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Tapis fins de fpart à la Turque , pour mettre I
dans les appartenons , chapelles, tribunes, marches
d’autel, &c.
Tapis de cordes de fpart, tapis de fpart commun.
Sangles de li t , pour fe garantir des punaifes.
Il a été établi en 1775 , une manufacture, rue de
Popincourt, ■ où l’on voit ces ouvrages, où régnent
la propreté & le goût, tirés avec art d’une matière
dont on ne connoifloit pas l’utilité.
Il eft à regretter que le fol & le climat de la
France ne foient point propres à la culture du
fpart, d’autant qu’il paroît que. les cordes faites
avec le fpart, ont un avantage décidé fur les
cordes de chanvre relativement à certains emplois.
i°. Les cordes de fpart font excellentes pour la
navigation fur les rivières : elles n’ont pas befoin
de l’enduit du goudron ; elles ne plongent point
comme celles du chanvre, étant plus légères d’un
tiers , & elles ne s’ufent pas autant contre les pierres
que les cordes de chanvre.
Les navigateurs du petit cabotage, Efpagnols ,
Italiens , Languedociens, Provençaux , faifant ,
même les voyages de la Barbarie & yde la Turquie
, n’ont pas d’autres cordages que ceux faits
avec du fpart.
20. Les cordes de fparterie ne fe pourriffent pas
dans l’eau comme les cordes-de chanvre , au contraire,
elles s’y entretiennent. » Le fpart, ditPli-
» ne, liv. 19 , ch. 2, fe nourrit dans l’eau, comme
»> pour fe dédommager de la foif qu’il a foufferte
» dans le terrain aride où il eft né. »
Les cordages & les filets pour la pêche du thon ,
objet de confidération fur les côtes de Provence ,
font tous en fparterie, ainfi que toutes les cordes
de puits, greniers, échafaudages, amarages, &c.
30. Les cordages de fparterie font bien moins
. coûteux que ceux en chanvre: ils s’appliquent
aux mêmes ufages'j ainfi ils deviennent un objet
d’économie , fur-tout dans un pays humide, où le
chanvre pourrit promptement. •
Pour en convaincre, voici le calcul du fieur
Berthe, qui fait voir que les cordes de chanvre
ne peuvent pas foutenir le parallèle.
Un particulier aura befoin de 600 toifes de
cordes de chanvre ; il paiera pour
100 toifes de l pouces de circonf, . pefant 50 liv.
io q (. , . 2 .. . . .. .: . . .. 100.
lo q ,. . . 3 . . . . . . . . 170
100 . . . 4 .......................................340
100 . , . 5 .550
100 », . . 6 . . . . . . . . 700
€00 toifes . . , . . . pefant 1910 liv.
N A T
Si ce particulier acheté la même quantité dé
toifes de cordes de fparterie , il paiera
100 toifes de 1 pouces de circonf, pefant 30 liv.
IOO. . . I H • • 54
IOO . . 3 • • • • . . . . 105
IOO . 4 . . . .
100 | .
ioy . . '
600 toifes * . I Z . . pefant 1189 liv.
A 40 liv. les 100 pefant l’un dans l’autre, 4 7 5 1. 12C
On gagnera du côté’ du poids 721 liv. ;
& du côté du prix . . . . . 670 liv. 8
Si les cordes de fparterie font gagner l’acquéreur
du côté du prix & du poids, par une moindre
charge ; fi elles ont autant de durée que les
cordes de chanvre ; fi elles s’appliquent aux mêmes
ufages, '& rendent les mêmes îervices avec la
même facilité ; il eft évident qu’elles ont beaucoup
de fupériorité fur les cordes de chanvre.
Les tapis, les tapifteries & les nattes de fparterie
ont de même de grands avantages.
i° . Ces ouvrages font moins coûteux. Une peau
d’ours coûte 30 à 40 liv. Une peluche de fparterie
la remplace, & ne coûte que 3 à 4 liv.
20. Ils font bien moins dangereux du côté du
feu mie tous les ouvrages en paille, & chacun
peut en faire l’épreuve. Un charbon tombe fur un
paillaflon ordinaire , & l’enflamme ; l’incendie fe
communique. Ce même charbon tombe fur un
tapis ou une natte de /parterie ; il brûle , il eft
v ra i, l’endroit qu’il touche , mais il s’y enfonce,,
s’y éteint, & ne s’étend pas au-delà. Cet avantage
, fi on le eonfidére bien , eft d’ü<n très-grand
prix dans la focièté , 00 les incendies font tous
les jours les plus grands ravages. Il permet au
moins d’approcher, fans crainte, les tapis des cheminées.
30. Ces tapis fe lavent. On rajeunit lés peluches
avec un peigne. Ils reprennent un air neuf, &
ont toujours l’agrément de la fraîcheur & de la
propreté.» .
40. Les mites , les vers & les punaifes attaquent
ordinairement les ouvrages de laine, les gâtent ,
les rongeur & les inféélent : on ne verra jamais
dans les ouvragés dë; fparterie aucuns vers, ni
mités, ni punâiiès. -Ils réfiftent à l’humidité des
murs , & ne font pas' fujets A 6 o liv. les. zoo pefant. Prix attuel. , . 1146 /. à’ fe- pourrir : l’éau
même nourrit le fpart ; & tous ceux qui en font j
nfaee doivent convenir que jamais les infeftes ne
s’v attachent : ce qui n’eft pas un peut avantage ,
pnifque par ce moyen on écarte les punaifes des
lits & des‘alcôves. . ' . . .
V Les 'ouvrages de fparterie font de la plus
grande faiubrité dans les appartenons. On fe contentera
de rapporter à ce fujet ce que les auteurs
de la Gazette de fanté, dont les lumières en médecine
& en hiftoire naturelle four connues du
oublie, ont dit dans leur feuille du 19 août
1776 P- 136: »On ne connoît guère,pour fepre-
» ferver de l’humidité, que des peaux d animaux,
» des tapis de laine & des paiUaffons ; mais pref
■ „ que tous ces moyens joignent à l’inconvénient
„ connu des vers, des mitas & de la pourriture ,
„ celui de renfermer'quelquefoisdes germes de
„ maladies contagieufes dont les animaux font
» morts.- Ce ri’eft pas ici le lieu d’en fournir la
» preuve & l’exemple , cela eft connu ; & il n’y
» a rien de plus mal-fain en général que l’ufage
5, de certaines peaux, fur-tout de celle de l’ours ,
jj fort fujet à mourir du charbon. . . La paille dont
» on fe fert eft fort fujette à fe corrompre . . . Nous
» croyons que l’ufage du {part eft beaucoup
i) plus fain , plus commode que celui des peaux ,
jj des paillaftons ordinaires , & c . .. Il a un avan-
* tagequeles autres n’ont pas , ceft qu il fe plaît
j? dans l’humidité, & réfifte à fes effets : ce qui
» doit le faire préférer à tout autre moyen, fur-
» tout dans les falles à manger des rez-de-chauf-
» fées, dans les boutiques trop humides & trop
» fraîches. «
V O c A B
A ig u i l l e . * M I » ; c’eft une groffeaiguille
défer, longue deftix à douze pouces, avec laquelle
on coud les Cordons qui doivent former la natte.
Branches ; efpèces de cordes, compofees dé
différens. brins de paille ou de jonc , avec lefquelles-
on forme les cordons qui compofent les nattes.
Cordons ; efpèces de tifFus de paille ou de
jonc, avec lefauels ou ferme des nattes.
Ester j efpèce de natte ou tiflu de paille / dont
les orientaux fe fervent au lieu de lit.
Ficelle à natter ; c’eft une ficelle fort menue ,
dont les nattiers fe fervent pour coudre les cordons
qui doivent compofer les nattes.
Natte ; c’eft un tifiù fait de paille , de jonc,
de rofeau , ou de quelques autres plantes, ecor-
ces ou filandres', faciles à fe plier & à s entrelacer.
' " ■'
O u r d i r o u bâtir à la tringle', c’eft, en terme de
nattier, attacher aune tringle les cordons de paille
Si l’on joint à des confidérations anfli fages ,
celle de faire revivre une découverte des anciens ,
dont les Efpagnols feuls ont fu tirer avantage ;
de la faire valoir en France par une induftrie toute
nouvelle ;• d’en étendre les ufages ; de l’embellir
par le goût ; d’en orner nos appartenons à peu de
frais ; d’en faire des meubles de grande falubrite ;
on conviendra que l’établiffement d une fparterie
doit obtenir le fuffrage de tout homme qui penfe.
Ceft aufîi ce qui a mérité au fieur Berthe, les
encouragera ens du gouvernement, par 1 arrêt du
confeil d’Etat, du i odobre 1775 , dont Sa Majeftê
l’a honoré. '
Nous ajouterons que le fpart eft fufceptible de
fe teindre en diverfes ‘couleurs ; & que le tiiiu en
peut être fort lifte & fort uni.
N. B . On fe croit obligé de relever ici une
erreur qui s’eft gliffée dan-3 divers journaux^ &
gazettes : on y a dit que » la matière employée à
jj la manufa&ure de fparterie, eft le genet d E fm
jj pagne «. Cette annonce pourroit engager des
cultivateurs en province à faire des plantations de
; cet arbufte inutile , comme il eft arrive a plufieurs
; pérfonnes , fondées fur cette opinion, d en venir
' offrir aux maîtres d’atteliers.
Le fpart n’eft qu’une plante de la clafle des^ gra-
|. minées.,, çonféquemraent il n’eft pofnt le genet ,
j ni autre arb rifle au. Le fpart eft connu des natura-
• liftes fous le nom latin lignum fpartum. Enfin le
il genêt n’a jamais été employé par les Romains, quoi
j: qu’en difent plufieurs livres modernes. C’eft par-
| tout une équivoque de fpartum, qui eft le fpart,
avec fpartium, q.ui eft le genêt.
U L A I R B.
pour les ajufter & en compofer des nattes.
Spa-RT 5. plante de la claflè des graminées ,
dont on fait des cordes, des nattes & autres ouvrages
treffés & nattés;
T racer l a N A T T E , terme de nattier en paille;
o’eft en- faire- les cordons au clou , c’eft-à-dire ,
paffer alternativement les unes fur les autres les
trois branches de paille dont le cordon eft com-
poCé. . ‘ ,
T ravailler au clou , terme de nattier ; c eft
attacher la tête de chaque cordon de la natte, k
un clou à crochet enfoncé dans la barre d’en-haut
d’un fort tréteau dé bois*.
T réteau , pièce de bois avec des clous à crochet
, auxquels le nattier attache les cordons dé
paille qu’il veut tracer.
Tringle ; outil du nattier. C ’eft une pièce de
bois hèriflee de clous à crochet pour y attacher les
cordons qui doivent former la natte.
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