mox perituram ,Jî emptorem
inveneris ! L’autre chimérique, extravagante , con-
fiftant en pratiques capricieufes, fondées fur de faux
jugemens, & accréditées par la fuperftition.
Cette derniere branche mettoit en oeuvre la terre,
l’eau, l’air, le feu , les oifeaux, les entrailles des
animaux, les fonges, la phyfionomie, les lignes de
la main, les points amenés au hafard, les nombres,
les noms, les mouvemens d’un anneau, d’un fas, &
les ouvrages de quelques auteurs ; d’où vinrent les
forts appellés proenejiinæ, virgilianoe , homericce. Il y
avoit beaucoup d’autres forts. Voici les principaux.
Les anciens avoient ¥alphitomantie ou aleuroman-
t it , ou le fort par la fleur de farine ; l’axinomantie,
ou le fort par la hache ; la bélomantie , ou le fort par
les fléchés ; la botanomantie, ou le fort par les plantes
; la capnomantie , ou le fort par la fumée ; la ca-
toptromantie, ou le fort par un miroir; la céromantie,
ou le fort par les figures de cire ; le cledonifme, ou le
fort par des mots ou voix ; la cleidomantie , ou le fort
par les clés ; la cofcinomantie, ou le fort par le crible ;
la daclyliomantie, ou le fort par plufieurs anneaux ;
¥hydromantie, ou le fort par l’eau de mer; la pego-
mantie , ou le fort par l’eau de fource ; la geomantie,
ou le fort par la terre ; la lychnomantie, ou le fort
par les lampes ; la gajlromantie, ou le fort par les
phioles ; ¥oofcopie , ou le fort par les oeufs ; l'extifpi-
cine, ou le fort par les entrailles des viôimes ; la
keraunofcopie , ou le fort par la foudre ; la chyroman-
tie, ou le fort par l’infpeâion des lignes de la main ;
la cryjlallomantie, ou le fort par le cryftal ou un autre
corps tranfparent ; ¥arithmomantie, ou le fort par
les nombres ; la pyromande, ou le fort par le feu ;
la lythomantie, ou le fort par les pierres ; la necro-
mande , ou le fort par les morts ; ¥oneirocritiqut, ou
le fort par les fonges ; ¥ornithomantie, ou le fort par
le vol & le chant des oifeaux ; ¥aleclryomande , ou
le fort par le coq; la lecynomantie, ou le fort par le
baflin ; la rhabdomantie , ou le fort par les bâtons,
&c. Voyez tous ces forts à leurs articles ; & pour en
avoir une connoiffance encore plus étendue, voye[
le livre de fapiendâ de Cardan, & les difquifidones
magic ce de Delrio.
Ce dernier auteur propofe des notions & des di-
vifions de la divination un peu différentes de celles qui
précèdent. Il définit la divination, la révélation des
chofes cachées , en vertu d'un pacl fait avec le démon ;
{fignificado occultorum expactis convenus cum dcemo-
ne ) définition qui n’eft pas exafte, puifqu’il y a des
efpeces de divination, telle que la naturelle, qui ne
font fondées fur aucun engagement avec le diable.
Delrio diftingue deux efpeces de paéls, l’un implicite
, l’autre explicite ; conféquemment il inftitue
deux fortes de divinations : il comprend fous la première
la théomamie ou les oracles, & la manganie ou
goéde, à laquelle il rapporte la nécromande, ¥ hydromantie
, la géomande , &c. Il range fous la fécondé
Vharujpicine, avec ¥anthropomantie, la céromantie , la
lithomantie, toutes les divinations qui fe font par
■l’infpeftiond’un objet, les augures, les arufpices, les
forts, &c. les conjectures tirées desaftres, des arbres,
des élémens, des météores, des plantes, des animaux
, &c. il obferve feulement que cette dernière
eft tantôt licite, tantôt illicite ; & par cette diftinc-
tion il détruit fa définition générale ; car fi toute di-
D I V 1071
vination eft fondée fur un paft, foit implicite , foit
explicite, il n’y en a aucune qui puiffe être inno-,
cente.
Les Grecs & les Romains eurent pour toutes ces
fottifes le refpeft le plus religieux, tant qu’ils ne furent
point éclairés par la culture des Sciences ; mais
ils s’en defabùferent peu-à-peu. Caton confulté fur
ce que prognoftiquoient des bottines mangées par
des rats, répondit qu’il n’y avoit rien de furprenant
en cela ; mais que c ’eût été un prodige inoiii fi les
bottines avoient mangé les rats. Cicéron ne fut pas
plus crédule : la myomantie n’eft pas mieux traité©
dans fes livres, & il n’épargne pas le ridicule à toutes
les autres fortes de divinations, fans en excepter
ni les oracles, ni les augures, ni les arufpices. Après
avoir remarqué que jamais un plus grand intérêt
n’avoit agité les Romains , que celui qui les divi-
foiit dans la querelle de Céfar & de Pompée ; il ajoute
que jamais aufli on n’avoit tant interrogé les dieux:
hoc bello civili dit immortales quant multa luferunt!
M. Pluche, dans fon hijioire du ciel, conféquemment
au fyftème qu’il s’eft formé, fait naître la divination
chez les Egyptiens de l’oubli de la lignification
des fymboles dont on fe fervoit au commencement
pour annoncer au peuple les devoirs & les occupations,
foit de la vie civile, foit de la religion;&
lorfqu’on lui demande comment il s’eft pû faire que
la lignification des fymboles fe foit perdue, & que
tout l’appareil de la religion ait pris un tour fi étrange ;
il répond « que ce fut en s’attachant à la lettre que
» les peuples reçurent prefqu’univerfellement les au-
» gures, la perfuafion des influences planétaires, les
» prédirions de l ’Aftrologie, les opérations de l’Al-
» chimie, les différens genres de divinations , par les
» ferpens, par les oifeaux, par les bâtons, &c. la
» magie, les enchantemens, les évocations, &c. Le
» monde, ajoûte-t-il, fe trouva ainfi tout rempli d’o-
» pinions infenfées, dont on n’eft pas par-tout éga-
» lement revenu, & dont il eft très-utile de bien con-
» noître le faux, parce qu’elles font aufli contraires
» à la vraie piété & au repos de la v ie , qu’à l’avan-
» cernent du vrai favoir ». Mais comment arriva-t-il
que les peuples prirent tous les fymboles à la lettre ?
Il ne faut pour cela qu’une grande révolution dans
un état, qui foit fuivie de trois ou quatre fiecles d’ignorance.
Nous avons l’expérience, & de ces révolutions
dans l’état, & de l’effet des fiecles d’ignorance
qui les ont fuivies, fur les idées ôc les opinions
des hommes, tant en matière de fciences & d’arts,
qu’en matière de religion.
M. l’abbé de Condillac a fait aufli quelques con-
jeéhires philofophiques fur l’origine & les progrès de
la divination : comme elles font très-juftes, & qu’elles
peuvent s’étendre à beaucoup d’autres fyftèmes
d’erreurs, nous invitons le lefteur à lire particulièrement
ce morceau, dans le traité que le métaphyficien
que nous venons de citer a publié fur les fyftèmes.
Voici fes idées principales, auxquelles nous avons
pris la liberté d’entrelacer quelques-unes des nôtres.
*
Nous femmes alternativement heureux & malheureux
, quelquefois fans favoir pourquoi : ces alternatives
ont été une fource naturelle de conjeéhires pour
ces efprits qui croyent interroger la nature, quand ils
ne confultent que leur imagination. Tant que les
maux ne furent que particuliers, aucune de ces conjectures
ne fe répandit aflez pour devenir l’opinion
publique; mais une affliction fut-elle épidémique,
elle devint un objet capable de fixer l’attention générale
, & une occafion pour les hommes à imagination
de faire adopter leurs idées ? Un mot qui leur
échapa peut-être alors par hafard, fut le fondement
d’un préjugé : un Etre qui fe trouve heureux en fai-
fant le malheur du genre humain, introduit d^ns