
mangé des nou meures iucculsntes qu’on leur a
données. Si c’eft le mâle, on doit le fèparer de
îa femelle, & le mettre un peu à la diète en ne
lui donnant que de la navette pour toute nourriture
; il faut ï’expofer au foleil, & lui fouffier un
peu de yin blanc fur le corps, s’y prendre de
même pour la femelle , & donner fes oeufs à une
autre qui couve à-peu-près depuis le même temps.
Il arrive quelquefois que les femelles que l’on
a mi fes en ménage , paroiffent bouffies au bout
de quelques jours ; elles ne veulent plus manger,
elles tombent par terre, & n’ont plus la force de fe
foutenir fur leurs pattes. Ces fymptômes font occasionnés
par la difficulté qu’elles ont à pondre :
on peut, avec la tête d’une groffe épingle trempée
clans de l'huile d’amandes douces , frotter doucement
le conduit de l’oe uf, & donner à la ferinè
une goutte d’huile pour appaifer les tranchées qui
la tourmentent, & pour faciliter fa ponté.
L'avalure eft une maladie occafionnée par la
trop grande quantité d’alimens fucculens &
échauffans : on la reconnoît lorfqu’en foufflant
les plumes du ventre de l’oifeau , fes inteftins
paroiffent fort rouges. Le remède le plus convenable
eft de plonger le ventre de l’oifeau dans du
lait tiède, pinfieurs fois par jour.
Lorfque les ferins ont perdu l’appèiit, on peut
leur donner une pâte que l’on nomme fal'egre. On
la fait en écrafant de la graine de millet, d’alpifte
& de chenevis , que l’on mêle avec un peu de
fel, & que l’on pétrit avec un peu de terre grade ;
on réduit le tout en pains, que l’on fait fécher au
four, & que l’on conferve toute l’année pour
leur donner lorsqu’ils en ont befoin.
Si un ferin fe caffe la patte ou l’aile , il faut à
l’infîant le mettre dans une cage où il n’y ait point
de bâtons , mais dont le bas foit couvert de
moufle ; en l’abandonnant à la nature dans cette
cage , il guérira à merveille.
Les ferins qui tombent du mal caduc., doivent
être traités comme les roffignols.
Il leur furvient quelquefois après là mue une
extinélion de voix , en forte qu’ils ne peuvent plus
chanter que très-bas ; il faut leur donner alors du
jaune d’oeuf haché avec de la mie de pain , &
mettre dans leur eau de laréglifle bien ratifiée ; au
bout de quelques jours ils recouvrent la voix.
Les femelles des ferins font a fiez fujettes à ne
pas couver les oeufs de leur première ponte ; mais
aux couvées buvantes elles deviennent d’excellentes
couveufes , & nourrifient très-bien leurs
petits, v - - _
Si les mères viennent à tomber malades quelques
jours après que les petits font éclos, & qu’on
n’en ait point d’autres fous lefquelles on puifle .
les mettre, on y fupplée en les mettant avec une
nichée d’autres petits oifeaux nouvellement éclos :
ils entretiennent les ferins dans une douce chaleur
; o,n leur donne à tous la becquée , ayant foin
cependant de donner aux étrangers: une nourriture
moins fucculente que celle des ferins, afin
qu’ils ne deviennent pas «fiez forts pour écrafér les
petits ferins.
On remarque entre les ferins , ainfi que dans
plufieurs efpèces d’animaux, des fympathies &
des antipathies bien marquées. En mettant un mâle
feul dans une cabane avec plufieurs femelles ,
on le verra choifir de préférence une ou deux
femelles auxquelles il fera mille careffes [ leur donnant
îa becquée cent fois le jour. On obforve même
cette fyrnpathie entre des oifeaux qui font renfermés
dans des cages différentes : on voit, par exemple,
un mâle appeler continuellement une femelle
qu’il choifit entre les autres en l’entendant chanter.
Il y a quelquefois entre les ferins mâles une
antiphatte fi grande, qu’il fuffit qu’ils s’entendent
chanter pour entrer en fureur. Ils fe heurtent contre
les barreaux de leurs cages, voulant s’aller chercher
l’un l’autre pour fe battre.
L ’antipathie d’un mâle pour une femelle, a lien
principalement lorfqn’on appareille des ferins de
différentes couleurs ; il femblè que cette différence
de couleurs les frappe^ôr leur déplaît d’abord ;
il n’eft donc pas étonnant qu’on ait de la peine à
appareiller les ferins avec des chardonnerets, des
bruants, & autres femblables oifeaux. La différence
d’efpèces & la variété de couleurs font bien
fuffifanres pour occafionner entre eux de l’anthi-
pathie ; mais nous allons indiquer les moyens
qu’on doit employer pour faire réuflîr ces fortes
d’aceouplemens.
La plupart des oifeaux qui dégorgent, comme
pinfens , linottes , ' bouvreuils , Jiruanth , peuvent
s’accoupler avec les ferins. On doit avoir élevé à
la brochette les oifeaux qu’on veut accoupler avec
les ferins, les avoir nourris de la même graine,
& les avoir accoutumés de bonne heure à vivre
enfemble dans la même volière, avant de les
mettre en ménage.
Si ce font des chardonnerets qu’on accouple avec
les ferins , il faut couper le bout du bec des chardonnerets
, parce que ces oifeaux ayant le bec
très-pointu, piquent le gofier des petits oifeaux
lorfqu’ils leur apportenfla becquée, & qu’en peur-
fuivant la ferme- lorfqu’il furvient quelque petit
débat entre eux , ils peuvent la bleffer dangereusement
On doit avoir foin que les oifeaux qu’on met
avec les ferins, aient deux ans au moins’, furtout
les femelles , qui ne pondent prefque jamais à la
première année.
Les mulets qui fortent du mélange des divers
oifeaux avec les ferins, ne font pas tous d’une
égale beauté ; il y en a même qui font fort communs
pour le plumage & pour le ramage. .
Les mâles mulets de linotte ont un chant fort
agréable. Un ferin mâle que l’on accouple7 avec
une-petite cbardonnerette donne des mulets admirables,
tant pour la côuleur que pour le ramage.1
Il vient à Paris, au printemps & dans l’aiitomue,
■ I ■ IH ■ I ■ 1111H des
des Suîfles qui apportent une quanrité prodjieufe
rie ferins qu’ils ont été chercher dans le Tirol ,
dans la partie méridionate de l’Allemagne , & dans
d’autres lieux circonvoifins.
Il arrive allez ordinairement que les ferins que
l’on achète d’eux meurent prefque tous, tant a
caufe de la fatigue du voyage, qua caute du
changement de nourriture. Si on leur en acheté,
il faut attendre au moins trois femaines apres leur
arrivée, parce que dans ces commencemens il
en meurt beaucoup, & qu’il ne refte que les
robuftes. ,.
Comme les ferins fe multiplient affez bien dans
te pays-ci, ils font devenus communs , & ils ont
bien diminué du prix qu’on les achetoit autrefois.
On compte prèfentement une douzaine de lerins ,
dont les prix font différens fuivant leur beauté ;
mais en général les femelles coûtent moitié moins
411e les mâles.
'Manière de préparer & de conserver les oifeaux
morts, fans gâter leurs plumages,
Lorfqu’on reçoit un oifeau nouvellement mots ,
61 qu’on veut le conferver dans fon plumage , il
faut lui ouvrir le ventre avec des cifeaux , depuis
la partie inférieure de la poitrine jufqu’à 1 anus. On
en tire les inteftins, le foie , le géfier, ôcc., &
l’on remplit le vide qui refte avec la compofition
fuivante :
Sel commun , une livre.
Alun en poudre, quatre onces.
Poivre en poudre, deux onces.
On mêle le tout enfemble ; on rapproche enfuite
les lèvres de la plaie ; l’on y fait une future pour
empêcher la compofition de tomber. On remplit le
gofier de l’oifeau, depuis le bec jufqu’au géfier, de
la même compofition , par le moyen d’une plume
ou d’un fil d’archal. On lui perce la tête près de la
racine de la langue avec la pointe des cifeaux, oc
après en. avoir tiré le cerveau, on en remplit le
yide avec le même mélange.
On ne touche ni aux cuiffes, ni aux ailes : on les
laiffe dans leur état naturel.
Après avoir ainfi rempli l’oifeau, on le pend
par les jambes, pendant deux jours, pour que les
fels pénètrent avec plus de facilité les mufcles &
les ligamens qui tiennent les vertèbres du col. On le
place enfuite dans l’attitude qu’on veut qu’il fo it ,
& on l’aflùre par le moyen de deux fils d’archal,
dont l’un paffe par l’anus, l’autre par les yeux.
A l’égard des pieds , on les affure avec des
épingles ou des pointes ; 6c après l’avoir laiffe un
mois dans cette fituation, pour lui donner le
temps de fécher, on le place fur un petit fupport
de bois, fur lequel on le. fixe par les pieds ayec
deux épingles.
Arts & Métiers. Tome V, Partie J,
On lui met des yeux d’émail qu’on attache avec
de l’eau gommée.
Méthode pour apprêter les peaux des oifeaux
félon les différens ufages auxquels on Us d e s tine.
On lit dans les Amufcmcns innocens ou le
parfait oifeleur, différentes méthodes pour apprêter
les peaux des oifeaux félon les ufages pour
lefquels on veut s’en fervir, foit pour l’ornement,
foit pour l’utilité. L’auteur de cet ouvrage prévient
d’abord que lorfqu’on veut garder de ces fortes
de peaux , il ne faut fe fervir que de celles des
oifeaux qui ont été tués , 6c non de ceux qui font
morts de maladies ; il ne faut pas non plus que les
oifeaux foient dans le temps de leur mue * c’eft-a-
dire, dans leur changement de plumes.
Si on veut préparer les peaux de façon à pouvoir
repréfenter des oifeaux qui paroiffent comme
vivans , c’eft-à-dire, fi on veut embaumer des
oifeaux, on commence d’abord à élargir la peau
du cou à force de la fouffler : on la découvre autant
qu’on peut avec un petit couteau dont le tranchant
foit bon ; on fait une ouverture, qu’on continue
au-dsflùs, jufqu’au bout de la queue ; on tira
enfuite la peau avec patience, en fe fervant de
fes doigts, en décharnant & en coupant en même-
temps les petits nerfs, ou ce qui peut embarraf-
fer, & rompant les offelets aux endroits où ils
peuvent fe joindre aux cuiffes 6c aux ailes.
Si la tête eft petite, on pourra la laifler, en
inférant néanmoins dans le bec d elà chaux en
poudre mêlée avec de la myrrhe aufli pulvéri-
fé e , ou bien on l’écorchera en tirant la peau à
rebours.
Quand la peau eft ainfi détachée, on peut la
rajufter de façon que l’animal paroiffe vivant, 8c
en orner les cabinets des curieux.
On remplit à cet effet la peau de coton, où il
y ait un peu d’abfynthe & autres plantes aromatiques,
on recoud l’ouverture, & on ajufte les ailes
& les jambes avec du fil de laiton.
Quand on veut employer ces peaux à d’autres
ufages, pçur en faire, par exemple, des couvertures
de gants ou de manchons, on s y prend d une
autre façon.
Après qu’on a détaché la peau , on l’étend
fur une petite table avec les plumes , de forte
que celles-ci ne fe hériffent point , & avec
un peu de fil on la pique de chaque côté pour
pouvoir mieux l’étendre; on enlève enfuite ce
qui s’y trouve de plus gras 8c de plus charnu , 8c
on recoud avec de U foie les ruptures qui ont
pu fe faire.
Qn enduit cette peau de colle faite avec une
C c c