
épaiffeur fur tout le vifage , en commençant par t
les bords, & réfervant]à couvrir en dernier lieu !
la bouche & le nez.
Pour que la refpirarion ne foit point gênée , on
place dans la bouche & dans les narines un petit
tuyau de plume. Si l’on ne veut pas ufer de cette
précaution , il faut au moins faire enforte que les
narines ne foient pas bouchées , en pofant le plâtre
tout autour avec dextérité & promptitude.
Lorfque le plâtre eft bon, c’eft l’affaire d’ une
minute au plus.
On re ève promptement la perfonne, &le.maf-
quefe détache de lui-même.
On lave enfuite le vifage avec de l’eau-de-vie,
afin de prévenir lé mauvais effet de la fraîcheur
du plâtre.
Cette opération finie, on fait fécher le creux ,
afin de pouvoir le durcir avec de l’huile graffe.
Il faut que l'huile loit bien chaude & le creux
bien fec.
Lorfque le creux eft durci, fi vous voulez y
couler de la cire, il faut prendre garde qu’elle ne
foit trop chaude, parce qu’elle s’attacheroit au
creux & le feroit écailler ; on connoît le jufte dé-
gré de chaleur lorfqu’on peut aifément y tenir
le doigt.
A l’égard des autres parties du corps, comme
le bras, qui peut fe mouler fans courir le moindre
rifque , on commence par rafer les endroits où il y
a du poil, excepté le defi'ous des aiiïelles, que l’on
peut graiffer avec de la pommade, & l’on huile
tout le bras.
La perfonne doit être placée commodément près
d’une table folide, fur laquelle on a bâti une efpè-
ce de caifle de planches minces arrêtées avec de la
terre molle.
Cette caifle doit fuivre à une certaine diflance
la forme du bras & de la main qu’on veut mou- ‘
1er : alors on détrempe, s’il fe peut, la quantité
de plâtre fuffifante pour couvrir le tout.
C ’eft toujours avec de l’eau chaude qu’il faut gâcher
le plâtre : lorfqu’il commence à prendre, on
la verfe dans la came, obfervant de la verfer également.
Quand le plâtre eft pris , on ôte les petites planches
qui cômpofent la caifle, & avec un ébauchoir
de buis ou de cuivre bien mince, on fait une entaille 1
des deux côtés du bras fans toucher à la -chair.
Lorfque le plâtre eft bien pris , on approche un
fermoir dont on a ôté le taillant fur un grès ; on
fait une petite pefée dans les entailles que i’ébâu-
choir a faites : alors le creux éclate en deux ou plu-
fieurs parties ; on fé fert aufli de petites planches
taillées en forme de coin, que l’on place à quelque
diflance de la chair en fuivant les coupes qu’on
defire de faire.
Ces planches doivent être bien graiffées avec du
fain-doux ou du fuif, afin que dans l’inftanr où
le plâtre eft fufiifammem pris, on puifle les retirer.
Le bras étant débarraffé du plâtre, il faut le laver
avec de l’eau-de-vie & faire tremper le creux
dans l’eau, jufqu’à ce qu’il ne boive plus ; on le
laifle enfuite égoutter, & on le frotte avec 'de rhui-
le d’olive dans laquelle on a fait fondre du fuif.
Si en ouvrant k*creux fur le bras , il fe détache
quelqu’éclat, on le recolle avec un peu de fain-
doux en faifant l’affemblage des morceaux du creux.
Avant de couler dans ce creux, il faut percer
avec une grofle épingle les extrémités des doigts
pour donner de l’air, afin que le plâtre ne fafle
point de foufflure.
Tout étant ainfi difpofé , l’on coule le plâtre, &
on le laifle bien prendre avant que de cafter le
moule.
Cet ouvrage doit être fait avec précaution-r on
courroit, fans cela, le rifque de perdre le creux
& le plâtre.
On emploie quelquefois du fil ciré pour faire les
coupes, du creux : on applique pour cet effet les fils
fur la chair avec de la gomme, ou de la cire
dans l’endroit où l’on juge que le creux doit s’ouvrir
; mais cette manière ne vaut pas la première,
parce qu’il arrive que les fils fe dérangent & fe.caf-
fenr toujours, ce qui fait que les joints ne font
pas nets.
Pour mouler les autres parties du corps , il faut
faire une femblable opération relativement à l’objet
ou à la pofe que l’on donne au modèle.
J’ai fait, ajoute M. Fiquet, plufieurs épreuves
pour mouler fur nature : voici celle qui m’a réufli
le plus ordinairement. Il eft très-rare de trouver
des gorges bien formées dans les modèles de femmes
qui fervent aux artifles : c’eft pourquoi, lorfqu’il
s’en trouve de bien proportionnées, on fe
hâte de les mouler. ( On ignore affez généralement
que la fraîcheur du plâtre aftaiifc la chair & gâte
la gorge. )
Je place le modèle a (Iis fur une chaife, le dos
appuyé contre le doflier du fiège & les bras croi-
fés fous la gorge. Après avoir huilé la peau, je
détrempe le plâtre avec de l’eau chaude ; & lorfqu’il
commence- à prendre, j’en fais un enduit fur
la gorge avec un pinceaif à longs poils fans perdre
de tems. J’applique fur l’enduit plufieurs brins
de filafte de chanvre qui fe lie avec le plâtre &
empêche la refpiration de faire gercer le moule.
On donne à ce moule le moins d’épaiffeur, de
peur de caufer trop de preflion fur l’eflomac. Si
le plâtre eft prompt, c’eft l’affaire d’un inftant.
Lorfqu’on moule fur un cadavre, on fuit le même
procédé ; mais on ne prend pas les mêmes foins
pour la confervation du fujet ; cependant, fi c’eft
le vifage que vous voulez mouler, faites enforte
qu’il foit encore chaud , pour que les chairs ne
foient pas retirées.
Si l’cn veut en retirer une cire colorée, il faut
prendre de la cire blanche , dans laquelle on aura
mis un pied de vermillon.
La cire étant fondue & le creux étant durci, ôn
coule cette cire à la volée, c’eft-à-dire en la ver*
t
fant à plufieurs r e p r is dans le creux, afin de lui
donner une épaiffeur égalé par-tout.
Pour que la cire ne fe déjette pas, on coule ordinairement
un noyau de plâtre par-derrière.
Ces figures de cire que l’on voit par-tout, & qui
ne font, pour l'ordinaire, qu’ébauchées d’un affez
mauvais goût, fe font à peu-près de cette manière ,
à l’exception du noyau dont elles manquent toujours.
L’opération finit par la pofe des yeux d’émail.
On peut aufli mouler fur nature, des animaux ,
des fleurs, &c.
Voici une méthode aifée pour mouler les chofes
les plus délicates , telles, par exemple, qu’une fleur.
On prend un vafe un peu plus haut que la fleur,
on l’attache Amplement au fond avec un morceau
de cire à modeler , on remplit le vafe d’eau
jufqu’à une certaine hauteur, & l’on coule dans
ce liquide du plâtre fin fans l’agiter ; il faut que le
plâtre furmonte la fleur & la couvre entièrement.
Lorfqu’il eft bien dur , on cafte le vafe pour en
retirer le moule d’un feul morceau, on le partage
enfuite en deux ou quatre pièces, afin de pouvoir
retirer la fleur par morceaux en faifant recuire le
creux.
Les feuilles qui reftent dedans fe sèchent & font
faciles à détacher.
On coule après cela de l’étain rouge , c’eft-à-
dire très-chaud, dans le moule, ayant foin d’y pratiquer
des ouvertures pour donner une ifTue à l’air,
afin que tout fe rempliffe : fi le moule eft bien n et,
la fleur fe trouve rendue au naturel.
On fe fervoit autrefois, pour les ornemens des
tables, de fruits & de fleurs coulés en cire ; mais
la mode en eft paffée en France , & ne s’eft con-
fervée qu’en Italie , où l’on voit des tables fervies
en fruits de différentes efpèces, tous en cires colorées.
Ces moules fe font ordinairement en deux coquilles
, & l’on ne coule pas la cire dedans qu’ils
ne foient bien durcis.
Lorfque les artiftes veulent conferver la forme
d’une fleur, ils la plongent dans de la cire tiède à y
pouvoir tenir le doigt : il fe forme alors une petite
couche defliis la fleur , qui la conferve, & n’em-
peche pas d’en apercevoir à peu-près toutes les
formes.
On peut aufli mouler fur nature avec de la cire.
Si c’eft, par exemple, fur une main, on la plon-
ge à plufieurs reprifes dans la cire chaude, & on
. 1 donne par ce moyen telle épaiffeur que l’on
veut : on recouvre le tout enfuite avec du plâtre
pour maintenir la cire, & on ouvre le creux corn-
me celui qui «’eft fait qu’en plâtre.
Après avoir coulé dans ce creux, on ôte la
cire qui peut fervir à d’autres ufages.
Maniéré de mouler à bon creux fur la terre molle.
Quand le fculpteur a fini fon modèle en terre
®olle, il le confie au mouleur, dont le travail influe
beaucoup fur le mérite du fien ; .car le moindre
défaut d’attention ou d’intelligence de la part
du fécond, peut ôter tout le prix de l’ouvrage du
premier.
Il s’agit de mouler ce modèle à bon creux tandis
qu’il eft frais*, parce qu’en féchant, les parties
fe retirent & s’amaigriffent.
On appelle bon creux celui duquel on peut retirer
plufieurs plâtres , comme celui du petit modèle
de la ftatue équeftre de Louis XV , par M. Pi-
galle. Çe creux a été fait par le fleur Pomel ; on
peut le regarder comme un des bons dans ce
genre : il en eft forti plus de cent plâtres tous
également bien faits.
Suppofé qu’on veuille mouler la Vénus de Mé-
dicis, dont le modèle foit en terre molle ; on choi-
ftr cette figure en particulier, parce qu’elle eft connue,
foit en grand , foit en petit: on commence
d’abord par faire les coupes des bras avec un ni
de fer ou de laiton fort mince, & avec un ébauchoir
on trace deux lignes appelées repaires fur la
coupe , afin de pouvoir rapporter les parties avec
précifion lorfqu’eiles feront moulées.
Le bras féparé du corps, on le pofe fur une planche
où l’on met en plufieurs endroits des morceaux
de terre molle huilée, afin que la terre du bras qui
eft molle ne s’attache pas à la planche, ni à la terre
fur laquelle il doit être placé : on fait enfuite des
portées de terre aux endroits où fe trouvent terminées
les pièces. Elles fe font ordinairement en
quatres parties , d’une extrémité à l’autre du bras:
les petites pièces pour les doigts doivent fe renfermer
dans les.grandes.
Lorfque les creux font faits, on retire les pièces
de deffùs la terre, & on les raffemble afin de les lier,
pour que le creux ne fe tourmente pas.
Le feçond travail a pour objet le grand creux de
la figure , qui doit être en deux affifes de niveau.
La prémiere fe fait depuis la plinthe jufqu’à la
moitié des cuifles; de-là, la fécondé s’étend juf-
qu’aux épaules : on moule, fi l’on v eut, la tête
féparément pour pouvoir remuer le creux avec
plus de facilité.
Commç cette figure eft nue, les pièces doivent
être plus grandes que pour une figure ornée
de draperies.
On commence donc les pièces par les fonds ,
& toujours par le bas de la figure. Il faut marquer
avec un petit morceau de terre l’endroit où l’on doit
mettre la pointe du couteau ou d’un outil, pour
faire quitter la pièce lorfque le plâtre eft coulé ,
évitant, autant que cela eft poffible , de tailleries
pièces à angles trop aigus : la pouffée du plâtre les
feroit cafter, & l’on ne pourroitpas en retirer beaucoup
de copies.
La façon de tailler ces pièces eft à angles droits ,
autant que la forme du creux le permet.
On peut retirer la pièce pour la taillera fa main,
& c’eft la meilleure manière, fur tout pour les petites
pièces.