tête plus tfrofle, il s’en faut bien que les ailes n: le
corps ayent toute l’étendue « l’iis-doivent avoir, fur-
tout les ailes, qui ne paroiflent que comme des plaques
courtes-, épaiffesy.étroites , 8c plilfées en long
& en travers; mais, en moins d’un quart-d heure tous
les plis s’affaiflent, & elles s’aminciffent en s’étendant
tant en longueur qu’en largeur. En fe développant
ainfi elles font plus flexibles ÔC plus molles qu -
un papier mouillé , le moindre obftacle qui fe ren-
contreroit les rendroit difformes ; aufli l’infefte les
tient éloignées les unes des autres, 8c quelquefois ne
les meut pour les ranger que deux heures après qu -
elles ont été développées, 8c les laiffe encore s’affermir
pendant deux ou trois heures de plus avant que
de prendre fon vol. Le corps ne s’allonge qu’après
les aile#; les anneaux s’étendent, fe déboitent en
entier ; 8c pendant que le corps prend du volume ,
les coideurs qui font d’abord tres-fôibles, deviennent
plus foncéès 8c plus belles. C eft ainfi que fe
transforment les nymphes du premier & du iecond
genre : la métamorphofe de celles du troifieme genre
n’a rien de remarquable, fi ce n’eft qu’elle fe fait
plus promptement. .
C s infeûes s’accouplent depuis le printems juf-
ques vers le milieu de l’automne. On les voit voler
par paires dans les prairies, 8c fe pofer fur des plantes
au bord des ruiffeaux 8c des rivières. Leur accouplement
fe fait d’une maniéré fort finguliere : le mâle
pourfuit la femelle en l’ air dès que la chaleur du jour
commence à fe faire fentir ; il la faifit par le cou au
moyen de deux crochets, qui fortent du dernieryn-
neau de fon corps : étant ainfi accrochés l’un à l’autre,
ils volent de compagnie ; le mâle eft en-avant
ayant le corps étendu en ligne droite ; il entraîne la
femelle, dont la tête 8c le cou font fous la partie pof-
térieure du corps du mâle, le refte de celui- de la femelle
fuit dans la même direûion ; tous les deux s’aident
de leurs ailes 8c volent de concert: quelquefois
aufli le mâle trouve la femelle pofée fur des plantes,
& l’accroche dans cette fituation. Ceci n’eft qu’un
prélude de l’accouplement ; car dans cette pofition
les parties de la génération de chaque fexe font bien
éloignées, celles du mâle étant fous fon corps près
du corcelet, 8c celles de la femelle au deffous de l’anus.
Si le mâle ayant accroché la femelle en l’air ils
ceffent bien-tôt de voler 8c fe pofent fur des plantes,
ils ne reftent que deux ou trois minutes fur chacune,
& changent trois ou quatre fois de place fans s’éloigner
beaucoup, enfuite le mâle fe courbeSen arc,
fait un effort pour attirer la femelle fous fon corps ;
mais ce n’eft qu’après plufieurs motivemens réitérés
de la part du mâle, qu’elle en fait elle-même à différentes
fois pour s’approcher ; enfin, au bout d’une
heure ou d’une heure 8c demie elle fe replie en-def-
fous, & au point que l’extrémité de fon corps touche
à la partie inférieure des premiers anneaux du
corps du mâle. Alors ils forment l’un avec l’autre
Une forte de boucle ; car la partie poftérieure du
mâle tient au cou de la femelle, & la partie poftérieure
de la femelle eft unie à l’extrémité antérieure
du corps du mâle ; c’eft dans cette attitude finguliere
que fe fait l’accouplement : il dure plus ou moins de
tems, de même que le prélude, à proportion de la
chaleur qu’il fait. On a vu de ces infeÔes refter accouplés
pendant plus d’une demi-heme, 8c ne fe fé-
parer que par accident. Il arrive fouvent que durant
l’accoupleîîient ils font forcés à changer de place ,
dans ce cas le mâle emporte la femelle ; car elle eft
dans une fituation fi gênée, qu’elle ne peut pas fe
fervir de fes ailes ; mais le mâle eft affez fort pour
la foûtenir en l’air, 8c il eft le plus gros dans plufieurs
efpeces de ces infe&es. On a fait les obfervations
précédentes fur deux efpeces, dans l’une defquelles
les mâles étoient au moins aufli grands que les femelles.
Dans la plupart des efpeces , les femelles
ont des couleurs différentes de celles des mâles. La
ponte fuit de près l’accouplement ; on croit qu’elle
fe fait le même jour, & que les oeufs fortent tous à
la fois raffemblés en grappe : ils font blancs, leur figure
varie dans différentes efpeces ; on foupçonne
aufli que dans quelques-unes ils ne fortent qifun à
un, &c. Mém. pour fervir à l'hifi. des Infect, tdm. VI.
Voye^ In s e c t e , ( / )
D e m o i s e l l e s . {Marine.Voye^ L i s s e s d e p o r t
e - h a u b a n s . (Z )
D e m o i s e l l e , en terme d’Epinglier, eft une brofle
avec laquelle on étend le vermillon fur les marques
pour imprimer le nom & le fceau, qu’on me permette
le terme, de l’ouvrier. Voye{ lafig. i8. PL I.
de l'Epingtier. V^ eft la demoifelle, compqfée de même
que les balles des Imprimeurs ; S, le billot fur lequel
on marque les paquets d’épingles ; I , les planches
gravées qui font les empreintes. Voyei Plane.
en bois;
D e m o i s e l l e s , {Lutherie.') dans l’orgue, font de
petits morceaux de fil de fer d’enyiron trois pouces
de long, qui ont un anneau à chacune de leurs extrémités.
L’anneau inférièur eft pàffé dans l’anneau
de la touche du clavier inférieur ; le corps de la demoifelle
paffe dans la mortoife de la touche du clavier
fupérieur, & l’anneau fupérieur de la demoifelle reçoit
le fil de fer de là targette, qui va du clavier à
l’abrégé. Les demoifelles m, {fig. ty. ) attachées au
clavier inférieur, doivent être d’un pouce plus long
que les deux claviers ne font enfemble d’épaiffeur.
Il y a des orgues où les demoifelles du premier clavier
en traverfent deux ; ainfi elles doivent être plus longues
à proportion. On fait les anneaux avec des pincettes
rondes, les mêmes qui font reprefentees dans
les planches d’Orfévrerie.
Lorfqu’il n’y a point de pédale à un orgue, on met
une tiraffe ; c’eft-à-dire un clavier de pédale qui tire
le grand orgue ; pour cela il faut que le clavier du
pofitif, qui eft le premier clavier, foit entaillé. On
fait palier des demoifelles par ces entailles, qui vont
s’attacher par leur anneau lupérieur aux anneaux
qui font au-deflous des touches du clavier du grand
orgue, qui eft le fécond, 8c par leur anneau inférieur
elles vont s’attacher aux targettes de l’abrégé
du clavier de pédale , fur les touches duquel en po-
fant le pié on fait baiffer les touches correfpondan-
tes du clavier du grand orgue, 8c même aufli celles
du clavier du pofitif, fi le clavier du grand orgue eft
tiré deffus. Voye{ T a l o n .
D & m o i s e l l e {à la Monnoie) , efpece de verge
de ferfen efpadon, qui fert à empêcher que les charbons
ne coulent avec la matière, de la cuillère dans
les moules.
DÉMOLIR, en Bâtiment, c’eft abattre un bâtiment
pour mal-façon, changement ou caducité ; ce
qui fe doit faire avec précaution, pour çonferver 8c
faire reffervir les matériaux qu’on nomme démolitions.
{P )
DÉMON, f. m. {Hijt. anc. mod. & Belles-lettres.)
nom que les anciens donnoient à certains efprits ou
génies , qu’on croyoit apparoître aux hommes pour
leur rendre fervice ou pour leur nuire. Voy. Genie.
La première idée des démons eft venue de Chal-
dée ; de-là elle s’eft répandue chez les Perfes, chez
les Egyptiens, & chez les Grecs. Pythagore 6c Tha-
lès font les premiers qui ont introduit les démons en
Grece. Platon a embraffé cette opinion, 6c l’a développée
d’une maniéré plus étendue 8c plus claire
qu’aucun des philofophes qui l’avoient précédé. Par
démons, il entendoit des efprits inférieurs aux dieux,
mais fupérieurs aux hommes ; des efprits qui habi-
toient la moyenne région de l’air, ôc entretenoient
la communication entre les dieux 6c les hommes ;
portant aux dieux les offrandes 6c les prières des
hommes, 6c annonçant aux hommes la volonté des
dieux. Il n’en admettoit que de bons 6c de bien-fai-
fans. Mais fes difciples, dans la fuite, embarrafles
de rendre raifon de l’origine du mal, en adoptèrent
d’autres, ennemis des hommes. Chambers. {G). •
Cette nouvelle opinion n’étoit pas. mdins révoltante
pour la'.raifon, que la néceflité du mal dans
l’ordre des chofes. Car en fuppofant, .comme on y
étoit obligé, un être fupérieur dont ces efprits étoient
dépendans, comment cet être leur auroit-il laiffé la
liberté de nuire à des créatures qu’il deftinoit au bonheur?
c’étoit un abyfme pour l’intelligence humai-;
ne , 6c dans lequel la religion feule a pu porter le
flambeau. Article de M. Marmontel.
Il n’y a rien de plus commun dans la théologie
payenne, que ces bons 6c ces mauvais génies. Cette
opinion fuperftitieufe pafla chez les Ifraëlites par le
commerce qu’ils eurent avec lesChaldéens ; mais par
les démons ils n’entendoient point le diable ou un ef-
prit malin. Ce mot n’a été employé dans ce dernier
îens que par les évangéliftes 6c par quelques Juifs
modernes.
■ Un auteur anglois nommé Gale, s’eft efforcé de
prouver que l’origine 6c l’établiflement des démons
étoit une invention d’après l’idée du Meflie. Les Phéniciens
les appelloient baalim. Ils reconnoiffoient un
être fuprème , qu’ils nommoient Baal 6c Molock ;
mais outre cela ils admettaient fous le nom de baalim
quantité de divinités inférieures, dont il eft fi fou-
vent fait mention dans l’ancien Teftament. Le premier
démon, des Egyptiens fut Mercure ou Theut.
L ’auteur que nous venons de citer trouve beaucoup
de reffemblance entre différentes fondions attribuées
aux démons, 6c celles du Meflie. Chambers. {G)
D émon de So c r a t e , {Hift. anc. & hift. de la
Philofophie.) Ce philofophe difoit avoir un génie familier
, dont les avertiffemens ne le portoient jamais
à aucune entreprife, mais le détournoient feulement
d’agir lorfqu’une adion lui auroit été préjudiciable.
Cicéron rapporte dans fon livre delà divination, qu’après
la défaite de l’armée athénienne, commandée
par le préteur Lâchez, Socrate fuyant avec ce général
, 6c étant arrivé dans un lieu où aboutiffoient plufieurs
chemins différens , il ne voulut jamais fuivre
la même route que les autres, alléguant pour raifon
que fon démon î’en détournoit. Socrate en effet fe
fauva, tandis que tous les autres furent tués ou pris
par la cavalerie ennemie. Ce trait, 6c quelques autres
femblables , perfuaderent aux contemporains
de Socrate, qu’il avoit effedivement un démon ou un
génie familier. Les écrivains, tant anciens que modernes
, ont beaucoup recherché ce que ce pouvôit
être que-ce démon, 8c plufieurs ont été jufqu’à mettre
en queftion fi c’étoit un bon ou mauvais ange.
Les plus fenfés fe font réduits à dire que ce n’étoit
autre chofe que la jufteffe 8c la force du jugement de
Socrate, qui par le's réglés de la prudence 8c par le
fecours d’une longue expérience foûtenue de férieu-
fes réflexions, faifoit prévoir à ce philofophe quelle
feroit l’iffue des affaires fur lefquelles il étoit conful-
té, ou fur lefquelles il déliberoit pour lui-même. Le
fait rapporté par Cicéron, 6c qui parut alors merveilleux
, tient bien moins du prodige que du fens
froid que Socrate conferva dans fa fuite; la connoif-
fance d’ailleurs qu’il avoit du pays put le déterminer
à préférer ce chèmin, qui le preferva des ennemis,
à la cavalerie defquels il étoit peut-être impraticable.
Mais on conjedure que Socrate ne fut peut-être
pas fâché de perfuader à fes concitoyens, que quelque
divinité s’intéreffoit à fon fort, 6c par le commerce
particulier qu’elle entretenoit avec lui, le ti-
roit du niveau des autres hommes. (G )
DÉMONA , VAL DE DÉMONE, ( Géog. mod. )
‘ vallée de la Sicile ; elle a quarante lieues de long
! fur vingt-cinq de large. Meflme en eft la ville la plus
i importante.
D émona ou D emont , fort d’Italie, au marqué
fat de Saluces , dans le Piémont ; il eft fitué fur la
Stur. Long. z5. i. lat. 44. 18.
DÉMONIAQUE, f. m. ( Théolog. ) fe dit d’une
perfonne poffédée d’un efprit ou démon. Voye{ Pos-,
SESSION. *
Dans i’églife romaine il y a des prières 8c des for»;
mules particulières pour exorcifer les démoniaquesm
Voyei Exor cisme; ( G )
D émoniaques , f. m. pl. {Hift, eccléf) on a aufli
donné ce nom à un parti d’Anabaptiftes qui fe font
diftingués. des autres en foûtenant que les démons
I feroient fauvés à la fin du monde.nVoye^ Anabapt
istes. .
DÉMONOGRAPHE, f. m. {Divinat. ) écrivain
qui traite des démons ou génies mal-faifans , de la
magie ou forcellerie, 8c des magiciens ou forciers*
Parmi les plus célébrés démonographes on compte
Agrippa , Flud, Bodin, Wyer, D elrio, &c. Ce mot
eft formé du grec àai/xuv, génie , 8c de ypâtpa, f é -
cris. {G )
DEMONOM ANIE , f. f. ( Médecine. ) c’eft une
efpece de maladie fpiritûelle , qui eft une variété de
la mélancholie : le délire dont font affe&és les démoniaques,
confifte à fe croire poffédés ou obfédés
du démon ; d’autres s’imaginent avoir aflifté 6c pouvoir
aflifter aux affemblées chimériques des malins
efprits, au fabbat ; d’autres fe perfuadent d’être
enforcelés : on peut joindre à tous ceux-là les fanatiques
8c les faux prophètes, qui croyent agir ou
parler par l’infpiration d’un bon génie , être en relation
immédiate avec Dieu, converfer avec le S.
Efprit, avoir le don des miracles , &c. Voyeç D émon
, Possédé , Sorcier , Magicien , Fanat
iq u e , Pr o ph è t e , Miracle , Medecine ma gique.
Voyeç la recherche de la. vérité de Malbranche
; les lettres de Baylé ; Delrio, difquijit. magic, 8cc.
On peut mettre au nombre des mélancholies démoniaques
, celle de certaines folles dont parle Wil-
lis ■ , 8c dont les exemples ne font pas bien rares, qui
ayant l’efprit frappé des vérités de la religion , &
de la crainte de l’enfer , defefperent du falut éternel
, 8c en conféquence fe précipitent, fe noyent.
Voye{ les obfervations de Schenkius, 8c la vie de Molière..
L’illuftre Baldus tomba dans une mélancholie fanatique
, pour avoir été mordu par fon chat, félon
le rapport de M. de Sauvages, claffes de maladies.
Le même auteur dit, d’après M. Antoine de Juf-
fieu 8c Boerhaave, que le Jlramonium fructu oblongo
fpinofo flore violaceo , 8cc. fournit une huile, qui,
appliquée aux tempes , caufe les vifions des for-
ciers ; la femençe prife à demi - dragme rend fou.
Hurnius fait mention d’une démonomanie phréné-
tique. {d)
DÉMONSTRABLE, adj. {Métaph.) ce terme
n’eft pas fort en ufage ; il lignifie qui peut être démontré.
Voye1 D émonstration.
DÉMONSTRATEUR, f. m. ( Médecine 8c Chirurgie.
) On donne particulièrement de nom à celui qui
donne des leçons d’Anatomie fur le cadavre, dans
un amphitéatre public ou particulier.
DÉMONSTRATIF, en Grammaire, fe dit des pronoms
qui fervent à indiquer, marquer, ou faire
connoitre une chofe, comme Me, ifte , hic, celui-ci,
c e , cette, ce jeune hpmme, cette ville. Voye£ Pronom.
{G)
D émonstratif , adj. ( Belles-Lettres. ) nom que
l’on donne à un des trois genres de la Rhétorique.