
c’eft-à-dire , fuivant le carré de la plaque, dans
le trou qu’on rend carré à coups de marteau ,
ce qu’on nomme étampcr un trou ; on lime en-
fuite ces pièces fur toutes les parties qui leur
font communes, & enfin on lime les rivures , &
on fépare les deux rateaux : on les lime fur lé
plat deffus & deffous avec une liraiq-bâtarde, puis
avec une lime douce on abat toutes les vives-
arêtes ; & dans cet état, i'1 ne s’agit plus que de
:-faire les gardes en bois ; mais il feroit bien plus
propre & plus folide de les faire en cuivre :
dans ce cas , on en fait une en bois | & on la
donne pour modèle au fondeur qui en coule
deux toutes pareilles, que l’on répare & ajufte
aifément enfinte.
Quant /aux tringles qui retiennent les dents,
elles feront mieux en acier, dont on trouve
chez les marchands de petites tringles d’un pied
de long & de toutes groffeurs.
Enfin , la règle fur laquelle repofent ^ les
dents , peut-être de cuivre ; mais , je le répète,
il faut être un peu habitué à travailler lès métaux,
ou bien adroit, pour monter comme il
lame tient plus de place*que de fimples fils de
foie.
Qu’on fe repréfente un peigne' deffiné dans la
proportion de quatre pouces par pied, où les dents
font diverfement efpacées , les dents des parties
qui doivent former les bandes , font plus fi rrées
que celles qui font defiinées à former le fond.
faut une pareille caffe , dont tout le mérite eft
la folidité, qui dépend de l’ajuftage des pièces
qui la compofent. Je penfe que cet uftenfile étant
fait foigneufement, ne laiffera rien à défirer aux I
ouvriers qui le mettent en oeuvre.
Description d'un peigne particulier à certains tiffiis.
Le peigne dent je vais détailler la conftruâion,.
fert pour quelques étoffes, & pour des gazes à
bandes. Dans les étoffes, il fert à fuppléer aux
inégalités des bandes qui font quelquefois plus &
quelquefois moins fournies que le fond; Il a donc
fallu mettre plus de brins à la chaîne dans certains
endroits que dansd’autres ; quant aux gazes où
l’on ne met guère qu’un ou deux fils par dent ,
il a fallu fournir les bandes un peu plus , ou quelquefois
le fond plus que les bandes.
Quoique dans la fabrique des étoffes on ait
coutume , quand le befoin l’exige , de faire paffer
plus de fils dans certains endroits d’un peigne que
dans d’autres, il eft certain qu’on ne réuffit jamais
aufli bien que quand le peigne eft fait exprès ;
mais la dépenfe deviendroit immenfe, fi l’on vouloir
faire faire un peigne chaque fois que telle
ou telle rayure l’exige.
Ce n’eft pàs ici le lieu d’expliquer ce méea-
nifme ; il fuffit, pour faire entendre le peigne qui
y fert , d’en donner une légère notion.
On doit donc favoir qu’il y a des étoffes où ,
pour varier agréablement , on fait une bande de
taffetas , une de fatin , une dé fergê ou de cannelé,
& -qù’d feroit à defiref que , dans ûn même
peigne chaque partie de la chaîne fût fabriquée
par une partie de peigne propre à chaque genre :
d’autres' fois, c’eft lorfqu’ori fabriqué dés étoffes'à
bandes en or ou argent , & il eft certain que la
On peut aifément ' concevoir un peigne où
les dents fuffent dans une difpofitîon inverfe
de celui-ci ; telle eft la différence qui fe trouve
entre ces fortes de peignes , qui d’ailleurs fe fabriquent
de la manière qu’on a v u e , & ceux dont
nous avons traité jufqu’ici : il faut cependant
avouer que ce peigne , qui fervoit beaucoup autrefois
, commence à être profcrit de la fabrique des
étoffes de foie , & qu’il eft 'prefque entièrement
j abandonné aux gaziers , qui même , à caufe de la
variété qui s’eft introduite dans ce genre de tiffu,
ne s’en fervent pas très-fouvent.
On monte ces fortes de peignes abfolument
j comme tous les autres : on y obferve feulement
de tenir les dents un peu plus fortes dans les endroits.
où elles font plus efpacées ; & pour trouver
plus, d’écartement entre les unes qu’entre les autres
, ori fe fert d’autant de fortes de ligneuls
; qu’on a d’écartëmens différens à produire.
Supposons , par exemple, un peigne où la
partie des bandes fô ir en proportion de huit
cents dents, fur vingt pouces; les dents qui
y entreront feront celles qui auroient compofé
un peigne plein du même compte , ainfi que le
ligneul dont- on s’y feroit fervi : fi le fond répond
à un douze cent fur la même largeur, les
dents & le ligneul feront dans la même propor-1
tion.
Il fuffit donc, dans ce cas , au peigner de bien
■ faire fes divifions, pour que les bandes & lel
fond occupent les places .qui leur font deftinées, &
qu’il n’y entre pas plus ou moins de dents qu’il
n’y en doit avoir.
C ’eft ordinairement le fabricant lui - même
1 qui donne au peigner les proportions du peigne
qu’il veut faire conftruire ; ces divifions fe mar-j
quent fur une bande de papier ou fur une règle
de bois, & à chaque divifion l’on écrit le nombre
de dents qui doit y entrer.
A pi es avoir parcouru toutes les fabrications des
peignes dans tous les genres , il ne refte plus quà
parler, en finiffant, de la manière d’entretenir lesl
peignes,& de les raccommoder lorfquil leur arrive
quelque accident.
De l’entretien & du raccommodage des peignes.
Les dents; des bords d’un peigne s’ufeiarbeaucoup
plus vite que celles du milieu ; il faut, dansl
ce cas ; leur en fubftituer d’autres.: c’eft dé quoi
' nous àllbris nous occuper en peu de mots.
■ En réfléchiffant ftir lès effets de l’incorporation!
de la trame dans la chaîne , ôn voir que çêtte trame
tend fans ceffe à faire rétrécir l’étoffe , & qus ce
rétréciffement fe fait particulièrement reffentir fur
les bords : de là viennent ces défauts , fouvent
légers , qu’on apperçoit aux étoffes près des deux
lihèrës ; ce même rétréciffement entraîne avec lui
les dents , & leur fait contraéler une courbure qui
nuit àu mouvemeut des brins de la chaîne, fur-
tout dans les étoffes de foie.
Les dents de canne s’ufent en fort peu de temps ;
celles d’acier même à la longue n’y fauroient ré-
fifter , & font fu jet tes à fe càiicher fur les bords. '
C’eft improprement qu’on a donné à ce défaut
du peigne le nom de cou:hure. La véritable couchure
eft celle qui provient de la foiblefié du montage
d’un peigne dont le ligneul venant à fe relâcher ,
fait perdre aux dqnts la dire&ion d’équerre qu’elle
forme avec les jumelles ; & dans ce cas une jumelle
s’avance par un bout, & l’autre par l’autre.
Lors donc que quelque dent du corps du peigne
( car celles des lifières étant beaucoup plus
fortes ,.ne font point fu jettes à ce défaut ) vient ,
à fe courber, fauffer , ou contraâer quelque autre
défeâuofité , il faut la changer ; & fi l’on étoit
obligé d’aller chercher un peigner pour cette opération
, l’on rî’àuroit jamais fini.
Il eft à propos qu’un fabricant lui-même fâche
remettre les dents, parce qu’aucun ouvrier n’eft
en état comme lui de ménager la chaîne de l’étoffe ,
cet ouvrage ,devant fe faire fur le métier même.
Ce n’eft pas un fecret , quoi qu’en difent quelques
ouvriers ; o u , s’ils en font un , voici en
quoi il confifte.
On commence par retirer le peigne de la rainure
du battant pour travailler plus à fonaife ;
& ayant choifi quelque bonne dent d’un vieux
peigne, en même compte de dents & de la même
foule , on les fubftitue aux mauvaifes : pour cela,
on coupe au milieu la dent qu’on veut ôter , &
l’on en fait fortir les deux parties , l ’une par en-
haut , l’autre par en-bas; ce qui n’eft pas difficile ,
fi l’on fe rappelle que les dents de canne forment par
leurs deux bouts une efpèce de pelle ; mais il faut
auparavant avoir déchiré le papier qui couvre le
ligneul, à cet endroit feulement. Il n’éft pas pôf-
fible de mettre la nouvelle dent dans la place de
l’ancienne ; il faut agrandir cette place : on fe
fert pour cela d’un poinçon aplati, que l’on enfonce
entre les jumelles en-haut & en-bas ; &
quand on juge que la place eft fuffifante , on fait
entrer la dent ; & dès quelle paffe en dedans de
la foule du peigne , on la faifit avec des pinces .
fort plates & fort minces , on l’amène vers les autres
jumelles, & on la fait entrer dans le fécond
trôii.
On peut faciliter la defcente de la dent par quelques
petits coups ; mais comme cela fatigue le peigne,
il vaut mieux s’en, abftenir. On change ainfi
dé fuite toutes les dents qu’on a à fubftituer ; &
comme le poinçon leur forme une ouvertùre dans
laquelle elles ballotent, on fe fert d’un autre poinçon
avec lequel on écarte un peu les dents voifines,
pour rendre aux dernières l’écartement uniforme
à toutes celles du peigne. •
Avec un peu d’attention dans ce travail , on
n’eft pas obligé de caffer les brins de la chaîne;
& fi l ’on a eu foin de conferver la féparation de
chaqp.e dent qu’on déplace, on en remet une nouvelle
dans le même'endroit, & l’étoffe n’en eft
aucunement endommagée.
Il n’eft guère poffxble au fabricant de raccommoder
ainfi plus de trois ou quatre dents de
1 fuité, attendu la difficulté de rencontrer les mêmes
écartemens ; mais comme il arrive .quelquefois
à des ouvriers de crever des peignes ,
c’eft - à - dire, de caffer ou fauffer des dents l’ef-
pace d’un pouce ou même plus, on peut le raccommoder
fur le'métier même, ce qt-i eft très-
difficile à bien faire ; ou enfin on coupe la chaîne
- pour remonter le peigne plus à fon aife.
Cette opération eft du rçffort du peigner. , &
U eft a fiez rare qu’un .ouvrier, ordinaire fo.it af-
fez entendu pour la bien exécuter. Dans ce cas,
: on ne prend point de dents à un vieux peigne ;
; on en fait de neuves que l’on égalife d’épaif-
feur & de largeur, autant qu’il eft poffible , &
bon les rogne, plane, ot finit d’excarner quand
elles font’ en place,, même fans fortir du métier.
Mais , je lé répète , cette ^opération eft très-
difficile, & demande la main la plus légère &
l’ouvrier le plus intelligent.
Ce que je viens de dire, de fubftituer des
dents neuves à celles qui font caffées, doit s’entendre
du milieu du peigne ; car quand ce font
celles des bords qui fqnt ufées, on ente ou tejle
’ les deux bouts. Ces deux expreflions, qui font
fynonymes , ne font cependant pas adoptées
dans toutes les fabriques de peignes : je les rapporte
pour les faire entendre.
Cette opération fe fait de plufieurs manières ,
mais je n’en rapporterai que deux : l’une eft
fuivie par tous les ouvriers , quoique moins
bonne ; la fécondé m’a été enfeignée par le
fieur Lemaire, peigner de Paris, dont j’ai déjà
parlé, & qui a eu la complaifànce de la faire
exécuter à ioifir fous mes yeux. Ce font ces
deux méthodes qni. vont faire la matière des
deux articles fuivans.
Première manière de tejler ou enter les peignes.
Pour enter un peigne , on commence par ôter
là garde d’un dès bouts par où l’on veut commencer
; enfuite on retire les dénts des lifières,
que l’on gardé, fi elles font d’acier , fans quoi on
les néglige ; enfin on coupe avec un fort canif
les dents de canne jufqu’à l’endroit où le peigne a
befoin d’être raccommodé : mais, avant toutes ces
opérations , il.eft néceffaire de s’afiurer ducompte
de dents que contient le peigne; & pour ne commettre
aucune erreur, on compte bien exa&e-
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