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tous les alliages métalliques, que l'art à pu produire
jufqu’à préfent.
Au refte, toutes les expériences paroiffent démontrer
, fuivant l’expérience de M. Macquer ,
que s’il n’eft pas poflible de féparer jufqu’aux
derniers atomes du fer allié à la platine , on peut
au moins porter cette féparation jusqu’au point
qu’il n’en refte plus qu’une quantité infiniment
petite & inappréciable.
Mais une remarque qu’il eft bon de faire , c eft
que fi la platine étoit en effet un alliage d’or &
de fer , elle devroit reprendre les propriétés de
l*or à proportion qu’on détruiroit, & qu on lui j
enleveroit une plus grande quantité de ion fer ;
il arrive précifément tout le contraire.
Loin d’acquérir la couleur jaune, la fufibilité
& les autres propriétés de fo r , à mefure quon
lui enlève fon fer, la platine n’en devient que plus
blanche , & les propriétés par lefquelles elle diffère
de l’or , n’en font que plus marquées.
Emploi & utilité de la platine.
L’ufage de ce nouveau métal, qui réunit à la
fixité & à l’indeftructibilité de l’or une dureté, &
une folidité, prefque égales à celle du fer, qui
ne reçoit aucuiîe altération par l’aftion de 1 air
& de l’eau, qui n’eft fufceptible d’aucune rouille ,
qui réfifte auffî bien que des vaiffeaux de grais,
ou de verre , à tous les fels, même à l’eau-forte, j
& aux autres acides Amples ; ne pourroit manquer
de procurer des avantages infinis aux
(ciences, au commerce & aux arts.
Moyen de reconnaître la. platine alliée féparer d or & de l en .
Depuis que les meilleurs chymiftes de l’Europe
, ont examiné la platine s ils ont trouve &
P L A
publié des moyens certains & faciles de recon-î
noitre la plus petite quantité de platine, mçlee
avec l’o r , & même de féparer exactement ces
deux métaux l’un d’avec l’autre, dans quelque
proportion qu’ils foient unis.
Nous rapporterons feulement un de ces moyens ij
des plus commodes & des moins embarraffans.
Il eft fondé f«r la propriété qu’a l’or diffout, dans
l’eau régale , d’être précipité par le vitriol martial
, tandis que la platine ne l’tft point j & fur
celle qu’à la platine diffoute aufli dans l’eau regale
, d'être précipitée par le fel ammoniac j tanr
dis que l’or ne l’eft point par ce fel.
Cela pofé, lorfqu’on veut reconnoître fi l’or
eft allié de platine ; il n’y a qu’à le faire diffou-
dre dans l’eau régale. Si cet or eft en effet allié
de platine , elle fe diffoudra avec lui dans ce
menftrue , & il ne fe formera aucun précipité :
Mais en y ajoutant du fel ammoniac , diffout
dans l’eau , on verra bientôt la platine fe précipiter
fous la forme d’un fédiment couleur de brir
ques.
Si au contraire , on a de la platine qui contienne
de’ l’o r , & qu on veuille féparer eet or , il
ne s’agit de même que de faire diffoudre cette
platine dans l’eau régale, l’or qu’elle pourra contenir,
fe diffoudra avec elle ; mais en mêlant dans
cette diffolution du vitriol martial, réfout dans
l’éau , la liqueur fe troublera bientôt après , &
oh verra l’or former un précipité , qu’on fépa-
reVa facilement par la décantation & la filtration.
On peut donc affurer , que les motifs qui ont
déterminé le miniftère d’Efpagne , à interdire
l’ufage de la platine, ne fubfiftent plus ; & il y
a lieu d’efpérer, que quand il en fera affuré, la
fociété ne fera point privée d’une matière qui
peut lui être fi avantageufe , & procurer en particulier
, de nouvelles fources de riclftffes à la
couronne d’Efpagne, feule propriétaire d’un tré-
for fi précieux.
( 773)
ADDI T ION A L’AR T DU MONNOY A GE
Imprimé page i 3o et suivantes de ce •volume.
L e réda&eur de l'art du monnayage., avoit ren-
fermé en 73 pages dans la première partie de ce vo lume,
les procédés, & les principes , qu’il avoit
jugé utile de faire connoître.
Il avoit eu l’attention de confulter à cet égard,
& de citer les ouvrages des monétaires , les pHis
accrédités, les plus inftruits, les plus intègres.
Il avoit terminé & fanétionné , en quelque forte,
ù. do&rine & fes recherches , par un écrit profond
& lumineux, que M. des Rotours, premier
commis de l’adminiftration générale des finances ,
au département des monnoies, venoit de publier
en novembre 1787, & que le réda&eur, a employé
& fait imprimer à fon infçu. Enfin , le rédacteur
n’avoit accufé, ni inculpé perfonne dans
fon traité du monnoyage , ne s’attachant, comme
il s’en eft toujours fait une lo i, qu’aux intérêts de
l’art & de la vérité. Cependant, cet article à tellement
irrité un critique, qu’il n’a pû fe fatisfaire
qu’en épanchant fon fiel dans un volume in-40. ,
de 196 pages annoncé avec beaucoup d’emphafe,
& dédié aux Etats-généraux de France.
Quid dignum tanto fera hic promijfor hiatu ?
Il faut l’avouer, l’auteur de cette longue diatribe
ne redreffe aucun tort effentiel, & n’établit
aucune vérité. Mais , trompé fans doute,
par des circonftances paffagères , il a cru trouver
le prétexte de détruire, ou d’altérer la faine doctrine
qui le tourmente , confignée. dans le Mémoire
de M. des Rotours. En effet, c’eft principalement
contre ce monétaire aufli favant que
bon patriote , que le critique dirige fes traits &
fes efforts impuiffans. Il eft donc jufte, il eft
nèceffaire même pour ne laiffer aucun doute , fur
les principes d’un art qui intéreffe effentielle-
ment l’adminiftration J & généralement la fociété ,
que M. des Rotours. combatte lui-même , avec
les armes de la raifon & de la fcience, les erreurs
dangereufes , les fophifmes révoltans , &
le ton accufateur de fon adverfaire.
Quant à quelques négligences, ou fautes typographiques,
que le critique a eu grand foin
de faire remarquer, elles feront reparées à la fin
de ce volume , dans un errata moins étendu que
celui de fon ouvrage.
RÉPONSE DU SIEUR DE ROTOURS,
Premier commis de /’adminif.'ration généralj des
finances, au département des monnoies , membre
de Vacadémie des fciences, belles-lettres & arts de
Rouen, à V ouvrage du fieur Beyer lé , doEleur en
droit, confeiller au parlement de Nancy, intitulé :
» Effai préliminaire , ou obfervations hifto-
» riques, politiques, théoriques, & critiques,
fur les monnoies, pour fervir de fupplément à
» la première partie du tbme V de l’Ency-
» clopédie méthodique , dédié aux Etats g é - .
» nèraux. »
Veriiati irafci nef as efl. Plato, de Rep. Dial. V.
La lumière & l’inftru&ion naiffent, dit-on , du
choc des opinions ; ce n’eft qu’en difeutant une
queftion que l’on parvient à l’éclaircir (12) ; lorfque
cette difeuflion fe fait avec les égards & l’hon-
netêté que l’on fe doit réciproquement , elle
infpire un certain intérêt qui compenfe la fatigue
du travail & des recherches qu’elle exige ; mais
s’il arrive que l’efprit de parti porte l’un des aihlè-
tes à manquer à ces égards , en injuriant fon adverfaire,
la crainte de partager le mépris, qu’excitent
toujours d’auffi vils moyens de défenfe, détermine
bientôt celui-ci à quitter l’arène , parce
qu’il rougiroit de s’y montrer avec de pareilles
armes. Tel a été le véritable motif qui m’a empêché
de répondre aux écrits fatiriques , de M,
B. ---- Quoiqu’il lui plaife de triompher de mon
filence, eh le préfentant comme l’effet du. remords
& l’aveu de ma défaite , (/>) j’aurois con-
! tinué de le garder, ce filence , fi l’honneur que
les auteurs de l’Encyclopédie méthodique ont
(a) Page 11 des .réflexions préliminaires.
(b) Multo major eft opinio purgata, quam ft non fuijfetb
impetita (Caffiod. epift. lib. IV.}