
dont la largeur eft de a8 pouces, & la longueur
de deux pieds.
La caille A , dans laquelle on met comme en
dépôt la colle , eft ou de cuivre rouge ou de
bois. Sa longueur_eft d’environ ftx pieds, fa largeur
de trois & fa profondeur de deux. Il feroit
à 'délirer qu’on donnât le temps à la colle de
s’épurer & de s’éclaircir, en la laiffant refroidir
dans de pareilles cailles ; mais le préjugé des 'fabricants
eft contraire à cette pratique , qui eft
cependant celle des fabricans Hollandois, comme
nous le dirons par la fuite.
Avant d’être employée à coller le papier, la
colle eft encore filtrée de même, lorfqu’on la
verfe dans la chaudière ou mouilîoir dans-lequel
fe fait l’opération. Ce mouilîoir eft-de cuivre
rouge ; il a environ trois pieds de diamètre
& 20 pouces de profondeur. Il eft pofè fur un
trépied de fer de huit pouces d’élévation. On met
défions le mouilîoir un réchaud £ lorfqu’i r en eft
befoin , pour entretenir la colle dans un degré de
chaleur convenable. Le mouilîoir fe place ordinairement
à coté de la preffe a b , afin que la
colle qui s’écoule de la poignée qu’en tire le
colleur, puiffe retomber fur la table de la preffe ,
8c ne foit pas perdue dans le trajet. -
La preffe de la chambre de colle eft compo-
fée de deux montans, comme a b ou A B , [g. 2 & 4 » de dix pieds de hauteur, élégis fur 7 pieds,
ite. confervés à dix pouces dans les autres parties;
ce qui forme des renforts, où le feuil C & l’écrou
P trouvent des points d’appui foîides. Le
feuil a un pied d’épaifleur, fur quinze pouces
de largeur, & l’écrou 15 pouces de gros, l’un
& l’autre 5 pieds deux pouces de longueur; ce
qui fait que les jumelles font éloignées l’une de
l’autre de trois pieds &_deml. Sur le feuil C eft
un taffeau D , qui fondent la table E , de huit
pouces d’épaifleur. Cette table, dont la furface
fupérieure eft élevée au defîus du rez-de-chauf-
fée d’environ deux pieds & demi, eft aflembléè
à fourchette & doubles tenons , embrevés dans
les jumelles, & eft entourée d’une rainure d’un
demi-pouce de large, fur autant de profondeur.
C ’eft par cette rainure que la colle fupei flue prend
fon écoulement, pour rentrer dans le mouilîoir
par le goulot S , vers lequel toutes les parties de
la rigole doivent être inclinées.
_ L’efpace renfermé en dedans de la rainure , a 18
pouces de large , fur 27 à 28 pouces de longueur.
C’eft dans cet efpace que l’on pote les
portes f , F , au fortir du mouilîoir , & qu’en
les empilant on forme ce que l’on appelle une
mouillée : elle confifte ordinairement en 10 ou 12
portes ; & pour les reconnoître & les féparer, on
met entre elles de petits morceaux de bois ou de
feutres. Sur le; 10 à 12 porfes, on met un trapan
b II ,■ puis en faifant tourner la vis N R , on fait
defeendre deflùs le banc de prefie K L , fufpeudn
en M , à la tête de la vis qüe l’on tourne avec un
levier, comme on peut le voir dans la jig. 3.
Avant de plonger les portes dans le m o u ilîo ir
qu’on a rempli de colle, on a foin d’y faire fo n dre
une certaine quantité d’alun ; des fa b ric a n s
y ajoutent de la couperofe blanche o u v i t r i o l de
zinc ; alors l’ouvrier colleur prend une des p o rfes
en page, telles qu’elles ont été tirées de l’é te n doir
,-redreflees 8c affouplies x , & placées fur
la fellette y , & la tenant de la main gauche avec
une des trois palettes de la [g. 6 en défions, il
plonge cette porte dans la colle par le milieu, ob-
fervant d’écarter avec là main droite les p a g e s de
cette porte , afin que la colle puifle s ’in tr o d u ir e
entre'elles il fubmerge entièrement le c ô té 3
de la porte ( [g . 2 , ) en plongeant fa m a i n d ans
la. colle. Enfuite il enlève cette porte ou p o ig n é e
de la main gauche 2 , 8c la tient fufpendue fur le
mouilîoir, où elle s’égoutte un peu , ce qui fa itra f-
tembler les pages. Alors il prétente l’extrémité 3
de la porte fur une des palettes qui flotte fur la
colle, & prenant la troifième, il faifit cette e x tré mité
pénétrée de colle à l’aide des deux p a le tte s ;
& ayant abandonné l’extrémité 2 de la p orfe
qu’il tenoit de la main gauche, il en écarte auffi
les pages, & plonge la main droite dans ht c o lle ,
avec cette extrémité , & f a y a n t / t i r é e de la c o lle ,
il la tient fufpendue pourlaiffer égoutter-& raf-
fiembler tes pages , puis avec la main gauche &
une palette, il louiève l’extrémité 2 , & tra n f p o rte
ainfi avec les deux mains la porfe collée, & la
pote fur la table de la preflé. Il continue de la
même manière à coller les autres p o r f e s , juf-
qu’à ce qu’il en ait trempé ainfi dix à douze.
Alors , en preffant comme fait l’ouvrier^; Jig. 3 ,
il fait pénétrer la colle dans les portes , &
en exprime en même temps le fuperflu , q u i retombe
dans le mouilîoir par le goulot f . C ette
opération demande beaucoup d’attention : car en
prefîant trop, on feroit fortir une 't r o p g ra n d e
quantité de colle. Une rame ce grand raifin double
qui pèfe 35 à 38 livres , prend environ deux
livres & demie départies collantes, c’eft-à-d ire
qu’elle pèfe cette quantité de plus , après av o ir
été collée & féchée, qu’avant de paffer par cette
opération. La [g. 7 fait voir plus en grand le
panier quifert à la cuiffon de la colle, & parle
moyen duquel on retire de la chaudière les trip es
ou matières animales qui n’ont pu fournir du
bouillon par l'ébullition. Ce panier, qui eft d’ofi ;é,
entre dans une cage de fer fufpendue à la c o rd e
du treuil par quatre chaînes.
De Vètendange après la colle.
A l’opération de coller le papier, fuceède celle
de l’étendre feuille à feuille, que la planche XII,
déjà citée, reprétente.. Pour cela les falérantes employées
à cet ouvrage , portent aux étendoirs les
portes que les colleurs leur délivrent, & les étendent
fur les cordes feuille à. tenille. Les falérantes,
ul, e;-écuter ce travail délicat, s’affocient deux
^°deux , & cette affociation te. nomme [elle :
*inli l’on*dit nous avons deux telles | trois telles à
la colle, &c. La falérantè Jig. 3 commence à
nincer la première feuille de la porte par le çoin
ou la cornière qui eft à fa droite, fi la porfe eft
bien tournée , & la détache doucement jufqu à
moitié, puis la jette fur la traverfe du ferlet ,fig. 5 ,
nue lui préfenteria falérantè, Jig. qui détache
le refte de la feuille avec le ferlet, puis la place
fur une des cordes de l’étendoir qu’elle approche
& écarte de l’autre main. J . /
Comme les étendoirs ont plufieurs rangées de
perches 8c de cordes, on commence d’abord à
garnir les cordes les plus élevées, puis de fuite
en defeendant : outre cela on place fur la longueur
de la même corde , trois , quatre, cinq ou
nos moulins 1a cueillette des pages > tens s em-
barraffer beaucoup du degré de féchereffe qu elles
ont acquife ; cependant la plupart des fabricans
favent par expérience que les pages trop lèches
prennent moins bien 1a colle, 8c qu elle s imbibe
plus abondamment, 8c te diftribue plus également
hx feuilles de fuite avant que de paffer à l’autre
corde, fuivant les dimenfîons que peuvent avoir
les feuilles de papier. On voit d’après cela que
les perches étant placées à différens degrés de
hauteur, l’étendoir doit être pourvu de bancs de
{elle, de Mettes de différentes élévations, tant
pour poter les trapans fur iefquels on tranfporte
les porfes, que pour que les falérantes puiffent
aiteindré aux cordes. Dans certaines fabriques de '
Flandre & dans toute la Hollande, on fait ufage .
de fcrlets à longue queue, avec Iefquels on atteint
aux cordes qui font à douze ou treize pieds au-
deffus du plancher.
La figure 4 de la même planche X I I , fait
voir l’élévation , le plan &c le profil d’une des
croifées de Pétendoir, avec les grilles qui fervent
à les fermer. A C K E eft un chaflis dormant ,
dont les côtés ainfi que la traverfe dormante D F ,
ont une rainure dans laquei.e glilient les quatre
guichets, comme on le voit par le profil K F C ,
qui eft à côté. Le chaflis dormant a auffi des
barreaux fixes affemblès dans les trois tiaverfes ,
& efpacés , tant plein que v id e , comme on le
voit par le plan. La moitié C H B A Éte te croifèe
eft fermée, parce que l’on a pouffé les guichets ,
mobiles, de manière que leurs barreaux fuient j
vis-à-vis des intervalles de ceux du chaflis ci or- |
niant. Les deux parties K H E F 8c EF B C , font ’
ouvertes, parce que les barreaux 8c les vides du
guichet font placés vis-à-vis des barreaux. & des
vides du chaflis dormant. On voit à côté un guichet
fèparé, compofé de deux emboîtures f f , e e ,
de deux montans. f e , f e , d’une entre-toife C ,
& de cinq barreaux qui s’affemblent dans les emboîtures
8c dans l’entre-toife. Les emboîtures
reçoivent aufîi les extrémités des montans dans
Iefquels l’entre-ioife eft affemblèe : le profil ou
la coupe d’un montant du guichet , qui eft à
coté,offre ces détails.
Comparai]on de notre collage avec la pratique des
Hollandois.
Lorfqu’on veut coller le papier, en fait dans
dans les papiers où il refte encore une légère
humidité; mais la conflruâion de leurs étendoirs
ne leur permettant pas de profiter de
cette obfervation, ils n’en tiennent aucun compte
dans la pratique. ~ ,
Un autre défavantage de cette dethccation des
pages, c’eft quelles forment dans cet état des
espèces de cartons fort durs, qu on ne peut at-
fouplir pour les difpcter à boire 1a colle. Il n eft
.donc pas étonnant qu’en trempant dans la colle
un paquet compofé de ces pages , elle re les
pénètre que très-difficilement & très-teegalement.
On commence, en Hollande, par faire ramaffer
les pages à l’étendoir,- & après avoir afibupfi &
entrouvert les feuilles des pages , & avoir détruit
une grande partie de leur adhérence , les ouvriers
occupés du collage les diftribuent par poignées
ou paquets deftinés à chaque trempage. II
paroît que dans cette préparation des poignées ,
on a pour but d’écarter tous les obftac.es qui
pour? oient s’oppofer à l’imbibition de la colle ,
car le papier de pâte non pourrie prend la col.e
très-difficilement, même lorfqu’il eft préfente au
mouilîoir prefque feuille à feuille. Cette difficulté
eft telle , que fi l’on plongeait dans le
mouilîoir des pages formées de feuilles nombreu-
fes 8c fortement adhérentes entre elles , comme
font les nôtres , & qu’elles fuffent composées de
papiers fabriqués avec ces pâtes non pourries ,
il feroit impoflible d’y faire pénétrer la colle. ^
Outre ces précautions , on a foin de joindre à
’ chaque poignée , deux feuilles de papier gris d un
format égal à celui du papier defiine a 1a colle.
Ce papier gris , ferme , folide, & déjà colle ,
placé aux deux côtés des poignées, fert à en maintenir
les feuilles. - „ , >
Dans la cuiffon dé la colle, les Hollandois n ont
rien de particulier j mais ils different de nous, en
ce qu’après cette cuifion Us tranfvafent leur colle
fftôt que les tripes & les matières les plus grot-
fières fe font précipitées "au fond de ia chaudière
où fe fait la cuite. Ils la mettentrepofer & refroidir
dans un cuvier de bois ou dans une Damne de
cuivre fort large & peu profonde. A mefure
que la colle fe refroidit, elle dépote fur le fond
de ce vaiffeau un fèdiriicnt de matières qui
nuiraient à fa tranfparence , & qui communiqueraient
un ton jaunâtre au papier : i.s verfent en-
fuite cette colle purifiée dans une chaudière pour
la réchauffer au degré convenable lôrfqu’ils en.
veulent faire ufage. Cette pratique eft oppefee
j aux idées de prefque tous les fabricans François ,
I qui prétendent que de faire réchauffer la coite,
j c’eft l’affoiblir au point quelle ne peut plus 1er