
après que les parties les plus folubles du minéral
eurent été extraites par l’eau régale, le restant
, diffous dans de nouvelle eau régale , a
paru complètement précipité par l’étain , la liqueur
fe trouvant parfaitement fans couleur.
La folution d’étain mêlée avec de la folution
commune de platine, a paru produire à-peu-près
le même effet que l’étain en fubftanee ; c’eft-à-
dire, qu’il fe précipita d’une poudre obfcure d’un
orangé rougeâtre , parce qu’une portion de la
platine, ou fon fer , demeura diflous de façon à
donner une haute coiilqur à la menftrue.
IX. Eau régale:
Mercure :
Platine : |
Le mercure, qui, à ce qu’on prétend, ne précipite
de l’eau régale aucun des corps métalliques
communs, excepté l’or , étant mis dans une folution
délayée de platine > a paru être rongé_ en
peu de temps , & ne plus couler facilement.
Bientôt -après il parut couvert d’une matière
poudreufe grifàtre, qui fut prife d’abord pour
être un précipité de la platine- ; mais? bientôt
après on trouva que ce n’étoit qu’una portion
du mercure, corrodée : en y appliquant une char
leur modérée , tout le v if-argen t, dont la quantité
étoit fort confidérable , fut diffous, fans qu’il
eût aucune précipitation de la platiné. ,
Cette folution des deux métaux étant évaporée
un peu , de façon à la difpofer à brancher,
donna dès cryftaux qui n’étoient point du tout
femblables à ceux de la platine, mais en forme,
d’aiguilles , d’une couleur jaunâtre à l’extérieur ;
les cryftaux, légèrement lavés avec de l’efprit de
vin de preuve, devinrent fans couleur: expofés
au feu, ils jettèrent des vapeurs blanches très-
copieufes, avec un fifflement ou craquement ,
& biffèrent une quantité fort petite d’une poudre
rougeâtre, donnant une teinture rouge marte
à dé la terre à pipe qui fervoit pour le vaif-
ieau.
Les cryftaux pofés fur te marbre, & chauffés
à une chaleur rouge ou prefque rouge, lui donnèrent
à peine aucune teinture & n’âltérèrent
point fon poli.
Il paroît, par cette expérience , que l’eau régale
faturée de platine eft capable de diffoudre une
^quantité confidérable de mercure , & que , dans
la cryilallifation, une grande partie du mercure
poyiZs fes cryftaux avant la platine.
J'ai ajouté à une autre quantité de foîutisn de
platine, plus de vif-argent oa’eil.e n’étoit capable
d’en fafêr.
La platine alors tomba peu-à*peu parmi le
mercure non diffous , fous la forme d’une matière
brunâtre foncée , laiffant la liqueur fort peu
colorée.
Donc la platine s’accorde avec l’or, èn ce qu’elle
a moins d’affinité avec l’eau régale que le mercure
n’en a , quoiqu’elle diffère dans fon affinité
avec le mercure, l’o r , dans cette précipitation,
s’unifiant avec le mercure pour former un amalgame
, au lieu que la-platine demeure en une poudre
bien diftinéte.
. Cette obfervation explique un phénomène ,
que Marggraf a remarqué dans l’expérience fui-
vante.
Une demi-once de vif-argent & une once de
folutiqn.de platine étant agités enfemble, le mercure
a coulé lentement , & bientôt après il s’eft
dépofé au fond une certaine quantité de poudre
blanche tirant fur le jaune. Ayant mis digérer la
folution , elle a paru un peu verdâtre le lendemain.
La digefiion fut continuée un jour de plus ,
& le mélange délayé avec de l’eau ; la liqueur
claire ayant été décantée , la matière qui étoit
; au fond fut, entièrement édulcorée , & la poudre
| blanche jaunâtre fut emportée hors du mercure ,
&„mife fécher.
Le mercure, qui n’avoit pas été corrodé , n’étoit
point de la nature d’un amalgame , mais
coula affez librement : étant diflillé dans une
retorte, il laiffa après lui un grain métallique fi
petit , que fon apparence ne pouvoir pas être
bien diftinguée fans le fecours d’un microfcope ,
qui le fit voir jaune.
La poudre blanche étant mife fublimer dans
une autre petite retorte , donna un fublimé d’une
couleur jaune rougeâtre dans la partie la plus
baffe, & plus blanc au-deffus. Il refia un peu de
matière grife, qui, étant preffée, rcffembloit à un
amalgame. Il eft à remarquer que le mercure
avoit fupporté ici un feu très-fort, qui avoit fait
fondre tout le ventre de la retorte, fans cependant
y faire aucun trou
- Il eft probable que le petit grain jaune qui
étoit refié après la diftillatiqn du mercure non
corrodé -, étoit une particule d’or , qui s’étoit
trouvée dans la platine ; & conformément à" la
remarque précédente, la platine & l’or , diffous
enfemble dans l’eau régale, peuvent en être fé-
parés fur .ce principe, l’or étant imbibé par le
mercure, tandis que la platine eft précipitée en
poudre, que l’on peut féparer d’avec l’amalgame
par la lo.tion.
Une folution de mercure dans l'eau-forte a
rendu trouble , à l’inflant, là folution de platine ,
& a précipité une poudre brune grifàtre. La fo-
\lution de mercure fublimé dans de l’eau, verfée
\fur une folution de platine , a • précipité une
matière rotigé avec nombre de particules brillantes
& étincelantes . la liqueur continuant toujours
d’être jaune : le précipité a rélifté à
la lotion avec de l’eau , fans perdre fa couleur
rouge.
X. JJ Eau régale : Le Nickel : La Platine,
Marggraf rapporte qu’un morceau de régule
pur de cobalt, ou cobalcLfpeife , tiré des^ Manufactures
d’azur à Schnéeberg en Saxe, après avoir
été fondu plufièurs fois avec du verre, jufqu’à
ce qu’on en eût extrait toute fa matière colorante
èn bleu , fut promptement attaqué par
la folution de platine ; le régule perdit fon brillant
& devint noir : il fe précipita une poudre
jaunâtre, & la liqueur parut verdâtre.
La fubftanee qui fit précipiter ici la platine ,
& qui communiqua une couleur verte à la .liqueur
, avoit été , à ce que j’ai appris, un corps
métallique, appellé nickel, découvert & décrit
par M. Ctonftedt dans les T-ranfatiions Suédoifes
pour les années 175 1 & 1754 » dont un des caractères
eft de fe diffoudre en vert dans leau
régale, au lieu que le régule de cobalt, ainfi
nommé ftriâement, donne une folution rougeâtre.
M. Cronftedt remarque que le cobalt contient
en général, outre fon propre régule, ou le métal
qui donne, un verre bleu, une quantité de nickel & de bifmuth ; que le fpeife ou métal
qui fe fépare au fond dû pot à fondre , en fai-
fant le verre bleu, eft compofé en général de
tous les trois métaux ; le régule de cobalt & le
bifmuth, qui par eux-mêmes fontoppofes à toute
union de l’un avec l’autre., étant rendus capables
de fe mêler , par l’intervention, du nickel :
que quand on refond encore ce mélange avec
du verre, le régule de cobalt fe vitrifie le premier
; le nickel, qui eft plus difficile à calciner ou à
vitrifier , confervant fa forme métallique jufqu’à
la fin..
On peut donc préfùmer que les opérations où
apafféle métal de Marggraf,,. ont féparé le vrai
régule de cobalt, & n’ont laiffé que lè ,nickel.
XI. La Platine :
L’Or,
& l'Eau régale,
M. Marggraf a mis une plaque d?or fin dans
une folution faturée de platine, faite dans l’eau
régale, & a fait digérer le'tout pendant quelques
jours à une chaleur modérée. L’or ne fut
point du tout attaqué, & il né fe fit aucune
précipitation de la platine , fi ce n’eft qu’il tomba
au fond un peu de poudre cryftalline de couleur
orangée obfcure, que la folution de platine au-
roit dépofé toute feule.
Des grains plus purs de platine furent traités
de la même manière, avec une folutioa faturée
d’or ; l’événement fut le même ; l’acide ne fit
voir aucune difpofition à quitter l’un ni l’autre
de ces métaux pour attaquer l’autre ; de forte
que fon affinité avec tous les deux femble être
égale.
J’ai fondu les deux métaux enfemble , & mis
digérer le compofé dans de l’eau régale ; la menf-
true les a diffous tous les deux , mais l’or bien
plus volontiers ; car la première portion de la li-
.queur n’ayant pas été fuffifante pour diffoudre
toute la maffe , & le refte étant mis en digef-
tion dans dé nouvelle eau régale , la première
folution fe trouva avoir la plus grande propor-
! tion d’or ; la fécondé l’eut de platine.
Quand la quantité d’or fut affez forte pour
donner au mélange un peu de la couleur d’or ,
l ’acide rendit bientôt les plaques blanches , en
rongeant l’or le premier. Jai mêlé pareillement
enfemble des folutions des deux métaux, & je
n’ai pas remarqué qu’il s’enfuivit-aucun épaiffiffe-
ment ni précipitation , quoique M. Marggraf a
trouvé, en répétant l’expérience , un précipité de
couleur orangée, tirant fur le rouge : à cet égard
il peut arriver des variations, par la nature de
l’eau régale dont on fe fert , comme par une
furdofe de fel ammoniac dans l’eau régale dans
laquelle on diffout l’or ; car le fel ammoniac ,
comme on l’a vu ci-devant, eft fuffifant tout
feul pour précipiter une partie de la platine.
Quoique je h’aie pû appercevoir aucune réparation
en mêlant les deux folutions, cependant
, en délayant le mélange avec de l’eau, &
‘ lè laiffant repofer quelques jours, .il fe forma à
fa furface une pellicule brillante de couleur d’or :
je n’affurerai pourtant pas que cette pellicule fait
due . à l’a&ion de la platine ; car j’ai vu une réparation
des folutions délayées d’or feul.
J’ai fait évaporer un peu un autre .mélange
de folutions d’or & de platine , de façon à les
difpofer à pouffer : d’abord il a donné de beaux
cryftaux rouges, qui paroiffoiem contenir fur-
tout de l’or avec bien peu de platine ; & enfuire
des cryftaux de couleur de fafran foncé, dans
lefquels la platine domiuoit vifiblement.
XII. La Platine : l'Argent, & les acides.
La platine, digérée dans une folution. d argent
faite dans l’eau-forte, n’en reçut aucune-altéra-
! tion du tout ; & on devoit bien s y attendre ,