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dèfceuvrées ou détachées les unes des autres, avant
que d’être plongées dans là colle , même ÿ relier
lin temps fufflfant pour être bien collées fans
fe caffer. Ce qui contribue auffi à fépàrer ces feuil-
les les unes des autres, cé.fent les relevages de
l’échange feuille à feuille , qui détruifent leur
adhérence enfemble , à mel'ure qu’elles éprouvent
la defficcation fur les cordes. Ainfi, deux circonf-
tances font que le papier a moins befoin de former
des pages : la confiftance de la matière première
non-pourrie , en fécond lieu le feutrage qu’elle
acquiert par les réle-vagés réitérés. C’eft par cette
raifon que dans les étendoirs de Hollande & de
Flandre, on trouve la plus grande partie des feuilles
des pages défoeuvrées, parce que les pâtes font
produites par des chiffons non-pourris , & qu’outre
cela les porfes blanches ont été relevées avant
d’être portées à l’étendoir.
Ces fabricans font même fi affurés du dé-
feeuvrement des feuilles de leurs papiers , qu’ils
étendent en pages après la colle , fans craindre
que ces feuilles refient adhérentes, &oppo-
fent la moindre difficulté à leur féparation. Voyez
pag. 511.
P a n t a l o n ; ce papier eft fait ordinairement
de pâte moyenne en Angoumois & en Périgord :
il porte le plus fouvent pour enfeigne les armes
de la ville d’Amfterdam, étant defttné particulièrement
pour des marchands Hollandois qui en enlèvent
de grandes parties. On l’appelle aulfi Jmfier-
dam, ou fimplement papier aux armes, pag. 538.
Papeterie. Ce terme a deux acceptions ; il fe
prend pour les bâtimens mêmes de la fabrique,
puis pour la fuite des procédés & des manipul*-
tions qui concourent à la fabrication & aüx apprêts
du papier.
On dit , fuivant la première acception : cette
papeterie efi fituée, non-feulement fur unruiffeau
qui ne trouble pas, & dont la chute eft confidé-
rable, mais encore dans une belle plaine, où le
vent fe fait fentir convenablement. Dans un autre
fens, on dit Vart de la Papeterie fe perfectionne
tous les jours. Il a été enrichi par les Hollandois
, qui y ont introduit les manipulations de l’échange
, avec lefquelles ils adouciffent le grain dé
leurs papiers fans le détruire. La papeterie Françaife
s’eft procuré, depuis quelques années, de nouveaux
moyens de triturer les pâtes, en adoptant les cylindres
Hollandois, qu’il faut bien diftinguer des
cylindres François de Montargis>
Papetier; ce mot s’applique aux ouvriers ou
compagnons travailians dans les moulins; ainfi l’on
dit les ouvriers papetiers , les compagnons papetiers
commencent leur journée de bonne heure, & la
finiffent auffi de très-bonne heure , à moins qu’ils
ne faffent journée & demie.
On l’applique auffi aux marchands de papier des
villes : ainfi l’on peut dire que les marchands Papetiers
de Paris gâtent le papier .à écrire , en le
battant avec un large nurteau. Voyez iattre.
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Papier. On peut en diftinguer de deuxefpèces-
ceux faits de tiffus naturels, & ceux formés de
la réunion de certains principes homogènes, tiré«
des végétaux. Le papier d’Egypte, & celui fait de
liber font de la première claffe. On pourroit y
joindre d’autres papiers dont les feuilles de certains
arbres , ou même les dépouilles des animaux
fournilTent les étoffes. Le papier de la Chine, celui
du Japon, celui de Coton , enfin celui qui iè fa.
brique généralement en Europe avec le chiffon
font de la fécondé claffe. Voyez pag. 465 &
fuivantes.
Papier de chiffon ; époque de fon invention,
& de l’introduiftion de fa fabrication en Europe *
pag. 480.
Papiers ; leur diftin&ion, prife de la matière
dont ils. font fabriqués, confidérée comme pourrie
ou non-pourrie, pag. 52.5.
Papiers çle pâtes non-pourries :
Pour l’écriture.
Pour le deffin.
Pour les enluminures,
Pour tentures.
Pour enveloppes.
Cartons pour les étoffes.
Papier de pâtes pourries :
Pour l’impreffion.
Pour la gravure.
Pour les cartes à jouet*.
Pour être peints & liffés.
Papier fin ; papier fait de pâte produite par
les lots de chiffon fin.
Papier moyen; papier fabriqué avec des pâtes
moyennes , qui font le réfiïltat de la trituration
du chiffon de moyenne qualité,
Papier bulle ; papier de la troifième qualité,
de pâte produite par la trituration du chiffon bulle.
Voyez bulle.
Papier a lettres ; moyenne & petite forte,
pliée en deux : ainfi la rame de papier à lettres
n’eft qu’une demi-rame.
Papier a poulet: ce font ordinairement les
caffés des petits papiers à lettres, dont on plie les
bonnes demi-feuilles, & qu’on rogne : on en fait
auffi avec la pigeonne ou romaine, c’eft même l’en-
feigne de la pigeonne qui a donné lieu à la dénomination
de papier à poulet.
Pa p y r u s ; plante qui fourniflbit les tiffus naturels
dont on formoît le papier d’Egypte ; pag»
466. Recherches fur cette plante & fur celle de la
même efpèce; pag. 467 & fuivantes.
Pâte ; c’e ft, en papeterie, le réfultat de la trituration
du chiffon, qu’on réduit, ou par les maillets,
ou par les cylindres, à un état de ténuité plus ou
moins confidérable, fuivant les fortes de pap/ef
qn’on fe propofe de fabriquer.
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On diftingue ordinairement trois fortes de pâtes,
fuivant la fineffe & la blancheur des chiffons
du’on a fournis à la trituration. Les pâtes fines ,
les pâtes moyennes , & les pâtes bulles ; & l’on dit
en conféquence, que tel papier eft fabriqué avec
une pâte fine , ou màyenne , ou bulle, &c. & on
l’apprécie auffi d’après les différentes qualités de
ces matières,
Quant au travail de la cuve, on diftingue deux
fortes de pâtes : les pâtes fiurges, & les pâtes chargées
de graitfe. Les premières quittent l’eau facilement
, & fe travaillent avec une certaine aifance ;
les autres »retiennent l’eau dé manière à gêner
beaucoup le travail des ouvriers de la cuve, &
particulièrement l’ouvreur & le coucheur. Voyez
pag. 504 & fuivantes. Lorfque le triage du chiffon
n’a pas- été foigné à un certain point, & que les
pâtes font chargées de matières étrangères à la
fubftance du chanvre ou du lin , on dit que ces
pâtes font impures.
Je diftingue auffi les pâtes faites avec du chiffon
qui a été pourri, des pâtes qui réfultent de la trituration
dùm chiffon non-pourri : J’appelle celles-ci
pâtes naturelles, & les autres pâtes pourries : ces
deux fortes de pâtes fe comportent bien différemment
dans les diverfes opérations de la papeterie,
ainfi que je l’ai fait voir dans mon fécond mémoire
; & elles fourniffent des papiers dont les
qualités diffèrent beaucoup. On appelle pâte verte,
celle que donne un chiffon qui n a pas été fuffi-
famment pourri, & q u i, par le progrès de la trituration
dans nos piles, a pris une certaine quantité
de graiffe. Cette pâte verte s’annonce par des
nébulofités multipliées qui font vifibles lorfqu’ofi
examine les feuilles de papier contre le jour. Ceév
nébulofités difperfées font la fuite de la difpofi-
tion irrégulière de la matière, qui, retenant l’eau
trop abondamment, ne s’affaiffe pas fur la verjure
comme il convient , pour que la feuille acquière
une belle tranfparence. 11 eft vifible, par
ce que j’ai dit fur les pâtes , que les défeâuofités
principales des papiers, viennent des differens
états des pâtes.
On peut mêler avec avantage les pâtes qui re-
fultent-des différens lots de chiffon, pourvu que
les pâtés des lots fupérieurs ne dominent pas ,
dans ces mélanges , fur celles des lots inférieurs
pag. 485. Circonftances qui, dans les moulins à
maillets, concourent à la circulation des pâtes dans
les piles; pag. 490. Les pâtes paffent fucceffivement
dans trois fortes de piles à maillets , avant que
d’être propres à la fabrication du papier , ibid.
mais il fuffit qu’elles paffent dans deux piles à
cylindres , pour être préparées convenablement.
Patons , frétillons. Il y a deux fortes de pâ-
tons ; les uns font de petits paquets de pâte ; dont
lès filamens ont été roulés enfemble, de manière
qu’ils ne peuvent plus fe mêler à l’eau ni à la pâte
ordinaire, & qu’ils font des corps à part.
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Les autres font proprement des parties de la
fübftance du chanvre ou du Hn, qui ont reçu
une trituration imparfaite.
On multiplie beaucoup les pâtons de la première
efpèce, quand on charge l’affleurante d une trop
grande quantité de pâte , relativement à fon véhicule
, & quand le travail de la cuve fe fait a
petite eau.
L’ouvreur en fait auffi beaucoup avec fa forme
& fon cadre, loffque les pâtes font graffes, &
que l’eau n’entraîne pas toutes les molécules, de
manière à nettoyer la forme ; car alors comme elles
fe rencontrent fous les doigts de l’ouvreur, elles s’y
trouvent écrafées & froiffées les unes fur les autres.
Les tranfpotts des pâtes de l’affleurante à la cuve,
ou des piles aux caiffes de dépôts, occafionneftt
des pâtons. C ’eft pour les éviter, que les Hollandois
conduifent l’ouvrage, par le moyen de dallons
, de la pile des cylindres raffineufs aux caiffes
de dépôt voifines de la cuve, & qu’ils le conduifeht
avec tout fon véhicule, pour que l ’ouvrier le puife
dans ces caiffes, lorfqu’il fournit fa cuve. C ’eft
pour fe procurer ces avantages , que les piles des
cilyndres raffineurs font toujours', dans la diftri-
bution d’une papeterie Hollandoife , a un niveau
au deffus de celui des caiffes de dépôt &
des cuves. Par ces pentes ménagées, on facilite
la conduite de la pâte, ainfi que nous venons de
le dire.
Une pâte triturée lentement, & avec un moteur
foible, comme plufieurs papeteries l’éprouvent
en été & en automne, eft fouvent chargée des
: pâtons de la fécondé efpèce.
On eft expofé aux mêmes pâtons , lorfque dans
le déliffage des chiffons, on n’a pas foin de mettre
à part les noeuds des fils à coudre, les coutures
& même les chiffons durs ; dans ce cas, les pâtons
font longs , lorfque l’on triture ces matières avec
les maillets ; & ils font ronds lorfqu’on emploie
les cilyndres. Voyez noeuds.
Les pâtons annoncent une fabrication négligée :
on les découvre aifément fur ie papier, parle ton
de blancheur mate qui les détache du fond de l’étoffe
, outre la faillie plus ou moins grande qu’ils
ont fur ce fond. Les pâtons gâtent les plus belles
pâtes & le plus beau travail.
Pattes ; nom qu’on donne aux chiffons dans
certaines provinces.
Pattieres ; femmes qui font* la cueillettes des
chiffons.
Peilles ; nom qu'on donne aux chiffons dans
l’Angoumois, le Périgord & le Limoufin ; pag. 482.
Ce mot, dans le patois de ces provinces , ûgnifie
haillons’ & habits déchirés ; la peilla.
Perches des étendoirs ; ce font des pièces de
bois de trois à quatre pouces de face, &. percées
de plufieurs trous , dans lefquek on fait palier des
cordes qui fe correfpondent d’une perebe à l’autre.
Lorfqu’on place dans les entailles des piliers ces
perches , elles fervent à tenir les cordes bandées,