
lement, jufqu’à faire rougir entièremeat les cor-
nues.
De cette manière il traita la platine avec
huit fois fa pefanteur de chacun des trois acides
précèdens, avec deux fois fon poids de mercure
fublimè, avec deux fois fon poids de fel ammoniac,
8c avec trois fois fa pefanteur du mélange
appelé fel alembrot, qui eft compofé d’une
partie de mercure fublimè ôc deux de fel ammoniac.
Dans chaque expérience, la quantité de
platine étoit de foixante grains.
Avec les acides nitreux 8c marins , il eut dans
le col de la cornue un fublimè ciyftaUin blanc,
qui, vu dans un mycrofcope, reflembloir à l’ar-
fenic cryftallin, mais dont la quantité étoit trop
petite pour pouvoir la foumettre à aucun examen
ultérieur. Quand il fe fervit de l’acide marin
, il y eut suffi un autre fublimè d’une couleur
rougeâtre ; & dans tous les cas , la platine
qui reftoit, fut changée en partie en une couleur
brune rougeâtre. Le mercure fublimè s’éleva
fans couleur, 8c laifla la platine d’une couleur
grifâtre foncée, & rougeâtre çà & là. Le fel
alembrot s’éleva auflî parfaitement blanc , mais
il fut fuivi d’un peu de matière jaunâtre ; la platine
reliante étoit d’une blancheur éclatante ,
prefque comme de l’argent. Avec le fel ammoniac
il y eut un beau fublimè jaune ( appelé
par erreur bleu , dans les Mémoires de Berlin ) ,
lemblable à celui qui s’élève d’un mélange de
ce fel avec le fer : la platine reliante étoit plutôt
plus blanche qu’auparavant, & au bout de
quelque temps elle devint un peu humide à
Fair.
M. Marggraf fait line mention expreffe que
dans ces expériences il employa le métal crud
8c fans être épluché ; au lieu que dans les
miennes je n’avois employé que les grains blancs
les plus gros, d’entre lefqüels j’avois ôté avec
foin toutes les parties hétérogènes 8c les grains
de mauvaife couleur , que j’avois pu diftinguer
avec le fecours d un verre à grolur les objets.
Il ell très-certain que les fublimés ne prove-
noient pas de la platine elle-même, mais de fes
mélanges ; le blanc peut-être des globules mercuriels
qui fe trouvoient unis avec les acides ;
& le jaune , des parties ferrugineufes. L’auteur
conclud lui-même , d’après ces expériences , que
les acides n’ont point d’a&ion fur la véritable
platine, mais attaquent en quelque forte fes parties
ferrugineufes ; & que l’acide marin femble
produire cet effet dans un plus grand degré que
les deux autres.
La platine avec l*Eau régale.
L’eau régale , qui eft la propre menftrue de
l’o r , étant verfée fur la platine , commença à
agir fur elle à froid légèrement, & par l’afiif-
tance de la chaleur, elle la diffout lentement &
avec difficulté, acquérant d’abord une couleur
jaune qui devint foncée peu-à-peu, à meture
que la menftrue devenoit plus chargée, 8c. enfin
finit par être d’un rouge brunâtre obfcur &
prefque opaque.
a0. L’expérience fut répétée plufieurs fois
avec différentes fortes d’eau régale , faites en
diffolvant du fel marin & du fel ammoniac fé-
parément, dans quatre fois leur pefanteur d'eau-
forte , & en extrayant l’efprit de nitre dans
une retorte de la même proportion de chacun
des fels. Toutes ces menftrues ont diffous la
platine, 8c il ne m’a pas paru que l’un le fit
plus aifément ni en plus grande quantité que
l’autre. M. Macquer a effayé aum plufieurs
eaux régales , compofées de différentes portions
des acides nitreux 8c marins ; & il a trouvé
qu’un mélange de deux parties égales des deux
efprits étoit un de ceux qui lui ont réufli le
mieux.
3°, Pour déterminer la quantité de menftrues
néceffaire pour fa diffolution, j ’ai préparé une
eau régale, en délayant dix onces 8c demie d’ef-
prit fumant 8c fort de nitre avec huit onces
d eau , 8c extrayant le mélange de fix onces de
fel commun : cinq onces de cette eau régale ,
qu’on peut eftimer contenir trois onces ii’efprit
acide très-fort, ont été verfées fur une once
de platine dans une cornue à laquelle éroit
adapté un récipient. Y ayant un feu modéré ,
la menftrue agit affez vivement, 8c il s’en éleva
des fumées rouges en abondance. Quand les
deux tiers ou-environ de la liqueur furent ufés,
fon aéfion étoit à peine ou point du tout fen-
fible , quoique le feu fût confidèrabiement
pouffé.
La liqueur diftillée, qui paroiffoit d’une couleur
rougeâtre claire, étant encore reverfée dans la
retorte , la diffolution recommença d-* nouveau;
la vapeur qui s’éleva pour lors , étoit beaucoup
plus pâle que d’abord. Ayant répété la co-
hobation quatre fois, la liqueur diftillée devint
toujours de plus en plus pâle à chaque fois :
à la fin, les fumées 8c Paéiion ceffèrent, quoique
le feu fût augmenté, 8c une partie de la
platine refta .fans être diffoute. On verfa donc
la diffolution hors du vafe , & on ajouta un
peu plus de la menftrue : on recommença la
diftillation 8c la cohobation ; 8c ccs procédés furent
répétés jufqu’à ce que toute la platine parût
être enlevée , à l’exception d’un peu de matière
blanchâtre qui fembloit être fes impuretés.
Les dernières portions de menftrue ne
paroiffant pas être fuffifammeut foulées , on y
ajouta encore un peu de platine ; 8c apres
que l’acide eût ceffé' d’agir, on fit fécher 8c ofl
pefa le refte de la platine, pour voir combien
il y en avoit eu de diffoute.
On trpuva que par cette méthode d’application
, une once de platine avoit été diffoute par
, ’ " huit
huit onees & un quart de menftrue ; laquelle
quantité de menftrue , Corinne il paroît par la
manière de fa préparation, étoit compofée de
quatre onces 8c demie d’efprit acide vigoureux,
délayé avec trois onces trois quarts d’eau ; au
lieu que quand la digeftion étoit faite dans des
vaiffeaux découverts , 8c qu’on laiffoit échapper
les fumées , il falloir, pour diffoudre une once
de platine, environ quatorze onces de la menftrue
ci-deffus , contenant près de huit onces d’efprit
acide fort. Il paroit que la platine en demande
une bien plus grande quantité que l’or ,
& qu’elle fe diffout avec beaucoup plus de difficulté.
4°.*M. Marggraf s’eft fervi d’une eau régale
compofée d'une partie de fel ammoniac 8c (eize
parties d’eau-forte ; il a trouvé qu’il falloit vingt-
quatre onces de cette menftruç pour diffoudre
une once de platine.
On peut foupçonner qu’ici la dofe de fel ammoniac
n’étoit pas fufffante pour mettre toute
l’eau-forte en état d’agir fur la platine , de
forte que le métal ne fut diffous que par une
portion de la menftrue , le refie étant une eau-
forte fuperflue.
L’auteur obferve qu'à froid la diffolutiçn jeta
de petits cfyftaux rougeâtres : cependant il en
diflilla la moitié dans une cornue, 8c ne remarqua
pas qu’il foit arrivé dans le réfidu concentré
aucune cryftallifation ; d’où il paroît s’enfui-
vre que la moitié de la liqueur n’étoit poiut
effentielle à la diffolution.
5°. M. Macquer a fait une expérience de la
même efpèce, qui fe rapporte mieux avec la
mienne : feize onces de fon eau régale , com-
pofèe de parties égales d’es acides nitreux &
marin ont diffous par digeftion une once de
platine ; 8c dans mes effais , j’ai trouvé qu’il n’ên
falloit pas plus de quatorze onces.
Les efprits acides diffèrent fi^fort par leur
force , 8c la circonftance que les vapeurs foient
plus ou moins renfermées pendant le procédé ,
influe fi confidèrabiement fur la diffolution ,
comme il paroît par l’expérience rapportée ci-
deffus , qu’on ne doit pas efpérer d’avoir une
reffemblançe exa&e fur ce point. 6°. Dans toutes les diffolutions d'e platine
i eft refté au fond une portion de matière noirâtre
, foit que la platine ait été féparée ou non
de fa poudre noire. Dans quelques expériences,
où j’avois choifi les grains les plus purs du métal
, la quantité de cette matière indiffeluble a monté
àenvironfix grains fur une once, ou une quatre-
Vingt- feizième partie.
Quand je me fuis fervi du minéral entier, fans
en féparer les matières hétérogènes, le réfidu a
oté dans un effai de plus d’une quarantième ,
& dsns une autre , d’environ u e trentième
partie. On ne peut pas en déterminer la .propor
Uon avec beaucoup d’exaditude, parce que la fubf- Arts & Métiers. Tome V. Partie II.
tance indiffoluble défend contre l’a&ion de l’acide
quelques petites particules du métal
même.
7°. Une grande partie de ce réfidu , comme
l’obferve M. Marggraf .eft attirée par l’aimant,
fonprincipe ferrugineux étant probablement
logé par couches dans la matière fabioneufe, de
forte que l’acide ne peut pas y atteindre. Comme,
les grains les plus fins du métal laiffent toujours
plus ou moins d’une fubftance indiffoluble , il
s’enfuit que la diffolution rend la platine un peu
plus pure.
Toutes les, expériences rapportées dans cette
fe&ion concourent à établir un rapport très-
fort entre la platine 8c l’or. U y a quelques antres
métaux qui, à la vérité, le diffolvent dans
l’eau régale, & avec beaucoup plus de facilité';
mais réfifter foit à l’acide vitriolique pur , à
l’acide marin, ou à l’acide nitreux , dans les circonstances
où l’or 8c la platine leur réfiftent,
ce font des propriétés ,qui font particulières à
ces deux métaux.
Expériences fur la folution de platine.
Les folutions de platine dans l’eau régale ,
quand elle eft chargée du métal jufqu’a fatura-
tion, font d’une couleur rouge brune, prefque
opaque & obfcure ; quand elles ne font que
légèrement imprégnées, elles font d’un jaune à-
peu-près femblable à celui de l’or. Quelques gouttes
de la liqueur faturée teignent une grande quantité
d'eau d’une belle couleur d’or. Je ne cor-
nois point d’autre corps métallique dont les fo-
lutidns dans les acides foient fi riches & fi étendues
en couleur, ou teignent une fi grande quantité
des fluides aqueux.
Malgré cette faculté de s’étendre qu’a la couleur
de la liqueur même , 8c fa reffemblançe,
quand elle eft délayée, aux folutions d’o r , elle
n’efl pas propre à communiquer aucune couleur
aux autres corps ; 8c à cet égard la platine diffère
confidèrabiement de l’or. Elle corrode la
peau, la rend rude 8c dure ; mais je n’ai pas
remarqué qu’elle lui donne aucune teinture, pas
même la jaune , que la menftrue feule communique
à la peau. L’ivoire , des plumes , de la foie, du bois ,
de la toile, ont été trempés dans la liqueur délayée,
8c expofês au foleil ; on a répété la même opération
trois ou quatre fois : tous ces corps font
devenus bruns, à caufe que la matière colorante
de la folution s’étoit féchèe à la furface ; mais
i’eau a fait difparoître promptement cette teinte,
8c laiffé ces corps fans couleur com ne auparavant
, excepté que la foie , après avoir été lavée,
a retenu une certaine teinture tirant fur le
brun
La folution verfée fur du marbre chauffé, l’a
rongé fur-le-champ, mais fans lui donner aucune
couleur. Verfée goutte à goutte dans des
X x x x