
On pem commencer cette fumigation avant que i
d’ouvrir la ruche, & la continuer à Faife pendant que
Ton enlèvera le miel, fans embarraffer l’opérateur.
On au. a ainfi le temps dechoifir à fon aife les gâteaux,
d’en féparer les différentes couleurs, & par deffus-
tout, de fauverla vie à un grand nombre d’abeilles.
■ Il doit par pitre fingulier que les gâteaux étant
élevés ordinairement en même-temps dans une ruche,
foient fi différemment nuancés, quoique ce
foient les mêmes matières & les mêmes ouvrières qui
es ont formés ; ne peut-on pas attribuer en partie ces
différentes couleurs aux différens volumes des gâteaux
que laiffe l’homme qui lève le miel, félon qu il
l ’entend, & relativement à la conftitution de l’annee ?
• Il tranche profondément quand les ruches font
pleines , jufqu’à la croix faite de deux bâtons toujours
mife au milieu de la ruche, & traverfant les
quatre ais.
L’expérience a fait voir qu’il ne faut jamais s enfoncer
plus bas,’ & fou vent moins, parce que la
fécherelfe du printemps efl ordinaire en ce climat ;
par où l’on voit qu’il eft des années où l’on retranche
des morceaux des vieux gâteaux qu’on avoit eu
raifon d’épargner l’année précédente. _
Ce long féjour leur donne une couleur jaune. Ce
qui le prouve, font les gâteaux fous la croix, qu’on
ne détruit pas; ils font roux de plus en plus, jufqu à
devenir prefque noirs à mefure qu’ils vieillirent.
J’ai remarqué d’ailleurs que lé miel des effaims efl
toujours le plus blanc ; ce qui confirme de plus en
plus que les différentes couleurs des gâteaux dans la
même ruche viennent de leurs différents, âges.
Il y a apparence que le miel de l’automne étant
toujours roux, contra&e, indépendamment de la
qualité des fleurs, cTette couleur par le chaud de
l ’été, qui agit fur les gâteaux que les abeilles fe
font empreffées d’élever d’ahord apres qu on leur a
enlevé le miel du printemps.
Cela nous conduit à confeiller de plus fort de
lever le mielàreprifes, en commençant toujours par
les ruches qui ont donné les premiers effaims , afin
d’éviter fon féjour trop long dans les gâteaux , où
il contraéle par-là une couleur moins belle, & un
goût moins agréable.
Lorfqu’il ne découle plus du miel de nos vafes,
nous croyons l’avoir tout tiré, & l’on porte ce que
contiennent les paniers dans une chaudière pour en
faire la cire.
Il efl pourtant certain que cet entaffement des
gâteaux qui ont été lacérés, maigre les grands vides
qu’ils laiffent ’entre eux dans les paniers, n ont pu
fuffire pour, laiffer écouler tout le miel de 1 entredeux
: de forte que ce qui y refte fe perd dans les
eaux danslefquelles on fait tondre la cire.
On le gagneroit fans doute par des lotions avec
de l’eau, qui, mêlées avec celle où les gens qui
font le miel lavent leurs mains, produiroient enfem-
ble une eau emmiellée, qu’il faudroit réduire enfuite
à une certaine confiftance par l’a&ion du feu, afin
qu’elle fe confervât pour fervir de nourriture aux
abeilles pendant l’hiver.
On peut encore extraire ce miel par effireflion?
en mettant dans un fac de toile claire, à diverfes re-
prifes & partie par partie, ce qui efl dans les
paniers , pour le faire preffer.
Le peu qui en découlera fera roux, & de la dernière
qualité. On peut en extraire un plus grand
volume, & l’avoir bien moins roux, fi l’on donne
despaffages libres à ce miel, afin qu’il coule v ite ,
& afin qu’il refie moins de temps mêlé avec la matière
qui compofe les gâteaux.
Je voudrois,à cette fin,qu’on fe fervît d’une caiffe
plus grande, mais femblable à celles de ces grandes
râpes quarrées longues avec lefquelles oh râpe le
tabac, & qu’on mît à la place du chaffis mobile qui
porte la feuille de tôle ou de fer-blanc, un chaffis
en boisa haut bord, avec des fils de fer arrangés
entre eux fur le fond à la place de la grille de tôle,
comme ils le font aux cribles avec trémie, pour le
blé, fur lefquels dèpofent le réfidu des gâteaux en
couche mince.
On verroit découler deffous dans la caiffe le miel
entremêlé, d’où il s’éçouleroit en inclinant la machine
dans un vafe mis au deffous. Ce meme crible,
ou plufieurs enfemble, feroit favorable pour hâter
l’écoulement de tout le miel.
Il en réfulteroit fans douje plus de beauté en
diminuant la durée du mélange avec la matière des
gâteaux. S’il paffoit plus de parties de cire par ce
crible, mêlées avec le miel, qu’il n’en paffe par la
méthode ordinaire, on auroit la même, reflource
qu’on a en celle-ci, d’écumer et deJaire filtrer les
écumes, en les remettant fur les parties qui relieront
lur le crible.
Il nous refte à confeiller un autre épurement du
miel que j’ai vu faite à une perfonne à qui j’en avois
envoyé un baril.
Quoiqu’il fût beau, elle voulut l’avoir encore plus
beau, & le filtra au moyen d’une toile de canevas. Il
en devint en effet bien plus beau ; le canevas arrêta
des parties mêlées de plufieurs couleurs, qui n'a-
voient pu s’en féparer fans cela.
Ce que j’en ai vu, m’a déterminé de faire à l’avenir
quelque chofe de femblable. J’ai fait faire
deux chauffes d’hipocrat de canevas, dont l’ouverture
de chauffe elt un cercle de bois d’environ quatre
pouces de diamètre, autour duquel j ai attaché chacune
ayant environ un pied de longueur.
J’ai attaché auffi fur le cercle une anfe de ruban de
fil i par lequel je veux fufpendre cette chauffe au cou
du vafe où loge le panier, & par où coule le miel
qui en fort. En paffant dans cette chauffe, il y dépo-
fera les faletés ht les écumes, qu’on videra à mefure
quelles s’y entafferont, ou dans les paniers
ou dans les cribles que je propofe, ou dansune autre
chauffe, tandis que le miel épuré tombera dans le
vafe au-deffous. ^ .
Article de M. Barthbs le pire, de la fociété royale
des fciejices de Montpellier•
M I R O I T I E R . ( Art du )
L E miroitier efl celui qui fait ou qui vend des
miroirs.
Le miroir efl un corps dont la furface repréfente
, par réflexion, les images des objets qu’on
met au-devant.
Miroir , dans un fens moins étendu, lignifie
une glace de verre fort unie, & étamée par-derrière
, repréfentant les objets qui y font offerts.
Miroir encatop trique lignifie un corps poli qui
ne donne point paffage aux rayons de lumière,
& qui par conféquent les réfléchit.
La fcience des miroirs efl fondée fur les principes
généraux fuivans. i°. La lumière fe réfléchit
fur un miroir, de façon que l’angle d’incidénce
efl égal à l’angle de réflexion.
2°. Il tombe fur un même point du miroir, des
rayons qui partent de chaque point de l’objet
radieux, & qui fe réfléchiffent, otpar conféquent
puifque les rayons qui partent de différens points^
d’un même objet & qui tombent fur un même
point du miroir, ne peuvent fe réfléchir en arrière
vers un même point ; il s’enfuit de-là que les rayons
envoyés par différens points de Tobjet, fe répareront
de nouveau après la réflexion , de façon
que la fituation de chacun des points où il parviendra
, pourra indiquer ceux dont ils font partis.
De-là vient que les rayons réfléchis par les
miroirs repréfentent les objets à la vue : il s’enfuit
encore que les corps dont la furface e fi ra-
boteufe & inégale, doivent réfléchir la lumière -,
de façon que les rayons qui partent de différens
points fe mêlent confufément les uns avec les
autres.
Les miroirs peuvent être diflingués en miroirs
plans, concaves, convexes, cylindriques, co-
niques , paraboliques , elliptiques , miroirs à
roues, &c.
Les miroirs plans font ceux dont la furface eft
plane : on les appelle ordinairement miroirs
tout court; nous allons principalement nous en
occuper , ayant parlé des autres dans l’art- du
lunettier opticien, tome 4 de ce diâionnaire des arts
& métiers, p. 2,56.
Les premiers miroirs artificiels furent de métal.
Cicéron en attribue l’invention au premier Efculapè.
, P^uve plus inconteftable de leur antiquité,
‘ f l endroit de l’Exode , chap. x x x vm , où il
eft dit qu’on fondit les miroirs des femmes qui !
fervoient à l’entrée du tabernacle , & qu’on en j
«t un badin d’airain avec fa bafe.
Outre 1 airain on employa l’étain & le fer |
bruni ; on en fit dépuis qui étoient mêlés d’airain
& d’étain. Ceux qui fe fabriquoient à Brindes
paffèrent long-temps pour les meilleurs de cette
dernière efpéce ; mais on donna enfuite la préférence
à ceux qui étoient faits d’argent ; & ce
fut Praxitelle, différent du célèbre lculpteur de
ce nom, qui les inventa ; il étoit contemporain
de Pompée le Grand.
Le luxe ne négligea pas d’embellir les miroirs ;
il y prodigua l’o r , l’argent, les pierreries, & enfin
des bijoux d’uu grand prix. Sénèque dit qu’on
en voypit dont la valeur furpaffoit la dot que le
Sénat avoit affignée des deniers publics fà la fille
de C11. Scipion.
On ornoic de miroirs les murs desappartemens;
on en incrufioit les plats ou les baffins dans
lefquels on fervoit les viandes fur la table; on
en revêtoit les taffes & les gobelets, qui multi-
plioient ainfi les images des convives.
Il paroît que la forme des miroirs anciens étoit
ronde ou ovale. Vitruve dit que les murs des
chambres étoient ornés de miroirs & d’abaques ,
qui faifpient un mélange alternatif de figures
rondes , & de figures quarrées.. Ce qui nous
refte des miroirs des anciens prouve la même chofe.
En 1647 on découvrit à Nimègue un tombeau ,
où fe trouva entr’autres meubles un miroir d’acier
ou de fer pur, de forme orbiculaire , dont le dia^
mètre étoit. de cinq pouces romains : le revers
en étoit concave & couvert de feuilles d’argent,
avec quelques ornemens.
Quoique le.métal fût long-temps la feule mai-
jière employée pour les miroirs , il eft pourtant
inconteftable que le verre a été connu dans les tem ps
les plus reculés. Le hafard fit découvrir cette admirable
matière, environ mille ans avant l’époque-
chrétienne
Pline dit que des marchands de nitre, qui trav
e r s e n t la Phénicie, s’étant arrêtés fur le bord
du fleuve Bélus, & ayant vouiu faire cuire leurs
viandes, mirent,, au defaut de pierre, des morceaux
de nitre pour fontenir leur v afe , & que ce nitre »
mêlé avec le fable , ayant été embrafé par le feu „
fe fondit, & forma une liqueur claire & tranfpa-
rente , qui fe figea, & donna la première Idée de
la façon du verre.
y II; eft d’autant plus étonnant que les anciens,
n’aient pas connu l’art de rendre le verre propre
à conferverla représentation des objets, en appliquant
l’étain derrière, les glaces, que les progrès
de la découverte du verre fut pouffée chez eux
fort loin.