ancêtres ont acquis des princes de la maifon d’Autriche
, comme rois de Bohème. La ville de Drefde
fituée fur l’Elbe, eft le lieu de fa réfidence ordinaire.
La branche cadette de la maifon Palatine ou de
Bavière , nommée communément dans l’Empire
Guillelmine, ne poffede l’éle&orat que depuis l’an
1613 , après que Frédéric électeur Palatin, eut accepté
en 1619 la couronne de Bohème. Cette maifon
eft inconteftablement Tune des plus anciennes
de l’Empire. Et feu M. l’abbé du Bos, dans le mani-
fefte qu’il fit paroître au commencement de la guerre
d’Efpagne, en faveur & fous lé nom de Maximilien
Emanuel, va jufqu’à dire : « qu’on trouveront
» dans l’hiftoire que la maifon de Bavière étoit dé-
» jà une des plus illuftres d’Allemagne, quand celle
» d’Habsbourg n’étoitpas encore fort célébré ». Cette
illuftre mailon, branche de la Palatine, étoit très-
connue vers le milieu de l’onzieme fiecle, lorfqu’O-
thon, comte de Schyren & de Vitteffpach, fut fait
comte Palatin de Bavière. Le bas Palatinat lui vint
enfuite. Il ne faut pas croire cependant qu’Othon
de Schyren ne remonte point à des tems beaucoup
plus éloignés. Les hiftoriens de Bavière ont
développé toute la dignité & l’illuftr.ation de cette
maifon par la généalogie qu’ils en ont publiée : l’on
y voit qu’elle a produit des rois, auffi bien que des
empereurs ; & c’eft de Louis de Bavière, élevé à
la dignité impériale en 1314 , & mort en 1347,
que defeend la branche des ducs de Bavière. Quoiqu’elle
ne poffede la dignité éleâorale que depuis
1613 , cette dignité lui fut confirmée avec le haut-
Palatinat, au traité de "Weftphalie en 1648 : cependant
elle étoit ou devoit être éle&orale long - tems
auparavant, cette illuftre dignité appartenant alternativement
à la branche Rodolphine, qui eft l’aînée
, & à la Guillelmine quLeft la fécondé : telle étoit
la convention faite à P a vie entre l’empereur Louis
de Bavière, & Adolphe fils de Rodolphe & frere de
Louis. Mais Charles IV. ennemi déclaré de Lmûs de
Bavière, dont ibfut quelques années le compétiteur
avant que d’en être le fucceffeur, priva par la bulle
d’or la branche de Bavière de l’éleôorat, pour l’attribuer
à la feule branche Palatine ; & par-là il ôta
l’alternative. Le traité de Weftphalie n’a pas laiffé
de confirmer la maifon de Bavière dans l’éleâorat :
quoiqu’on y rendît cette dignité à la maifon Palatin
e , il y a cependant une difficulté qui n’eft pas encore
entièrement terminée. Pendant la vacance du
liège impérial , l ’éleâeur Palatin étoit vicaire de
l’Empire dans les principautés qui fuivent le droit
de Soiiabe & de Franconie ; celui de Bavière comme
fubrogé aux droits du Palatin , prétendit auffi
être vicaire de l’Empire : mais il y a eu de nos jours
quelque forte de convention entre les deux électeurs,
en attendant une réfolution définitive.
Ces deux branches ont produit de grands hommes
, foit dans plufieurs rois de Suede, foit en quelques
éle&eurs de la branche Rodolphine, qui a été
revêtue de l’éleâorat Palatin ; foit dans la branche
Guillelmine, qui a donné le célébré Louis de Bavière
, qui a foûtenu avec tant de courage la dignité impériale
contre tous fés ennemis. Et de nos jours nous
avons eu ce prince li refpeétable, Maximilien Emanuel
, qui s’eft diftingué par fon inviolable fidélité
pour la France. L’empereur Léopold dont il étoit
gendre, le regrettoit, & ne pouvoit oublier qu’il
avoit facrifié dans les guerres de Hongrie plus de
trente millions de florins de l’Empire, que l’éleéteur
Ferdinand Marie fon pere avoit amaffés dans les
neutralités qu’il fut conferver dans toutes les guerres
de fon tems. Léopold pour le détacher des intérêts
de Louis XIV. & de Philippe V. lui offrit le royaume
des deux Siciles (c’eft ce que j’appris étant à fa cour);
mais ce fut inutilement, Maximilien ne connoiffoit
qu’un parti, c’étoit celui de l’honneur ; il n’étoit point
capable de manquer ainfi à des engagemens pris avec
autant de réflexions. A peine Léopold fut mort,
que l’empereur Jofeph fon plus cruel ennemi, le
mit au ban de l’Empire dans le confeil aulique, contre
toutes les lois impériales. Les Etats - Généraux
de Hollande, toujours remplis d’équité & d’eftime
pour un fi grand prince, le firent affûrer que jamais
la paix ne fe feroit qu’il ne fût entièrement rétabli ;
& je fus chargé de lui en porter la parole. Ce qui fut
effectué en 1714.
Malgré l’ancienneté & l’illuftration de la maifon
de Brandebourg, qui date dès le jx. fiecle, elle n’eft
parvenue au point de grandeur où nous la voyons
aujourd’hui, que par degré & peu à peu. Outre la
dignité éleâorale qui eft entrée dans cette maifon
en 14 17 , avec la Marche, c’eft-à-dire avec le mar-
quifat de Brandebourg, elle poffede de plus grands
domaines qu’aucun autre prince de l’Empire ; fa-
vo ir la Pruffe , érigée en royaume l’année 1701 ;
le duché de Cleves ; les principautés de Magde-
bourg, d’Alberftad, & de Minden, avec les comtés
de Ravenfperg & de la Marck ; & en dernier lieu le
comté d’Embden, & le duché de Siléfie, à l’exception
de quelques petits cantons.
La juftice eft rendue dans fes états, fuivant les
diverfes coûtumes de chaque province, & les appellations
en font relevées au confeil fouverain de
l’éleéfeur, dont on ne fauroit appeller ni au confeil
aulique, ni à la chambre impériale. La fituation des
divers états de ce prince, en rend les provinces fi
éloignées les unes des autres, qu’il eft obligé à d’ex-
trèmes ménagemens dans les alliances & les traités
qu’il fait avec les différentes puiffances. L’éleôeur
eft de la religion P. R. cependant il y a dans fes états
beaucoup de Catholiques , qui y font protégés plus
que dans les autres états proteftans, & les luthériens
y font tolérés par ce prince. Outre les diverfes
branches de la maifon électorale de Brandebourg ,
qui font celles de Bareith & d’Anfpach, cet électeur
a encore trois freres, dont l’aîné a plufieurs princes.
Berlin, qui eft rempli d’un grand nombre de réfugiés
François, eft le féjour ordinaire de l’éleCteur.'
La maifon électorale Palatine, malgré fon réta-
bliffement en 1648, n’a pas laiffé de perdre fon rang^
& de n’être plus aujourd’hui que dans le huitième.
Nous avons marqué ci-deffus fa parenté avec la maifon
électorale de Bavière. Ce que nous pouvons dire
aujourd’hui, eft que cet électeur eft catholique ,
mais prefque tout fon éleCtorat fuit la religion P. R .
comme il eft des princes de Sultzbach, il vient d’un
rameau de la maifon Palatine aînée de celle de Bavière.
On fait qu’après Venceflas qui fut dépofé
Robert comte Palatin fut mis furie throne impérial,
l’an 1400; & que la branche de Deux-Ponts, cadette
de celle de Sultzbach, a donné trois rois & une
reine à la Suede. Son pays eft le bas-Palatinat.
Nous avons déjà marqué les difficultés qu’a effuyé le
duc d’Hannovre, pour devenir tranquille poffeffeur
de la dignité électorale, qui lui étoit juftement due ,
fi l’on a égard à l’ancienneté & à l’illuftration de cette
maifon. Si l’empereur Léopold a témoigné fa recon-
noiffance aux ducs d’Hannovre en les établiffant électeurs
, on peut dire auffi qu’ils ufent d’un fage retour
à l’égard de la maifon d’Autriche, dont ils foutien-
nent & défendent les prétentions comme les leurs
propres ; ce qu’on ne fauroit affez eftimer dans des
princes.
Cette maifon, qui fe retira d’Italie en Allemagne
dans le x. fiecle, vient de l’ancienne maifon d’Eft ;
elle ne tarda guere à fe diftinguer dans l’Empire, où
elle a poffédé le duché de Saxe, &c même le throne
impérial, l ’an 1208, dans la perfonne d’Othon IV .
ôc la branche de Brunfwick-Haimovre, qui eft la cadette,
a fait une plus éclatante fortune que la branche
aînée, qui eft celle de BrunlVick-Wolfembiitel,
laquelle cependant eft à la tête des princes de l’Empire.
Depuis 1714, Georges I.» deuxieme électeur
d’Hannovre, eft monté fur le throne d’Angleterre;
& l’an 172.7, Georges II. fon fils lui a fuccéué ; &c les'
états ont été extrêmement augmentés par l’achat de
plufieurs principautés, que Georges I. a eu foin d’acquérir
du roi de Danemark, qui les avoit conquifes
lur le roi Charles XII. Ainfi on le peiit regarder aujourd’hui
comme un des plus puiffans princes de
l’Empire.
Outre la dignité électorale, & les divers états pof-
fédés par ces princes, ils ont encore des titres, c’eft-
à-dire des charges héréditaires, qu’on nomme aujourd’hui
charges de L'Empire ; mais anciennement
elles étoient, fur-tout celles des électeurs féculiers,
attachées aux anciens empereurs comme domefti-
ques, dont ils font les fondions au feftin du couronnement
de l’empereur. Et pour peu qu’on ait lu nos
liiftoires, on fait que la qualité de domeftiques des
anciens empereurs étoit un titre très-honOrable, &c
ne s’accordoit qu’aux plus grands feigneurs. C ’eft ce
qui leur procuroit les grands goüvernemens .qu’ils
ont eus, tant en France qu’èn Allemagne, & qu’ils fé
font enfin attribués à eux & à leur poftérité.
Les trois éledeurs eccléliaftiques font archi-chan-
celiers de l’Empire ; favoir, celui de Mayence en Allemagne;
celui de Trevès dans les Gaules, c’eft-à^
dire dans le royaume d’Arles, ce qui comprend feulement
cette partie de la Gaulé qui étoit du royaume
de Bourgogne, & qui fut jointe à l’Allemagne
dans l’onzieme fiecle. Enfin, l ’éledeur de Cologne
eft archi-chancelier pour l’Italie. Le premier de ces
trois a confervé les fondions de cette charge, mais
les deux autres n’en ont que lé titre, titre même qui
eft fans aucun exercice.
Le roi de Bohème eft archi-échanfon, & dans les
cérémonies il donne à boire- à l’empereur la première
fois. L’éledeur de Bavière eft archi-maître-d’hô-
t e l, & dans les fondions publiques il porte la pomme
impériale, comme au feftin de l’éledion il fert
le premier plat fur la table du nouvel empereur;
Saxe, comme archi-maréchal, porte l’épée nue devant
l’empereur.
Celui de Brandebourg, comme archi-chambel-
land, préfente de l’eau à l’empereur, & porte le
feeptre impérial dans les cérémonies. Le comté Palatin
du Rhin en qualité d’archi-thrélorier jette des
pièces d’or & d’argent au peuple, quand on conduit
l’empereur après fon couronnement; & le duc
d’Hannovre eft archi-porte-enfeigne. On voit que
tous ces offices, à l’exception des trois premiers &
du dernier , tiennent quelque chofe de l’ancienne do-
mefticité des feigneurs qui étoient auprès des empereurs
de la race de Charlemagne , & des premiers
d’entre les Allemans. C’eft pour cela qu’aux repas
de cérémonies ces officiers ne mangent point avec
l’empereur, mais fur des tables rangées des deux '
côtés de la falle du feftin, & qui font d’un degré
moins élevées que celles où mange lè chef de l’Empire.
Mais la dignité de ces grands officiers étant
augmentée avec le tems, on en a fait des charges
de l’état ; ce qui eft auffi arrivé en France , où les
fuprèmes dignités de connétable, de maréchaux, de
grand-maîtres , de grand-écuyers , & plufieurs autres
, font paffées de la fonction d’offices domeftiques
, à celle de charges de la couronne.
J’ai qualifié toutes ces charges des électeurs du titre
d’archi - chancelier, archi-échanfon , &c. parce
que c’eft le terme dont on fe fert dans l’Empire pour
les diftinguer des mêmes charges, qui font auffi en
titre d’offices chez tous les électeurs, & même chez
tous les princes de l’Empire, qui ont chacun leur
Tome IV%
grand-chancelier, leur grand-écharîfon, leur grand-
maître , qui exercent auprès’ de leurs fouverains les
memes fondions que les électeurs auprès de l’empereur
; & lorfque les princes ne fauroient affifter
aux ceremonies impériales, ils font remplacés par
un fubftitut qui les repréfente ; c’eft ainfi que l’électeur
de Mayence nomme lui-même fon vice-chancelier,
qu il met &c change,fuivant fa volonté; mais
es auties font repréfentes par des lieutenans qui
font en titre d offices. Ainfi le roi de Bohème a pour
lieutenant le comte de Limbourg, l’éleacur de Bavière
le comte de Valbourg, celui de Saxe le comte
de Pappenheim ; Brandebourg a le comte de Hohen-
zdllern, & le Palatin eft repréfenté par le comte
, Suitzendorf. Tous ces lieutenans font auprès de
1 empereur, dans les grandes cérémonies, ce que fe-
roient les princes dont ils font comme les fubftituts.
L eleéteur de Saxe & le comte Palatin étoient autrefois
les deux feuls vicaires d e i’Empire pendant
l’inter-regne ; mais ce dernier ayant été mis au ban
impérial & dépouillé.de fa dignité éledorale, l’empereur
Ferdinand II. en revêtit le duc de Bavière en
1623 : & dans le traité de Munfter, en 1(548, il fut
arrêté « que la dignité éleaorale que les princes Pa-
» latins avoient ci-devant poffedée , demeureroit
>> au ïeigneur Maximilien comte palatin, duc de Ba-
» viére, & à fes enfans>>. Enconféquenceleleûeur
de Bavière prétendit que le vicariat de l’Empire lui
appartenoit à l’exclufion du comte Palatin. D ’un
autre côté l’éle&eur Palatin nouvellement rétabli,
foûtint que le vicariat ne’ dépendoit point de la dignité
élefiorale, mais de celle de comté Palatin du
Rhin, fuivant l’ancien ufage & la bulle d’o r, chapitre
v , où il eft marque expreflément que le comte
Palatin du Rhin eft vicaire de l’empire à caufe de fa
principauté & du privilège du comte Palatin. C è
prince eii vertu du vicariat a pouvoir d’adminiftrer
la juftice, de nommer aux bénéfices eccléfiaftiques,
de recevoir les- revenus de l’Empire, d’inveftir des
fiefs, & de fe faire prêter la foi & hommage de la
part & au nom du faint Empire. Ces foi & hommages
cependant doivent être renouvelles au roi des
Romains.dès qu’il aura été élû : mats lés fiefs des
princes, & ceux qui fe donnent ordinairement avec
l’étendard, font fpécialenient réfervés à l’empereur,
feul ou au roi des Romains ; Ôt s’il vient à vaquer
des fiefs, le comte Palatin comme vicaire de l’Empire
ne fauroit les aliéner pendant le témS de fon ad-
miniftration. Telle eft la loi de l’Empire réglé par la'
biilie d’o r , & le duc de Saxe jouit du même droit
dans l’étendue de fon vicariat ; car leurs départe-
mens font totalement féparés. Celui du Palatin s’étend
le long du Rhin , & dans les provinces qui
fuivent le droit de Suabe ou de Franconie ; mais.le
pouvoir du duc de Saxe n’a lieu que dans les endroits,
territoires, & principautés où le droit faxon
eft obfervé.
Cependant le vicariat palatin a déjà fouffert plu-
fieurs difficultés ; d’abord après la mort de l’empe-
reur Ferdinand I I I , arrivée en 1657, l’éle&eur dé
Bàviere difputa le vicariat au Palatin. Ce dernier
s’oppûfa aux prétentions de fon compétiteur ; il y
eut beaucoup d’écrits publiés de part & d’autre, &
tout fe trouva partagé dans l’Empire : mais dans l ’é-
leftion de l’emperèur François de Lorraine il y eut
une efpece départage, &c chacun des deux électeurs
ufa de fon droit dans une certaine étendue de pays %
jufqu’à ce que la diete de l’empire prononçât fur ce
différend Iorfqu’il feroit porté à fon tribunal.
Des Princes de L'Empire. Après les électeurs vient
le collège des princes de l’Empire, plus qtendu pour
le nombre., mais moins puiffant que le collège électoral
, lequel avec l’empereur eft à la tête du corps
germanique. Ainfi que les électeurs, ils font diviléa
I ij