
fice n’eft autre que d’accêlèrer la rotation de 1a
machine.
Enfin l’arbre fe termine en pointe de quatre à
cinq pouces de long , d’un diamètre fuffifant pour
y pouvoir placer un rochet, fur lequel on évide
le fil.
L’ouvrière tient de la main gauche le fil qu’elle
conduit fur le rochet, pour qu’il s’y répande également
, & de la droite elle frappe du plat de
la main , en retirant le bras à elle , fur l’ârbre
entre les deux montans , & procure par-là une
rotation très-rapide à cet arbre , & conféquem-
ment au rochet ; elle répète ces coups de main
aufli Suivent qu’il eft nèceffaire pour entretenir
le mouvement.
L’arbre de. cette machine eft çompofè de trois
pièces, le gros de l’arbre eft de bois ; à droite
eft un collet qui y entre avec effort.
Dans l’autre extrémité du cylindre entre une
tige de fer appointie à cet effet , & arron-
die pour fervir de fécond collet ; enfuite eft un
carré qui reçoit la roue ; enfin eft la pointe fur
laquelle on place le rochet.
Au moyen de cet uftenfile , le dévidage fe fait
fort vire ; après quoi on paffe le fil à la poix,
comme on va le voir.
Manière de poijfer le jil pour en faire le ligneul.
Le fil avec lequel on arrêté les dents fur les
jumelles, ne prend le nom de ligneul que lorf-
qu’après toutes les préparations néceffaires, on Ta
enduit de poix fondue & préparée pour cela.
La poix dont on fe fert n’eft pas pure, c’eft
ordinairement de la noire ; on y mêle une certaine
quantité de poix-réfine & de fain-doux ou
de fuif de chandelle ; quant aux dofes dont ce
mélange eft compofé , il n’y a rien de déterminé ;
chaque peigner le compofe à faYantaifie ; quelques
uns m’ont affuré que fur une livre de poix
noire, on mettoit deux onces de poix-réfine neuve ,
& environ une once de fain-doux ou de fuif.
Il faut faire fondre le mélange dans une marmite
de terre verniffée neuve ; & quand on veut s’en
fervir, on met la marmite fur lé feù, ayant foin
que le matière bouille continuellement ; alors on
paffe le fil dedans 9 & il n’en prend que ce qu’il
lui faut pour parvenir à la groffeur dont on a
befoin.
Mais ce n’eft pas affez de l'abandonner ainfi
au hafard , on a imaginé diverfes méthodes pour
régler cette groffeur dans toute fa longueur. Parmi
ces méthodes , il y en a fans doute de meilleures
les unes que les autres, mais je me contenterai
d’en faire voir trois des plus ufitées &
des plus commodes , telles que je les ai vu pratiquer
aux peigners les plus habiles, de qui je les
tiens.
Première manière de poijfer le fit.
On place une marmite fur un trépied , & 0«
entretient deffous un feu fuffifant pour tenir la
liqueur bouillante. Au côté droit de la cheminée
& en - dedans , font (celles .deux forts puons
dans Panneau defquels paffe une broche de fer*
fur laquelle eft placé un rochet qui fe déroule à
mefure qu'on en a befoin.
L’ouvrierp^end un bout de ficelle un peu groffe,
& fait un noeud au milieu , dans lequel il fait
paffer le fil du rochet, & à mefure que ce fil
fort de la marmite, ce noeud lui fert de filière
pour en régler la groffeur.
Il falloir un ’fcnoyen pour déterminer le fil
à aller fe plonger dans la poix qui eft dans la
marmite ; c’eft ce qu’on obtient au moyen d’une
fourchette de fer, au bout de laquelle eft un tenon
qui paffe dans un trou piariqué au mi ierç
d’un morceau de bois qui , appuyé contre les
parois intérieures de la marmite , retient cette
fourchette dans un»j pofirion perpendiculaire; au
moyen de quoi le fil qu’on paffe d’abord entre
les deux pointes fe plonge dans la marmite, &
s’y imprègne d’une quantité fuffifante de prix ,
dont enfuite la filière ôte le fuperflu.
Il faut dans ce travail avoir attention d’enduire
les doigts de la main droite avec un peu
de fain - doux, pour empêcher que.la poix ne
tienne aux mains ; & à mefure qu’elle fe diflipe,
on en reprend dans une terrine qu’on place à
cet effet fur la cheminée.
La poix dans cette opération ne fe fige pas très-
promptement ; c’eft pourquoi il faut avoir foin
de placer chaque tour par terre , & non les uns
fur les autres, du moins autant qu’on le peut, attendu
qu’ils fe collent enfemble , & que ceux
qui font dans une pofition inclinée, occafionnent
l’écoulement de la poix vers la partie inférieure,
& le fil devient dans toute fa longueur plein d’inégalités,
inconvénient auquel la filière devoit
remédier, & qu’on ne fauroit éviter, malgré
toutes les précautions que je viens de recommander.
On n’eft jamais affuré d’une parfaite égalité
dans la longueur du ligneul , parçe que, comme
nous l’avons déjà dit , quelque foin qu’on prenne
pour étendre les tours à mefure qu’on le tire ,
comme la poix refie long-temps chaude, elle
defeend par fon propre poids, Ôi fe trouve plus
épaiffe d’un côté que de l’autre ; mais ces
défauts n’empêchent pas beaucoup d’ouvriers de
fuivre cette méthode.
Parmi ceux qui , en tirant le ligneul, lelaiffent
tomber à terre , il y en a qui le fervent pour
filière, d’une palette de bois, au milieu de laquelle
eft un trou de la groffeur qu’on défire. On tient
cette palette de la main gauche, tandis que 1&
droite tire le ligneul.
Cette fécondé méthode eft préférable quant à
la filière, dont le trou peut être très-rond, ce
que la ficelle ne fauroit produire.
^ On graiffe cette palette de t mps en temps
avec un peu de fain-doux, pour que la poix
ne s’y attache pas : on a autant de palettes qu’on
veut de différentes groffeurs de ligneul . & on
les numérote pôur les diftinguer plus aifément
au befoin.
Quand on a poiffé une certaine quantité de
ligneul , & qu’il eft bien refroid. , on le dévide
par petits paquets entre le pouce &. 1 index de
fa main g niche , ou fur les trois premiers doigts ,
en le conduifant avec la main droite ; on lie-4
enfuite ces paquets par le milieu avec la fin
de chaque bout , & on l’arrête par un noeud
coulant pour le ferrer fans craindre qu’il fe
mêle.
Seconde manière de poijfer le fil.
Les peigners qui emploient la méthode que je
vais rapporter, placent une marmite remplie de
poix Ht autres ingré riens fur le feu ; ils fe fervent
d’une palette dont le trou eft plus ou moins
grand , (v ivant la groffeur qu’on veut donner au
fil, & faifant de la main droite tourner un afple ,
ils l’enveloppent de ligneul à mefure qu’il fort
de la marmite , & en forment par ce moyen un
écheveau en fort peu de temps.
Cet afple eft pprté fur un chevalet, dont la
conftruction n’a befoin que de (olidite.
Sur un chaflis formé de deux pièces de bois
affemblées par des traverfes , s’élèvent deux forts
montans, retenus par des areboutans qui s’af-
femblent haut & bas à tenons &. mortaifes , ainfi
que toutes les autres i ièces.
Au haut de ces montans eft une entaille ou
repofe l’axe, & leur écartement eft déterminé par
la longueur du moyeu , au milieu duquel font
percées deux mortaifes qui fe rencontrent au
centre ; car les tenons des quatre bras n’y entrent
guère que d’un pouce ou un pouce & demi,
& chaque bout de ce moyeu eft convexe, pour
diminuer les frottemens contre les montans.
Au b de chaque bras eft un tenon qui reçoit
les ailes , au moyen d’une mortaife pratiquée
fur leur épaiffeur ; &vpour plus de folidité , ces
ailes y font chevillées.
L’a .e eft fait de deux pièces ; l’une a un tenon
carré qui reçoit la manivelle , & toutes deux
font arrondies pour fervir de collet, & ont leurs
extrémités appointies pour entrer carrément dans
fe moyeu.
La manivelle; eft faite le plus Simplement pof-
fible; c’eft un morceau de bois de quatre à cinq
pouces de long , à l’un des bouts duquel eft un
trou carré au calibre du carré de l’axe, & à l’autre
eft un trou rond qui reçoit une cheville à
tête, laquelle entre dans la poignée.
Cette méthode n’a que l’avantage de la filiere
de bois ou palette, pour donner au ligneul une
égalité de groffeur dans toute fa longueur; encore
fi l’ouvrier n’y prend garde , le trop de poix que
la petiteffe du trou force de refluer contre la palette,
s’y fige, fe durcit, & diminue infenfible-
ment le diamètre du trotu, aa point que filo n
n’avoir foin d’approcher la palette du feu de
temps en temps , le fil fe trouveroit a la fin réduit
à un tiers au plus de la groffeur qu’on »voit
deflein de lui donner : on peut aufli l’enduire
de fain-doux à mefure que la poix paroît s y
amaffer. _
Il y a un autre inconvénient auquel il n’eft
pas aifé d’apporter remede ; c’eft que les fils couchés
fur l’afple fe trouvent plus chargés de poix ,
& par conféquent plus gros près des ailes.^
La poix conferve affez long-temp» fa fluidité ,
! & le njouvement de rotation la fait tendre à s’é-
I chapper ; mais retenue par une furface qui eft
l’aile , elle s’y fixe, & de proche en proche le
fil s’en trouve plus chargé que dans les entre-deux.
Maisdira-t-on j la poix eft-elle tellement nécef-
fâire qu’on ne puiffe lui fubftituer des refines , des
gommes & autres fubftances femblabies ? Oui f
fans doute , il faut que la matière dont on enduit
le fil foit dure fans caffir , réfifte aux frottemens ,
& fur-tout puiffe fe prêter aux contours que le
ligneul décrit fur les jumelles , fans éclater ou
s’égrener.
D ’ailleurs , lorfque le peigne eft fait & qu’on
Je met en oeuvre dans les rainures du battant
qui le reçoit, il y éprouve des faccades & des
1 ébranlemens multipliés ; & fi la matière dont le
fil eft enduit n’étoit pas liante , elle feroit bientôt
anéantie, au grand dommage du peigne , dont
les dents font comme amalgamées avec les ju--
melles par le moyen de la poix.
Il faut croire qu’on ne s’en tient à cette fubf-
tance , qu’après avoir effayé de beaucoup d autres
qui n’ont fans docte pas rempli le même obier.
J’ai dit que l’ufage de l’afple éroit fujet à un
très-grand inconvénient ; cependant on trouve
beaucoup d’ouvriers qui s en fervent ; & lorsqu'ils
le jugent fuffifamment rempli , ils redevi-
dent ce ligneul par longueurs entre le pouce
l’index de. la main gauche , en croifant chaque
tour , ou bien fur quatre doigts , comme je l’ai
dit plus haut. Voyons maintenant une autre méthode.
Troifième manière de poijfer le ligneul.
La manière dont je vais parler n’eft pas entièrement
différente des précédentes ; l’ouvrier place
la marmite fur un trépied , comme on l’a vu ,
& ,1e rochet fur une broche au côté droit en-
dedans de la cheminee ; mais au lieu d une palette
de bois , il pofe fur la marmite même une
planche fixée avec des clous fur des taffçaux, dont