
en rapprochons, vient de baifler le titre de fes
efpèces d'or, ce qui élève par le fait, celle qu’elle
a reprife en 1779. Faut-il qu’en fuivant fon ex-
emple nous baillions le titre de nos louis , ou que
nous les refondions encore, pour prendre une
nouvelle proportion ; non ; on fe fervira, dit le
fieur M. d’un moyen qui a été en réferve pour ce
cas, dans les opérations de la refonte, & que le cenfeur
( moi ) n a pas éventé. On croit en % lifant cette
annonce emphatique , que le fieur M. a dépefé
'dans le fein de l’adminiftration, une de ces découvertes
précieufes, qui honorent également &
leurs Auteurs, & le fiècle qui les a vu naître ?
on fe fent tourmenté du defir de connoître une
aUfli merveilleufe invention, mais fon zèle patriotique
ne lui permettant pas de laifler longtemps
fes leéleurs dans l’incertitude à cet égard ,
il a bientôt la bonté-dé les mettre dans fa confidence.
Une nouvelle gratification de cent mille
écus, feroit fans doute au-defibusa’un pareil bienfait.
Ce grand moyen que perfonne n’a éventé ,
qui pafle les "bornes de l’efprit humain, confiée
à prendre fur les bénéfices du feigneuriage, comme
on l’a fait depuis 1726, jufques en 1773. ,
l’augmentation du prix de l’o r , O altitüdo !
Le fieur M. voulant enfuire rendre raifon de
l'augmentation , du feigneuriage nous dit, (page
176. ) « Un fécond motif de cet accroijfement du
u feigneuriage, c efl ce prévenir toute augmentât on
«» de l'or eheç l'étranger, fans être-obligé de reçoit-
» nr à une nouvelle opération en France | au moyen
Ti de la diminution des bénéfices du roi, quon pourra
« faire en augmentant le tarif » Et l’homme qui
déraifonne à ce point ,'eft celui dont le fieur B ...
vante les talens, les grands principes, les con-
noiffances. &c. &c. !
Quelques réflexions, fur l’utilité de la refonte
terminent cette merveilleufe réfutation. Le fieur
M. a lé courage de répéter encore qu’elle a procuré
22 millions de bénéfice , aux propriétaires
des anciens louis, & 10 millions au roi, & qifelle
a augmenté de 36 millions, la mafle des richef-
fes du royaume. J’ai fi clairement démontré dans
mes obfervations , l’abfurdiié de la première &
de la dernière de ces alertions, que je me crois
difpenfé d’entrer dans de nouveaux détails à cet
égard ; je demanderai feulement au fieur M. s’il
en poflible que tout le monde gagne .dans un
échange de cette nature ; fi le roi a pu gagner,
fans que fes lujets perdiffent ; il n’y a que des
enfans , à qui on puitTe perfuader que la richefle
du royaume , fe trouveroit doublée s’il plaifoit au
fouverain, de doubler la valeur numéraire de
toutes les efpèces courantes, fans rien ajouter
à leur titre, ni à leur poids. Dans l’état aétuel,
un louis ancien, fuppofé droit de poids , & au
titre de 21 karats & demi, pour lequel il eft
admis au change , vaut intrinfèquement, au prix
du tarif 24 livres 13 fols î 1 deniers : le louis nouveau,
en le fuppofant également droit de poids,
& en admettant, qu’il foit fabriqué, au titre de
21 karats f£> ne vaut intrinfèqsement, au prix
de ce même tarif, que 23 livres 7 fols 3 deniers;
il n’eft donc pas vrai que le propriétaire
d’un louis nouveau, foit réellement aufîi riche
que le propriétaire d’un louis ancien, même en
fuppofant que ce dernier foit a plus bas titre que
le premier. La refonte a augmenté d’un feizième
la mafle numéraire de nos efpèces d’o r , mais la
mafle de la matière avec .laquelle elles font fabriquées
étant refiée la même, parce qu’elles ont
perdu en poids , ce qu’elles ont gagné en- nombre
, il n’eft pas vrai que notre richefle foit augmentée
: Non enim h esc numéro fed pondéré judi-
cantur (a). La façon d’une pièce d’orfèvrerie lui
donne upe valeur idéale qui excède fa valeur
réelle ; mais celle-ci confiflte uniquemeut dans le
titre fit le pcids de la matière.
Q U A T R I E M E P A R T I E .
Copie de ma lettre aux chambres du commerce,
de Touloufe, Mdrfeille , Nantes, Bordeaux, Lille ,
Dunkerque, • Lyon, Lorient, Bayonne, le Havre, 5.
Malo, Amiens, 5. Quentin & Rouen, en date du
27 oSlobre 1787* -d laquelle étoient joints des exemplaires
de mes obfervations.
« M. M......... Monfeigneur l’Archevêque de
» Touloufe, m’ayant auterifé à vous communi-
» quer mes obfervations J fur la déclaration du
n 30 oélobre 1785 , qui a ordonné la refonte
» des efpèces d’or , & fur l’augmentation pro-
>y greflive du prix des matières d’or & d’argent ;
» j’ai l’honneur de vous en envoyer deux ex-
n emplaires ; je vous prie de vouloir bien les
n lire, & les examiner avec toute l’attention
» qu’exigent des queftions aufli intéreflantes pour
» le commerce , oc de me faire part enfuite des
n réflexions dont elles vous auront paru fufeep-
» tibles. «
J ’ai l'honneur d’être, 6*c.
Lettre & obfervations , de la chambre du commerce
de B a y o n n e .
N. B. Les rèponfes des chambres du commerce du Havre
, d’Amiens , de S. Quentin , S. Malo 6» Rouen ,
ne me font pas parvenues ; la chambre du commerce
de Rouen, paroît néanmoins avoir lû mon ouvrage,
p u f qu'elle le cite avec éloge dans une note qui fe
trouve au bas de la page 8 , de fes obfervations fur
la lettre de la chambre du commerce de Normandie ,
publiées en 1788.
M. la chambre vous a fait attendre long-temps
fa réponfe, à la lettre que vous lui fîtes l’honneur
de lui écrire le 27 octobre dernier, parce
qu’elle fe propofoit d’y joindre fes obfervations
(<2) Cicero de ojfciis, lib. 2.
fur
fur le Mémoire qui l’accompagnoit. La rédaction
de celles-ci a été retardée par plufieurs eau-
fes. Il falloit que la partie des calculs fût foumife
à des vérifications réitérées , pour en aflurer l’exactitude
, & former la bafe des conféquenees que
nous en avons déduites; à quoi nous avons donné
toute notre attention.
Vous retrouverez, Monfieur, dans ces obfervations
, dont nous vous remetror s ci-joint une copie
, les mêmes principes que vous avez adoptés
dans votre Mémoire, fur les incpnveniens de la
refonte de l’or , & fur les conféquenees fâche u fes-
qui en ont réfulté. Nous nous femmes permis feulement
de ne pas admettre, au nombre de ces
conféquenees, la haufle du changed’Efpagne , qui
nous a paru tenir à d’autres caufes. La connoifi
fance immédiate des révolutions qu’éprouve le
commerce d’Efpagne , de leur influence fur fes
changes , dérive de notre fit nation , & d*.s relations
confiantes que nous avons avec les diver-
fes places de ce Royaume. Nous aurions pu, par
cette raifon , ajouter à vos réfl< xions, le clé.ad
des faits qui fe font jaffés fous nos yeux, depuis
la refonte. Et en effet , nous avons v u , immédiatement
après l’arrêt du 30 octobre , le prix de
l’or d’Ef^agne fuivre la progrefiion du nouveau
tarif, les quadruples neuves ayant été portées de
80 livies 5 fous , à 81 livres 12 fous, & les
vieilles de 81 à 83 livres 2 fous. Certe haufle a
été accrue depuis par les primes qui fe font établies
sur les matières d’or. Elles ont été portées
fucceflivement de | pour £ à §•, taux auquel elles
fe foutiennent aujourd’hui. Pour calculer tout le
défavantage de ce furhauffement , il faudroit
ajouter au bénéfice accordé à l’Efpagne , celui
que fait l’étranger , au détriment de la France, en
retirant de celle-ci, en argent, la folde de fes
exportations, qu’il y a fait verfer en or par TEf-
pagne.
Le moyen que vous propofez, pour reparer
le mat, en abandonnant au commerce le droit
de feigneuriage du Roi, tant fur l’or que fur
l’argent, à l’inflar de ce qui fe pratique en Angleterre
, nous a paru avoir quelques inconvéniens
pour l’argenf. Le premier effet d’une pareille innovation
dans le Royaume, feroit de faire hauffer
le prix de ce métal, & d’y attirer une quantité de
numéraire dont la difproportion , avec la balance
de notre commerce, feroit baifler les changes de
la France, avec toutes les nations qui foumiflènt',
■ conjointement avec elle-, en Efpagne, le produit
de leur fol St de le,ur induftrie. Cet inconvénient
, n’eft pas le feul, comme vous le verrez
dans nos obfervations ; mais en adoptant votre
fiftême,p'our l’or, nous l’avons, pour rinfidire dé
velopr'é , en demandant que la fixation du prix
de ce métal foit .dêfotmas attribuée au commerce
, & en établiifa,nt que e’eft le véritable
moyen de retrouver la proportion relative, dont
on s’elt éloigné-dans le nouveau tarif.
Arts 6* Métiers. Tvme V. Part. IL
Nous avons cru devoir profiter de l’occafion
que faifoit naître la difcuffion de ces objets , pour
attirer l’attention du gouvernement fur les fu-
neiles effets produits par les furacltapts, dont
joui lient les particuliers, & par les fer vices commis
dans les provinces , pour les anticipations de
fonds au tréfor-royal. Témoins , depuis longtemps,
des plaies profondes que font au commerce
les opérations qui en font la fuite, le devoir
de nos places nous preferit d’indiquer la
fource du mal, & d’employer .tous nos efforts
pour y apporter le remède, qui n’efl autre que
l’abandon d’un pareil syftême.
Nous ofons nous flatter, Monfieur, que nos
obfervations mériteront de votre part quelque
indulgence, par le. zèle qui nous les a diéièes. Si
vous deviez en faire ufage auprès du Gouvernement
, peur l’exécution de quelques nouvelles
vues, bous vous prions d’appuyer nos réc’ama-
tions relatives aux furachapts& aux fervices , dont
vous appercevrez aifément la juftice & la liaifon
intime avec l’intérêt du commerce.
Nous avons l’honneur d’être , avec une parfaite
confidéiation, &c.
O B S E R V A T I O N S
De la chambre du commerce de Bayonne, fur un
Mémoire imprimé, ayant peur objet l'examen de
Li déclaration du.30 oElobre 1785 , qui'a ordonné
la refonte des efpèces d’or, & des caufs de Vaugmentation
progrejjive du prix des mat.ères d’or 6*
d'argent, depuis le premier janvier 1726.
Quoique l’objet principal du Mémoire que la
chambre a eu l’honneur de recevoir“ d’envoi de
M. des Retours , premier commis des finances ,
au département des monnoies , foit de difeuter
les inconvéniens de la refonte des efpèces d’or ,
effeétuée en vertu de la déclarai ion du 30 o(Sobre
1785., il a paru que le développement de
cette queftion en avoir fait naître quelques autres
non moins intéreflantes pour le bien de l’état &
pour l’avantage du commerce. C’eft ce qui a déterminé
la chambre, à produire les obfervarions ‘
fuivantes.
En premier lieu, fur les eau fes de l’augmentation
fucceffive du prix des matières d’or &
d’argenr, depuis l’année 1726.
En fécond lieu , fur les réfultats du changement
de proportion établi par la refonte du 30
octobre 1785 , entre le prix des matières d’or 6t
des matières d’argent.
En troifième lieu, fur les véritables & principales
caufes de l’altération du chance de la France ,
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