976 DI E D I E
g r an d ma ît re & le m éd e c in co n fom m é . ^ .R È G IM 'E .
On entend âuffi, 8c très-communément, par la.
dicte., i’abftinence qu’on garde en ne prenant.point
ou en ne prenant que peu de nourriture.: ainfi faire,
dieu., .c’elt ne point manger ou manger très-.peu , 8c
fe borner à une petite quantité d’alimens le plus lou-
vent liquides. Voye^ A b s t i n e n c e & A l im e n t .
Tout ce qui a rapport .à la dicte concernant les
alimens liera- traité plus au long dans les différens ar-
ticles auxquels on a jugé à propos de renvoyer, fur-
tout dans celui.de régime. Foye^ Régim e. (Æ) Diete, (JuriJ'prud.') au Maine, fe dit pour alfem-
blée d’officiers de juftice, ou plutôt pour chaque vacation
d’inventaire & vente ou autre procès-verbal.:
en d’autres endroits, on dit la dicte d'un tel jour ,.
pour La vacation d'un tel jour, (ai)
D IET Z, (Géog. mod.') ville de la Vétéravie en
Allemagne : elle eft lituée fur la Lohn. Long. 3.5.36,
Lat. 5o.:zz.
D IEU, f. m. (Mètaph. & Thcol.') Tertullien rapporte
que Thaïes étant à la cour de Créfus, ce prince
lui demanda une explication claire ôé nette de la
Divinité. Après plufieurs réponfes vagues, le philo—
fophe convint qu’il n’avoit rien à dire de fafisfâi-
fant. Cicéron avoit remarqué quelque chofe de fem-
blable du poëte Simonide : Hieron lui demanda
ce que c’eft que Dieu , & il promit de répondre en
peu de jours. Ce délai paffé, il en demanda un autre,
& puis un autre encore : à la fin, le roi,le pref-
fant vivement , il dit pour toute réponfe : Plus
j'examine cette matière , & plus je la trouve au-dejfus
de mon intelligence. On peut conclure de l’embarras,
de ces deux philofophes, qu’il n’y a guere de fujet
qui mérite plus de circonïpeêlion dans nos. juge-
mens, que ce qui regarde la Divinité : elle eft inac-;
ceffible à nos regards ; on ne peut la dévoiler, quelque
foin qu’on prenne. « En effet, comme dit S. Au-
» guftin, Dieu efl: un être dont çn parle fans en pou-
» voir rien dire, & qui efl fupérieur à toutes les dé-
fy finitions ». Les PP. de l’Eglifc, fur-tout ceux qui
ont vécu dans les quatre premiers fiecles, ont tenu
le même langage. Mais quelqu’incompréhenfible que
foit Dieu, on ne doit pas cependant en inférer qu’il
le foit en tout : s’il en étoit ainfi, nous n’aurions de
lui nulle idée, & nous n’en aurions rien à dire. Mais
nous pouvons 8c nous, devons affirmer de Dieu, qu’il
exifte, qu’il a de l’intelligence, de la fageffe, de la,
puiffance, de la force, puifqu’il a donne ces prérogatives
à fes ouvrages ; mais qu’il a ces qualités dans
lin degré qui paffe ce que nous en pouvons concev
o ir , les ayant i° . par fa nature 8c par la néccffité
de ion être, non par communication & par emprunt ;
2°. les ayant toutes enfemble 8c réunies dans un feul
être très - fimple & indivifible , 8c non par parties.
8c difperfées, telles qu’elles font dans les créatures ;
30. les ayant enfin comme dans leur fource, au lieu
que nous ne les avons que comme des émanations
de l’Être infini, éternel, ineffable.
Il n’y a rien de plus facile que de connoître qu’il y
à un Dieu ; que ce Dieu a éternellement exifté ; qu’il
efl impoffible qu’il n’ait pas éminemment l’intelligen-,
c c , 8c toutes les bonnes qualités qui fe trouvent dans,
les créatures. L’homme le plus groffier & le plus
ftupide, pour peu qu’il déployé fes idées 8c qu’il
exerce fonefprit,reconnoîira aifément cette vérité.,
Tout lui parle hautement en faveur de la Divinité.
Il la trouve en lui 8c hors de lui: en lui, i° . parce
qu’il fent bien qu’il n’eft pas l’auteur de lui-même,
8c que pour comprendre comment il exiffe, il faut
de néceffité recourir à une main fouveraine qui l’ait
tiré du néant ; 20. au-dehors de lui dans l’univers, qui,
reffemble à un champ de tableau où l’ouvrier parfait
s’eft peint lui-même .dans fon oeuvre , autant qu’elle
pouvait en être l’image ; il ne fauroit ouvrir les yeux;
qu’ fl ne découvre par-tout autour de lui les traces
d’une intelligence puiffante & fans bornes.
L'éternel ejl fon nom, Le monde ejl fon ouvrage
Racine. •
Foye^ D ém o n stra t io n , C réat ion , &c.
C ’eft donc en vain que M. Bayle s’efforce de prouver
que le peuple n’eft pas juge dans la queftion dp
l’exiftence de Dieu.
En effet, comment le prouve-t-il ? C ’eft en difant
que la nature de D i e u e û un fujet que les plus grands
philofophes ont trouvé obfcur, & fur lequel ils ont
été partagés. Cela lui donne occafion de s’ouvrir un
vafte champ de réflexions aux dépens des anciens
philofophes, dont il tourne en ridicule les fentimens.
Après avoir fait toutes ces incurfions, il revient à
demander s’il efl bien facile a l’homme de connoître
clairement ce qui convient ou ce qui ne convient
pas à une nature infinie; agit-elle néceffairement ou
avec une fouveraine liberté d’indifférence ? connoît-
elle ? aime-t-elle ? hait-elle par un afte pur, fimple,
le préfent, le paffé & l’avenir, le bien 8 c le mal,
un même homme fucceffiveinent jufte 8 c pécheur?
eft-elle infiniment bonne ? elle le doit être ; mais
d’où vient donc le mal ? eft-elle immuable, quehan^
ge-t-clle fes réfolutions fléchie par nos prières ? eft-
elle étendue, ou un point indivifible? fi elle n’eft
point etendue, d’où vient donc l’étendue? fi elle
l’eft, comment eft-elle donc immenfe? FoyefYarti-,
cle Simonide, dans le dictionnaire dont il s’agit.
, Parmi les Chrétiens même, ajoûte-til, combien
fe forment des notions baffes 8 c groffieres de la Divinité
? Le fujet en queftion n’eft donc pas fi aifé ,
qu’il ne faille qu’ouvrir les yeux pour le connoître.
De très-grands philofophes ont contemplé toute
leur vie le ciel 8c les aftres, fans ceffer de croire que
le Dieu qu’ils reconnoiffoient n’avoit point créé le
monde, 8c ne le gouvernoit point.
Il eft aifé de voir que tout cela ne prouve rien.'
Il y a une grande différence entre connoître qu’il y
a un Dieu, 8c entre connoître fa nature. J’avoue
que cette derniere connoiffance eft inacceffible à nos
foiblcs lumières ; mais je ne vois pas qu’on puiffe
toucher à l’autre. Il eft vrai que l’éternité d’un premier
être, qui eft l’infinité par rapport à la durée ,
; ne fe peut comprendre dans tout ce qu’elle eft ; mais
tous peuvent & doivent comprendre qu’il a exifté
quelqu’être dans l’éternité ; autrement un être au-
roit commencé fans avoir de principe d’exiftence,
ni dans lui ni hors de lui , & ce feroit un premier
effet fans caufe. C ’eft donc la nature de l’homme
d’être forcé par fa raifon d’admettre l’exiftence de
quelque chofe qu’il ne comprend pas : il comprend
bien la néceffité de cette exiftence éternelle; mais il
ne comprend pas la nature de cet être exiftant néceffairement
, ni la nature de fon éternité ; il comprend
qu’elle eft, 8c non pas quelle elle eft.
Je dis donc 8c je foûtiens que l’exiftence de Dieu
eft une vérité que la nature a mife dansi l’efprit de
tous les hommes, qui ne fe font point étudiés à en
démentir les fentimens. On peut bien dire ici que la
voix du peuple ejl la voix de Dieu.
M. Bayle a attaqué de toutes fes forces ce con-
fentement unanime des nations, 8c a voulu prouver
qu’il rt’étoit point une preuve démonftrative de l’exiftence
de Dieu. Il réduit la queftion à ces trois
principes: le premier, qu’il y a dans l’ame de tous
les hommes une idée de la divinité: le fécond, que
c’eft une idée préconnue, anticipée, & communi- .
quée par la nature, 8c non pas par l’éducation : le
troifieme, que le confentement de toutes les nations
eft un caractère infaillible de la vérité. De ces trois
principes il n’y a que le dernier qui fe rapporte aux
queftions de droit ; les deux autres font une matière
de fait : car puifque l’on prouve le fécond par le
premier ?
D I E
premier, il efl: vifible que pour être Cûr que l’idée de
l ’Être divin eft innée , & ne vient pas de l’éducation
, mais de la nature, il faut chercher dans l’hi-
ftoire fi tous les hommes font imbus de l’opinion
qu’il y a un Dieu. Or ce font ces trois principes que
M. Bayle combat vivement dans fes penfées diver-
fesfurla comete, Voici un précis de fes raifonnemens.
f - Le confentement de tous les peuples à recon-
noitre un D uu , eft un fait qu’il eft impoflible d’éclaircir.
Montrez-moi une mappemonde; voyez-y
combien il relie encore de pays à découvrir, & combien
font vaftes les terres auftrales qui ne fonf marquées
que comme inconnues. Pendant que j’ignorerai
ce que l’on penfe en ces lieux-là, je ne pourrai
point être fur que tous les peuples de la terre ayent
donné le confentement dont vous parlez. Si je vous
accorde par grâce qu’il doit vous fuffire de favoir
1 opinipn des peuples du monde connu , vous ferez
encore hors d état de me donner une entière certitude
: car que me répondrez-vous, fi je vôus objeàe
les peuples athées dont Strabon parle, & ceux que
les voyageurs modernes ont découverts en Afrique
& en Amérique ? n
Voici pn nouveau champ de recherches très-pé-
nibles & inepuifables. Il refteroit encore à examiner
ft quelqu’un a nié cette exiftence. II fe faudroit informer
du nombre de ces athées ; fi c’étoient des gens
defprit, & qui fe piquaffent de méditation. On fait
que la Grece fertile en efprits forts, 8c comme dit
un de nos plus beaux efprits, berceau des arts & des
erreurs, a produit des athées, qu’elle en a même puni
quelques-uns ; ce qui a fait dire que bien d’autres
euffent déclaré leur irréligion, s’ils euflent pu s’af-
fûrer de l’impunité.
20. Il eft extrêmement difficile, pour ne pas dire
impoffible, de difeerner ce qui vient de la nature
d’avec ce qui vient de l’éducation. Voudriez-vous
bien répondre, après y avoir bien penfé, qu’on découvriront
des veltiges de religion dans des enfans à
qui l’on n’auroit jamais dit qu’il y a un Dieu? C ’eft ordinairement
par-là qu’on commence à les inftruire,
dès qu’ils font capables de former quelques fons 8c
de bégayer. Cette coûtume eft très-louable ; mais
elle empeche qu on ne vérifie fi d’eux-mêmes, 8c
par les feules impreffions de la nature, ils fe porte-
roient, à reconnoître un Dieu.
30. Le confentement des nations n’eft point une
marque cara&eriftique de la vérité: i° . parce qu’il
n eft point fûr que les impreffions de la nature portent
ce caraftere de la vérité ; 20. parce que le poly-
îhéifine fe trouveroit par-là autorifé. Rien ne nous
difpenfe donc d’examiner fi ce à quoi la nature de
tous les hommes donne fon confentement, eft néceffairement
vrai.
En effet fi le confentement des nations étoit de quelque
force, il prouveroit plus pour l’exiftence de plu-
iieurs fauffes divinités, que pour celle du vrai Dieu.
Il eft clair que les Payens confidéroient la nature divine
comme une efpece qui a fous foi un grand nombre
d’individus, dont les uns étoient mâles 8c les autres
femelles, 8c que les peuples étoient imbus de
cette opinion ridicule. S’il falloit donc reconnoître
le confentement general des nations pour une preuve
de vérité, il faudroit rejetter l’unité de Dieu, &
embraffer le polythéifme.
Pour répondre à la première objeâion de M. Bayle
(voye^ l ’article Ath éisme) , on y prouve qu’il n’y
a jamais eu de nations athées.Les hommes, dès qu’ils
font hommes, c’eft-à-dire capables de fociété & de
raifonnement, reconnoiffent un Dieu. Quand même
j’accorderois ce que je ne crois pas vrai, que
1 atheifme fe feroit gliffé parmi quelques peuples
barbares 8c féroces, cela ne tireroit point à confé-
quence ; leur athéifme auroit été tout au plus néga-
T om c ir ,
D I E 977 tif ; ils n’auraient ignoré Dieu , que parce qu’ils n’aü*
roient pas exercé leur raifon. Il faut donc les mettre
au rang des enfans qui vivent fans réflexion, & qui
ne paroiflent capables que des a crions animales ; &
comme I on ne doit point conclure qu’il n’eft pas
naturel à 1 homme de (é garantir des injures de l’air,
parce qu il y a des fauvages qui ne s’en mettent
point en peine, on ne doit pas inférer auffi que parce
qutl y a des gens ftupides & abrutis, qui ne tirent
aucune confequence de ce qu’ils vo yen t, il
n eft pas naturel à l’homme de connoître la fageffe
d un Duu qui agit dans l’univers.
On peut renverfer avec une égale facilité la fécondé
objcêhon de M. Bayle, Il n’eft pas fi mal-aifé
qu il le fuppofe, de difeerner fi l’idée que nous avons
de Duu vient feulement de l’éducation & non pas de
la nature. Voici les marques à quoi l’on peut le re-
connoitre. Les principes de l’éducation varient fans
celle ; la fucceffion des tems, la révolution des affaires,
les divers intérêts des peuples, le mélange
des nations, les différentes inclinations des hommes,
changent l’éducation, donnent cours à d’autres ma-
ximes, & établirent d’autres réglés d’honneur 8c de
bienféance. Mais la nature eft femblable dans tous
les hommes qui font & qui ont été: ils Tentent le
plaifir, ils défirent l’eftime, ils s’aiment eux-mêmes
aujourd hui comme autrefois. Si donc nous trouvons
que ce lentiment qu’il y a un Dieu s’eft confervé parmi
tous les changemens de la fociété , qu’en pouvons
nous conclure, finon que ce fentiment ne vient
pas de la fimple éducation, mais qu’il eft fondé fur
quelque liaifon naturelle qui eft entre cette première
vémé & notre entendement? Donc ce principe qu’il
y a un Duu eft une impreffion de la nature.
D ou je conclus que ce n’eft point l’ouvrage delà
politique, toujours changeante & mobile au gré des
differentes pallions des hommes. 11 n’eft point vrai ■
quoi qu’en dife M. Bayle,que le magiftratlégiflateur
loit le premier inftituteur de la religion. Pour s’en
convaincre il ne faut que jetter les yeux fur l’antiquité
greque & romaine , & même barbare • on y
verra que jamais aucun légiflateur n’a entrepris de
poheer une nation, quelque barbare ou féroce qu’elle
fut, qu il n y ait trouvé une religion : au con-
traire Ion voit que tous les légiflateurs, depuis celui
des Thrqces jufqu’à ceux des Amériquains s’a-
drefferent aux hordes fauvages qui compofoicnt ces
nations , comme leur parlant.de la part des dieux
qu elles adoroient.
N?u? ,v.oi“ enfin à 1“ troifieme objeflion. qui
paroit à M. Bayle la plus forte & la plus folide des
trois. La première raifon qu’il apporte pour ôter au
contentement général des nations todt fon poids en
fan de preuve, eft des plus fubtiles. Son awument
a H H “ Cet entl1y meme. Le fond de notre ame eft
g . , corrompu: donc un ièutimem que nous inf-
pire la nature, doit pour le moins nous paraître fuf-
peft. Je n aurais jamais crû que nous dûflions nous
prémunir contre l’illufion, quand il eft queftion de
croire qu il y a un Dieu. Diftinguons en nous deux
ientimens, dont l’un nous trompe toujours & l’autre
ne nous trompe jamais. L’un eft le fentiment de
1 homme qui penfe & qui fuit la raifon , & l’autre
eft le fentiment de l’homme de cupidité & de paf-
fions : celui-ci trompe la raifon, parce qu'il précédé
toutes les reflexions de l’efprit ; mais /’autre ne la
trompe jamais puifque c’eft des plus pures lumières
de la raifon qu il tire fa naiffance. Cela pofé . venons
A1 argument du polythéifme qui auroit été au
toriféfî le confentement des nations étoit toujours'
marque au fceau de la vérité. Je n’en éluderai point
la force en difant que le polythéifme n’a jamais été
umverfel que le peuple juif n’en a point été infeqc
t e , que tous les Philofophes étoient perfuadés de
H H H h h h