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genre. On ne doit les alimenter que de pain & !
de loupe.
«« IL vaudroit mieux , félon ^INSTRUCTION , taif-
» fer les moutons perpétuellement expofés au grand
a air ».
Obfervation du B e r g e r . Cela ne te peut pas en
France ; tous les grands troupeaux appartiennent
à des laboureurs , fermiers ou cultivateurs. La
laine n’eft, pour eux , qu’un troifième objet de
profit. Le fumier, foit du parc, foit de la bergerie,
eft le premier. Le fécond eft celui de la vente des
bêtes engraiffées , ou de réforme.
La préférence accordée 'hux hangars fur les bergeries ,
ne paroît pas fondée. Il n’eft ici queftion que des
bergeries où règne un courant d’air perpétuel, où
la propreté eft entretenue par un renouvellement
de litière, telle que le. pays le comporte
il eft indubitable que les bergeries de cette forte
l’emportent en utilité fur les hangars.Cela eft facile
à prouver.
i°. Le principal inconvénient des hangars à jour
de toutes parts, eft que la pluie, fur-tout lorfqu’elle
eft accompagnée de vent , mouille les fourrages
& les mangeailles. Le bétail n’en ufe plus avec le
même appétit ; la qualité eyi eft altérée ; les défourrures
humides , liées en bottes , fe chauffou-
rent, fe noirciffent , & ne peuvent plus, fervir
même pour la litière : elles rendent une odeur de
corruption , un goût de relan plus dangereux que
la vapeur du fumier. Le fourrage mouillé eft un
germe de pourriture & de confomption.
a0. Les bergeries font plus sûres que les hangars.
Une frayeur fubite agitant les moutons les portera
à forcer les clôturés des hangars. Les murs de
la bergerie raflùrent le propriétaire contre les vols
noâurnes & les diverfes pertes accidentelles de
ce genre. *
3°. Les forts laboureurs favent tirer parti de
leifrs bergeries ; ils y ferrent toutes fortes de récoltes
pendant le parc, depuis la faint-Jean jufqu’au
retour du troupeau. On y bat le bled & les grains
pour les femailles ; opération qui rend le logement
libre pour le quartier d’hiver : on y met aufli à
l’abri des injures de l’air beaucoup de meubles &
d’uftenfdes d’agriculture.. Les bergeries peuvent
également fervir de fouleries pour les vendanges.
Ces propriétés manquent aux hangars..
Une raifon économique décide un grand nombre
de laboureurs à préférer les bergeries aux hangars
à jour , aux parcs domeftiques & aiix parcs,
en plein-champ, en fuppofant qu’ils puiffent avoir,
lieu pendant, l’hiver. L’air libre, & v if double l ’appétit
des moutons , & la confervation des fourrages
par conféquent. Les parcs d’hiver ne fument
pas les terres également. Les bêtes s’amaffentpar
pelotons le long du côté où les claies les garantirent
du vent & des.frim^tsv ,
Il y a des. claffes de bêtes 4 laine qui prennent
çraiftè plys promptement aux bergeries qu’au parc
fit aux hangars. Inférons de-là qu’il ne faut point
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troubler chaque province, chaque canton dans b
pratique des ufages raifohnables , ni établir des
règles générales fur des connoiffances locales &
fur des expériences particulières.
En France, les hivers font extraordinairement
rigoureux , fur-tout dans fa partie feptentrionale
qui eft la plus étendue ; on y nourrit au fec ces
animaux ; le parcage d’hiver coûteroit immenfé-
ment ; il eft impraticable dans la plupart des cantons
: il n’y auroit pas de' sûreté à l’établir pendant
les longues nuits d’hiver ; c’eft pourquoi l’on
eft & L’on fera toujours néceflité à renfermer les
troupeaux dans les bergeries, fauf à les rendre plus
faines & plus aérées, en renouvelant fouvent la
litière, & en y perçant des jours qui ne nuifent
pas à la fureté. ,
Ce raifonnement fuffit pour démontrer qu’il eft
difficile d’améliorer les; laines de toutes nos provinces;,
au degré fuperfin:
. Ce n’eft pas qü’on veuille révoquer en doute
la, vérité de tout ce qui eft raconté du troupeau
de Montbard. Le territoire qu’il occupe eft, dit-on,
montueux , élevé , le fol fec ,& maigre l’air y eft
falubre , les herbes fines St de bonne qualité: on<
y.fupplée'aùx pâturages, plus exquis qu’abondans,
par des fourrages choifis , qui doivent coûter fort
cher. Un pareil local eft rare en France. Le régime
& la méthode font trop difpendieux. pour
être par-tout adoptés , & pour faire, du profit»
. l’état.
Voici en outre ce que l’expérience apprend,
touchant les parcs d’hiver , lorfque cette faifon anticipe
de quelques quinzaines fur le temps de ramener
le troupeau à la bergerie.
Le mouton ne peut foutenir la rigueur du froid,
qu’en lui donnant double ration d’une nourriture
choifie, & en prenant pour fa confervation desfoins
& des peines qui abforberont douze fois la
valeur de fa laine.
Ce fyftême eft pour, la laine, comme l’engrais,
des moutons de Beauvais en fait de .pâture ou engrais
à l’étable..
Cet engrais peut fe pratiquer par-tout au moyen
des provendes, abondantes ; mais la viande des
moutons, ainfi engtaiffés revient à 2Q & 3.0 fols
la livre au lieu de 4 & 5 fols que vaut en
automne la meilleure chair de moutons gras d’herbages,
conduits dans les pâturagesordinaires.
Ne vaut-il pas mieux acheter de l’étranger de la
laine: fuperfine au prix d’un é.cu la livre, que de
la payer 10& 1^ francs, pour la fatisfaêlion.-de;
i la faire croître chez foi ?:
Il eft beaucoup plus sûr & plus prudent de s’en
;! tenir 4 la pratique ufuelle de renouveler & c’a-
méliorer par des béliers formés, fur les lieux , ou
extraits; du voifmage. Il faut convaincre les nour--
* l iciers &■ les laboureurs de la vérité & de l ’u tilité
: 'dé; ce principe/, & les déterminer à n’épargner
j aucun foin» Pour peu qu’il y ait de concert
tre.eitx., les facilités qui fe présentent d’elles-^
«es, & perpétueront fans interruption. On obtiendra
à bon compte des béliers acclimatés &
affortis aux pâturages : la bonne nourriture perfectionnera
ou foutiendra la nature.
Il faut, félon t INSTRUCTION , mettre’ les moutons
à l'ombre durant la plus grande ardeur du foleil.
Obferi/atlon du Berger. L’ombre eft funefte
aux troupeaux de nourriture, même en plein midi :
ce repas peut caufer aux moutons les dangereuses
maladies de goëtre , d’hydropifie & de pourriture
; il rend le bétail mou & foible.
Il ne s’agit ici ni des troupeaux d’engrais » ni
des plaines brûlantes du midi, ni des étés extraor-
naires qui defîechent les herbes des plaines. L’arL
dité des coteaux de Montbard ne doit pas faire foi
pour le refie du royaume. Ce qui eft bon aux
troupeaux des bouchers, eft pernicieux pour ceux
des laboureurs.
Les nourriciers du midi abandonnent les plaines
pendant l’été : leurs troupeaux féjournent aux
montagnes durant quatre à cinq mois. Dans le
refte de la France, les chaleurs vives des étés
durent au plus trois ou quatre jours ; elles font
ordinairement modérées par des courans d’air.
La chaleur eft moins vive , mais plus étouffante
aux abris des haies, des bofquets ou des arbres.
Le mouton n’y eft pas plus fenfible que les . chevaux
, les vaches & les bêtes afines , qui paiffent
en toutes faifons & à toute heure du jour dans
les pâtis communs des paroiffes.
Il eft de l’intérêt du cultivateur que le .troupeau
prenne le repos du midi en plein air, fur
des terres façonnées , parce que ce repos opère
une fumure ; elle feroit en pure perte à côté des
haies, fur des friches ou places incultes.
Les lieux ombragés font prefque toujours in-
feftés de mouches & d’infeékes qui tourmentent
les moutons, les piquent jufqu’au fang, caufent
des ampoules & de petites plaies , dont la douleur
les fait bondir; ils viennent alors d’être tondus.
Les infeébes fuient l’ardeur du foleil:
Qu’on ne dife pas que fes rayons caufent le
tourny : cette maladie eft une efpèce de pourriture
qui, dans les jeunes bêtes , attaque le cerveau
, au lieu du foie dans les bêtes faites.
Selon F INSTRUCTION , « la paille d’avoine efi
» la meilleure, parce qu elle efi plus tendre ;'lapaille '
» de feigle vaut mieux que celle ch froment , parce
“ qu’elle n’efi pas fi dure, & qu’ il refie dans les épis
" quelques grains, que Von appelle des eperons,; la
" paille d’orge peut être nuifible à caufe des barbes
% qui peuvent tomber fur la laine ».
Il fe peut faire, dit le Berger. , que les environs
de Montbard produifent des bleds- inferieurs
à ceux de la Bauce, & du refte <f j royaume. Ce
n’en eft pa§ moins une vérité généralement reconnue,
que le bled eft la tête des grains , la nourriture
la plus fubftantielle , & que la paille patri"
cipe de la force & de la qualité des grains. La
paille de bled a toujours paffé pour être la plus
Kourrlffante. Celle de feigle vient enfuite , parce
que lé grain n’eft autre chofe qu’un bled maigre.
Il eft également certain , & de fa it , que la
paille d’avoine étant plus molle que les précédentes
, nourrit moins , lâche le ventre des
animaux ,ce qui les affoiblit. La paille dorge eft
rarement adminiftrée par la même raifon , & fur-
tout parce que les barbes des épis»battus peuvent
s’arrêter dans le gofier des moutons-.
La meilleure paille pour les moutons eft tou-
■ jours celle qui en eft garnie. Les animaux s en
nourriffent & mangent peu de paille.
La préférence des pâturages verds aux pâturages
fecs eft aufli décidée par l’état des années &
des territoires. Lorfque les pluies font continues ,
le fec eft préférable au verd. Une laine molle &
très-douce dénote un tempérament foible ; le cultivateur
propriétaire n’y trouve pas fo» compte ,
parce que cela arrive fouvent au préjudice de la
fanté des animaux.
Leur chair eft plus flafque, la graxffe plus molle ,
& le fumier plus liquide , & moins fubftantiel.
Dans /’ INSTRUCTION, le foin efi propofé comme la.
bafe de la nourriture du mouton.
Obfervation du Berger. Il faut l’adminiftrer le
plus rarement poffible. Il donne a la longue trop
de ventre , caufe la toux & une foif immodérée.
Les Nourriciers & les Laboureurs ont un intérêt
fenfible à en agir autrement. Ils réfervent le
foin pour les chevaux:, qui n’en perdent aucune
partie. Les bêtes blanches, au contraire , en jon ,
chent & en perdent plus qu’elles n’en mangent.
Mal-à-propos relègue-t-on l’eau de pluie & de
mare dans la dernière claffe des boiffohs. Ce font
indubitablement les meilleures , lorfqu’elles ont
toutes les qualités des bonnes eaux de citerne.
Moins crues , elles ne provoquent pas tant à boire
que l’eaü de rivière.
Du fel. La principale remarque eft que les moutons
peuvent très-bien s’en paffer. Son premier
effet eft d’aiguifer l’appétit, ce qui occafionne une
.grande confommation de fourrage ; il allume la
foif ; il rend plus aiguës & plus dangereufes les
maladies de feu ou de chaleur externe & interne,
comme l’éryfipèle, la gale, & c . , le mal de rate „
les coups & flux de fang, &c.
Il eft donc inutile de donner des moyens pour
préparer différentes fortes de fels artificiels , quand
le fel marin manque. L’urine humaine feroit la
meilleure falaifon. L’ufage des leflives de cendre
eft à réprouver, fans en excepter celles de farinent.
On l’emploie contre la pourriture ; fes bons
effets font rares. L’eau de chaux , meme feconae ,
eft très-dangereufe : peu de gens la favent fait'©«
L’instructiON propofe cCexciter à l’accouple-
'ment', les béliers & les brebis lents ou f i les , p-.irdes
fourrages ou alimens éckauffans.
Obfervation du Berger. Il faut bien s’en garder.
La brebis ainfi provoquée né conçoit pas , ou porte
un mauvais fruit.
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