
un mordant J autrement nommé kature l qu’on
compofe d’environ une livre de cire, d’une demi-
livre d’huile de lin , & d’une demi-livre de térébenthine
de Venife, qu’on fait bouillir enfemble.
On rehauffe les ornemens en mettant par hachure
de ce mordant ou bature'chaude, avec la pointe
d’un petit pinceaufur tous les clairs de l’ouvrage.
On a p p l iq u e l e c u i v r e r é d u i t e n f e u i l l e s , a p p
e l é v u lg a i r em e n t or d'Allemagne, ( c 'e f t c e lu i d o n t
o n f e f e r t c o m m u n ém e n t ) o u a v e c d u c o t o n , o u
a v e c d e s b i lb o q u e t s g a r n i s d e d r a p . Au b o u t
d ’ u n e c o u p le d ’ h e u r e s , q u a n d i l e f t f e c , i l fa u t
l ’ é p o u f f e t e r a v e c u n e b r o f f e d e f o i e s d e p o r c d o u c e
& b i e n n e t t e . Il fa u t f u r t o u t p r e n d r e g a r d e q u e
la b a tu r e n e s ’ em b o î t e d a n s l e fp n d a u f i ï t ô t q u ’ e lle
e f t c o u c h é e , c e q u e l ’ o n c o n n o î t q u a n d e l l e d e v
i e n t t e rn e & q u ’ e l l e p e r d f o n lu i fa n t ; Car a lo r s
l ’ o r n e p e u t s ’ y a t t a c h e r . Il f a u t r e c o m m e n c e r à
c o u c h e r d e b a tu r e d a n s le s e n d r o i t s om b r é s .
Le même auteur indique le procédé qui fuit
pour dorer à l'or mat.
On fait un mordant compofé de bitume de Judée
une livre, d’huile grade une livre, de mine
de plomb une demi-livre. On peut fubftituer à
la mine de plomb pareille quantité de vermillon.
On fait fondre le bitume.
Quand le mordant eft en pâte, on l’éclaircit
avec une livre ou une livre & demie d’effence.
Il en faut plus l’hiver que l’été.
Il y a pour ce même objet une autre efpèce
de mordant, qu’on appelle mixtion, & que M.
Watin confeille. On fait fondre une livre de ka-
fabé, un quarteron de maftic en lames, une
once de bitume , dans une livre d’huile grade.
On éclaircit cette mixtion avec de l’effence.
Il faut que ce liquide ne foit ni trop lent ni
trop prompt à fécher, & qu’il puiffe s’étendre
aifément fous le pinceau.
Mordant à l'huile.
Pour faire le mordant à l'huile, ayez un pot de
terre verniffé & neuf, qui contienne deux pintes;
rempliffez- le à moitié de coulëurs préparées à
l’huile. Celles qui relieront des ouvrages faits , y
feront très-propres, quand même il fe feroit déjà
formé une peau deffus : on y mettra cette peau
même ; ajoutez-y une pinte d’huile de lin & un
poiffon de vernis commun.
Alors mettez le pot fur un feu médiocre,
comme des cendres chaudes ou de la petite
braife : cuifez doucement ; & lorfque vous verrez
votre matière ou liqueur fe réduire & être
tarie d’un quart, comptez qu’elle fera fuffifamment
cuite. Retirez votre pot du feu , paffez aufiitôt
le tout, & mettez lè mordant ainfi fait dans un
autre pot de terre verniffé, pour vous en fervir
au befoin.
. Il eft bon de prévenir les perfonnes qui feront
dans le cas d’en faire, qu’il fe forme fur le mordant
une peau qui ne fert qu’à le çonferver,
Quand on en veut prendre pour s’en fervir, on
lève une partie de cette peau, que l’on rejette
fur l’autre, & on la remet dans fon .premier état
après que l’on a tiré ce que l’on vouloit.
Ce mordant fe conferye un an entier fans s’af-
foîblir : ôn s’en fert pour bronzer 8c dorer à l’huile.
Pour bronzer, après que l’on a appliqué le mordant
fur la’pièce, on poudre par deffus le bronze
tout fec, & en tenant un papier au-deffous, on
frotte la pièce avec une broffe neuve, afin de
faire tomber le fuperflu de bronze qui n’a point
été arrêté par le mordant, pour qu’il ne foit
point perdu.
Il n’eft point néceffaire de paffer aucun vernis
fur le bronze ; mais il en faut paffer un fur l’or
que l’on a appliqué , dans lequel vernis il ne
doit point entrer d’efpritrde-vin, car tout lvou-
vrage en feroit gâté. Avant de donner la couche
du vernis, on aura la patience d’attendre que l’or
foit parfaitement fec.
Lorfque.de mordant fe trouve trop épais, on
le rend plus coulant en y mêlant un peu d’huile
grade.
Mordant fur la toile peinte.
Pour appliquer le rouge fur la toile, on imprime
une compofition dite mordant, qui n’a
prefque aucune couleur, & qui eft différente félon
les diverfes nuances de rouge ou de violet.
Cette compofition fert à faire attacher dans les
endroits où elle a été mife, la couleur dans laquelle
on plonge & on fait bouillir la toile, &
à lui donner les différentes nuances dont on a befoin,
depuis le couleur de rofe jufqu’au violet
foncé.
Compofition de mordant pour le rouge foncé.
Le mordant pour le beau rouge un peu foncé
fe fait de cette forte. On prend huit parties d’a*
lun de Rome, deux parties de foude d’Alicante,
& une d’arfenic blanc. On pile toutes ces matières
; on les met dans une fuffifante quantité
d’eau, qu’on épaiffît avec la gomme : il eft bon
que l’eau dans laquelle on diffout ces matières
foit colqrée avec du bois de Bréfil, afin de voir
fur la toile les endroits où le mordant pourroit
n’avoir pas pris, pour les réparer avec la plume
ou le pinceau.
Autre mordant pour rouge.
On fait un autre mordant qui donne auffi un
très-beau rouge. On met une once & demie
d’alun de Rome, un gros & demi de fel de
tartre , & un gros d’eau-,forte dans, une pinte
d’eau : il faut toujours des épreuves de ces dif-
férens mordants fur de petits morceaux de toile,
pour voir fi la couleur eft belle.
Lorfque la toile fera imprimée avec le noir &
le mordant pour le rouge , on mettra au pinceau
ou ayec des contre planches , le même mordant
a u x
anx endroits qui doivent être entièrement rouge
foncé : on les laifle fécher l’un & l’autre
pendant douze heures au moins, après quoi il
faut bien laver la toile pour emporter toute la
gomme qui y a été mife avec le mordant &, le
soir.
Mordant pour le rouge clair.
Voici de quelle manière fe fait le mordani pour
le rouge clair. On prend parties égales, d’alun &
de crème de tartre ; s’il y a une once de chac-un,
on diffout ce mélange dans une pinte d’eau, &
on le gomme à l’ordinaire : fi l’on veut des
nuances intermédiaires, il n’y a qu’à mêler un
peu du premier mordant avec celui-ci.
Mordant pour le violet.
Le mordant pour le violet fe fait en mettant
V O C A B
B a t u r e ; c’eft une efpèce de mordant dont
on fe fert pour rehauffe* d'or en détrempe.
M i x t i o n ; e f p è c e d e m o r d a n t c o m p o f é p o u r
dorer à l ’ o r m a t .
M o r d a n t ; c o m p o f i t io n c o l l a n t e p r o p r e à a t tacher
u n e fu b f t a n c e à u n e a u t re *
dans de l’eau quatre pintes, partie d'alun de Rome;
une partie de vitriol de Chypre, autant de verd-
de-gris, une demi-partie de chaux v iv e , & de
l ’eau de ferraille à difcrétibn, fuivant que l’en
voudra le violet plus ou moins foncé. L’eau de
ferraille eft la même compofition dont on s’eft
fervi d’abord pour imprimer en noir.
Mordant pour le gris-de-lin.
Pour le gris-de-lin on mêlera le mordant du
rouge clair avec celui du violet, dans 1a proportion
qu’on jugera à propos.
Cùuleur de café.
Pour une bonne couleur de café, on mêle l’eau
de ferraille avec le mordant pour le rouge.
7 L A I R E.
M o r d a n t à l'huile ; e fp è c e d e mordant c om -
p o f é p o u r b r o n z e r & d o r e r à l ’h u i le .
O r d'Allemagne ; o n a p p e l l e a in f i l e c u i v r e
r é d u i t e n f e u i l le s .
R e h a u s s e r d'or en détrempe ; c ’e f t a p p l iq u e r
p a r l e m o y e n d ’u n m o r d a n t , l’o r e n f e u i l le s fu r
l a p e in t u r e e n d é t r em p e .
Arts £* Métiers. Tome Wi Partie L G