
lution de platine dans de l’eau régale. L’évènement
fut encore le même ici. Le métal fe divifa
en grains , extrêmement menus qui femblèrent en
quelque façon pénétrer le creufet.
7°. Il réfulte de tout ceci qu’il y a une répugnance
très-forte entre la platine & l’argent. MM.
Scheffer a remarqué pareillement la difficulté d’incorporer
ces deux métaux, quoique la difperfion
du métal , laquelle n’a pas été confidérable dans
mes expériences quand les quantités étoient petites
, ne l<Shbie pas avoir été du tout aperçue
dans les fiennes. Il obferve que la platine fe fond
plus difficilement avec l’argent qu’avec le plomb
ou le cuivre ; qu’il faut trois parties d’argent
pour faire fondre une partie de platine avec un
chalumeau ; & que le mixte conferve la 'blancheur
qü’avoient auparavant les deux métaux ,
mais fe trouve dur &. cafîant.
Dans tous mes mélanges avec de grandes proportions
de platine , la couleur a été inférieure de
beaucoup à celle de l’argent; d’ailleurs, étant fort
ternes /les mixtes tenoient un peu d’une nuance
jaunâtre ; & cette couleur jaune demeura fenfi-
bie, même lorfque l’argent montoit juiqu'à vingt
fois la pefanreur de la platine ; mais une partie
de platine avec trente d’argent fit un mélange
auffi liane que lV ge r t même. Aucun d’eux
ne paroît s’être terni ou avoir changé de couleur ,
pour avoir été gardé.
La platine avec T or.
Le rapport prochain & remarquable de l’or
avec la platine, dans beaucoup de propriétés qu’on
a fupuofé jufqu’ic.i appartenir à l’or feul, leur contrariété
anfli manifefte dans d'autres , & les préjugés
que de l’or a été altéré par le mélange de
quantité confidérable de platine, m’ont engagé
à examiner dans un plus grand détail les effets
de ces deux métaux combinés avec differentes
proportions de l ’un avec l’autre.
Les proportions ont été ajuftées fur les poids
de carat, comme il eff expliqué dans la Septième
faction de l’hiftoire de l’o r , la finefle de l’or
étant exprimée ordinairement par le nombre des
carats & leurs fubdivifiôns. Le poids abfolu de
ce qui eff appelé un carat dans ces expériences,
étoit de quatre grains.
i®. Douze carats d’or fin & la même pefan-
teur des grains les plus fins de platine, mis
dans un fourneau à Soufflets, furent pouffes pendant
près d’une heure avec un feu fi violent ,
que le morceau de brique de Windfor, dont le
creufet étoit couvert, commençoit à fe fondre ,
quoiqu’il eût été trempé dans de l’argile de
Sturbridge , délayée bien claire : en brifantr le
yaiiïèau, le métal fe trouva en un culot ou pain
uni , qui ayant été recuit à la- chaleur d’une
lampe , & bouilli dans de l’eau d’alun ( liqueur
que les ouvriers emploient communément pour
nettoyer ou éclaircir les maffes d’or ou d’argent)
parut, foit dans la mafle où fur la pierre de touche
, d’une couleur de métal de cloche pâle, fans
aucum? refîèmblance à l’or. -Il fupporfa plufieùrs
corps & s’étendit confidérablement fous le marteau
, avant de commencer à fe . fendre fur les
bordures.
En examinant la caflure avec un verre à grof-
fir les objets , l’or & la platine parurent inégalement
fondus, & on vit diftinâement plufieurs
petites particules de- la dernière ; le mélange ne
devint pas entièrement uniforme, après avoir été
remis au feu plufieurs fois, & avoir foufftrt
plufieurs heures d’une forte fufion. -
a®. Dix-huit carats d’or & fix de platine furent
fondus enfemble , comme les précédens, à une
chaleur intenfe continuée près d’ une heure. Le
bouton recuit & bouilli fe trouva d’une couleur
moins pâle qu,e le précédent, mais il n’avoit rien
dé ta couleur d’or. Il fe forgea paflablement bien,
comme de l’or grofiier.
A l’oeil nud il paroifloit uniforme ; mais avec
une bonne lentille, on découvroit, dans celui-ci ,
auffi bien que dans l’autre, quelqu’inégalité de
mélange , quoique la fufion ait été répétée deux
ou trois fois avec un degré de chaleur auffi fort
qu’on le puiffe exciter aifément avec des fouf-
. fiers.
3°. Vingt carats d’or & quatre de platine furent
tenus perd *nt une heure- & demie en forte
fufion. C es métaux s’incorporèrent en une maffe
égale, dans laquelle on ne pouvoit-diflinguer
aucun petit grain de platine , ni aucune diflem-
blance de parties. La .couleur étoit encore fi terne
& fi pâle, que l’on ne pouvoit prefque pas à
l’oeil juger qu’il contint de l’or. ,
Il fe forgea a fiez bien en une plaque fort mince,
mais on ne put pas en tirer un fil d’aucune fi-
neffe confidérable.
4°. On fondit vingt-deux carats d’or de la
même façon avec deux carats de platine, qui eff
la même proportion que l’or au titre doit contenir
d’alliage. Le mélange fut uniforme, & avoit
un couleur d’or allez bonne, mais cependant un
certain air fombre, par où l’oeil pouvoit en même
temps la- difimguer , non feulement de l’or
fin , mais encore de toutes les efpèces d’or allié.
Il fe travailloit fort bien, fe forgea en une plaque
mince fans fe gerfer , & fe tira en fil paffablement
fin.
5°. Vingt-deux carats & demi d’or & un demi
de platine, ou quinze parties du premier pour
une de la dernière , fe fondirent en' une maffe
u n ifo rm equ i. après avoir été recuite & avoir
bouilli à l’ordinaire, fe trouva un peu plu,s liante
que la précédente , & 'd’une meilleure cou- j
leur. 6°. Vingt-trois carats d’or furent fondus avec
un de platine , qui eft à-peu-près moitié de la
proportion que l’or au titre doit contenir d’alliage.
Le compote fe travailla très-bien ; mais on le
diffinguoit d’avec l’or fin ou au titre , par quelque
degré de la mauvaife couleur des deux précédens
, qu’il conferva encore après des. chauffes
, des fuiions & des lotions réitérées.
7°. Vingt-trois carats & un quart d’or & trois
quarts de carat de platine , ou trente & une parties
du premier pour une de la dernière , formé'
rent un mélange égal, bien malléable, du&ile ,
comme les trois‘ précédens, à chaud auffi bien
qu’à froid , mais pas tout-à-fait exempts de leur
mauvaife couleur'particulière. -
8°. Un mélange de vingt-trois carats & demi
d’or avec un demi carat, ou un quarante-feptiè-
me de fon poids de platine , fe trouva fort doux
& flexible , d’une bonne couleur, fans aucune
apparence de la nuance défagréable qui faifoit
diftlnguer aifément à l’oeil tous, les précédens
d’ayec toutes des fortes d’or allié que j’aie jamais
vu.
9°. Un mélange de vingt-trois carats , trois
quarts d’or avec un quart de carat, ou un quatre-
vingt-quinzième de fa pefanteur de platine, ne
put pas fe diflinguer à l’oeil, ni fous le marteau,
d’avec l’or fin féparément.
io°. Dans tous les procédés ci-deflus , même
quand la quantité de platine étoit fort petite ,
la fufion fut faite à un feu violent, afin que la
platine pût être parfaitement diffame , & également
difperfée parmi l’or. Cette précaution a
paru fort nécefiaire. Ayant une fois jfondu de
l’or avec un quart de fon poids de platine ,
le bouton ne parut pas beaucoup plus pâle que
l’or au titre allié d’argent ; mais à une fécondé
fufion, 'il perdit fa couleur jaune , & reffembloit
à-peu-près à du métal de cloches. La couleur
d’ôr . a rut n’avoir été quefuperficielîe, & être venue
de ce que le mélange étoit imparfait ; la plus
‘grande partie de la pla ine ayant été cachée dans
la partie intérieure de la mafle, & couverte en
quelque forte d’une enveloppe d’or.
i i ° . Dans certaines circonftances j’ai vu l’or ,
après avoir été entièrement mêlé avec la platine,
la rejeter encore en partie à la furface. Le mélange
précédent de couleur de métal de cloches ,
apres des fufions réitérées avec & fans additions ,
& à des degrés différons de chaleur, eft devenu
une lois jaune à la furface, En paflant des mélanges
de platine & d’or à la coupelle avec du
plomb , j’ai trouvé plus d’une fois le bouton
refiant ccavert d’une peau d’o r , & tout le dedans
d’une couleur gr.ie.
12". En fondant enfemble la platine & l’or,
je m'étois toujours fervi d’un peu de borax, pour
flux, avec une addition de nitre qui relève un
peu la couleur de l’o r , ou du moins empêche
le borax de le rendre pâle. J’ai refondu quelques
morceaux de ces mélanges avec du borax feu l,
avec du nitre feul , avec du fel commun , avec
du fel alkali fixe , & avec de la pouflière de
charbon de bois : ceux fondus avec le borax
parurent les plus pâles , & ceux avec la pouflière
de charbon furent les mieux colorés , quoique
les différences ne furent pas bien confidérables.
130. Comme une petite portion de cuivre relève
un peu la couleur de l’or pâle, j’ai fondu de la
platine avec huit fois fa pefanteur d’or au titre ,
allié avec du cuivre ; c’eft-à-dire , trois parties
de platine avec vingt-deux d’or fin, & deux de
cuivre. La fufion rut faite , comme dans les
expériences précédentes, à un feu violent, dans
un creufet fermé , mais fans aucun flux, & continuée
environ une heure. Le métal parut couvert
d’une croûte noire J & avoir perdu environ une
deux-centième partie de fon poids. Il étoit d’une
couleur beaucoup plus terne , plus dur fous le
marteau, & fe gerça plutôt fur les bords , que
n’avoient fait les mélanges d’or fin avec des
quantités beaucoup plus confidérables de platine.
Au moyen d’une fufion réitérée, & à force d’être
fouvent recuit au feu , il devient un peu plus fou-
pie & plus liant, au point de pouvoir être tiré
en fil affez fin ; mais la couleur en étoit encore
extrêmement terne, plus reflemblante à celle du
cuivre fort mauvais, qu’à celle de l’or.
Il réfulte de ces expériences , que la platine
diminue beaucoup moins la malléabilité
de l’o r , que celle des autres métaux malléables
, & infiniment moins que le plomb, l’étain
, le fer, & les métaux fragiles ne font celle
de l’or : que dans des proportions confidérables
elle gâte & déprime la couleur de l’or beaucoup
plus que l’alliage ordinaire, lui communiquant
un mauvaife couleur remarquable, & qui “lui eft
particulière ; & qu’elle durcit & dégrade la couleur
de l’or au titre , allié dé cuivre , beaucoup
plus que l’or fin : que- dans de petites portions
, comme un quarante-feptième & au-deflous,
elle ne fait pas un préjudice fenfible, ni à la
couleur, ni à la malléabilité de l’or ; & par con-
féquent, que de grande.; portions de platines
mêlées avec de l’or , fe peuvent découvrir à l’oeil;
mais que de petites portions , fi elles font
parfaitement unies avec l’o r , ne fe font connoi-
tre d’elles-mêmes , ni à la vue , ni fous les mains
des ouvriers.
La platine avec le cuivre.
i°. Des parties égalés-de platine & de cuivre
expofées , fans addition , à un feu vif excité