
La platine avec Pétain.
i9' On a jeté des parties égales de platine
& d’étain pur dans un mélange de flux noir &
de fel commun mis en forte fufion , 8c on a
pouffé le tout à un feu v if dans un bon fourneau
à fouiüets.
Après quelques minutes , les deux métaux parurent
parfaitement fondus ; & ayant été auiïi-
îôt vertes dehors , ils coulèrent librement le long
d’un moule étroit, formant un lingot uni,^a-
peu-près du même poids que la platine 6c, i é-
tain qu’on y avoit employés.
Le compofé fe' trouva exactement caffant , &
fe brifoit aifément en tombant. Quand il^ étoit
caffé, la fraClure avoit une furface ferree &
douce, quoiqu’inégale, & d’une couleur obfcure.
A la lime ou avec un couteau, il s’écorchoit
ailément en une pouflièré noirâtre.
20. On fondoit dans un fourneau à vent une
partie de platine & deux d’étain , couvertes de
flux noir, de borax & de fel commun. La platine
parut parfaitement enlevée par l’érain, auf-
fitôt après que le feu eût été pouffé jufqu’à une
^chaleur blanche claire. On trouva que le lingot
pefoit environ un quatre-vingt-dixième de moins. Il -
reffembloit beaucoup au précédent ; feulement il
étoit un peu moins caffant, & d’une couleur un
peu plus claire.
3°. Une once de platine & quatre d’étain ,
couvertes de flux noit & de fel commun , &
preflees à un fer très-vif, fe fondirent enfem-
bie fans éprouver à peine aucune perte de leur
poids. Ce compofé s’étendit un peu fous des
coups foibles d’un marteau plat ; cependant il
n’étoit pas liant : u* coup rude le caffa en morceaux
, & au couteau il fe grattoîl aifément. en
pouflièré. La furface caffée étoit raboteufe & d’un
tiffu grenu.
4°. Une once de platine & huit d’étain, jetées
dans un mélange fluide de flux noir & de
fel commun, s’unirent, fans aucune perte, en
un compofé affez liant , qui fupporta d’être
aplati confidcrablement fous le marteau fans fe
caffer, que l’on coupa uniment avec un cifeau
mince , & que l’on put gratter avec un couteau.
Quand il fe caffa, la fraâure parut d’un tiffu à
gros grain, étincelant, & d’une couleur un peu
obfcure,
50. Une partie de platine & douze d’étain ,
traitées de la même manière, formèrent un mélange
paffablement duftile ; mais toujours d’une
couleur mat te & obfcure, & d’un grain rude &
grofùer, quoique moins que le précédent.
6°* Un mélange d’une partie de plarine &
vingt^quatre d’étain s’étendit fous le marteau
prefqiffauffi aifément que l’étain tout feul, mais
fe caffoit bien plus aifément en ie ployant. Sa
couleur étoit plus blanche 8c le grain plus fin
& plus uni que ceux des précédentes compofi-
tions , quoiqu’à ces deux égards, il n’approchoit
pas , à beaucoup près , de l’étain pur.
70. Plufieurs de ces compofitions, couvertes
de flux noir, qui d’avance avoit été fondu fé-
parément jufqu’à ce qu’il eûteeffé de bouillir ,
furent expofées dans des creufets exa&ement lut-
tés à un feu violent dans1 un fourneau à vent
qu’on avoit déjà mis en état pendant huit heures.
En fôrtant de là on trouva que toutes avoient
fouffert quelque diminution de pefanteur, qui
montoit à. environ une quarantième partie de
l’étain. Mais pour l’apparence & la qualité, on
n’y aperçut pas d’aufe altération , fl ce n’eft
que le grain étoit un jpeu plus fin, & le tiffu
de quelque chofe plus uniforme.
Les mélanges précédens femblent renfermer,
dans la proportion des deux métaux , une étendue
fuffifante pour pouvoir découvrir les effets
généraux qu’ils font l’un fur l’autre. On peut
en conclure que, dans cette latitude, la platine
diminue la malléabilité de l ’étain, qu’elle en rend
la contexture plus groflière , & altère plus, ou
moins fa couleur , félon la proportion plus ou
moins forte de la platine : ôc que quand on
porte la dofe de platine j u f q u ’à un tiers de l’é tain
ou au-delà, la malléabilité que les deux
métaux avoient féparément, eft détruite par leur
combinaifon réciproque.
La différence dms les couleurs de ces compofitions
n’étoit pas fi fenfihle' fur la pierre de
touche, qu’en confidérant la fraéture des lingots ;
quoiqu’en y regardant de bien près , les marques
laiffées fur la pierre paroiffoient auffi toutes d’une
couleur plus fombre que celles de l’étain pur ,
& qu’elles l’étoient d’autant plus, que la platine
dominoit davantage dans le mixte. Gonfervés
dans une chambre fermée, ou dans des -boetes,
tous les lingots fe terniffoient à la fraéture, &
prenoient une couleur jaunâtre ; mais les morceaux
qu’on avoit frottés & polis , ont fouffert
pendant dix ans fort peu de changement, à l’exception
du feul mélange de parties égales de
platine & d’étain , lequel eft devenu extrêmement
fale & jaune.
Il eft à remarquer que quoique l’étain foit
un métal que le feu détruit aifément, il ne s’eft
trouvé prefque aucune perte de fa pefanteur
dans la plupart des fufions précédentes. On peut
attribuer cet effet en partie à ce que le mélange
de platine empêche la fcorific ttion de l’étain, Ôc en partie au flux dont on fit ufage , & à la
promptitude ou au peu de cont nuation de la
chaleur. Les n° 2 & 7 où la chaleur fut pouf-
fée lentement & continuée long-tems , furent
les feuls où la perte s’eft trouvée un peu confi-
dè.able*
La platine avec le plomb.
i°. Ayant jeté des parties égales de platine
& de plomb dans un mélange de flux noir &
de fel commun qu’on avoit fondus enfemble
par avance , on excita vivement le feu avec
des foufflets. Il fallut un degré de chaleur beaucoup
plus fort que pour la fufion de la platine
avec une quantité égale d’étain, & la perte fut
bien plus grande , car elle monta à une
foixante-quatrième partie du mélange métallique.
. t
Le métal cédant difficilement à la lime , fe
brifa par un coup modéré., & à la fra&ure parut
d’un tiffu fi.rré , d’une furface inégale , & avec
des bords baveux, & dentelés. Sa couleur étoit
fort obfcure avec une nuance foible de pourpre.
20. Une partie de platine & deux de plomb,
couvertes de flux noir & de borax, & expofées
à. un feu gradué dans un fourneau à vent ne
font venues aune bonne fufion , que quand le feu a
été pouffé à une forte chaleur blanche. La lon-
ue continuation du feu dans cette expérience
t que la perte fut confidérable, & monta prel-
que à une vingt-quatrième partie du mélange.
Le lingot fe trouva dur 61 caffant de même que
le précédent ; mais la contexture étoit à bandes,
& les ftries étoïent difpofées tranverfale-
nient.
3®. Une once de platine & trois de plomb ,s
traitées de la même manière, demandèrent auffi
une chaleur très-forte pour -opérer leur fufion
parfaite, & perdirent environ un vingt fixième.
Le métal fe caffa avec moins de facilité que
dans aucuns des précédens effais , & s’étendit
en quelque forte fous le marteau. Sa couleur
étoit un peu obfcure & plus tirant fur le pourpre.
4°. Une partie de platine & quatre de plomb ,
^yant été couvertes de- flux noir & de fel commun
, 8c expofées au feu dans un fourneau à
vent-, la platine ne parut parfaitement bien fai-
fie que quand le feu eût été pouffé à une chaleur
blanche extrêmement forte ; & la perte
fut d’une quarantième partie ou environ.
Les mêmes proportions des deux métaux jetés
dans un mélange fluide du flux & de f -1, pouflè
d’avance jufqu’au degré de cl»aleur qu’on vient
de dire, fe fondirent promptement , ne perdirent
qu’une partie fur cent foixante. Le lingot
fe trouva bien plus liant que le précédent, fe
lima fort bien, & fe coupa affez uniment avec
up cïfeau. En le caffant, la partie fupérieure parut
compofée de plaques brillantes, & la plus
baffe de grains obfcure & tirant fur le pourpre.
5°. Une partie de platine & huit de plomb fe
réunirent ailément à un feu v i f , & ne perdirent
rien ou fort peu de chofe. Le métal fe
travailla, 8c paroiffoit comme un plomb fort
mauvais. En le caffant, le tiffu parut compofé
en partie de fibres tranfverfales-, & en partie
de grains ; fa couleur étoit fombre & tirant fur
le pourpre.
6°. Une partie de platine & douze de plomb
s’unirent, fans aucune perte , en un compofé
fort peu différent du précédent. Son tiffu étoit
plus fin , & compofé fur-tout de fibres tranfverfales,
avec fort peu de grains.
7 °- Un mélange d’une partie de platine 8c
vingt-quatre de plomb ne fe trouva pas beaucoup
plus dur que du plomb d’une moyenne
qualité. La couleur en étoit toujours un peu tirant
fur le pourpre , & fon tiffu fibreux ; mais
les fibres en étoient fenfiblement plus fines que
quand la platine étoit en des proportions plus
grandes.
8°. Les quatre premières des compofitions précédentes
étant nouvellement polies , parurent
d’une couleur de fer fombre , 8c bientôt fe ternirent
en un jaune brunâtre, en un pourpre
foncé , & enfin elles prirent une couleur noirâtre.
Les trois dernières, taillées avec un cifeau,
parurent d’une couleur de plomb qui ne fe ternit
que fort peu ; cependant les caffures & les
furfaçes extérieures de toutes les fept ont
changé à-peu-prés en un noir tirant fur le pourpre.
. 90. En remettant une fécondé fois ces compofitions
au feu , on a conftamment obfervé ,
quand elles font arrivées à la fufion parfaite ,
que fi la chaleur fe rallentiffoit un peu , une
grande partie de la platine fe dépofoit au fond;
que néanmoins le plomb décanté , même à une
chaleur au-deffous de l’ignition, retenoit tant de
platine, qu’elle le rendoir d’un tiflù fin & fibreux ,
& d’une couleur de pourpre.
io°. Les divers mélanges couverts de flux
noir, & tenus en forte fi.'fi on dans d«.s creufets
exaélement luttés, pendant huit heures, fi-uffri-
rent dans leur poids une diminution q u i, dans
la plupart, monta à environ une trent.ème partie
du plomb.
En les brifant, ceux qui avoient une grande
proportion de platine, parurent d’un tiffu feuilleté,
& les autres, d’un tiffu fin & fibreux ; ce
qui paroît en général être des caraâè- es de l’union'
parfaite de la platine & du plomb. Tous
avoient un air plus blanc & plus brillant qu’au-
paravaqt ; mais ils fe ternirent plus vite à
l’air.