
lation ( c’eft ce que l’on nomme des deniers'cou-
rans ) , afin de procéder fur les unes comme fur
les autres, au jugement du travail. .
On commence par faire la vérification du poids j
en pefant un marc de pièces de chaque efpèce,
prifes au hafard, d’abord fur les deniers de boîte,
& enfuite fur les deniers courans ; on compare le
poids reconnu par la pefée, à celui què les juges-
gardes ont annonçé par le regiftre des délivrances.
Ces pefées fe font par le greffier en chef de la
Cour, en préfence, tant du confeiller qu’elle a
commis au jugement de la boîte que du procureur
général.
Si les officiers de la monnoie ou ces efpèces
ont été fabriquées , fe trouvent à Paris , il leur
eft permis d’affifter à cette vérification, la cour y
fait même appeler les officiers de là monnoie de
Paris , lorfqu’il eft queftion de leur boîte.
Les dire&eurs étant tenus de fabriquer droit de
poids, fi leurs efpèces font jugées foibles dans
les remèdes, la cour les condamne à reftituer au
Roi le montant de ce Jbiblage fur tout leur travail
de l'année ; elle établit ce foiblage en comparant
, foit le poids qui réfulte de la pefée
qii’elle a fait faire , foit celui qui eft porté par
le regiftre des délivrances , avec celui auquel
le dirc&eur a dû travailler : elle prend toujours
pour bafe le plus foible de ces trois poids.
Si le travail eft jugé hors des remèdes , le di-
re&eur eft condamné à reftituer au Roi le montant
de tout le foiblage, & à payer folidairement
•avec les juges-gardes , une amende telle qu’il plaît
à la cour de la fixer.
La vérification du titre des deniers de boîte, &
des deniers courans, fe fait conjointement par
l’effayeur-général des monnoies , & l’effayeùr
particulier de la monnoie de Paris.
Lorfqu’il eft queflion d’y procéder, le coqfeil*
1er qui a été commis’ au jugement de la boîte,
fe tranfporte au griffe de la cour , il y p end
au hafard tel nombre qu’il veut de deniers de
boite & de deniers courans; mais il ne peut pas
en prendre moins de deux de chaque efpèce : il
fait couper, de chacune des pièces qu’il a choi-
fies, un petit morceau que l’on nomme prife
d'ejfai ; il enferme enfuite chacune de ces pièces
dans un cornet particulier'.qu’il numérote, il enveloppe
particulièrement chaque prife d’ejfai dans
un cornet particulier, auquel il donne un numéro
correfpondant à celui que porte le cornet de la
pièce qui l’a fournie ; tous ces préparatifs fe font
avec les précautions nèceffaires pour empêcher que
les effayeurs ne devinent ,1e.nom de la monnoie
dont ils vont vérifier te travail. Les chofes. ainfi
ilifpofées, le ccmmiiiaire de la cour leur remet les
arifes d’effai fur lefquelles ils doivent opérer ; ils
Mi conftatent le titre en fa-préfence & en font
leur rapport, dont on rédige enfuite un procèsverbal;
M. le procureur-général eft prêtent
toutes ces opérations. •
Si le titre a été rapporté échars dans les remèdes
, le directeur elt condamné à reftituer ait
Roi le montant de cette écharfeté ; s’il eft trouvé
échars hors des remèdes, la cour le condamne
non-feulement à reftituer le montant de l’échar-
feté, mais encore à payer une amende, qui,
conformément à l’édit de feptembre 1778, ne
peut être moindre du double du montant de la
reftitution. L’effayeur 'feft auffi condamné en une
amende arbitraire.
Dans ce dernier cas, la cour ordonne toujours
une fécondé vérification, que l’on nomme reprife
d'ejfai ; on y procède avec les mêmes, formalités
qu’à la première, & en préfence du dire&eur &
de l’effayeur, ou eux duement appelés, en vertu
d’une affignation qui leur eft donnée à la requête
du procureur-général.
Si par le réfultat de cette reprife d’effai, les
deniers reviennent dans les remèdes de lo i, on
n’a aucun égard aux premiers rapports , & l’é-
charfeté du travail eft arrêtée, comme pour les
écharfetés dans les remèdes.
Si les rapports des féconds effais fe trouvent
plus hauts ou plus bas que les premiers , & cependant
toujours hors des remèdes , l’écharfetè
de tout ;e travail eft arrêtée, conformément à
l’art. 10 de la déclaration du 20 mars 1774, fur
le pied du titre de la pièce la plus écharfe , en
préférant néanmoins le titre le plus haut auquel
elle a été rapportée, foit par le premier effai,
foit par le fécond.
L’article 9 de l’édit de feptembre 1778, autorise
l’effayeur à demander qu’il lui foit permis de
faire apporter fes peuilles pour être eflayées,
fous les yeux de la cour, & le décharge de l’amende
fi elles fe trouvent dans les remèdes, ( i)
Il eft temps de marquer toutes les circonf-
tances qui doivent être oblervées dans le cours
de la fabrication des efpèces , tant par les maîtres
des monnoies & les commis aux régies, que par
les officiers des monnoies, ainfi qu’ils y font obligés
par les ordonnances.
Ceile de l’année 1566 , veut que les matières
d'or & d'argent qui feront portées dans les mon-
noies, y foient convertie,s en efpèces aux coins &
armes- du Roi.
Mais comme ces matières font ordinairement
de dtfférens titres , les maîtres ou commis en
font l’alliage fur le pied du titre des efpèces à.
fabriquer. , @
On pèfe à cet effet, les matières d’or féparé-
ment, feion leur qualité & la différence de leur
titre , .& on fait un calcul exaél des trente-
deuxièmes, qui font au deffns du titre des efpèces
à'fabriquer, & des trente-deuxièmes qui font.au- 1
(1) Extrait de l ’almanach des Monnoies•
deffous du même titre enfone que le plus te
le moins mêlés enfemble, ne foient m au-defius m
au-deffous du titre des efpèces, mais autant juites
qu’il peuvent être.
A l’égard des matières d’argent, on les pefe
auffi féparément félon leur qualité & la différence
de leur titre, & on fait un calcul exaift
des grains de fin qui font au-deffus du titre des
efpèces à fabriquer , & des grains de fin qui
font au-deffous du même titre, afin que le plus
& le moins alliés enfemble, ne foient ni au-deffus
ni au-deffous du titre .des efpèces, mais autant
juftes qu’ils peuvent ê tre ............. V -1
Quand les matières ont été alliées , on les rond
dans les creufets de fer ou de terre, que l’on met
dans des fourneaux de briques, qui font bâtis
contre le mur fous de grands manteaux de phe-
niinées : ces fourneaux font à 'fent ou à foufflet.
Ce qu’on appelle creufet de terre, n’éft autre
chofe qu'un ■ vaijfeau en manière de pyramide, ou de
cbne renverfé, qui ejl fait de terre glaife & de pots
de grès pilés & tamifés , & qui ejl propre à fondre
l'or, l'argent- & autres métaux.
Quant au creufet de fe r , c’eft un vaijfeau'en
manière de petit feau fans anfe-, qui ejl de fer
forgé, & qui ejl propre à fondre les métaux à la
réferve de l'or, parce qu'il s'y aigrirait. I
Il y a des creufets de terre qui tiennent jufqu’à
trois à quatre cents marcs ; mais on ne fe
fert dans les monnoies que de ceux de cent marcs
pour fondre l’o r , quoiqu’on en ait une plus
grande quantité, afin que fi le creufet fe caffe
il y ait moins de perte ; on obferve même de
n’en mettre que 95 marcs au plus dans un creufet
de 100 marcs ; parce que l’or pétille beaucoup
lorfqu’il eft au plus haut degré de chaleur, &
que le fondeur en pourroit répandre en le retirant
du feu pour le jeter en lames , joint à cela
que l’on y braffe bien mieux l’or quand il eft en
bain.
L’or fe fond ordinairement dans un creufet de
terre bien recuit, doublé d’un autre pour plus
grande fureté. Ce creufet fe met. ;dans un fourneau
creux, dont le feu , excité par un foufflet,
agit puiffamment ; on remplit le fourneau de
charbon , & le feu y étant, on ne difeontinue
point de fouffler, que l’or ne foit fondu & affez
fluide pour le jeter en lames.
On appelle or en bain, l’or entièrement fondu;
& quand il eft prêt à fondre, on dit de for çn
pâte. On dit de même de 11 argent en bain ou de
l'argent en pâte.
Pour l’argent on fe fert ordinairement de fourneaux
à vent, pour lesquels il. n’y a point de
foufflets.
On emploie à préfent dans toutes les monnoies
de france, des creufets de fer pour fondre
l’argent & l’on y trouve mieux fon compte.
La première fois qu’on fe fert d’un creufet de
fer, il porte 4 à .5 marcs de déchet plus qu’à
l’ordinaire, parce qu’une partie de l’argent s'imbibe
dans le,s pores du fer, d’où on le retire
comme on verra ci-après.
Ce que l’on entend p3r brajfer, c’eft bien remuer
les matières en bain, afin qu’elles puiffent
être également fines par-tout ; mais on obferve
de ne braffer l’or en bain qu’avec une manière
de canne de terre cuite appelée brajfoir , parce
que'fi elle étoit de fé r , cela aigriroit l’or; &
même on fait bien chauffer cette canne, car autrement
l’or pêti.lleroit & s’écarteroit. A l’égard dè
l’argent on fe' fert d’un brajfoir de fe r , ou une
cuiller percée comme une paffoire, parce qu’il n’y
a pas d’inconvenient , mais on les fait chauffer
pour les raifons que je viens de marquer.
Les creufets de fer font ordinairement plus
grands que ceux de terre. Il y en a qui tiennent
jufqu’à quatorze à quinze cents marcs ; j’en
ai même vu dans la. monnoie de Paris , qui te-
noient jufqu’à 1700 marcs & plus, & qui y ont
fervi long-temps ; mais on obferve d’y mettre
toujours un peu moins d’argent que ce qu ils en
peuvent tenir, afin de mieux braffer l’argent en
bain , & que fi l’effayeur trouve que le titre en
foit ou plus haut ou plus bas que celui des efpèces
à fabriquer , on y puiffe remettre ou du fin ou
de Ï’alliage, jufqu’ à ce que l’argent en bain foit
au titre qu’il doit être pour être jeté en lames;
& pour en juger, on en retire un petit morceau,
qu’on appelle goutte, afin d’en faire l’effai.
Quart au billon ou au cuivre, comme il s’en
fait ordinairement un grand travail, la fonte fe
pratique autrement que celle de l’argent.
Elle fe fait à la cajfe, avec un grand foufflet difpofé
de la même manière que ceux des maréchaux
A l’endroit où eft le feu vis-à-vis l’embouchure,
du tuyau du foufflet, on pratique en terre graffe
un creux rond comme le cul d’une jatte, contenant
mille à douze cents marcs ou davantage fi
lion veut.
On met dans ce creux, qu’on appelle la cajfe,
une partie de cuivre ou billon que l’on veut
fondre avec la quantité d’argent requife , puis
on le couvre de charbon ; & pour en pouvoir
mettre davantage, on place deffus une cage de fer
ouverte par le haut, & qui joint en demi cercle
contre le mur du fourneau.
On remplit cette cage de fer de charbon juf-
qu’au faîte, & à mefure quil s’affaiffey:'on jette
d’autre charbon par-deffus. Le foufflet marche toujours
pendant cette fonte.
Au bout de deux heures ou environ, toute
la matière étant fondue & bien braffée, on fait
ceffer le foufflet, on ôte la cag e , & on en
prend des cueillerées qu’on verfe promptement
dans les chaffis ; mais cette fonte à la caffe caufe
plus de déchet que les autres.
En général & quelques précautions qu’on puiffe
prendre, il fe trouve toujours du déchet fur toute«
S ij