
qui font défeâueufes ; on fépare les autres ; on
les recuit pour les faire paffer entre, deux cylindres,
qui roulent l’un fur l’autre, par le moyen
du rengrenage de plufieurs roues que l’eau ou
des chevaux font tourner. Cet atelier fè nomme
moulin.
Il faut faire recuire les lames autant de fois
que l’on veut les faire .pâffer entre les cylindres;
te chaque fois on eft obligé de rapprocher les -
cylindres , afin que le vide qui fe trouve entre
deux , fe trouvant plus petit, preffe davantage
la lame &. Parai nciffe en y paflant. L’on continue
de cette façon jufqu’à ce que l’on voie
qu’elles font de P'épaiffeur des efpèces à fabriquer ;
après quoi on les coupe par le moyen d’un outil
qui. fe nomme emporte-pièce.
' On pofe un bout de la lame fur le bas de cet
outil , où il y a un rebord en rond qui eft tranchant
; enfuite l’ouvrier, qui tient la lame de la
main gauche, tourne de la droite une manivelle
en forme de demi-balancier, qui tombant fur la
lame j coupe, par le moyen de fon tranchant,' le
volume de la lame qui fe trouve appuyé fur le
tranchant du bas ; le flan tombe dans un baquet
mis deflbus exprès pour le recevoir.
On continue ainfi jufqu’au bout de la lame,
& chaque flan laide un vide dans cette lame;
enforte qu’il ne refte plus que les extrémités ou
bords de la largeur de la lame que l’on nomme
cifailles. Tant que les éfpèces ne font pas mon-
noyées, on les nomme toujours flans ; il ne refle
pliis à ■' cette lame que les extrémités , & d’un
Bout à l’autre on ne voit que des trous de la
groffeur du flan qui en efl forti.
On porte enfuite les flans à l’ajuitoir, qui eft
un atelier où on les ajufte , c’eft-à-dire , qu’on
descend tous du même poids : on met au rebut
ceux qui fe trouvent trop légers. A l’effet de
quoi chaque ouvrier de cet atelier eft affis devant
une efpèce de grand comptoir, ayant devant
lui un trébuchet, & le poids que l’efpèce doit
pefer : il les pèfe donc les unes après les autres ;
& quand il en trouve une trop pefante il la
frotte fur une lime large & plate que l’on nomme
efcouenne : il pèfe fon flanc de temps en temps
crainte de le rendre trop léger; quand il l’a rendu
de poids, il le remet avec les autres ajuftés.
Il a foin de conferver la limaille pour la rendre
avec les flans ajuftés, parce qu’il faut qu’il rende
le même poids qu’il a reçu.
Quand cela eft fini, on porte les flans dans
l’atelier du blanchiment pour les blanchir, fi les
flâns font d’argent ou de billon, & les mettre
en couleur s’ils font d’or.
De-là on les porte au balancier pour les mon-.
noyer, c’eft-à- dire, lès marquer1 de l’empreinte
qu’elles doivent recevoir, après quoi on lés^pomme
efpèces rrionnoyées.;
Le monnoyeur les porte au:bureau, où fe trouvent
pour lors le dire&eur, le juge-garde & réffayéur*:
le dire&eur pèfe ce que lui apporte le monnoyeiir;
pour favoir s’il rend le même poids qu’il a reçu;
après quoi le juge-garde prend-une de ces efpèces
au hafard, la pèfe pour favoir fi elle a le poids
qu’elle doit avoir; il en pèfe ap:ès cela un marc
pour voir s’il y entre-la quantité d’efpèces portée
par l’c-rdonnauce : il prend une fécondé fois une
pièce dans le nombre , il la coupe en quatre ,ien
donne deux parties à Peffayeùr, l’une pour en
faire i’effai de fuite , & favoir fi la fabrication
eft .au titre : l’effayeur garde l’autre partie..'A l’égard
des deux autres parties du reftant de la
pièce, le juge-garde en prend une, & le directeur
l’autre. Ces parties de pièces coupées fe nommentpenilles.
.
Si l’effayeur a trouvé cette efpèce au titre, on
paffe ces efpèces en délivrance ; on dreffe un procès
verbal de .cette, fabrication, dans lequel il doit
être fait mention du titre, poids & taille desdites
efpèces, de l’effigie regardant.à droite ou à
gauche, de l’écuffon, de ce qu’il porte, de la légende,
du milléfime , du grenetis, de la tranche,
fi l’efpèce en eft marquée, de.la lettre on marque
qui dénote la monnoie où elfe.ia été fabriquée,
de celle du direéteùr & de l’effayeur, du remède
de poids & d ’aloi que le directeur a pris, 8c dont
il eft obligé de tenir compte au Souverain..
On infère aufli dans le procès-verbal la pièce
que le juge-garde prend de rechef pour être enfermée
dans une boîte cachetée de fon cachet, de
celui du direâeur- 8c eflayeur : cette pièce fe nomme
denier de boîte ; elle fert pour juftifier ta conduite
des officiers de cette monnoie, en cas, que
quelques faux-monnoyeurs ayent contrefait 8c altéré
le titre 8c lé poids des efpèces portées dans ce
procès-verbal, qui doit être figné du juge-garde,
de l’eftayeur 8c du directeur, & même du monnoyeur.
Après toutes ces formalités obfervées j elles font
cenfées avoir cours ; 8c le direâeur peut s’en
fervir pour faire les paiemens aux officiers 8c ouvriers
de la monnoie, aux marchands qui; lui
apportent des matières, & à tous autres..'.
On eft obligé de garder ces deniers de boîte
par les ordonnances-de 1543, 1554, 1586, conçues
en ces termes :
» A la fin de chaque année, on envoyera à
» la monnoie de Paris les deniers de boîtes des
5? efpèces qui auront été fabriquées dans l’année,
» poûr être procédé au jugement d’iceux par
» notre cour de monnoies de Paris. »
Il faut obferver qu’il faut un fourneau particulier
pour l’or ; la raifon eft que fi on le fondoit
dans le même que celui de l’argent, les carreaux
ou briques feroient chargés de grenailles d’or &
d’argent, en forte que les matières refteroient
confondues 8c mêlées dans les lavures, 8c on ne
les reti reroi t qu’avec plus de frais.
Pour les lavures, on a un cuvier de hois , ail1
fond duquel il y a fine pierre en forme de cy-
«ndre, embraffèe du. deffus par deux barres de
fer en croix; un homme fait tourner cette pierre
par le moyen d'une manivelle Semblable a celle
des mi uîins à café. I I . I .
Lorsque les carreaux des fourneaux , les vieux
ereufets, les balayures ont été bien pilés & ré-
duifs ien terré;, .elle fé nomme terre de lavüre ;
OT en' prend donc une'quantité, obfervant de,
laiffer de la place1 entr elle & le ’cylindre, pour
y mettre l’eau &. le vif-argent, enforte que le
cylindre’ 'puiffe toucher le mercure. L’ouvrier
tourne jufqu.% ce- qu’il fente I qu’il tourne diffi-
cillemenr. Alors il discontinue,’ il tire la broche
qtii bbu’ché un trou qui eft au; fias du cuvier, il
kiffe. couler l’eau , après quoi il lève, le .cylindre;.
& trouve jun bien plus gros siolume de mercure
que eefcil qu'il y; avoit mis ] ' parce que tandis
qu’il,toutiioit.,, il agitoit les tejrres jSt: le mercure
qui empirait'toutes les parties d’argent qu’il ren-
controit. .
On tiré cette pâte brillante, on la met dans
de la peau pour la preffer & en faire. fortifie
mercure aiu travers. Il ne refte dans, cette -peau
que lés parties d’argent, contenant cependant en-
corequelqùe^peu de mercure qu’il-eft aifé de faire
évaporer. !
On recharge le cuvier du même mercure pour
achever de retirer ce qui peut encore être dans -,
! la terre du cuvier. ;
Quand ton s’aperçoit que le mercure ne prend
plus rien * on ôte lés terres du cuvier , on y en
met d’autres, 8c l’on continue jufqu’à cé que
\ toutes les terres ayent ; pafle par lé cuvier.
Il refie ordinairèmènt quelques "petites parties ,
d’argent'dans les terrés qui ont . été. lavées ; ~ mais
à. moins- d^être fùr qu’elles tiennent plus-que les
[ frais, on les abandonne.
Le même mercure peut toujours fervir ; &
qwndf.il; eft trop chargé:, l’ouvrier:, le. .connoït par
lafpëiné q;uHl a~ de: tourner la mahiyelie ; alors
il le pafle comme on l’a dit .plus haut. .
: Lés tables, :iuivantes dônnent. la- connoiffanee
des!/monnoies,qui ont cours dans les, quatre parties
du monde : elles préfentent à-la-fois les noms
des efpèces , lès lieux où elles ont cours-, leur
poids , leur titre '& leur valeur en argent de
France , avec des obfervations relatives aux articles
qui méritent?une explication plus étendue!
Les poids & les titres rapportés , ont été établis
& confiâtes , foit par des eflais.: authentiqués , (foit .
par des eflais particuliers, faits avec, toute la-
précifion dont cet art efl: fufceptible ; & leur valeur
.en argent de France eft annoncée fur les
prix fixés , moins par leur valeur intrinféque,
que par la volonté des Souverains., ou par l’ufage.
Ceft d’après i’effai fur la qualité des monnoies
étrangères, par M. Macé de Richebourg, ancien
infpecteur de MM. les élèves de l’école, royale militaire:,
qu’on rapporte le poids, le titre & la valeur
de quelques monnoies étrangères avec la
.quantité de grains de fin qu’elles contiennent en
: matière pure, c’eft-à-dire, dégagées de tout alliage.
Enfin la valeur des anciennes monnoies de
France annoncée, eft celle que l’on en donne
aux hôtels des monnaies, fixée par les tarifs arrêtés,
en la cour des monnoies.
Tables dès Monriôies courantes dans les quatre par4 :
■ c tie$ dn-monde ; contenant leiirs*noms , l'es'lieilx ou
elles ont■ cours, leurs poids , leur titre & leur .
valeur , avec des Obfervations ; rédigées , en 1767 ,■ ‘
pat M - Aber.t de, Bafinghen , confedler co.tnmif-
: faire eh la Cour des Monnoies de Paris.
• M O N N. O I E S d ’ O R.
N O-M S, L ie u x V a l e u r
‘des' ; où elles P ô 10 s.’ T i t r e . en argent
Efpeces. Ont cours. de France.
gros f g r'- kar. 3î . :iv. foi. d.
Albertus1 EnFland. 1 24 I21 12 14 I l 7
Augfiifte-
Augufte ,
Saxe p 35 -■ 21 12 >8 6 9
1756, alt
tere.
Saxe •ài 56 , B 8:. t y 8 b
Bezant 2 Eizance 24
Carolin 3 Francfort 2 19;' : 18 m ?4 6 s
iC^rolin Anfpach 2 ?9f '18 H 22 8 5
i Carolin B(ââe- •
Do^rlacb 2~ I l 3: ,8 ' , 22 5
|Carolin , Bavière 2j y : . 18' M.? ?3 '9 11
| Carolin Cologne 18 l6 '3 r
Carolin 2 18 8 Î 3l 5-
Carolin Hefl'e , '2é - T§ J 6g »3 3
Carolin Heffed’.At 2-j . 18 21 , n '7 2
Carolin . IfciTc-Cii 2- , t;-jTiî 3:6 2 3 H 9
Carolin Montfort , i 33é ‘ • 18 '4 22 •5 9
Carolin Palatinat j ë 18 1° 23 ■ i;3' *>
Carolin' Wirtentb 18 JO ' 8 5
O B S E R V: A T I O N S . -
1 VAlbertus eft reçu aux hôtels des monnoies
fur le pied de 665 livres, le marc.
x Bêlant. On n’eft pas d’accord fur fa valeur;
cette efpèce â eu cours en France fous là troi-
fième race de nos Rois,'
Carolin. Gét-te efpèce eft fixée à Francfort à
9 florins 42 creutzérs, argent de change , pour le
paiement des lettrés. Elle eft à la taille de 24 au
|. marc, poids de marc de Cologne.