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ferez bien rougir au feu avant que de vous en
fervir; ayez auiîi le foin . de les garnir en dedans
avec des cendres légères.
Moules ou lingotières de pierre de Bergen.
On trouve à Bergen en No rvège, une efpèee
de pierre blanche, fort mince & fort légère ,: on
la nomme pûmes dans le pays (la pierre ponce
ordinaire produit le même effet); on y joint de
l’albâtre blanc, on y fait calciner ces deux matières
dans un fourneau de potier.
Après les avoir miles. dans un pot couvert &
bien luté, on verfe par deflus de l’argile dé-,
layée dans dé l’eau chaude, jufqu’àce que le mélange
ait une çonfiftance convenable : on en fait
enfuite des moules qui font durables, légers, &
dans lefquels on peut couler du fer & du cuivre.
Manière de couler à froid.
Prenez Un fable fin, tel que celui dont fe fervent
les orfèvres ; mêlez-y du noir de fumée à
volonté ; humeâez ce mélangé avec de l’huile
de navette ou de l’huile dé lin , jufqu’à ce qu’il
prenne affez de confiftance pour en faire des
moules : ces moules n’auront point befoin d’être
chauffés, quand même on voudroit y couler les
métaux les plus chauds ; il faut feulement que
le fable qui y entre ait été bien féché.
On peut encore , pour fe procurer des végétations
métalliques , prendre une plante entière;
vous l’attachez dans fa fituation naturelle au fond
d’un vafe plus, grand qu’elle ; vous empliffez
d eau ce vafe aü point qu’elle recouvre toute la
plante; vous y verfez' peu-à-peu autant qu’il
peut contenir de plâtre cuit, & en poudre très-
firie ; vous laiffez durcir cette mafia de plâtre.
Lorfqifelie eft durcie en pierre, vous la retirez
du vafe; vous la faites cuire au four chauffé'
au point que la plante s’y brûle & fe réduife en
cendres, que l’on fait fortir par le trou laifle en-
fcas par la tige : enfuite vous faites recuire le
moule de plâtre ; vous le rempliffez de métal
fondu, comme argent, étain, plomb; vous le
laiffez refroidir.
Enfin , vous caffez adroitement le moule autour
de la plante métallique, qui repréfente la nature
anfli parfaitement qu’il eft poflîBle.
Manière de mouler en plâtre & de préparer le gypfc.
Il faut prendre de la pierre de plâtre ; écrâfez
& calcinez-la : après l’avoir fait calciner pen-,
dant un Jour & une nuit, réduiftz-la en poudre.
Quand vous voudrez vous en fervir pour jeter
des figures eu moule, prenez de l’eau de colle
très-chaude , que vous mêlerez avec le plâtre,
& vous en formerez telles figures' que vous
voudrez.
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Maniéré de tirer des empreintes Joie en plâtre, fi'u
en foufreÿ ' J
— vatts, j/wui cauici îe aenr ae poiiéder
linon en nature , du moins les empreintes de!
médaillés, pierres gravées , & autres morceau»
qui font 1 ornement des cabinets. On peut fe nm.
curer ces fuites ou colleftions à très-peu de frais
çar les procédés économiques qui fiiivent.
Ces procédés, qui ne confient que dans une
manipulation tres-fimple & très-facile, enfaififfant
les traits des objets dans la plus grande vérité
en font fentir les creux, les faillans, les vive!
arrêtes : ceft l’image la plus parfaite du modèle.
.Lorlquon veut tirer l’emDreinte en plâtre il
faut avoir du plâtre pulverifé, que l’on paffeait
tamis de foie tres-fin. On noie ce plâtre tamifé
dans de 1 eau, que l’on agite affez doucement
pour ne pas exciter de bulles d’air ; enfuite on
trotte la médaillé ou la pierre gravée légèrement
avec de 1 huile, qu’on effuie avec du coton , puis
i on entoure cette médaille ou pierre gravée d’un
rqban de cire ou de plomb laminé, pour lui fer-
vir de .caiffe.,' 1 . \ ' T*?- -
Cela fait, on vérfe doucement le plâtre délayé
fur le modèle prépiré. On le laiffe fécher &
prendre; lorfqu’il eft fe c , il fe détache facilement
: c eft un moule bien marqué dont on peut
fe fervir pour tirer en, relief, foit en plâtre, foit
en loutre. *
Mais il eft à obferver que lorfqu’on tire fou-
vent plâtre fur plâtre, les proportions fe perdent
.les objets s’agraadiffent ; ce qui. eft produit par
1 action du plâtre, dont le propre eft d’occuper
en léchant un plus grand volume.
Ce fait nous donne lieu de rapporter un événement
tres-intéreffant à connoître. Un peintre de-
manda à une pauvre femme de lui permettre de
prendre 1 empreinte dès jambes de fon enfant,
quil mouvoir de la forme la plus belle : il fit
mettre.les jambes de cet enfant dans„iin~baquet,
verfa fotl plâtre : dés qu’il commença à prendre
de la folidtte, l’enfant fe mit à jeter les hauts
cris, fe fentant les jambes ferrées comme dans
de etaux, Le pein tre à l’in fiant brife les cer-
ceaux, rompt les plâtres pour débarraffer l’enfant
de ces cruelles entraves. Le plâtre, refferré par
les douves , n’ayant pu fe dilater , toute la pref-
ItOn s etou faite fur les jambes de l’enfant.
Le procédé avec le foufre fondu eft le même
qu avec le plâtre.
Il eft cependant' à obferver que lorfque le
moule fur lequel on tire, eft de marbré, il'faut
fe fervir de vieux oing & non pas'd’huife, parce
que 1 huile pénétrant par les porcs, du marbre le
tacheroit.
Métal compofé qui fet fond à. la délit ur de l’eau
bouillante.
Prenez deux parties, de bifmuth, une de plom
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& une d’étain , faites les fondre enfemble ; ce |
mèlaneemétallique, réduit en lames minces, fe fond
à la cnaîeurde l’eau bouillante : en eft très-commode
pour mouler, pour imprimer en polytype
& prendre des empreintes.
Vafes de papier.
On appelle papier mâché la préparation qui
fe fait avec les rognures de papier blanc ou brun
bouillies dans l’eau, & battues dans un mortier,
jufqu’à ce qu'elles foient réduites en une efpèee
de pâte, & enfuite bouillies avec une ToUirion
de gomme arabique ou de colle , pour donner
de la ténacité à cette pâte, dont on faitdifférens
bijoux, en la preffant dans des moules huilés.
Quand elle eft fèche, on- l’enduit d’un mélange
de colle & de noir de fumée, & enfuite
ou la vernit. Le vernis noir pour ces bijoux eft
préparé de la manière fuivante :
On fond dans un vaiffeau de terre verniffé un
peu de colophane ou de térébenthine bouillie,
jufqu’à ce quelle devienne noir & friable, &
on y jette par degrés trois fois autant d’ambre
réduit en poudre fine, en y ajoutant de temps
en temps un peu d’efprit ou d’huile de térébenthine.
, Quand l’ambre - eft fondu, on faupoudre ce
mélange de la' même quantité de farcocolle, en
continuant de remuer le tout, & d’y ajouter de
l’efprit de vin , jufqu’à ce que la compofition
devienne fluide ; après cela on la pafie à travers
une chauffe de crin clair, en preffant la chauffe,
doucement èntre des planches chaudes.
Ce vernis, mêlé ayec le noir d’ivoire en poudre
fine, s’applique dansiun lieu chaud fur là pâte
de papier féchée, que l’on met enfuite dans un
four fort peu échauffé , le lendemain dans un
four plus chaud, & le troifième jour dans un
four très-chaud ; on l’y laiffe chaque fois jufqu’à
ce que le four foit' refroidi.
. La pâte ainfi vernie eft dure, brillante, durable,
& fupporte les liqueurs froides ou chaudes.
Ce vernis, très-brillant & très-folide, eft celui
qu’on a imaginé en Angleterre pour imiter ces
vaiffeaux également légers & forts., que les Ja-
ponois ont coutume de fabriquer , tels que
des plats , jattes, baflins , cabarets, & c ., dont
les uns paroiffent faits avec de la feutre de bois,
& d’autres avec du papier broyé. Voici la méthode
détaillée qu’on fuit poiir les contrefaire.
On fait bouillir dans l’eau la quantité qu’on
veut de rognures & de morceaux de papier gris
ou blanc ; on les remue avec.un bâton tandis ■
qu’ils bouillent , jufqu’à ce qu’ils foient prefque
réduits en pâte ; après les avoir retirés de l’eau,
ou les broie dans un mortier, jufqu’à ce qu’ils
ne forment plus qu’une bouillie femblable à celle
des chiffons qui ont pafie par les piles d’un moulin
à papier. '
L’on prend enfuite de la gomme arabique, &
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l ’on en fait une eau de gomme bien forte, dont
on couvre la pâte de l’èpaiffeuf d’un pouce ; on
met le tout enfemble dans un pot de terre verniffé
, & on le fait bien bouillir, en ne ceffant
de remuer, jufqu’àce que la pâte foit fuffifamment
imprégnée de colle ; après quoi on la met dans
le , moule qui doit être fait comme on va le
décrire.
Si vous voulez, par exemple, faire un plat,
ayez un morceau de bois bien dur, que vous
ferez travailler par un tourneur, de manière
qu’il puifie emboîter le dos ou côté extérieur
d’un plat ; vous y ferez pratiquer vers le milieu
un ou deux trous qui pafferont au travers du
moule.
Vous aurez outre cela un autre morceau de
bois dur, auquel vous ferez donner la forme
d’un plat, & feulement une ou deux lignes de
diamètre moins que l’autre. •
Frottez bien d’huile ces moules du côté qui a
été tourné , . & continuez jufqu’à ce que l’huile
en découle : ils feront alors dans l’état qu’ils
doivent être.
Quand vous ferez prêt à fabriquer votre vafe
de pâte, prenez le moule percé de trous, & après
l’avoir huilé de nouveau , pofez-le à plat fur une
table folide; étendez-y votre pâte le plus également
que vous pourrez , de manière qu’il y en
ait environ trois lignes d’épaiffeiîr.
Enfuite huilez bien votre fécond moule, & le
pofant exactement fur la pâte , appuyez deflus
très-fort ; mettez-ÿ un .poids fort lourd, & Jaif-
fez-ïe dans cet état pendant vingt-quatre heures.
Quand cette pâte fera fèche , elle fera aulfi
dure que du bois ; alors on y appliquera le fond
qui fera fait avec de la colle & du noir de
laqipe.
Enfuite on laifiera fécher a l’air ce p lat, &
quand il fera bien fec , on appliquera lé vernis
ci-dëfius, fi l’on veut donner un fo'nd noir à
J’ouvrage.
C ’eil par cette méthode qu’on fabrique ces
boites de carton, ou tabatières vernies , qui ont
eu tant de vogue, parce que le vernis que Martin
&. autres artifies don noient à ces boites, étoit
d’un très-beau brillant & fans odeur.
Vafes de fciitre de bois.
Pour faire des vafes avec de la feiure de bois»
on prend de la feiure fine, fèche; on la réduit
fur le feu en pâte , en y mêlant de la térébenthine
, de la réfine & de la cite.
Cette opération fe doit faire en plein air, de
peur que la matière' ne s’enflamme ; on met cette
pâte dans les moules, comme en l’a dit ci-defius,
& on fuit les mêmes procédés pour les vernir.
Lorfqu’on veut donner aux vafes une couleur
rouge, on met du vermillon dans le vernis.
On imprime fur les vafes les deiïins que l’on
defire; on applique un vernis par-deffus, & on