
NATTIER ET SP ARTERIE (Art du)
Cet art eft très-ancien. Tout nous indique qu’il
a été trouvé dans l’orient. Les anciens Anachorètes,
tels que les Paul & les Antoine, travaill
e n t à faire des nattes & s’en couvroient ; les
Orientaux s’ en fervent aujourd’hui pour coucher
deffus.
Les nattes font des efpèces de tiffus de paille ,
de jonc , de rofeau , de quelques autres plantes
ou écorces faciles à fe plier & à s’entrelacer.
Les nattes de paille font compofées de divers
cordons, 8c les cordons de diverfes branchés ,
ordinairement au nombre de trois. On peut mettre
aux branches depuis quatre brins jufqu’à douze,
& plus, fuivant l’épaiffeur qu’on veut donner à la
aatte, ou félon l’ufage auquel elle eit deftinée.
On natte chaque cordon à part, ou, comme on
dit en terme de nattier, on le trace féparément,
& on le travaille au clou.
On entend par travailler au clou t attacher la
tète de chaque cordon à un clou à crochet enfoncé
dans la ba?re d’en-haut d’un fort tréteau de bois ,
qui eft le principal inftrument dont fe fervent ces
ouvriers.
Il y a trois clous à chaque tréteau, pour occuper
autant de compagnons, qui, à mefure qu’ils
avancent la trace, remontent leur cordon fur le
clou, & jettent par-deffus le tréteau la partie qui
eft nattée.
Lorfqu’un cordon eft fini, on le met fécher avant
de l’ourdir à la tringle.
Pour joindre ces cordons & en faire une natte ,
on les coud l’un à l’autre avec une groffe aiguille
de fer, longue de dix à douze pouces. La ficelle
dont on fe fert eft menue 5 & pour la diftinguer
des autres ficelles que font & vendent les çordïers,,
on la nomme ficelle à natte.
Deux greffes tringles, longues à volonté, &
qu’on éloigne plus ou moins fuivant l’ouvrage ,
fervent à cette couture, qui fe fait en attachant
alternativement le cordon à des clous à crochet,
dont ces tringles font comme heriffées d’un côté ,
& à un pouce environ de diftance les uns des
autres : on appelle cette façon, ourdir'ou. bâtir à la
tringle.
La paille dont on fait ces fortes de nattes doit
être longue, & fraîche ; on la mouille, enfuite on
la bat fur une pierre avec un pefant maillet de bois
à long manche, pour l’écraler 8c l’aplatir.
La natte de paille fe vend au pied ou à la toife
carrée, plus ou moins, fuivant le prix de la
paille : elle fert à couvrir les murailles & les planchers
des maifons ; on èn revêtit aufli des chai-
fes & l’on en fait des paillaffons.
Les nattes de palmiers fervent à former les
grands & les petits cabats dans lefquels on fait
venir différentes marchandifes.
Les nattes de jonc, du moins les fines, viennent
du levant : i ly en a de très-chères, & travaillées
avec beaucoup d’art, foit pour la vivacité
des couleurs , foit 'pour les différens defiins
qu’elles reprèfentent. Les Indiens 8c les Caraïbes
de nos jours font des ouvrages admirables en ce
^ Jüefter eft une efpècede natte ou tiffu de paille,
que les orientaux étendent par terre pour leur
fervirdelit. .
Il y a au fil des effets de crm de differentes
couleurs, ayec lefquelles on forme divers compar-
timens. '
Il vient encorë du Levant, de Provence 8c de
quelques provinces de France, de groffes nattes
de jonc qui fervent d’emballage. _
Le peu d’outils & d’inftrumens qui fuffifent aux
nattiers en paille, font la pierre & le maillet pour
battre leur paille après qu’elle a été mouillée ,
afin de la rendre plus pliante & moins caffante.
Le tréteau avec fes clous pour tracer la natte ou
en faire les cordons. ; , „
Les tringles auffi avec leurs clous, pour bâtir OC
ourdir les cordons.
L'aiguille pour les coudre & les joindre.
Le commerce des nattes étoit autrefois tuès-
confidèrable à Paris ; & malgré le grand nombre
d’ouvriers qui y travailloient alors, on étoit obligé
d’en faire yenir quantité de dehors. Les nattes de
la ville de Pontoife étoient les plus eftimées
après celles de Paris ; mais depuis que le luxe &
la magnificence des ameublemens ont bamn 1 ancienne
firaplicité de nos moeurs, il n’eft plus d’ulage
d’employer les nattes à tapiffer nos cabinets , à en
faire des tapis d’eftrade, 8c autres ameublemens
femblables. Cet art, qui avoit fleuri jufqu’au milieu
du dix-feptième fiècle , a tellement dégénère ,
qu’au lieu de cent maîtres qu’il y avoit pour lors a
Paris,
Parisi à peine en compte-t-on quelques-uns
aujourd’hui.
La çpmmunauté des nattiers avoit deux jures ,
dont l’un fe changeoit tous les ansj c’étoient eux
qui donnoient le chef-d’oeuvre. Mais cette charge
eft devenue comme inutile ; prefque perfonne ne
fe préfente à la maîtrife, hors quelques fils de
maîtres qui font reçus fans chef-d’oeuvre.
Outre la fabrique de toutes fortes de nattes, ils
ont droit de faire des chaifes & de les rempailler
en natte, 8c flon en paille torfe , qui n’appartient
qu’au métier de tourneur.
Par l’édit du 23 août 1776, les nattiers font au
nombre des communautés fuprimées, 8c qui peuvent
être exercées librement.
Les nattes de paille paient pour droit d’entrée
quinze fols du cent pefant, & celles de jonc
trois livres.
Sparterie.
Le fpart eft une plante de deux à trois pieds
de haut, qui croît fans culture en Efpagne, fur
les montagnes arides des royaumes de Valence,
Murcie, ôte. ; elle forme une gerbe qui fe divife
par cayeux.
On a remarqué que les principales feuilles en
portent plufieurs à la diftance d’un pouce, plus ou
moins, l’une de l’autre, & qu’elles font d’une à
une ligne & demie de large fur dix-huit à trente
pouces de long, fe terminant en pointe aiguë.
Ces feuilles ne fe ferment & ne s’arrondiffent
qu’en féchant ; mais en les mettant dans l’eau ,
elles s’ouvrent fur toute leur longueur 8c largeur.
On a remarqué encore que la gerbe ne portoit
qu’un tuyau majeur creux , au bout duquel la
graine eft renfermée dans une efpèce d’épi.
Les gens du pays affurent que dès l’inftant de
la maturité, l’épi s’ouvroit, ce qui rendoit la
cueillette de la graine très-difficile.
Les anciens fàbriquoient avec le fpart des cordages
, des corbeilles, des paniers, des chauffu-
res, des nattes, 8cc. On peut confulter à cet égard
Pline, Clufius, Varron*, Diofcoride , 8c autres
naturaliftes.
Les Efpagnols en font des tapifferies, des tapis ,
des cordes.
^ On ne fauroit faire un détail plus intéreffant de
linduftrie de cette nation, que de mettre fous
les yeux du public le paffage fuivant, extrait de 1 ouvrage intitulé : Introduction à l'hifioire naturelle
& à la géographie phyjitjue de l'Efpagne, par
le célébré Guillaume BowlèS ; traduite de l'Ef-
pagnol par M. le Vicomte de Flavigny, p. 239.
» J’ai compté jufqu’à quarante-cinq ouvrages de
n fpart, qui fervent pour ie befoin ou pour la
” commodité, & qui occupent beaucoup d’ou-
” Vriers. Il étoit cependant réfervé à notre fiècle
» de filer çette plante comme le lin 8c le chanvre ,
P , , ^ en k*re des toiles excellentes 8c très-fines.
” L Auteur de cette découverte a reçu l’accueil le
Arts & Métiers. Tome V. Partie I.
» plus favorable 8c .les plus grands témoignages
de bonté de Charles I I I , qui, non content de
» protéger les arts & les fciences , eft le premier
» à encourager tout ce qui peut concourir à l’in-
» duftrie & au bonheur de fes fujets.
» Sa Majefté,.en confidération d’une découverte
» fi précieufe, a accordé à l’inventeur les plus
» grands privilèges , 8c lui a tait compter de fon
» tréfor une forte fomme d’argent pour l’aider à
» établir fes fabriques. »
Il y a quelques années que le fleur Berthe a
tranfporté en France cette fabrique utile à la focié-
té : il fuffit d’en mettre le détail fous fes yeux ;
on y verra l’utilité jointe à la falubrite 8c à l’économie.
Cordages.
Cordages pour la navigation fur les rivières,
pour les puits, les cloches des églifes, les bâti-
mens , l’élévation des pierres dans les carrières ,
les preffoirs, les defeentes des vins en cav e, la
pêche ; enfin, pour tous les ufages où le chanvre
peut être employé.
Cordes élaftiques pour faire fécher le linge, les
étoffes 8c le papier mouillé.
Cordes blanches pour faire fécher le linge fin
8c les mouffelines , &c.
Cordons blancs 8c nuancés de toutes les couleurs
qu’on défire fuivant l’ameublement, pour les
rideaux, les fonnettes, pour fufpendre les luftres ,
8c pour les efealiers.
Glands pour les cordons des fonnettes 8c des
luftres.
Guides 8c rênes pour les chevaux de carroffe
8c de cabriolet.
Longes 8c fangles pour leVchevaux.
Cordeaux, ficelles 8c fils.
Tapifferies, tapis & nattes.
Tapifferies 8c tapis de jonc fin, à la ‘.façon
des Indes.
Tapis doubles de jonc, 8c bordés d’un ruban.
Tapis de jonc doublés de toile, 8c bordés d’un
ruban.
Tapifferies de jonc peintes à l’huile, à païfa-
ges , médaillons.
Tapifferies 8c tapis de fpart à lifières colorées ,
pour fe préferver de l’humidité 8c de la froideur
du marbre, carreaux 8c parquets.
Tapifferies 8c tapis de fpart, couleur naturelle ,
pour remifes, corridors, ou pour garantir les
tapifferies de foie de l’humidité des murs ou des
punaifes.
Tapis à peluches pour mettre fous les tables à
manger, fous les bureaux & fecréraires, dans les
veftibules 8c corridors , aux portes des antichambres
, dans les équipages.
Tapis à peluches colorées.
Tapis fins de fpart unis pour portes d’antichambres.
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