roefophage, l’eftomac & toute la fuite des boyaux ;
ainfi la mucofité peut être portée des narines dans
les inteftins. Le i'ang même avalé pendant le fom-
meil, peut de ces cavités füpérièUres être rertdu par
les Telles, & en impofer pour un flux de fang. La
mucofité furabondante dans lé c'oryfa > ou catarrhe
de la membrane pituitaire ( voyc%_ Co r y s a ),* la
matière des crachats dans le catarrhe des poumons,
peuvent aufli, étant avalées, parcourir le canal inteftinal,
& fortir par l’anus. '
La communication du foie avec les boyaux, eft
doublement établie par le canal hépatique & cyfti-
q uc, celle du pancréas par le pancréatique. Les in-
jeôions anatomiques' ont démontré aufli qUe la
veine-porte & les arteres méfentériques ont des rameaux
par lefquels ils communiquent avec la cavité
ihteftinale, & que les humeurs peuvent être portées
par cette voie em très-grande abondance, parce
qu’ils font très-nombreux, & que leurs orifices dans
les boyaux font tellemëilt fülceptibles de fe laiffer
dilater, qu’ils tranfmettent même de la cire, comme
l?a obfervé Ruyfch, & comme M. Wanfwieten dit
l’avoir vu lui-même, fans qu’il fût fait aucune violence
à leurs tuniques. Si le cours des humeurs n’eft
pas libre dans la veine-porte ou dans les arteres
méfentériques , elles peuvent refluer par ces rameaux
, & par un mouvement rétrograde fe porter
dans la cavité des boyaux en aflez grande quantité
pour donner lieu à une diarrhée lymphatique.
Si ces vaifleaux & tous autres colatoires des in-
teftins font relâchés par quelque caufe que ce foit,
de maniéré à diminuer conlidérablement la refiftance
qu’ils doivent offrir à recevoir une plus grande quantité
de fluides que dans l’état naturel, ou que l’effort
des humeurs le porte vers ces conduits, enforte
qu’il fe faffe une dérivation des autres parties vers
celle-là; il s’enfuit qu’il y en fera porté de toutes
les parties du corps, même des plus éloignées, félon
qu’il a été dit en parlant du diabètes, voye{ D iab
è t e s , & qu’il fera expliqué à l’article Flu xion.
G’eft ainfi que l’ufage des purgatifs trop répétés,
peut épuifer entièrement le corps, tout comme les
diarrhées trop long-tems continuées, parce que l’effet
des purgatifs peut être regardé comme une diarrhée
artificielle ; ainfi il doit y avoir de l’analogie
entre les fuites de l’une & celles de l’autre. On voit
quelquefois dans le choiera morbus, qu’il fe fait une
fi grande évacuation d’humeurs en très-peu de tems,
que lés malades en font prefqu’épuifés ; ils font fi
pâles, fi changés, fi abattus par le vomiffement &
les déjeâiOns , qu’ils font meconnoiffables ; tellement
que les humeurs difloutes comme par l'effet
d’un poifon, fe portent avec facilité de toutes les
parties du corps vers les cavités des premières
voies. ^ T
III. Après avoir expofé fommairement quelle eft
la nature & la diverfité de la matière de la diarrhée,
& quelles font les parties d’où elles peuvent fe porter
dans le canal inteftinal , l’ordre indiqué conduit
à examiner quelles font les caufes de cette maladie
: on peut^es diftinguer en trois clafles générales,
qui comprennent chacune de grandes variétés.
La première a lieu lorfque les humeurs font déterminées
à fe porter vers la cavité des entrailles en
plus grande abondance que dans l’état naturel, Sc
qu’elles ne font pas pompées par les pores des intef-
tins , dont l’aâion n’efl: pas aflez forte pour les appliquer
aux vaifleaux abforbans , de maniéré à les
Îr faire pénétrer. Alors les matières contenues dans
e canal inteftinal, fe portent par la continuation du
mouvement périftaltique fubfiftant, quoiqu’affoibli,
& par la preflion des organes de la relpiration, vers
l’endroit où il y a le moins de réfiftance, c’eft-à-.
dire vers l’extrémité de ce canal, pour être évacuées
hors du corps : dans ce cas les liquides pris
par la bouche , les différens fucs digeftifs, s’écoulent
par l’anus ; & les alimens même qui n’ont
pas éprouvé l’aûion des puiffances digeftives, for-
tent aufli par la même voie prefque fans changement
, & quelquefois fans que les malades s’en ap-
perçoivent ; ce qui eft un très-mauvais ligne, félon
Hippocrate dans fes Coaques. Telle eft l’efpece de
diarrhée qu?on appelle lienterie.
| Si l’aftion des inteftins n’eft pas fi fort diminuée
& fi l’évacuation de toutes ces matières ne fe fait
qu’en partie, alors les alimens font plus retenus ,
moins imparfaitement digérés : il en eft fourni une
partie au fang par la voie des veines la&ées ; mais
moins cette partie eft confidérable refpeélivement à
la quantité, moins il fe fait de réforbtion des lues
digeftifs ; plus il fe porte de ces matières vers l’extrémité
des inteftins, plus les déjeélions font fréquentes
: ainfi, pour parler le langage des anciens %
moins il y a de force retentrice dans les inteftins ,
plus la diarrhée eft confidérable.
La fécondé claffe générale des caufes de la diar*
rhée, comprend tous les cas dans lefquels le mou-
Vemeht périftâtique des inteftins eft tellement augmenté
, que les matières contenues font portées
avec trop de rapidité pour pouvoir être appliquées
à l’orifice des vaifleaux abforbans, de maniéré à y
pénétrer : elles font par cofiféquent déterminées vers
l’extrémité du canal, & y fourniffent la matière des
fréquentes déjéôions qui conftituent la diarrhée. Si
les alimens même ne s’arrêtent pas aflez dans les
boyaux pour y être digérés, ils* font également évacués
par la même caufe, fans être changés ; d’où
une lienterie d’une autre efpeee', eu égard à la caufe,
que celle dont il a été fait mention ci - deffus. Mais
fi le mouvement n’eft pas fi prompt, & qu’ils-foient
aflez retenus pour être digérés en partie, il en réfulte
une diarrhée fimple. L’effet des purgatifs donne une
idée jufte des diarrhées qui proviennent de cette caufe
; car on ne peut douter qu’ils n’agifient en irritant,
& qu’ils ne déterminent une plus grande évacuation
en augmentant l’a&ion des inteftins : quoiqu’elle
ne fuffife pas pour l’excrétion des matières fécales ,
lorfqu’elles font dures, réfiftantes, elle eft fuffilante
lorfque les matières font liquides, & qu’elles peuvent
céder aifément. ‘Weptèr l’a prouvé par une
très-belle expérience fur un chat, à qui il avoit donné
un fcrupule de verre d’antimoine dans du lait. L’animal
ayant le ventre ouvert, & les boyaux à nud &
pendans, ne iaiffa pas de rendre des excrémens de
qualité naturelle. Les grouillemens d’entrailles, les
petites tranchées que l’on éprouve pendant l’a&ion
des purgatifs, & par l’effet des diairhées fpontanées,
prouvent bien aufli l’augmentation du mouvement
inteftinal caulé par l’irritation.
La troifieme claffe des caufes générales de la diar*
rhée, renferme tout ce qui peut empêcher le paffage
dans les vaifleaux abforbans, des liquides contenus
dans les inteftins, ce qui y laide la matière des fréquentes
déjeftions ; car, comme il a déjà été dit,'
celle des fucs muqueux, falivaires, gaftriques, hépatiques,
inteftinaux, eft très-confidérable ; elle eft:
prefque toute abforbée dans l’état de fiinté, les parties
groflieres des alimens reftent prefqu’à fec ; au
lieu que toutes ces humeurs , en reliant dans les
boyaux, y croupiffent, s’y pourriffent, y deviennent
âcres, excitent & augmentent le mouvement
des boyaux, qui tend à les expulfer & les évacuer
en effet, fans quoi elles cauferoient de grands defor-
dres dans toute l’oeconomie animale ; ou fi elles ne
font pas fülceptibles de contraéler cette acrimonie
irritante, elles fe ramaffent en jfl grande quantité ,
que leur propre poids tiraille les fibres des inteftins
& en excite les contractions plus fortement, d’où
téfulte toûjours l’évacuation.
La mucofité trop abondante, les croûtes des
aphthes peuvent couvrir les orifices des veines abfor-
bantes, de maniéré que rien ne peut pénétrer dans
ces vaifleaux : les cicatrices qui fe font à la furface.
des boyaux à la fuite des excoriations dans la dyffen-
terie, peuvent produire le même effet. |
Ces trois clafles générales des caufes de lu diarrhée
, renferment un très-grand nombre de différentes
caufes qui s’y rapportent : par exemple, la tranf-
piration inlfcnfible arretée par le froid de la nuit,
dans un homme qui s’y expofe au fortir d’un lit bien
chaud, détermine une plus grande quantité d’humeurs
vers les inteftins, qui fournit bien-tôt matière
à une diarrhée. La bile trop acre ou corrompue
dans les maladies aiguës, l’acrimonie acide dans les
enfans ou dans les adultes d’une conftitution foible,
donne fbiivent lieu à la diarrhée par l’irritation cau-r
fée aux- inteftins : l’inflammation des inteftins, les
convulfions qui refferrent les orifices des vaifleaux
abforbans , produifent fou vent le même effet : les
grandes agitations du corps ôc de l’efprit, la eolere
lur-tout, la douleur, comme dans la dentition difficile
, la trop grande quantité d’àlimens qui ne peuvent
pas être digérés, ou dont le chyle eft trop abondant
pour être tout reçû dans les veines-laélées, ce
qui eft la même chofe que fi l’orifice en étoit bouché
en partie, font aufli fouvent des caufes de diarrhée ;
de même que l’üfage immodéré de la viande , les
fruits verds & cruds, le.moût & le vin nouveau, le
cidre, l’eau de riviere pour ceux qui n’y font pas
accoutumés, l’ufage trop continué des eaux minérales,
celui des alimens acres, les liqueurs ardentes, les
purgatifs trop aélifs , les poifons, les exercices immodérés
qui tendent à diffoudre les humeurs, à leur
donner de l’acrimpnie, par la même raifon la fievre
ardente, &c. ainfi d’une infinité d’autres caufes qui
ont du rapport à quelqu’une de celles dont il vient
d’être fait mention.
On peut conclure de tout ce qui vient d’être dit,
que toutes les humeurs du corps, tant faines que
morbifiques, les alimens,les remedes, les poifons,
peuvent être la matière de la diarrhée, peuvent être
portés dans les boyaux par toutes fortes de voies,
& peuvent caufer aes diarrhées d’une infinité d’efpe-
ces différentes, & entièrement ©ppofées
La diarrhée admet aufli bien des différences par
rapport à fes effets : car elle peut être falutaire, fi
elle fert à évacuer des humeurs furabondantes, quoique
de bonne nature, ou des humeurs viciées, quand
les forces du malade n’en fouffrent aucune diminution
: e’eft le contraire s’il fe fait une déperdition de
bonnes humeurs, ou fi les forces du malade ne com- j
orteat pas une grande évacuation. Ainfi on doit
eaucoup avoir égard au tempérament du malade,
au eara&ere, & aux différens tems de fa maladie.
Hippocrate, aphor.ij. fecl. /. donne une maxime
de pratique très-propre à diriger le médecin dans
le jugement qu’il a a porter touchant l’évenement
d’une diarrhée. « Dans le réglement du ventre, dit—
» il, & dans les vomiffemens qui furviennent d’eux-
►> mêmes, fi les matières qui doivent être évacuées
» pour le bien du malade le font, il en eft foulagé,
» & il fupporte fans peine l’évacuation, linon le
» contraire arrive ».
Quelquefois la matière de la diarrhée eft d’une fi
grande malignité, & fe porte en fi grande quantité
dans les boyaux, que tous les fecours de l’art deviennent
inutiles. C’eft fur ce fondement que le pe-
re de la Medecine a dit, « que dans tous les com-
» mencemens de maladie, s’il furvient par le haut
»,ou par le bas une grande évacuation de bile noi-
» re, de matière atrabilaire, c’eft un figne de mort.
» Aphor, xxij.fecl. 4. » Et dans les prénotions il dit
dans les coaques, « que le cours de ventre copieux
» dans une fievre ardente eft mortel ».
La diarrhée colliquative eft aufli prefqu’inçurable ;
tous les cours de ventre qui durent long-tems, &
dans lefquels les déjeélions font abondantes, caufent
à la fuite l’exténuation dù corps par la grande perte
qui ferait des fluides. Ils ne doivent cependant pas
tous etre appellés. colliquatifs, quoique cet effet ait
lieu; on doit entendre par diarrhées colliquaùves,
celles .dans lefquelles après de longues maladies, ôc
fur-tout après des fuppurations de vifeeres ou une
hydropifie invétérée, les humeurs difloutes fe portent
abondamment, & fe précipitent, pour ainfi
dire, dans les entrailles. Telle eft la diarrhée, qui
dans la phthyfie confommée met fin à la maladie &
à la v ie , comme le dit Hippocrate, aphor. xij. xjv.
feçl. 5. telle eft celle qui arrive aux hydropiques, lorfi
que les eaux fe corrompent & pourriffent les vifeeres
qui y font plongés ; les miférables fe croyent
mieux, quand ils font plus près de leur fin.
La diarrhée aqueufe n’eft falutaire dans l’hydropi-
fie, que quand elle eft commençante.
La diarrkée,telle qu’elle puiffe être, dans quelque
maladie que ce foit, fi elle continue trop, ne peut
qu’être nuifibie : Hippocrate ne veut pas qu’on la laifi
îe fubfifter au-delà des fept jour»,fans y remédier par
le régime & de la maniéré convenable ; car fi on la
négligé, elle difpofe de plus en plus les vifeeres abdominaux
à en fournir la matière ; étant toûjours
plus abreuvés d’humeurs qu’à l’ordinaire, ils fe'rer
lâchent, ils réfiftent toûjours moins à leurs efforts :
elle détniit peu-à-peu la mucofité des boyaux, ceux-
ci s’excorient, d’où la dyffenterie : tous les autres
vifeeres s’épuifent, fe deffechent; d’où fuivent la foi-
bleffe, la maigreur, l’atrophie, par la perte du chyle
, du fiiç nourricier même qui fuit le torrent : les
déperditions de fubftance, effet naturel de la vie
faine, n’étant pas réparées, les fibres fe relâchent
dans toutes les parties du corps : aufli le trop grand
embonpoint peut-il être corrigé par les purgations
du ventre ; les parties les plus fluides des humeurs
fe perdent continuellement, il ne refte plus que les
plus groflieres qui s’épaifliffent, & ne font plus propres
qu’à caufer des obftru£lions,des inflammations ;
les humeurs arrêtées fe pourriffent dans toutes les
parties du corps , d’où la îbif qui excite à boire beaucoup
, ce qui fournit dequoi achever le relâchement
des fibres ; d’où la leucophlegmatie, les différentes
hydropifies, la confomption, le marafme, & la
mort.
Après avoir parcouru ce qui regarde la matière
l’origine, les caufes, les effets de la diarrhée, il relie
à dire quelque chofe de la curation de cette maladie ;
& d’abord il faut examiner s’il convient de l’arrêter
ou non : car comme il a été dit, elle fert fouvent à
décharger le corps d’humeurs nuifibles ; ce que l’on
eonnoît aux lignes ci-deffus mentionnés. Il arrive
fouvent que les malades dont on arrête mal-à-propos
le cours de ventre, deviennent phrénétiques ou léthargiques
, ou bien qu’il leur furvient des maux de
tête violens, des parotides très-funeftes, &c.
Mais dans les cas où il eft bien décidé qu’il faut
travailler au traitement de la diarrhée, il faut avoir
égard à la caufe qui la produit, qui peut être de bien
différente nature, comme il a été fuffifamment établi
; & attendu cju’on a réduit les diverfes caufes à
trois clafles générales, on propofera ‘trois fortes de
curations qui leur conviennent ; car il ne peut y
avoir de méthode générale pour toutes fortes de
diarrhées.
Ainfi dans celle qui provient d’une trop grande
abondance d’humeurs qui fe portent dans les en-
trailles & qui n’y font pas abforbées, enforte qu’el*