
■ eaux & de décharger la foudre ; cela évitera les
frais d’une conftru&ion particulière pour ce dernier
objet.
Le bâtiment le plus complettement armé, feroit
celui fur le fommet du toit duquel régneroit tout
du long une bande de plomb fervant ds faîtière ,
communiquant à de femblables bandes qui en
recouvriraient les arrêtes , & viendraient aboutir
à dés gouttières régnant tout autour , ayant
aux angles des chaîneaux ou tuyaux de décharge
qui viendroient jufqu’à terre ; de l’extrémité de
ceux-ci on pratiqueroit une communication métallique
jufqu’à l’eau , & au fommet de chaque
extrémité du bâtiment on éleveroit une barre de
fer haute , & terminée par pluAeurs pointes d’un
métal qui ne pût pas fe détruire ou le rouiller à
l’air.
La fécondé obfervation de M. Barbier , eft que
lorfqu’on ^voudra pratiquer un conducteur à un
édifice , fur-tout lorfqu’on l’établira pendant l’été,
& que fa conftruCtion devra durer quelque temps,
On fera bien de commencer par fa partie inférieure
en prenant depuis l’eau & en remontant. En commençant
parle haut, on pourroit craindre qu’il ne
furvînt dans l’interyalle quelque coup de foudre
qui frappât la partie fupérieure encore ifolée , &
^’endommageât l’édifice.
Nous ajouterons à ces obfervations , que s’il
pas toujours poflîble défaire communiquer
un conducteur avec une maffe d’eau telle que
celle que préfente un puits, une citerne ou un
folié régnant autour d’un château qu’on voudroit
garantir des effets de la foudre , on pourra à ce
défaut fe contenter de faire communiquer ce conducteur
avec ia terre humide 9 par le"moyen d’une
barre de fer qu’on y enfoncera profondément.
Quoique cette communication ne toit point auffi
exaCte que la première , elle mérite néanmoins
quelque confiance.
Mais on ne peut trop recommander d’éloigner
cette barre de fer des fondations de l ’édifice.
Çelles-ci font fouvent baignées d’eau , & il feroit
à craindre que la foudre ayant fuivi la barre de
fer en terre , ne fe portât par préférence vers ces
fondations& qu’elles ne s’en reffentiffent.
On fera en fureté à leur égard, fi la barre en eft
éloignée de fept à huit pieds.
Enfin 9 les conducteurs propofés auront le pouvoir
de difliper en filence, non-feulement la foudre
qui vient des nuages , mais auffi celle qui s’élève
de terre.
Que le feu du tonnerre ait fa direction de la
nuée à la terre, ou bien qu’il l’ait de la terre à la
nuée, il eft .évident que l’effetTies moyens préservatifs
doit être à-peu-près je même Ext. de la
Pihl. P^ylicor-Economibue.
Quelques nouvelles obfervations que nous ne
devons pas omettre , viendront à l’appui de cet
important,.
Nouvelles obfervations.'.
On a vu le tonnerre tomber avec un brui»
épouvantable fur une maifon armée d’un paratonnerre
, fondre la pointe du conducteur de la
longueur de fix pouces, & fuivre après cela les
barres de métal , fans caufer aucun, dom-
niage.
M. W. Maine ayant armé fa maifon d’une
pointe métallique, & n’ayant porté les barres conductrices
qu’à trois pieds fous le terrain , le tonnerre
fe jeta de préférence fur la verge èleCtrique,
il fuivit l’appareil prèfervateur ; mais la matière
fulminante accumulée à l’extrémité inférieure fit
explofion ; une partie laboura la fuperficie de la
terre en manière de fillon & y fit des trous ; une
partie s’infinua entre les briques des fondations &
les fit fauter.
Cela nous apprend , dit M. Franklin , à quoi
on avoit manqué principalement en établiffant
cette Verge , la pièce inférieure n’étant pas allez
longue pour parvenir jufqu’à l’eau , ou jufqu’à une
grande étendue de terrain allez humide pour recevoir
la quantité de fluide éleCtrique qu’elle conduisit.
M. de Morveau, célèbre académicien de Dijon,
a obfervé , en 1773, que le tonnerre étant tombé
fur le faîte d’une maifon à Dijon, avoit marqué
fa route 1 fur un des côtés du toit en brifant &
difperfant les tuiles ; qu’il avoit fuivi après cela
les chaîneaux de fer blanc dans toute leur longueur
, fans laiffer aucune trace ; qu’il étoit descendu
de même paifiblement le long du corps du
tuyau de fer blanc ; de forte que s’il eût été porté
julqu’à la terre humide , la matière éleCtrique
fe feroit infailliblement difperfée fans bruit ; mais
ce tuyau fe terminoit à huit pieds au-deffus
du niveau de la terre ; la matière amoncelée à foir
extrémité fit explofion , fillonna profondément le
mur , fe porta fur la crampon de la poulie d’uB
puits voifin , & fuivit après cela la chaîne de métal
jufqu’au fond de- l ’eau fans faire le moindre
dégât.
La matière métallique eft donc capable d*attirer
& de conduire le fluide éleCtrique qui lui eft apporté
par le tonnerre , lors-mêfne qu’elle n’eft
pas en pointe ; à plus forte raifon déterminera-
t-elle fa direction, lorfqu’on lui aura donné cette
forme dont nous avons conftaté la puiflance : il
n’en faut pas davantage pour démontrer à tout
homme raifonnable , la fureté & Futilité des
conducteurs métalliques ou paratonnerres.
On établit deux efpèces de conducteurs, dont la
conftruCtion eft différente fuivant leur objet : le
premier ne fert absolument qu’à garantir de b
foudre , c’eft le' véritable paratonnerre,
Le fécond fert à faire des obfervations fur l’é-
leCtricité atmofphérique c’eft le condutfeur ifolé.
Pour conftruire le conducteur paratonnerre , “
fuffir, comme on l’a dit ci-deffus, d’élever
l’édifice qu’on veut prèferver, une barre de métal
terminée en pointe ; il n’exige ordinairement
ou’une élévation de 15 à ao pieds au-deffus du
faite, à moins que la maifon qu’on veut armer
ae toit dominée ; & dans ce cas on pofe la barre
métallique fur un mât ou perche de fapin attachée
à use des aiguilles de la charpente.
La pointe doit être fine ; & comme la rouille
nourroit la détruire en peu de temps , il eft plus
avantageux de faire fouder à fon extrémité un
morceau de cuivre jaune , de la longueur
d’environ cinq ou fix pouces. On peut, pour plus
grande précaution, la faire dorer, ou meme y
aiufter un grain d’argent pur qui la termineroit.
Les expériences de M. Henley annoncent que c elt
celui de tous les métaux qui jouit de la plus
grande force conductrice , & qui réfifte plus à la
fufion élearique. , , , , c
A l’extrémité inférieure de la barre de fer qui
fe termine en pointe, on réferve une boule pour
attacher la chaîne ou treffe qui doit communiquer
au barreau conduaeur. . . .
On a obfervé que les treffes de fil de métal
étoient préférables , parce que le fluide s’y écoule
avec plus de rapidité ; au lieu que s’il fe trou voit
très-abondant, il pourroit faire éclater quelques-
uns des anneaux en fautant de l’un à autre, de forte
qu’il faudroit leur donner plus de grofleur pour
prévenir cet accident. .
M. de Sauffure penfe que les treffes de ni de
laiton font moins expofées à être fondues & calcinées,
qu’une treffe de fil de fer , même beaucoup
plus groffe -r elle a de plus l’avantage d etre moins
fujette à la rouille. g ,
Cette treffe s’écarte du mât qui porte la pointe, !
& vient s’attacher fur une barre de fer carree,d un
pouce (Tépaiffeür, qui eft furroontèe d un chapeau
de fer blanc pour empêcher la filtration de la
pluie , & qui fe prolonge continuellement julque
dans la terre. | „
Les barres de fer conductrices doivent etre portées
jufque dans l ’eau , ou à une profondeur ou
la terre toit conftamment humide.
On ne doit pas craindre que le fluide éleCtri-
que communique à l’eau aucune qualité nuifible.
Les phyficiens favent qu’elle ne fait que le tranf-
mettre, & qu’elle n’en retient que ce qui lui eft
néceffaire pour fe mettre en équilibre avec les corps
communiquans. .
S’il eft à propos de fouder la barre conductrice
pour la faire .paffer fous terre jufqu’à
l’endroit où elle doit trouver l’eau y. il eft bon,
comme on l’a déjà obfervé , de là prèferver de
la rouille , foit en la mettant dans- un tuyau de
plomb, foit en l’environnant Amplement de toutes
parts de pouflière de charbon, qui eft très-propre
par lui-même à défendre le métal , & même à
fon défaut, ce charbon ferviroit de conduéteur.
C’eft fur ces principes que l’on a établi en
Bou rgogne b e au cou p de con d u& eu r s p o u r p r è fe rver
les édifices , & l’on ne pouvoit mieux faire
que de prendre pour modèle celui qui a été pofé
fur l’hôtel de l’académie de Dijon , aux frais de
M. Duplex de Bacquencourt, intendant de cette
province.
Paratonnerres pour les clochers des eglifes.
Comme les clochers des églifes font le plus ex-
pofés , foit par leur élévation , foit par rapport au
bruit des cloches que l’on eft dans i’ufage de tonner
pendant les orages , & qui paroiffent décider
la chute de la foudre , il ne fera pas inutile d’indr-
quer la méthode la plus fimple, la plus commode
& la plus fure d’armer ces fortes d’édifices. Il
fuffit pour cela de décrire 1 q'paratonnerre fur le
j clocher de l’eglife paroiffiale de St. Philibert de
Dijon, qui ne fait pas moins honneur au citoyen
éclairé ( M. de Saisy ) qui s’eft chargé de la dé-
penfe, qu’aux adminiftrateurs de cette églife, qui
fe font élevés au-deffus des préjugés populaires ;
& enacceptant ce bienfait, ils ont donné le premier-
exemple en France , de mettre fous la fauve-garde
de cette belle invention les temples , ceux qui les
fréquentent, & ceux qui habitent les maifons
voifines.
La pointe métallique eft exactement en forme
de bayonnette, c’eft-à-dire, terminée au bas par-
une efpèce de canon- que l’on enfile au-deffous du
coq, & fuffifamment coudé pour lut laiffer ton
jeu. Cette pointe eft de fer ; on y a feulement
. foudé au, petit bout un morceau de cuivre jaune
de fix pouces de longueur. Elle excède le coc|
• d’environ quatre pieds.
Au-deffous du Canon eft un crochet qui fufpencf
, une treffe de cent - cinquante pieds. Cette treffs
eft à tous égards préférabte aux chaînes , aux tringles
, &c , comme formant un conducteur plus-
fûr, plus continu , plus folide ,. & chargeant beaucoup
moins la pointe.. Cette treffe eft une vraie
corde de fil de fer artiftement fabriquée à trente-
fix brins. Elle vient s’attacher à une barre de fer
de dix lignes de groffeur, placée perpendiculai-
t rement fur la face, extérieure de l’un des grands-
pignons de l’eglife, & qui eft prolongée jufqu’à
douze pieds tous terre.
Paratonnerre pour les magafms à poudre*
M. de Sauffure a communiqué à M*. de Mor--
veau le mémoire d’après lequel on a armé les-
magafins à poudre- de la ville de Genève : ce*
favant , bien convaincu de l’ utilité & de l’efficacité
des conducteurs ordinaires, ou Amples paratonnerk
res y inAfte cependant fur des précautions mêmfe:
furabondantes , lorfquAl s’agit d’armer ces édifices^
Il veut qu’on porte les mâts à quelque diftance
des bâiimens , comme à deux ou trois pieds , &•
qu’on n’épargne rien-pour les rendre inébranlables
par .les- plus violens orages, Il déffre que îæ I pointe métallique toit Axée au haut du mât pair
* des anneaux de fer , & non- par des- clous- tp i