
dant mil -travaillent fi mal, qu’ils n en- débiterit
que fîx fetiers. Cela dépend beaucoup de la
dextérité du meunier , qui par fa manoeuvre
avantage ou défavantage fon moulin. La meule
courante doit parcourir 50 à 60 tours par minute.
Un moulin va plus ou moins^ fo r t, moud
plus ou moins rond , félon, qu’il a plus ou
moins d’eau ou de vent. Il ne faut pas qu il
aille trop fort ni trop foiblement, pour taire une
bonne mouture ; plus on moud fo r t, plus il te
fait d’évaporation ; d’ailleurs , comme nous 1 a-
vons déjà dit, quand le moulin va trop fort,
la farine qu’il fait et! groffe & moins blanche;
c ’eft ce que les meuniers appellent rougir la
farine. Cela arrive fur-tout l’orfqu’on remoud trop
fouvent.
On peut dire en général que le défaut le
plus-ordinaire des meuniers qui moulent mal,
c eft de fsire aller le moulin trop fort. La farine
faite trop foitement par des meules tenues baffes
& qui vont v ite , boit moins d’eau & a
moins de goût, eft moins nourriffante & moins
faine, parce quelle â perdu fon huile & fon
volatil. ... . - k
un fécond bluteau, plus lâche que le premier,
& qui en reçoit- le fon gras.
Ce fon eft tamifé par ce fécond blutoir, qui en
tire les gruaux féparément, & qui rejette le
gros fon, le fon fec qui fort par l’extremite
inférieure: ce fécond bluteau eft le dodinage.
Dans les moulins où l’on ne remoud point,
où l’on ne moud que pour le fannier ou pour
le boulanger, qui blutent chez eux, comme tout
le monde fait dans les provinces méridionales,
il n’y a aucun bluteau au moulin; le produit
du moulage fe-porte dans les blutenes, ou U
eft tamifé chez chaque particulier.
Il eft à obferver quun moulin qui moud
par économie , moud un tiers moins de grain
que lorfqu’il ne remoud point; & il moud
d’autant moins de grain , qu’il en remoud pms
de gruaux, parce qu’il faut du temps pour
remoudre, fur-tout fi on remoud plufieurs tois.-
I.es meules font différemment montées dans
les différens moulins , félon les différentes méthodes
qu’on a de moudre 1 on monte autrement
les meules dans les moulins où l’on remoud,
que dans ceux où l’on ne remoud point ,
& encore autrement lorfque l’on veut moudre
pour faire du pain de munition, que lorfqu on
moud pour enfuite féparer le fon de la farine. Ouand la meule eft tenue baffe, & que le moulin
ne va pas trop fo r t , il ne fe fait prefque pas
de fon ; c’eft ce qui fe pratique pour le pam
de munition.
On conçoit aifément que l’a&ion & les effets
de ces meules font différens'félon quon les
approche , & félon qu’on les fait aller plus ou
moins fort : d’approcher les meules dans la mouture
fimple, n’équivaudroit pas à la remouture,
parce que lorfque le grain eft bien fec, le fon
paffe en poudre avec la farine. Lorfquau contraire
le grain n’eft pas fec , il fe met un peu
en pâte, & les meules s’engraiffent lorfque I on
moud fort & bas.
, " l l y a dans tous les moulins des provinces
du Nord de la France une partie principale,
qui eft un bluteau qui reçoit à un de fes bouts, par
une anche ce que les meules ont moulu , & qui
rend par un autre bout le fon féparè de la tanne.
Pour la mouture économique, on joint a ce
premier blutoir, qui eft de la mouture ruftique,
4°. Enfin, il ne faut pas omettre la huche du
-moulin , qui eft une efpèce de coffre ou tombe
le grain moulu à mefure qu il fort d entre
les meules, ou qui reçoit la farine & les gruaux
qui paffent au travers des bluteaux , & qui lont
retenus par les bandes de toile.
■ Ordinairement les huches des moulins font de
fept pieds ; il y en a de huit pieds de longueur,
fur trois pieds & demi de largeur.
Il y a trois différentes fortes de moulins a
diftinguer, par les diverfes méthodes de moudre
qu’on y pra.ique.il y a, 1 “. les moulins qu.
ne moulent qu’en groffe ; ils font en plus grand
nombre que les autres.
j* . Les moulins qui ne moulent que les gruaux ,
ce font la plupart des moulins à vent autour de
a 0. Enfin, ceux qui moulent & le grain & le
gruau, c’eft-à-d ire , qui moulent & remoulent,
dans lefquels eft établie la mouture économique.
Il y a aSuellement dans le reffort du Châtelet
de Paris , environ quatre mille moulins, dont trois
mille font des moulins à eau, & mille moulins a
vent. . l 1 1
Les moulins à eau valent mieux en général
que les moulins à vent, parce que le cours de
l’eau eft plus égal que celui du vent, qu; eft
fujet à aller par Æcouffes, ce qui caufe deUne-
galitè dans le moulage. Cependant on fe fert
ordinairement plus des moulins a vent pour
remoudre les gruaux, que des moulins a eau.
Il eft utile d’avoir des moulins a vent pour
les cas de féchereffe & de gelée : il eft indifpen-
fable d’en avoir dans les pays ou il n y a point
d’eau. g ü l , . . j.
Les moulins à vent tirent leur origine des
pays orientaux où il y a peu de rivières; lufa-
ï e de ces moulins fut apporte en France au
Retour des croifades, vers le milieu du onzième
l o u t r e les moulins à vent & - les moulins à
eau il eft nèceffaire que le gouvernement pourvoie
aufli à ce qu’il y ait toujours dans les
villes des moulins qu’on puiffe faire aller i bras
ou par des animaux, pour prévenir la famine
qui peut arriver par des féchereffes , par des
inondations & par des gelées extraordinaires.
Cette prévoyance eft nèceffaire dans d autres cas
encore, comme dans ceux d’interruption de toute
communication, pour contagion, &c.
En 1741, M. le contrôleur général des finances
propofa à la ville de Paris d’avoir des moulins
à bras j & il y fut réfolu de s’en pourvoir ; on
venoit d’en fentir la grande xitilité par l ’inondation
de 1740 & par la longue gelée de 1741. Cela
n’a pas été exécuté, parce que la guerre furvint.
Depuis la paix, on n’y penfe plus, parce quon
a réparé les autres maux de la guerre , & parce
que l’homme ne connoît le bien que lorfqu’il lent
le mal.
Moulin à bras pour moudre le Froment.
Ce moulin a été inventé par Samuel & Samp->
fon Freeth de Birmingham.
Il eft compofé d’une manivelle, laquelle fait
mouvoir un cylindre dans deux forts crampons de
fer, qui tiennent au poteau qui porte le moulin.
A l’autre extrémité de l’axe eftune roue, &
à l’endroit de la manivelle, une roue ou couteau
qui, fait mouvoir une autre roue, laquelle
tient rau rouleau, qui fe met dans une boîte.
Cette boîte eft fermée aux deux extrémités
par deux plaques de cuivre.
A l’extrémité de l’une, eft une vis qui porte
fur le centre du rouleau, 8c qui fert a accélérer
ou à ralentir fon mouvement.
Le rouleau, de même que la boîte dans laquelle
il tourne , vont en appetiffant, & font garnis
de dents, dont la grofleur diminue en approchant
du centre. Elles broient le ■ grain plus
ou moins fin, félon qu’on lâche ou qu’on ferre
l’écrou.
Un homme fuffit pour faire agir ce moulin,
& la farine fort, fans avoir eu le temps de s’échauffer,
par l’auget de la trémie.
En 1574, il fut défendu de donner ni de
prendre plus de fept (ous fix deniers pour la
mouture de chaque fetièr de bled ; mais aujourd’hui,
depuis 1705, on donne ordinairement
dans les environs de la Capitale, 20 fols, &
en Province, 8c pour les Hôpitaux, 10 fols
aux meuniers pour moudre un fetier de bled;
fur quoi il y a moitié pour la voiture. Il y a
une ordonnance du Roi de 1703 , qui faifant
défenfe à tous feigneurs d’obliger les muni-
tionnaires de faire moudre à leurs moulins,
défend en même temps à tous meuniers, même
du domaine, d’exiger plus grand droit que
celui de quatre pour cent, avec injonction de
rendre poids de farine 8c fon , pour poids de
bled, 8c d’aller prendre le grain, 8c reporter
la farine 8c le fon.
Le poids des farines, où Ton pèfe tout le bled
qui eft porté au moulin 8c toute la farine qu’on
en rapporte , eft une- -excellente précaution que
la police doit prendre. L’ufage en eft fort ancien
en Allemagne; il en eft fait mention dans
un réglement de Police de Saxe-Weimar de l’an
1589. En 17 19 , Godfroi Parco dans fon compendium
(économies, propofa de pefer le grain que
l’on fait moudre, & l’année fuivante 1 ufage en
fut introduit dans tout le Brandebourg. Mais
il y a bien des pays où cela n’eft point connu.
En général, pour le commerce du^ grain , il
-faudroit avoir égard au poids, plutôt qu à la
mefure ; quelqu’un en a très - bien démontre la
néceflité dans le magafin de Hanovre , de
17 6 7 , p. 1150. Il eft facile de s’en convaincre ,
fi l’on daigne y réfléchir avec foin.
, Cependant le prix doit changer, parce qml
y a une variation de la valeur de l’argent &
du prix des grains; mais il n’appartient jamais
au meunier que le feizième pour droit de
mouture, & ce feizième eft eftimé félon la v a leur
aéluelle.des grains.
Les particuliers ont coutume de payer au
moulin en fubftance, c’eft-à-dire, en grain ou
en farine; mais c’eft un mauvais ufage; il vau-
droit mieux payer en argent les meuniers , &
les obliger à rendre en.total ce qu’ils ont reçu
poids pour poids, au déchet pires.de la mouture.
Comme on a défendu aux mefureurs de fe
faire payer autrement qu’en argent, & de prendre
du grain pour leur paiement, il devroit être défendu,
de même aux meuniers de fe faire payer autrement
qu’en argent. Il y a déjà long-tems que l’on connoît
l’abus ou l’on eft fur cela, puifque.par Arrêts du
parlement des 11 Février & 28 Mars 17S9, la cour
ordonna que dorénavant les moutures feroient
payées aux meuniers en argent, & non en blé.
Observations.
Il ne fera pas inutile de faire mention de quelques
défauts qui fe rencontrent dans les moulins ,
& qui ont particuliérement lieu dans ceux que l’on
a en France : ils nuifent beaucoup à la mouture ,,
tant à l’égard de la qualité de la farine que Ion.
obtient, que de la quantité.
Il faut obferver de ne pas prendre des meutes
courantes trop pelantes ; car la farine qui fort de
telles meules , eft confidérablement échauffée par
le frottement qu’occafionne leur trop grand poids.
C ’eft le défaut des meules que l’on a en France
& dans bien d’autres endroits ; elles ont fix pieds
de diamètre & quelquefois davantage , & elles
pefent de trente à quarante quintaux ; celles de-
Saxe , au contraire, n’ônt que trois pieds & demi
de-diamètre, & elles ne pèfent guère plus de neuf
à dix quintaux.
Auffi trouve-t-on que ces meules , qui font
jufqu’à foixante tours par minute ,- échauffent fii
fort la farine , qu’elle ne peut pas fe bluter comme
il faut à mefure qu’on moud. C ’eft pourquoi
on eonfeillê d’abandonner l’ufage de bluter atr
moulin , & de laiffer refroidir la farine, pour la.
bluter enfuite. D ’ailleurs, on emploie dans quel