
pour plus d e fureté , on donnera à un tel conducteur
jufqu’ à un poucec diamètre.
Pour qu’un conduCteur puiffe tranfmettre en
entier une explofion quelconque de.la foudre ,
& préferver complettement un bâtiment, il faut,
dit M. Barbier , que rien n’y arrête le paffage
du fluide éle&rique, & que celui-ci, dès qu’il
eft entré dans le conduCteur , puiffe le traverfer
librement' & fe répandre à l’inftant dans toute la
maffe du globe.»
On s’eu imaginé que l’intérieur de la terre, à
une certaine profondeur, étant toujours humide,
il fuffifoit que ie conducteur pût communiquer avec
cette humidité, pour être en état de remplir fa
fonction, En effet, cela peut arriver fouvent.
Mais , comme l’obferve M. Barbier, une explofion
éleÇtriqüe, en traverfant une couche d’eau très-
mince , la diffipe en vapeurs : il peut donc arriver
qu’une féconds explofion de la foudre, ne trouvant
plus l’humidité qui avoit fervi à conduire la première
, déploie fon énergie contre le bâtiment
qu’on vouloit préferver.
Cette humidité d’ailleurs, outre qu’elle eft variable,
offre toujours à la foudre un paffage moins
fibre qu’un grand volume, d’eau. Lorfqu’il* s’agira
donc de préferver un bâtiment d’une certaine importance,
je canfeillerai toujours , dit M. Barbier,
dfobferver fçrupuleufement la communication du
conduCteur avec l’eau.
On. voit dans les expériences électriques, lorf-
qu’on fait naffer une explofion par un con^
duCteur dont les parties ne font que faiblement
çontiguës , tel qu’une chaîne, des tiges de
métal Amplement accrochées , &c. qu’à chaque
point de contact il éclate une petite étincelle
, qui indique un obftacle , & par conféquent
un retardement dans le mouvement de l’é-
leâricité.
Par la même raifon, la foudre éprouvera plus
de difficulté à fe mouvoir dans un conducteur
dont les différentes pièces n’auront qu’un contaCt
imparfait, & pourra par conféquent l’endommager,
s’il s’y trouve quelque partie foible.
Toutes les fois donc , dit M, Barbier, qu’on
voudra fe procurer le plus grand degré de fureté
poffible , je confeille d’établir la continuité la
plus exaCte entre les différentes parties du conducteur
: cela fe fait très-aifémenten coupant
en bec de flûte les extrémités de chacu: e des barres
qui le. compofent , en les appliquant l’une
contre l’a u t r e & en les ferrant avec des vis.
On peut même, pour plus de précaution, interpoler
entre les joints dés lames de plomb qui
rendront le contact plus parfait*.
. Quelques pHyficiens regardent comme une
condition indifpenfable d’unir & de lier tou-
res les portions de métal qui font partie d’un
bâtiment , avec, le conduCteur qui doit le préferver
des ravages de. la foudre. Suivant eux ,
fi la foudre vient àttaqyér les unes ou les autres
de ces parties métalliques, elle fe di (fi per a fa.
cilement 8c fans caufer aucun dommage , par
le conduCteur auquel elles feront liées. Mais
cette précaution n’efi rigoureufement néceffaire
que pour les parties métalliques que la foudre peut
rencontrer dans fon chemin en fe portant au conduCteur
& avant d’y être parvenue.
Quant à celles qui ont toute autre fituatien , on
peut fe difpenfer de les faire communiquer avec
le conduCteur ; car iLeft certain que, même à dif-
tance égale, la foudre fe jettera de préférence fur
celui-ci, à caufe de fa continuité, 8c de l'iffue libre
& aifée qu’il lui procurera.
Le feul motif qui pût porter à ifoler le conducteur,
ce feroit la crainte de l’effet latéral de l’ex-
ploûon qui le traverfe.
En effet , fi le conducteur, defliné à préferver
un édifice, pèche par un trop petit volume, par
un défaut de continuité ou pour n’être pas enfoncé
jufqu’à l’eau , il eft ^poffible qu’une explofion
violente de la foudre produife un effet latéral
, qui aille même jufqu’à endommager l’édifice.
On en a vu l’exemple plus d’une fois,; mais,
comme l’obferve très-bien M. Barbier, un conducteur
conftruit avec toutes les précautions dont
nous avons parlé , fera en état de tranfmettre
librement 8c inftantanément tout le feu répandu
par un,e explofion de la foudre, & celui-ci Réprouvant
aucun obftacle dans fon mouvement,
ne fera aucun effort latéral, & ne caufera aucune
altération aux corps qui environnent le conducteur
& qui lui feront contigus.
Ainfi la précaution d’ifoler un conduCteur bien
fait, ou de l’éloigner du corps du bâtiment, eft
a b loin ment inutile, & l’on peut, fans courir aucun
rifque , le faire defeendre en-dehors ou en-dedans
du bâtiment, fuivanr la commodité.
Dans l'application des conducteurs aux .édifices,
on peut, dit M. Barbier , fe propofer decx
objets : l’un , de préferver uniquement un bâtiment
de la foudre , en offrant à. une explofion
quelconque qui viendra le frapper , un chemin
qui là conduife en entier dans l’intérieur de la
terre y fans danger pour le bâtiment ; l’autre ,
de diminuer l’éleCtricité que contient le nuage
orageux , & par conféquent le danger de fon
explofion, même pour les édifices qui entourent
jufqu’à une certaine diftance celui qui eft
armé.
Il eft certain , ajoute le même Savant, que pour
remplir complettement le premier objet , l’iifage
des pointes n’efi pas néceffaire.
Lorfqu’un édifice fera garni d’un conduCteur
métallique d’une capacité fuÆfante, bien continu
, en contaCt parfait avec les eaux de l’intérieur
du giobe , & qui fe préfentera de tous côtés à la
foudre , de préférence à toute autre partie du batiment
, quelle que fok la violence du coup qui
pourra l’affaillir ,. & quelle que foit la. fonue
ju conduCleur, pointue ou obtufe, ce coup pourra
bien laiffer quelques traces de fon entree dans le
condudeur, & quelque marque de fufion ; mais
une fois entré , il le traverferà fans effet fenftble,
& fans danger pour le bâtiment.
Pourquoi cependant s’en tenir à ce premier effet,
fi fans augmenter les rifques, on peut fe promettre
de remplir jufqu’à un certain point le^fécond
, dont l’utilité ne peut être conteftèe . O r ,
il n’y a que les pointes qui foient en état de 1 ei>
feCtuer.
Un conduaeur qui en eft dépourvu, n’a aucune
aftionfur la nuée, qui ne fe trouve pas affez à fa
partée pour lui donner une explofion ; les pointes,
au contraire , agiffent à une grande diftance fur
l’èleftricité des nuages , en la foutirant. M. Barbier
en fournit la preuve dans un conduaeur qu il a
fait élever au-deffus de fa maifon , qui excède
de douze pieds le toit, Sc qui fe termine par cinq
pointes d’argent de la longueur de fix pouces. Ses
voifins , nous dit-il, ont vu une flamme au fom-
met de chacune de ces pointes , dans un moment
où un nuage orageux , qui d’ailleurs ne fit
aucun dégât, paffoit au-deffus.
Quant à ce qui concerne l’élévation du conducteur
au-deffus du bâtiment, M. Barbier croît,
& avec raifon, que lo»fqu’il fe terminera en pointe,
on fera bien de l’élever autant qu’il fera poffible:
plus il fera é levé, plus il pourra déployer fon pouvoir
préfervatif.
Lorfqu’au contraire on fera fon extrémité ob-
îufé, on ne l’élevera qu’autant qu’il eft néceffaire
pour qu’il fe préfente à la foudre , de préférence
à toute autre partie du bâtiment, l’objet alors n é-
tant pas d’aller au-devant de l’explofion , mais de
lui préfenter feulement une iiTue qui puiffe la
tranfmettre à la terre directement & fans danger.,
Un conduCteur obtus préferve le bâtiment auquel
il eft adapté , fans augmenter le danger de
ceux qui l’environnent ; un conduCteur pointu le
diminue.
11 n’eft guère po.lîble de fixer la diftance a
laquelle un conduCteur pointu peut étendre fon
pouvoir préfervatif ; elle dépend d’une infinité
de circonftances variables , de la grandeur des
nuages, de leur éloignement , de la quantité
d’éleCtricité qu’üs contiennent , de leur., direction
, 4e leur mouvement, de la manière dont
ils fe préféntent aux pointes ; car il eft certain
que l’aCtion de celles-ci fe trouve extrêmement
diminuée lorfqu’elles ne fe préfentent point perpendiculairement
au nuage orageux , 8c c’eft la
raifon pour laquelle M. Barbier a terminé le conducteur
de fa maifon par des pointes inclinées en
différens fens.
Elles font au nombre de cinq , comme nous l avons
obfervé. Or , l’une eft verticale , & les quatre
autres font difpofées en croix, faifant avec la pre- >
roifire un angle de foixante degrés, pour fe préfenter
avantageufement aux différentes directions
par lefquelles les nuages peuvent s’en approcher.
On fera bien , en général , lorfgu’on voudra
acquérir le plus grand degré de fureté poflible
pour un bâtiment fort long, d’y élever une barre
pointue à chaque extrémité , & d’établir entre ces
barres une communication métallique.
Pour un bâtiment ordinaire , on fe contente, dit
M. Barbier, de donner à la foudre qui pourroit le
frapper, un conduit & une iffue qui puiffent la
tranfmettre jufque dans l’intérieur de la terre.
On ne craint pas que ce conduit foit contig»
au bâtiment ou paffe dans fon intérieur \ on ne
craint pas même d’y pratiquer quelque légère interruption
, pour obferver la marche & le phéno,-
mène de l’éleftricité de l’atmofphère.
* Mais il n’en eft pas de même des magafins à
poudre ; la plus petite étincelle éle&rique qui êcla-
teroit dans leur intérieur, pourroit être la caufe
d’un accident terrible , 8c l’on doit y pouffer les
précautions jufqu’au fcrupule.
Lorfqu’un conduCteur eft d’une capacité fuffifan-
te , bien continu, & qu’il plonge exactement dans
l’eau,on ne conçoit pas qu’il puiffe s’en échapper la
moindre étincelle de feu éleCtrique, Comme cependant
cela pourroit arriver par quelque caufe
inconnue, M. Barbier penfe qu il fera préférable
de placer le conduCteur extérieurement, & d en
établir deux , un à chaque extrémité du bâtiment,
conftruits avec toutes les précautions qui ont été
recommandées.
Il croit encore qu’ils peuvent fans danger etre
contigus au bâtiment, & qu’il n’eft pas néceffaire
de les établir , comme on l’a propofe, fur des mats
fixés à une certaine diftance.
Il feroit à délirer que les magafins a poudre
. n’euffent, dans leur conftruction , aucune partie
métallique extérieure faülante , & expo-
fée par conféquent à être frappée immédiatement
par la foudre. S’il s’en trouvoit cependant,,
il faudrait avoir fcân de les réunir au conduCteur
par un lien métallique , dont on rendroit la contiguïté
parfaitement établie avec l’une & 1 autre.
M. jBarbier penfe qu’au moyen de ces précautions
, les magafins feront garantis des dangers
de la foudre.
• Cet amateur diftingué nous fournit encore deux
obfervat ons relatives à la conftru&ion des conduc-
! teurs de la foudre.
La première eft que les gouttières & les tuyaux
de décharge , dont bien des édifices font garnis ,
forment d’excellens eondudeurs qu il nés agit plus
■ que de rendre continus , d’armer d une pointe
dans le haut_, 8c de faire communiquer avec l’eau
dans le bas , pour les rendre bien parfaits.
Ainfi, en conftruifant un édifice r bn fera bien.,
dit Ni. Barbier, de difpofer tout de fuite ces gout-
I tières 8c ces tuyaux de manière « pouvoir remplir
également la double fon dion, de conduire les