
particulières, tant dans le compte des ’dents que
dans les largeurs ; c’eft au peigner intelligent à
les connoître toutes, pour n’être point embarraffè
dans leur fabrication.
Il y a cependant des rubaniers qui ont des
comptes' de peignes particuliers : dans ce cas, il
eft de toute néceflité d’en donner l’explication
aux peigners , qui ne les font que quand ils
leur font commandés ; au lieu qu’on trouve des
peignes tout faits pour les efpèçes courantes de
rubanerie, fur-tout dans le pays ou ce genre de
commerce eft en pleine vigueur , comme à Paris
, à Lyon , à Tours, à Saint-Etienne en Forez ,
à Saint - Chaumont, &c.
Comme le nombre des dents dont un peigne
à rubans eft compofé , eft peu confidérable , il ne
feroit pas poflible , Ou du moins il feroit trop vétilleux
de monter fans ceffe ces peignes l’un après
l’autre ; c’eft pour cela que quand les jumelles font
une fois montées fur les poupées , on fait tout
de fuite huit , dix , douze., plus ou moins de
peignes , & quand ils font tous finis , on les
fépare les uns des autres avec une fcie , comme
on le dira en fon lieu.
On n’eft pas aftreint à faire tous ces peignes
du même compte , ni d’une même largeur : comme
ils n’ont rien de commun entre eux que les jumelles,
on eft abfolument maître d’efpacer les dents à
volonté. Lors donc qu’un peigner fe propofe de
monter un certain nombre de peignes , il met
fes poupées au plus grand écartement poflible ,
& il y proportionne fes jumelles, pour y trouver
un plus grand nombre de peignes, Il divife
les jumelles en autant de parties qu’elles peuvent
contenir de peignes , y compris un demi-pouce
ou environ de diftançe qu’il doit y avoir entre
chacun ; puis il marque la place des gardes ,
& enfin celle des deux ou trois dents de liftè-
res ; & pour être plus fur d’efpacer, comme il
faut, le petit nombre de dents qu’un aufii petit
peigne contient , il divife l’efpace deftiné aux
dents en parties égales , dans chacune defquel-
les il puiffe placer un nombre connu de dents ;
ou fi le nombre étoit impair, ou ne pouvait pas
fe divifer en parties égales , il fera des divifions
égales , & mettra le refte dans un elpace qui y
ait rapport.
Il n’e f t , je crois , pas néceffaire de dire qu’il
faut commencer par le peigne du bout à gauche ;
ce qu’on a déjà vu de la manière de monter
ceux dont nous avons parlé, fuflit pour faire
comprendre qu’on ne peut s’y prendre autrement :
lorfqu’ils font tous finis, on les fépare avec une
fcie les uns des autres. Les peignes étant ainfi
féparés, pn les rogne, enfuite on les plane &
on les excarne , enfin on les couvre de bandes
de papier, comme ceux des étoffes qu’on
a vus.
Si pour ces fortes de peignes pour îa rubanerie
ou la pafîementerie, on emploie des dents
d’acier, on peutfefervir. de celles des peignes
d’étoffes, pourvu que le compte fe rapporte. Ce
que j’ai dit qu’il falloit monter tout de fuite le
nombre de peignes que peuvent contenir les jumelles
, ne doit pas fe prendre à la lettre : on
pourroit les monter les uns après les autres, &
les féparer à mefure ; mais on perdroit trop
de temps à remettre les jumelles fur les tenons,
& à, les bien dreffer ; d’ailleurs on perdroit aufli
de la longueur des jumelles : ainfi ce que j’ai
recommandé , n’a pour but que l’économie du
tems St de lja. matière..
Des peignes pour faire les chenilles.
Les peignes pour la chenille font formes par
quatre dents placées comme à l’ordinaire , & on
laiffe entre elles & le.s quatre fuivantes un ef-
pace de deu* dents : mais pour parler d’une
manière plus générale, on réferve entre chaque L
couple de dents un efpace égal à elles &
à ‘la diftançe qu’elles tiendroient avec leurs
voifines.
La foule ou hauteur de ces peignes, eft plus
forte qu’à tous autres, ce qui donne plus d’ai-
fance à les fabriquer ; mais en revanche les dents
• font beaucoup plus groffes, & le peigne a très-
peu d’étendue : quant au nombre de paires de
dents , il varie fuivant l’idée des fabricans, &
félon les groffeurs des chenilles qu’on veut fabriquer
; cette groffeur provient plutôt de la
longueur qu’on laiffe au poil qui veloute, qu’à
la groffeur du fil qui le contient.
Plus les paires de dents font écartées les unes
des autres, plus la chenille eft groffe , parce que
ces intervalles étant plus confidé/ables , laiffent
plus d’étendue à la trame, 8t que c’eft la trame
qui forme le velouté de la chenille : àinfi on
met ordinairement depuis fix jufqu’à douze &
quatorze paires de dents; & de là réfulte une
chenille très-groffe eu très-petite.;
Manière de monter les peignes pour la chenille.
La manière de monter les peignes pour la
chenille eft abfolument la même que pour le ru-
■ ban ; mais comme les epfaces qu’il convient
d’obferver , en conftituent toute la différence, je
vais en peu de mots paffer en revue l’opération.
On a coutume, comme aux prècédens, de
faire, fur une longueur de jumelles, à la fuite les
uns des autres, autant de peignes qu’elles en
peuvent contenir : on place d’abord une garde
au bout à gauche ; & comme on a dû marquer
fur les jumelles les efpaces qu’il faut obferver,
on entoure les jumelles de ligneul, l’efpace de
huit à'neuf à lignés, & à chacun on le frappe
avec la batte ,. comme fi l’on plaçoit des dents ;
on met , enfuite deux ou quatre dents , félon
l’idée du fabricant pour qui le peigne eft def-.
tiné ; & à chaque deux ou quatre, dents, on fait
un efpace réglé par trois , quatre , plus ou moins
de tours de ligneul.
Quand le nombre de dents néceffaires eft
rempli, on finit par autant de tours de ligneul
qu’on en a mis en commençant ; enfuite de
quoi vient la fécondé garde, qu’on attache aufii
folidement que la première ; puis on laiffe un I
efpace de fix à huit lignes , après quoi on met ;
une nouvelle garde pour un fécond peigne, St
ainfi de fuite jufqu’à la fin.
Quand- les peignes font montés, on les fépare
, on les rogne , excarne St plane comme
les autres, & enfin on y colle des bandes de
papier.
Certains fabricans prétendent que les peignes ,
à quatre dents font plus parfaits que ceux à
deux : on ne laiffe entre chaque quatre dents
que l’efpace d’une dent. La raifon de fupériorité
qu’ils en apportent eft, que les trois fils de foie
qui lient la chenille, c’eft-à-dire , la trame qui
la forme étant plus refferrée au milieu de ces quatre
dents , par le mouvement des deux fils de lin
qui font paffés dans les deux voifines , font plus
folidement retenus en leur place , & conféquem-
inent le velouté de la chenille eft plus fin &
plus beau : d’ailleurs , difent - ils , le fil de lin
qui paffe dans la diftançe obfervée entre chaque
affeniblage, de dents, tient le tiffu plus large en
cet endroit, & facilite davantage le paffage des
cifeaux ou forces dont on fe fert pour découper
les cordons qui forment autant de brins de chenille
, ce qui n’arriveroit p4as, fi ces deux fiis fe mou-
voient entre deux dents efpacées comme à l’ordinaire.
Des peignes en acier, & de ceux en cuivre ou
laiton.
Les dents de laiton & celles d’acier, dont on.
fait les peignes pour les galonniers , ne fe préparent
pas- c'omme celles pour les étoffes de
foie. Ic i, ce ne font plus des brins de fil d’ar-
chal qu’on paffe au laminoir & qu’on monte
enfuite : voici comment on s’y prend. Je commence
par les dents de cuivre.
Les peigners ne fe chargent pas de régler
l’épâiffeur des dents , ou du moins des pièces
de cuivre dans lefquelles on les prend ; ils achètent
du cuivre en plaque, battu & forgé à une
certaine épaiffeur qu’ils ordonnent ; & quand ces
plaques font fuffifamment écrouies, ils les dif-
tribuent par lames de trois lignes de largeur ou
environ , par le fecours de fortes cifaÜles, fem-
blables à celles avec lefquelles les cliauderon-
niers coupent ou rognent leurs pièces.
Les ouvriers qui fe chargent de préparer le
cuivre pour les dents , ont coutume de prendre
nne plaque de quinze à vingt pouces de longueur
, fur un pied ou même moins de largeur.
Ils forgent cette plaque fur un tas bien dreffé ,
& avec un marteau convenable , jufqu’à ce
qu’ils fentent que la matière, ne cédant plus ,
répercute les coups qu’on lui donne : l’ufage
apprend à ne s’y pas tromper.
On fent bien que cette opération, qui diminue
l’épaiffeur , doit néceffairement augmenter
les deux autres dimenfians, longueur & largeur ;
aufli la plaque , après cela , a-t-elle acquis vingt-
quatre ou vingt-fix pouces, fur quinze ou feize
de large.
Enfuite on polit cette plaque, tant pour dreffer
parfaitement fes deux plans , que pour les unir
parfaitement ; après quoi , on la coupe par longueurs
de quatre pouces fur la largeur, & de
toute la longueur de la plaque : c’eft dans cet
état que le peigner achète le cuivre-, St c’eft à
lui à couper les dents à même cette plaque, à
la mefure qu’il juge convenable.
La largeur à laquelle on coupe ces dents à
même les plaques, n’eft pas celle qui convient
de donner aux dents : on aime mieux les tenir
trop larges pour les dreffer & les polir fur
leur épaiffeur ; car la cifaille ne fauroit couper
affez net, & l’on n’ eft jamais affuré de les couper
affez droit, pour qu’on ne foit pas obligé de
leur donner une façon avant de les employer.
Manière de mettre les lames de cuivre à égales
longueur, 6* largeur , pour en former Us dents.
Pour donner aux dents de cuivre la largeur
qu’elles doivent avoir, on en prend une certaine
quantité entre deux tringles de fer. A chaque
. -bout de ces tringles, eft un renflement circulaire,
au centre, duquel eft un trou uni à l’uîie des
tringles, & taraudé à l’autre. Il faut que ces
quatre trous fe correfpondent parfaitement deux
à deux, pour recevoir les v is, à l’aide defqucl-
les on faifit les dents, entre les tringles. Les fur-
faces fupérieures & inférieures de ces deux règles
doivent être bien dreffées , car de là dépend
la perfeâion des dents.
Pour fe fervîr de cet outil , on defferre les
deux -vis ; on place entre les tringles quatre ou
fix dents , plus ou moins, de manière qu’elles débordent
toutes autant en-deffus qu’en-deffous :
on les ferre en place ; puis mettant le tout entre
les .mâchoires d’un, était, on lime l’excédant
avec une lime dont le grain ne foit ni trop fort
ni trop fin, jufqu’à ce qu’on affleure la fuperfi-
cie des dents , fans cependant l’entamer ; St
quand on a limé un côté , on retourne l’outil
fens deffus deffous , St on en fait autant de
l’autre côté.
Il y a des peigners q u i, au lieu de vis pour
reténir les dents entre ces tringles , ne fe fervent
que de goupilles , 8t les affujettifient dans l’étau
d’une manière invariable : d’autres ne fe fervent
point d’étau, St fe contentent du ferrement pro-
* duit par la vis ; mais comme ils ne peuvent li