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il.;minant à la furface, où l’ouvrier puife la matière
des feuilles qu’il fabrique.
C’eft après qu'on a braffé la cuve qu’on peut
voir, à la manière dont la pâte s’y trouve chflri-
buée, f i elle eft bien ou mal battue , bien ou mal
raffinée. Lorfqu’elle flotte en flocons ferrés &
prefque continus, c’eft une preuve qu’elle a été
bien également triturée. On peut préfumer le contraire
, fi les flocons forment de grands vides entre-
eux , & qu’ils ne foient pas ouverts uniformément
; on y difbinguè auffi pour lors les pâtiras au
ton blanchârré qui tranche fur les filamens fibreux
bien divifés. On peut reconnoître auffi les parties
du lin & du chanvre auxquelles il refte, malgré
la trituration , fi elle a été bien-conduite, la longueur
néceffaire pour s’entrelacer & s’unir, dès
que l’eau les laide précipiter fur la verjure de la
forme. Cette difpofition à compofer une. étoffe
ferme & foüde, fe perdroit par une longue trituration
des parties ficreufes, comme elle fe trouve
détruite dans celles qui coulent par le kas, ik dans
celles qui s’engagent dans les interfiices des feutres
& qui les empâtent.
Nous allons paffer maintenant au'%avail des j
ouvriers de la cuve , pour en préfenter les détails
& la correfpondance.
Les bras nuds jufqu’au coude , l’ouvreur ,fig. 1 ,
planche X , prend une des deux formes garnie de
fa couverte , par le milieu des petits côtés , &
appuyant avec les pouces & faifant- joindre la couverte
à la forme , il là plonge obliquement à quatre
ou cinq pouces de profondeur dans la cuve,
en commençant par le long côté qui eft tourné
vers lui. Après l’immerfion, il la relève de niveau ;
par ces mouvemens il enlève fur fa forme toutes
les parties de la pâte qui flottoient dans l’eau &
qu’il y a rencontrées , & dès que la forme eft
hors de la liqueur, l’eau s’écoule à travers la toile
& le fuperflu de la pâtepar-deffus les bords delà
couverte , pendant que la partie né ce flairé à la
compo&tion de la feuille de papier s’affaife fur la
toile. On voit par-là que le plus ou moins d’épaif-
feiir de la feuille de papier, provient de la quans-
t" i de matière qui flotte dans une quantité d’eau,
sftnn que de la quantité dé matière que l’ouvrier
laiffe fur la forme après qu’ l a puifé dans la cuve.
Les parties fibre nies de la matière s’arrangent régulièrement
fur la verjure de 19 forme , non-feulement
à mefure que l’eau s’écoule à travers, mais
encore à mefure que l’ouvreur favorife cet effet
ptr de petites fècouffes en long & en large de la
forme ; ainfi les parties fibreufes fe diffribuent, les
unes fur les autres , foit par le mouvement d’en-
veriure qui fe fait dans ce fens de la longueur de
la forme , foit par le mouvement de pouffer en
avant qui s’exécute fur fa largeur.
Enfuite ayant pofé fa forme fur la planchette
a c , enforte qu’elle y foit en équilibre, l’ouvreur
ôte la couverte, & lance’cette-forme en là faifant
gliffer du côsé au coucheur, qui ayant étendu au^
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paravant & dans cette attente, fur le trapan Q t
une pièce d’étoffe de laine qu’on appelle feutre
foulève de la main gauche cette forme chargée
de pâte pour en faire repofer un des longs côtés
fur l’égouttoir f . Pendant cette opération, l’ouvreur
, fig. 1 , applique la couverte fur une autre
forme, & recommence les mêmes opérations que
nous avons décrites ci-deffus pour fabriquer une
fécondé feuille de papier. Le coucheur faifit cet
inftsnt pour prendre de la main gauche la forme
fuffifamment égouttée , Si l’ayant retournée fens
deffus-deffous, 61 amenée devant lui, il la reprend
delà main droite parle milieu du long côté qui
s’applique fur l’égouttoir, & appuyant le long côté
oppofé fur le bord du feutre , il faifit de la gauche
le premier long côté , & de la droite , l’autre oppofé,
& couche lucceffivement toutes les parties de
la feuille de papier fur toutes les parties du feutre
dans le fens de leur largeur ; s’étant relevé après
avoir retourné la forme, il la lance & la fait gliffer
le long du trapan de la cuve M d , fig. 6 , enforte
qu’elle arrive viS-à-vis de la nageoire de l’ouvreur,
qui la reprend y applique la couverte, après
avoir lancé le long de la planchette la fécondé
forme chargée de pâte du côté du coucheur, qui,
du même temps 9 la relève & la fait repofer lur
l’ égouttoir.
Pendant que cette forme égoutte, Si que l’ouvreur
lève une nouvelle feu ille de papier fur la
forme renvoyée par le coucheur, celui-ci prend
un feutre. F fur la planche BE , qu’on appelle
mule, & l’étend fur la feuille de papier qu’il a
couchée fur’ le premier feutre. C’eft cet' inftant
que la-vignette repréfente : on y voit l ’ouvreur
qui lève une feuille de .papier fur la fécondé
forme, tandis que la première eft fur l’égouttoir,
& qae le coucheur étend le feutre furie trapan;
ces différentes opérations correfpondantes de l’ouvreur
& du coucheur, s’exécutent avec beaucoup
de célérité, & fe réitèrent jufqu’à ce que
tous lés feutres* qui compofent une porfe foient
employés. O r , ce nombre varie beaucoup fuivant
les dimenfions & le poids des papiers. Nous en
donnerons un tableau par la fuite.
Lorfque . le trapan Q , fig. 5 , eft chargé de
toutes les feuilles de papier qui doivent compofer
la porfe , & que la dernière feuille eft couverte du
dernier feutre, les ouvriers de la cuve fe réu-
niffint, l’un enlève la planche B E , les autres tirent
le trapan Q par les poignées qu’on y voit,
fig. 5 , & l’amènent fous le banc de prefle GH,
en le faifant gliffer fur les poulains Tn Tn avec
la porfe dont il eft chargé. C ’eft alors qu’on met
deffùs la porfe un autre trapan q ,. ƒ£.' 3 , quon
couvre d’une pièce de bois fort épàiffe p , qu011
appelle mifie , & fur laquelle on abaiffe le banc
de la preffte, en faifafit tourner la vis. On commence
d’abord à preffer avec un moyen levier 1
& puis avec un plus grand levier d’envir^11
quinze pieds de longueur, dont on faifit l’extre-
D, r la corde du cabeftan : on prefle plus
L em en t, ce qui exprime l’eau de la porfe, &
Inné aux feuilles de papier une certaine con-
fiftance en raifon de la compreffion qu elles
éprouvent. C’eft maintenant que n.ous allons voir figurer un troiftpme ouvrier, appelé leveur , qui va
retirer ces feuilles de papier d’entre les feutres.
Le leveur, fig. 3 > s’occupe d’abord à tirer la
orfe de deffous la preffe , en remettant la mile p
Lr i billot 0, tandis que le coucheur , aidé de
l’ouvreur, met le trapan q, qui couvre la perfe,
à la place du trapan Q ,fig . 5 , & vis-à-vis la nageoire
\ comme en G. La table de ces preffes, qui a deux
pieds de largeur, eft foutenue I deux-pieds d e-
lévation au-deffus du rez-de-chauffèe , par une
mife ou bloc.de bois L , vis-à vis MN, à la tete
de laquelle on a fufpendu un banc de prefle.
Un feul homme peut faire manoeuvrer ces preffe
du coucheur. Enfuite le leveur, aidé du
coucheur , prend le trapan qui porte la porfe r ,
& le place comme on le voit en q, fig. J , lur la
mife p ’, il ne refte'plus au leveur' qu’à placer
entre les jumelles de la preffe , la planche BE qui
repofe fur des taffeaux. Lorfque toutes ces dif-
pofitions font faites , il prend devant, lui une
efpèce de chevalet dé peintre, t u , fig. 3 , quon
appelle piquet, de quatorze ponces de largeur
fur deux pieds & demi de longueur, dont on
voit la partie poftérieure dans la fig. 4- H place
une planche fur les chevilles de ce chevalet ; &
aorès en avoir humefté l’extrémité fupérieure, Si
levé le premier feutre , qu’il jette fur la planche
BE de la preffe, il lève la feuille de papier qu’il
détache du fécond feutre, d’abord en la pinçant
& la foulevant de la droite pâr un angle , puis
avec les deux mains ; enfin il la place fur la planche
à lever, où l’adhérence qu’occafionne l’humidité
la fait tenir ; il continue cette manoeuvre pour
détacher des feutres , 1& placer ces feuilles ^ cle
papièr ƒ , jufqu a ce qu’il ait entièrement levé la
porfe r , qu’il ait fèparé les feuilles de papier des
feutres,6: quel les ait rejetés tous fur la mule ou planche
de la-preffe, où le coucheur les prend^mefure
que l’ouvreur lui donne occafion 8e les employer ,
en formant par ce moyen une nouvelle porfe avec
les mêmes feutres qui ont fervi a former la première.
Les opérations des deux premiers ouvriers
s , ce qui, dans bien des cas, ne fuffit pas
pour fécher comme il convient les porfes blanches.
On a recours alors à la preffe de la cuve , comme
on l’a déjà dit.
font néceffairement liées enfemble ; mais le leveur
peut aller plus vite que les .deux autres.
Après que les dix porfes font faites ou la
moitié de la journée , on les met de nouveau
fous preffe en un feul paquet, & c’eft ce que
l’on appelle preffer en porfes blanches, comme on
le voit en M. On emploie quelquefois pour cela
les mêmes preffes qui ont fervi aux porfes feutres ;
mais foüvent *on a d’autres preffes, telles qu on
les voit dans la Vignette de la planche X , dont
le feuil K & le fommier P R , de huit pieds ,
de longueur , fur douze pouces de gros, con- î
tient deux écroux , ce qui forme deux preffes j
accollées enfemble ; les deux montans E F des
extrémités, dont on n’a repréfenté qu’un feul dans
la figure , font èlégis fur huit pouces de gros ,
avec renforts avt-^effùs & au-deffous du feuil &
du fommier. Le montant du milieu RH eft affemble
haut Si bas à queue d’aronde, 8c avec des coins j
Des matières grajfes.
Outre les parties de la fubftance des chiffons
connues fous le nom de graije en papeterie, &
qui fortent par le kas pendant la trituration des
pâtes , il en refte encore d’adhérentes à ces pâtes ,
& qui, comme nous le verrons par la fuite,
gênent plus ou moins les opérations de la cuve.
Nous avons une preuve convaincante que cette
*raiffe n’eft pas tellement unie à la partie fibreufe
des pâtes, qu’elle ne s’en détache pour fe précipiter
au fond & fur les parois intérieures de la
Cuve : ces précipités font d’autant plus abondans
& épais, que les pâtes qu’on a mifes en oeuvre
ont été plus chargées de graijje, & que le travail
de la cuve a été. interrompu par de plus longs
repos qui les ont favôrifés ^ c’eft ce qui oblige
les ouvriers à rincer leur cuve très-exaSement,
pour enlever les faletés & fur-tout la gratffe. dans
la crainte que, lors du braffage de la cuve, ces
matières ne fe mêlent de nouveau à 1 ouvrage &
ne le gâtent.
Du. rinçage de la cuve.
On rince les cuves à-peù-près tous les quinze
tours, & l’on choifit ordinairement la veille d’une
fête où il doit y avoir ceffation de travail. Cette
Opération fe fait auïïi fiir“la fin de la journée &
elle tient Heu d’un certain nombre de por.es quon-
rabat fur la tâche journalière. ,
Comme les cuves renferment a-peu-pres, lorf-
qu’elîes font pleines, la matière de trots porfes,
fur la fin de la journée où on doit rincer la cuve,
on travaille la première porfe à l’ordinaire, puis
au lieu de fournir la cuve de nouveau, on enlève
l’eau furabondante qui noÿeroit la pâte , & on
tâche de ne laiffer que la meme quantité de v é hiculé
qu’elle doit avoir lorfque la cuve eu pleine
d’ouvrage , pour lors on travaille 1 ouvrage dans
cet état, en puifant feulement à une certaine
profondeur, & l’on parvient à fabriquer encore
une porfe de papier paffable.
On continue à enlever toujours 1 eau furabondante
qui refte après la fécondé porfe; on ouvre
pour lors les bondes qui font à diffèrens degrés
de profondeur dans la cu v e , pour faire écouler
-feau; & afin que la matière ne forte pas an
même-temps, on a foin de mettre devant les