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vaut à une preuve que: la folution contient du
fer.
La platine expo fée aux feux violens , avec des corps
falins , inflammables , fulpbureux , vitreux 6*
terreux.
Après avoir vu les effets des acides plus purs
fur la platine, & les propriétés générales de fes
foludons , nous continuerons par y appliquer
ce qu’on appelle communément flux &
menftrues sèches , c’eft-à-dire , les fubftances qui
provoquent Amplement la fuflon des métaux
fans les ronger, ou qui les rongent, & s’uniffent
à çux quand ils font convenablement chauffés >
à-peu-près fur le même principe que les menftrues
humides les diffolvent.
La platine avec le borax.
On jeta une demi-once de platine dans une
once de borax fondu , que l’on pouffa à un feu
violent pendant une heure. La platine ne parut
avoir fouffert aucune altération,; mais le borax
fut changé en une couleur brune noirâtre, fans
doute parce qu’il avoit diffous & vitrifié un peu
de la pouflière ferrugineufe.
Le tout fut remis au feu que l’on entretint
très-violent pendant encore un temps confidéra-
ble , jufqu’à ce que le borax eût coulé à travers
le creufet : il laifla les grains de pladne d’une
couleur blanche luifante , légèrement adhérens
enfemBle , mais fans que leur forme fût altérée.
La platine avec Valkali.
J’ai traité la platine de la même manière avec
les fels alkalis fixes ordinaires bien purifiés , &
au Ai avec l’alkaii cauftique préparé par la leffive
évaporante des fabricans de favon ; mais je n’ai
point aperçu que ni l’une ni l’autre méthode
produisît aucun autre effet que de contribuer à en
éclaircir la couleur.
M. Marggraf a mêlé une dragme de platine
avec une demi-once de fel de tartre, & leur a
donné un feu violent pendant deux heures dans
tin creufet exactement luté. Quand il fut refroidi.,
il trouva un mixte dur, d’une couleur verte jaunâtre
, dans lequel la platine étoit difperfée.
Le tout ayant été féparé , autant qu’il étoit pof*
Able , d’avec les morceaux du creufet, en les grattant
Si les lavant, l’eau qui étoit au-deffus de la
matière, fut trouvée le lendemain comme de la
gelée : la platine étoit plus blanche qu’à l’ordinaire,
prefque de la blancheur de l’argent, mais
de la figure accoutumée.
La confiftance de gelée que l’eau acquit dans
cette expérience, & dans quelques-unes des fui-
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vantes, ne vient fans doute point de la platine,
mais d’une portion de la terre du creufet que
■ ^la matière faline avoit diffoute.
La platine avec le nitre.
Le nitre qui réduit en chaux tous les corps
métalliques connus , excepté l’or , l’argent & le
mercure, fut mêlé avec une pefanteur égale de
platine , & le mélange fut jeté dans un creufet
chaud jufqu’à rougeur ; puis on entretint le feu
au même degré pendant un quart-d’heure ou
environ. Il ne fe fit point de déflagration ; & la
platine , délivrée du fel par des lotions réitérées
dans de l’eau , parut n'avoir fouffert d’autre
changement, fi ce n’eft que fa couleur fut obfcur-
cie ; effet que la fuflple chaleur y auroit produit.
Le nitre fut néanmoins alkalifé en grande
partie.
Oh mit dans un creufet quatre onces de platine
, & huit onces du nitre le plus pur. On
couvrit le creufet d’un autre qu’on renverfa
par-deffus , & on le tint en forte cémentation ,
dans un fourneau à vent , pendant trois jours
& trois nuits, fans dîfcontinuation. Enfuite ayant
fait bouillir la matière dans de l’eau, pour en
féparer le f e l , la platine parut d’une couleur
de rouille, & avoit perdu près de la moitié de
fon poids : la liqueur faline ayant été filtrée ,
laiffa une poudre brûnatre un peu plus qu’équivalente
à cette diminution ; & enfuite ayant été
évaporée jufqu’à ficcitè , elle-donna une petite
quantité d’un alkali cauftique verdâtre.
La même platiné fut cimentée trois autres
fois avec de iemblables quantités de nouveau
nitre, & on continua le feu, à chaque trois fois,
trois jours & trois nuits de fuite. Dans les deux
premières répétitions, il fe fepara une plus petite
quantité d’une poudre plus pâle , & le métal
reliant perdit en grande partie la couleur de
rouille qn’il avoit contra&ée auparavant.
Après le dernière cémentation, la petite quantité
de métal qui reftoit, avoit prefque (a même
apparence que la platine l’avoit d’abord : en le
lavant, il ne fe fit prefque plus aucune autre
féparation de matière poudreufe , mais le nitre fut
encore alkalifé. On mêla enfuite la platine ,avec
le fel ammoniac & le fel fublimé dans un flacon
de Florence ; le fel s’éleva fans couleur , &
laiffa le métal blanc & brillant.
Les poudres féparées dans la cémentation furent
traitées de la même manière,. & la fuhli-
mation répétée trente fois avec de nouvelles
quantités de fel.
Dans les premières fublimations, il s’éleva des
fleurs jaunes ferrugineufes ; mais à la fin le fel
ne reçut plus de teinture , & la poudre refta
d’une couleur de gypfe.
M. Marggraf donne le détail d’une expérience
de la même efpèce, dans laquelle il remarque
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-quelques phénomènes qui ne fe font pas rencontrés
dans les miennes, ou auxquelles je n’ai
pas fait d’attention. 11 jetta dans un creufet rouge
quatre onces de nitre & une once dé platine :
il ne fe fit point de détonation, mais il s’éleva
une vapeur confidérable.
Le feu ayant été continué avec précaution
pour empêcher qu’il n’y tombât aucun morceau
de charbon, la matière, au bout de quelque temps ,
commença à renfler ; & une portion qu’on en tira ,
parut verdâtre ; enfuite elle fe changea en vert
d’olive foncé, & devint confidérablement épaiffe
& dure : après quelques heures d’un feu violent,
elle' fe trouva aufli épaiffe que de la bouillie.
On prit avec une fpatule de cette matière'
épaiffe , tandis qu’elle étoit chaude ; elle fe trouva
d’un vert d’olive foncé. On ramaffa, autant que
l’on put , de ce qui étoit adhérent au creufet, &
on le mit digérer avec l’autre dans de l’eau diftil-
lée. Le lendemain le tout étoit aufli épais que de la
gelée. Etant enfuite délayée avec plus d’eau, bien
remuée , & enfuite laiffée repofer, la liqueur fut
tranfvafée ; &. on répéta la même opération jufqu’à
ce que toutes les parties légères fuffent emportées.
Cette matière légère , féparée de la liqueur
faline par la filtration, bien lavée fur le
filtre avec de l ’eau chaude, & féchée enfuite, pefa
215 grains. Elle étoit d’une couleur grife foncée ; &
par une calcination forte fous la moufle, elle devint
aufli noire que de la poix.
On broya les parties les plus pefantes dans un
mortier de verre, au moyen de quoi quelques-
unes encore devinrent affez fines pour être emportées
au lavage. Cette portion fut d’une couleur
brune claire, & monta à trente grains.
La platine pefoit 310 grains, & conféquemment
avoit perdu plus d’un tiers ; elle reffembloit toujours
à la platine crue, & confervoit fon luftre.
L’enveloppe rouillée noirâtre j^dont la mienne parut
couverte après les premières cémentations ,
ayant été probablement emportée ici par le broiement
, le nitre fut totalement décompofé, & avoit
acquis tous les caractères d’alkalicité.
Le creufet & fon fupport étoient teints prefque
par-tout d’une couleur d’améthifte comme il
arrive d’ordinaire dans la calcination de la man-
ganèfe avec le nitre.
Qn traita de la même façon la platine avec trois
onces de nouveau nitre. Le creufet & fon fupport
furent encore teints-d’une couleur d’améthifte fort
belle ; le nitre fut totalement alkalifé , & toutes
tes autres circonftances arrivèrent de même que
dans la première opération , excepté que les parties
plus légères , qui furent emportées d’abord ,
ne pefèrent que 60 grains. Elles devinrent, par la
calcination , d’une noirceur de poix cpitime auparavant;
la matière poudreufe reftante étoit d’un
gris clair, & pefoit 45 grains. La platine encore
brillante fe trouva pefer 2.15 grains , ou moins
que la moitié de fa première pefanteur.
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L’opération fut répétée avec trois autres onces
de nitre. Le creufet & fon fupport furent alors
teints moins fortement. Les premières lotions donnèrent
2 grains d’une poudre légère , dont l’apparence
reffembloit beaucoup à la terre bleue
d’Eckertsberg ; & en frottant le refte de la platine
dans l’eau , on y obtint 40 grains d’une poudre légère
, de couleur gris brun.
La platine ne perdit dans cette opération que
cinq grains. Une diminution fi peu confidérable ne
faifant guère efpérer aucun autre effet par une
répétition du procédé , on ne pouffa pas plus loin
l’expérience.
On a affuré que la platine eft un compofé d’or &
de quelque autre matière fi intimément combinés
enfemble , qu’ils ne peuvent être féparés , à moins
qu’on ne trouve d’autres méthodes de-procéder que
celle qu’on connoît, & qu’on pratique communément.
Un adepte dans le prétendu art de cette analyfe
métallurgique plus relevée s’eft vanté d’avoir détruit
la matière hétérogène , ?u point de laiffer l’or
pur par des cémentations réitérées , & long-temps
continuées avec le nitre.
Pour écarter tous les fcrupules fur ce chef, je
lui ai permis de faire l’expérience dont je viens
de donner un détail abrégé, & dont j’ai rifqué
d’inférer fimplemènt les particularités qui font
venues à mes propres obfervations.
L’expérience avec laquelle celle de Marggraf,
dans toute fon étendue , correfpond fuffifammenr,
a été décifive. Elle nous a montré la plus grande
partie de la platine changée en poudre la platine
reftante, aufli éloignée de la nature de l’or
qu’elle l’étoit d’abord. Je l’ai effayée tant,avec
les acides , que par la coupelle avec le plomb
( je donnerai ci-après le détail de ce procédé ) ; St j’ai trouvé qu’elle confervoit fes propres caractères
diftinCtifs , fans donner aucune marque d’or
quoiqu’elle parût être plus pure que la platine ne 1 eft
dans fonétat ordinaire. J’ai effayé aufli par les mêmes
méthodes, les poudres qui ont été féparées dans
les cémentations , après en avoir, à plusieurs re-
prifes , fublimé le fel ammoniac que j’y avois
mêlé ; & j’-ai trouvé quelles n’étoient rien autre
chofe que de la platine non réduite en chaux.,
mais Amplement divifée. .
On peut préfumer que l’aâiop du nitre ne s’eft
pas faite fur la platine même , mais fur la matière
ferrugineufe adliérente à la furface des grains ,
ou pins intimément mêlée dans leur fubftance ;
lefquçlles particules de fer étant changées en
chaux, la platine qui s’y trouve mélée devient
divifée avec elle en forme de poufliere.
Cette fuppofition explique d une manière fatis-
faifanteies principaux phénomènes du procédé:
par exemple , que la féparation de la poudre eft
abondante dans la première cémentation, & qu’elle
le devient de moins en moins dans les fuivantes ;
que la première poudre eft d’une couleur foncee