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culte qu’a la pièce • fupérieure de gliffer entre les
tringles parallèles. Pour que la longueur du peigne
& la pefanteur des mains n’y faffent aucun
tort, l’ouvrier met un , deux & même trois coul-
fins de bois , ■’fur lefquels porte -le peigne, &
qu’il a la.liberté de changer de place à volonté:
il peut même fans crainte appuyer le coude gauche
fur fon ouvrage , en plaçant un çouflin à
cet endroit.
Il eft aifé de fentir que les vis de la pièce mobile
ne doivent avoir aucune communication avec
la table , non plus qu’avec les tringles ; mais les
tétés font encadrées de toute leur épaiffeur dans
le deffous de la pièce de bois , au moyen de
quoi elles n’apportent aucun obftacle à ce que
cette pièce puifle gliffer.
Comme ce métier eft fort étroit, il eft peu
cmbarrr.ffant, & l’on peut l’approcher d’une fenêtre
pour fe procurer un beau jour, dont on a grand
befoin pour cette opération; & quand on a fini une
moitié de la longueur du peigne, on retourne le métier
pour faire l’autre. 11 y a même des ouvriers qui,
fans rien déranger , finiffeqt un peigne fur toute
fa longueur. Comme nous avons vu que la .moitié
des dents eft tournée vers un bout & l’autre
vers l’autre , il faut pour cela s’accoutumer à
tenir l’outil également bien des deux fens, ce
que beaucoup d’ouvriers ne peuvent faire.
On excarne chaque dent en commençant par
■ un bout; puis reprenant l’autre bout, on retourne
le canif pour les dents dont l’écorce eft à droite,
& du fens oppofé pour les autres. Qn en ufe
ainfi pour qu’elles fe trouvent parfaitemet évi-
dées dans toute leur longueur ; car comme il
n’eft pas poflible de commencer tout contre les
jumelles, fi on n’y repaffoit le canif, cet endroit
fe trouveroit plus épais , & cette inégalité endommageront
la chaîne', fur-tout dans une étoffe de
foie ; mais dans tous les cas , il faut, quand une
face du peigne eft finie, l’ôter de fa place pour
le retourner de-.l’autre côté.
On ne fauroit apporter trop d’attention à bien 1
finir un peigne ; les difficultés augmentent en I
proportion du nombre de dents dont ils font J
compofés ; & plus les dents font multipliées &
fines, plus elles doivent être finies, à caufe du
peu de paffage qu’elles laiffent aux fils de la
chaîne.
Troifième manière.
La troifième manière d’excarner les peignes eft ,
pour le fond de l’opération, la même que celle que
nous venons de voir, pdifqu’il s’agit toujours
d’évider les dents l’une après l’autre ; mais celle-ci
confifte à placer la main en-deffous du peigne ,
de manière que la lame du canif étant paffée entre
chaque dent, on la fa{fe mouvoir de bas en
haut, au lieu qu’elle avoit une direction contraire ;
pour cela il eft néceffaire que ces peignes foient
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à une certaine élévation du métier, pour donner I
un paffage libre à la main.
Le métier dont on fè fert pour cela n’a rien I
de particulier, ce n’eft autre chofe que celui fur I
lequel on a monté le peigne. On y- voit même lés
poupées qui ne, gênent aucunement pour ce tra- I
vail ; il eft feulement à propos de faire connôître |
la conftruâion & la pofition des montans qui
portent le peigne.
Chacun de ces montans eft un morceau de bois J
à peu-près carré, dont la longueur n’eft pas clé- I
terminée ; elle dépend de la hauteur du métier .
fur lequel on les place; mais en général elle" ibit. 1
être telle qu’un ouvrier aflis puiffe y travailler
commodément:
Au bas dé ce montant eft un tenon par où il
entre jufte dans une des mortaifes qui font fur
le métier ; ils n’ont pas befôin de plus de folidité,
car ils ne font aucun effort. _
Au haut de ces mêmes montans eft une mor-
èaife carrée , propre à recevoir jufte le tenon
du fupport qui repofe contre le montant ,
au moyen d’un -fort épaulement, & va en di- |
minuant vers l’autre, bout, par-deffous, pour que
l’ouvrier, en promenant fes mains, ne rencontre
rien qui le bleffe.
Il faut avoir attentioù que le deffus de ce fupport
foit bien à angle droit avec le montant où '
il "eft affemblé.
On en place fur le devant du métier quatre ,
fix ou huit , fuivant la longueur du peigne, &
pour cela on pratique fur la longueur une rangée
de trous carrés dans une même ligne. ■
Comme il faut que le peigne repofe fur ces
fupports, on à foin qu’ils foient teus à égale
hauteur.
Quelques ouvriers y arrêtent lé peigne au
moyen d’un poids de fer ou de plomb ; d’autres
fe contentent de retenir le peigne avec la
main gauche , tandis que la droite travaille.
Il y a encore une autre manière de placer Te peigne
dans cette pofition horifontale ; elle ne diffère
prefque pas de celle queinous venons de voir ; mais
la manière de placer les montans eft plus recherchée
, & peut-être plus commode.
Aux deux extrémités d’une table , font plantés
des montans , dont le premier a. la forme d’une
croix dont le grand croifillon s’élève au-deffus du
métier , à peu-près de la hauteur, des montans
dont nous parlions il n’y a qu’un inftant, & reçoit
le fupport, fait à peu-près comme celui qu’on
a vu ; mais il eft un peu plus large.
Le croifillon oppofé entre dans la mortaife
faite au bout de la table , & ce montant repofe
fur les deux autres croifillons.
A l’autre bout eft une croix fe’mblable à la
première , & qu’on place dé même ; mais le
croifillon fupérieur eft fort court.
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Sur les deux épaulemens qui forment ces
croifillons , repofent deux tringles carrées qui
y font chevillées par les bouts.
Dans l’entre-deux de ces tringles gliffe le
montant ; & pour pouvoir l’arrêter où l’on v e u t ,
fuivant la longueur de peigne, on pratique au
croifillon inférieur, & fur fon épaiffeur, une mortaife
où paffe la clef qui le ferre contre les trin-
^ Au haut eft une mortaife pareille à celle qu’on
a vue au précédent, pour recevoir un fupport ;
au milieu de la largeur de ce fupport, & allez près
du montant, eft ün trou où paffe le boulon à tête,
taraudé de plus 'de la moitié de fa longueur ; ce
boulon étant en place, la tête en-deffous , reçoit
aufli l’autre pièce de bois, qui étant preffée par
l’écrou à oreilles , retient le peigne par les deux
extrémités fur le montant, à l’écartement qui détermine
fa longueur.
Pour ne pas fatiguer le peigne en appuyant les
mains deffus quand on travaille, on fait paner entre
les tringles plufieurs fupports affez longs pour que
le peigne pofe deffus fans le forcer ; & comme
rien ne les retient, on à la liberté de les faire
couler à mefure qu’on en a befoin.
Le métier à excarner, que je viens de décrire ,
n’étant monté que fur une planche qui lui fert de
bafe, on a la liberté de le placer fur un métier
à monter les peignes, ou fur des tréteaux, comme
on le trouve plus commode.
Qu’il me foit permis, en finiffant cet article ,
de hafarder mon fentiment. La multiplicité des
uftehfiles dans tous les arts me femble une charlatanerie
dont il feroit à fouhaiter qu on fe défit :
pourquoi , par exemple, tant de metiers pour
excarner les peignes ?
Un peigner un peu occupé , qui fe piqueroit
de raffembler tous les uftenfiles de fe profeffion ,
trouveroit à peine de la place pour les loger ;
ne feroit - il pas plus fimple de faire l’opération
dont la defeription vient de nous occuper, fur
le métier même fur lequel on a monté le peigne
? Le dernier des métiers que nous venons de
décrire, reffemble fi fort à celui à poupées, qu’il
femble qu’on n’ait eu en vue que de multiplier les
embarras. Je vais offrir au leâeur quelques réflexions
fur les trois manières d’excarner que je 1
Tiens de rapporter.
Comme cette opération exige que le peigne
rit une pofition affurée , & que le moindre mouvement
produit des inégalités fur la longueur des
dents, il eft certain que la méthode de ceux qui tiennent
le peigne fur leur genou, eft défeélueufe; aufiî
ai-je connu un habile peigner , q u i, faute de con-
noître les moyens de fixer le peigne, vouloit
^u’.au moins on l’appuyât folidement contre un
mur, une table', un banc, &c.
La fécondé manière eft fans contredit préférable
a la première, parce que le peigne étant fixé dans
Arts 6* Métiers , Tome V. Part. II.
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line pofition horifontale , on eft plus afiùré d’opérer
également fur toutes les dents ; mais d’un
autrecôté on ne peut pas juger parfaitement de la
quantité de matière qu’on emporte avec le canif,
puifque la main cache l’endroit où l’on travaille ;
au lieu que par la troifième on voit à découvert
tout le . peigne , & l’on peut voir par degrés les
dents acquérir la forme qu’on a deflein de leur
donner.
Il eft fi important de ne pas faire de dents plus
épaiffes ou plus minces dans la totalité de celles
qui compofent un peigne, que pour peu qu’il en
échappe quelques - unes , on s’en aperçoit aufli-
tôt fur l’étoffe ; une dent trop mince étant preffée
par la chaîne , la rapproche de fa voifine, & de
là viennent ces nuances qu’on aperçoit dans les
. étoffes qui ne fe mettent point à la foule ; ces
nuances ne font produites par aucun changement
de couleur réel , foit dans la chaîne , foit dans
la trame ; mais comme il ne fauroit arriver qu’une
dent foit trop proche de fa voifine d’un côté v
qu’elle ne foit en même temps trop éloignée de
fa voifine de l’autre côté , de - là deux effets qui
produifent un changement de nuances qui n’eft
qu’apparent.
La raie fombre eft produite par les fils qui font
trop ferrés entre les. dents, & la raie plus claire
qui la fuit, provient du trop d’écartement qu’ont
entre eux les fils qui paffent dans la dent écartée.
La raifon en e ft , que les couleurs de la trame
très-ferrée entre les fils de la chaîne , qui eft très-
ferrée elle-même , n’ont pas autant de jeu que
lorfqu’elle eft plus lâche ; ainfi ces effets deviennent
d’autant plus fenfibles à la vu e , que l’étoffe
eft fabriquée avec plus de tgularité.
L’inégalité d’écartement d’une ou de quelques
dents dans la totalité d’ün peigne , ne le met cependant
par hors d’état de iervir. On peut en
fubftituer une autre à la place de celle qu'on a
trop amincie en excarnant. J’enfeignerai ci-après ,
la manière de remettre des dentsfans démonter
le peigne.
Lorfqu’une dent eft trop épaiffe, il eft fort facile
de l’amincir ; lorfqu’elle eft trop écartée, on ne fauroit
rapprocher les autres fans ébranler tout le
peigne. Mais quand il y en a quelques-unes de
trop rapprochées des autres , on peut y remédier
\ en les rendant un peu plus minces ; par ce moyen
on obtient un écartement à-peu-près égal, & l’irrégularité
devient moins fenfible : malgré tous ces
foins , on ne peur que rendre un pareil peigne
paffable, il ne (era jamais parfait.
Manière de couvrir les jumelles avec des bandes de
papier, 6* de redrejjer les dents.
Rien n’efl aufli aifé que de cpller des bandes
de papier fur les jumelles d’un peigne ; il fuffit
d’apporter à ce travail quelque attention, pour
p p p p