
prifes contre la voûte du1 chapiteau, tourne autour
de la cloifon , & reçoit ainfi un affleurage -
convenable, qui"l’adoucit ,.la bat & la délaie
uniformément dans un véhicule convenable au
travail de la cuve.
Il feroit poffible d’adapter ces fortes de cylindres
au mouvement des arbres qui font jbuer’ les-
maillets dans les moulins ordinaires ; il faudroit
très-peu de force pour faire tourner ces efpè'ces de
mouflons , & beaucoup moins que pour faire jouèr *
les maillets dans nos piles affleurantes.
Il me paroît que ces machines , appropriées à
notre ilfagê , feroient d’un tout autre lervice que •
les piles affleurantes,, & qu’en beaucoup moins
de]temps, un feul de ces cylindres pourroit affleurer
l’ouvrage de deux cuves, même lprfqu’on y
fabriqueroit de grandes fortes, dont la pâte eft ,
ordinairement fi mal affleurée. On fentira encore
mieux ces avantages du changement que je pro-
pofe , lorfque j’aurai fait comïôîtrè. les défeéiuo-
fîtés dii travail ordinaire de nos piles affleurantes, ,
Dans la plupart de nos-moulins, tes piles affleurantes
font gouvernées par le leveur, qui lés garnit
fucceffivement d’une quantité de matière raffinée
aflortie au travail de la cuve. Comme cette quantité,
varie fuivant les fortes qu’on y fabrique,
la pile affleurante fe trouve plus ou moins chargée
d’ouvrage , & le travail de cette pile ne durant
que Le même temps qu’on emploie à la fabrication
du papier, il s’enfuit qu’on eft obligé d’y préparer
& d’y affleurer tantôt une grande quantité de
matière , & tantôt une moins grande dans le même
temps ; ainfi lôrfqu’on travaillé de grandes fortes
qui èhiploient beaucoup de matière , on eft obligé
de charger l’affleurante à-peu^près de toute la quantité
qui entre dans une porfe 5 on fent que cette
dofe diminue lorfqu’on fabrique de moyennes ou
de petites, fortes. Pour fatisfaire à tous ces cas ,\
avec une pile dont ni-la continence , ni le travail
ne peuvent changer, on a pris le parti d’affleurer
3a matière à très-petite eau, lorfqu’elle eft abondante
, & pour lors le mouvement des maillets &
de la pâte étant gênés, non-seulement l’affleuràge
eft mal exécuté , mais il en réfulte une multiplication
de grumeaux & dp pâtons qui détériorent
l’ouvrage, bien loin de l’adoucir'& de lé délaÿer
uniformément dans un véhicule convenable, double
objet de l’affleurage. C ’eft-auffi pour cette rai-'
fon que lès grandes fortes contiennent à proportion
beaucoùp plus de pâtons que les moyennes
& les petites, & que!jeur grain eft dur , inégal'&
plein d’àfpérites, & cela ri’eft pas étbnnànt ; car^
dans le travail ordinaire de l’affleurante, leleveür
la charge d’une pâte raffinée«n gros mâtons à fee,
qu’il détrempe affez groffièrement dans une ou
deux baffines d’eau, puis mettant en jeu les mail-,
lets, & pouffant la matière tout autour, il en fa-
vorife comme il peut la circulation ;• enfin-, il
ouvre la fontanelle pour augmenter infenfiblément
l’eau , & aider les mouvements de la pâte dans là
pile; C’eft dans cet état que le travail de la pile fe
continue jufqu’à ce que l’apprenti-vienne faire
imotivoir l’ouvrage , & y ajoute de l’eau s’il en eft
befoin ; quelques temps après, le leveur examine
fon affleurée, fi elle a le véhicule d’eau convena-
jble, il l’enlève avec la baffine, & la met dans la
jcâiffe de dépôt de la chambre de cuve. Il ne.m’a
pas paru qu’avec des furveillans auffi attentifs’
& des machines, auffi imparfaites , l’ouvrage
paffe affez fou vent fous les maillets pour acquérir '
une certaine douceur , qui femble le principal but
de cette opération ; dans la vérité, ce qu’on obtient
généralement par-là1 i fe réduit à détremper
la matière, & à la délayer dans une certaine quantité;
d’eau , mais "nqn à -lui donner,cet apprêt
qui eft.fi fenfible dans l’étoffe du papier * lorfqu’il
a été donné comme; il convient, & qu’on rencontre
fi rarement dans des papiers des petites; fabriques.
Je dois dire cependant que certains fabri-
cans, jaloux de faire de beau papier, ont pris le
parti de faire préfider un ouvrier au travail de la
pile affleurante, fur-tout lorfqu’ils font de grandes
fortes. Ges ouvriers prennent pour, lors de l’avance,
font attentifs à-faire circuler continuellement la
matière , & a la- porter fous les maillets , ce qui
hâte & complète l’affleurage, 6c pour lors on ne-
/prouve pas tous les inconvéniens dont j’ai parlé.
Il faut cependant obferver que le nombre de
trois maillets eft en général trop petit pour que
la matière raffinée s’affleure comme il convient,
malgré l’attention d’y faire préfider continuellement
une ouvrier pendant tout le temps nécef-
faire ; il eft évident qu,e quatre maillets animant
davantage la circulation de la pâte , auroient du
être adoptés pour les piles affleurantes.
Il ferait auffi beaucoup plus avantageux d’employer
dans" nos piles affleurantes des maillets
ferres comme ceux" qui raffinent ; outre que ces'
maillets pourroient ameurir beaucoup mieux que
lès-maillets nuds qu’on y emploie, !ë temps de
l’affleurage étant pajffê, on pourroit faire travail-
, 1er ces piles pour le raffinage des pâtes ce changement
fur la totalité ides Cuves" pourroit augmenter
le nombre des maillets , & éviter le chômage
de h os piles affleurantes.^
Mais aucune réforme dans cettç partie dont
on vient d’indiquer les défauts , ne vaudra l’in-
trqduâiOn des rhouffoirs Hbliahdois, en leur don-
| nant cependant une forme affortie à la force qui
pourroit les faire mouvoir. J’infifte. fur] cette
reforme, parce] que je fuis convaincu que cette
addition faite à nos moulins à maillets , produi-
roit une amelioration dans nos pâtes. Amélioration
dont l’examen de la plupart de nos papiers,
même les plus foignés, démontre la neceffité.
. C H A M B R E D E ; C U V E .
Lorfque la matière dont doit être formé le papier
eft à fon point de perfection -, foit par lé
travail
travail des maillets, foit par celui des cylindres ;
alors on fabrique le papier. Mais avant que
d’expofer les diverfes opérations de cette fabrication
, il eft néceffaire de décrire auparavant tous
les outils & les machines dont il faut meubler
l’atelier qui y eft deftiné , & qu’on nomme chambre
de cuve. La cuve à ouvrer , qui donne fon
nom à cette chambre, fig. 1 8c 6 , planche AT,
eft faite de bois ; elle a ordinairement cinq pieds
de diamètre , deux 8c demi de profondeur : elle
eft reliée avec trois ou quatre cercles de fer, & po-
fée fur des chantiers. Elle eft percée en H h , d’un
trou circulaire de dix pouces de diamètre t auquel
on adapte au-dedans delà cuve une efpèce de
chaudron dé cuivre rouge , d’environ vingt ou
vingt-quatre pouces de profondeur, fur quinze à
dix-huit de diamètre vers la culaffe X : on le
comme piflolet ; les rebords en font cloués en dehors
de la cuve. Dans cepiftolet, qui fert de fourneau
, 8c où l’on fait un feu de charbon ou de bois,
on place une grille de fer" H h,fig. 6 , fur laquelle
on met le bois ou le charbon. Lè deffous
de cette grille fert de cendrier ; ainft cette forte
de fourneau eft entièrement entourée par l’eau
que la cuve contient pour l’entretenir à un certain
degré de température. La partie de la grille
qui eft hors de la cuve , eft foutenue par une
barre de fer K , comme on le .voit dans la-
fig 1. On voit auffi auprès de la,cuve , la pelle
arrondie qui fert à vider le cendrier , à. porter
le charbon dans le fourneau, 8c à dégager la grille
dé cendres : on y voit] auffi un crochet à coté ,
qui fert à ce dernier ufage. Nous remarquerons
ici que l’ouverture 8c la grille du piftolet abonnirent
le plus fouvent à une cheminée qui reçoit
la fumée du bois ou du charbon , 8c quelquefois
même le bas d« cette cheminée eft entièrement entouré
de murs, de manière que l’ouverture du piftolet
n’a plus aucune communication avec la chambre
de cuve , 8c qu’on n’entre que par dehors
dans cette cheminée. Cettë difpofition , qui eft
affez commune dans les fabriques des Pays-Bas,
prévient toutes les ordures 8c toutes les faletés
que l’adminiftration du feu dans le piftolet occa-
fionne à la chambre de cuve , lorfqu’il y communique
fans aucun obftacle.
Chaque cuve, qui eft ronde , eft garnie à fa
partie fupérieure de planches G , L , D , B , E , K.
fig• 6. Ces planches font un peu inclinées vers
la cuve , pour y rejeter l’eau 8c la pâte qui y
tombent : elles font, outre cela , rebordées par.des
tringles de bois qui empêchent la matière de fe
répandre au dehors. La place B , oùfe met l’ouvrier
, eft appelée la nageoire ; elle a environ vingt
pouces de largeur, 8c les côtés environ fix pouces
de profondeur ; les planches qui formènt cette
cfpècej de caiffe , defeendent jufqu’au pavé : leur
fommet doit fe trouver un peu plus haut que la
ceinture de l’ouvrier, fig. i re. L’ouverture de la
cuve eft traverfée par une planche M d , qu’on
Ans 6* Métiers. Tom. V. Part. II.
nomme trapan de la cu v e , & qui eft percée de
trous à une de fes extrémités M : elle pôle fur les
rebords des planches qui entourent la cuve ; elle a
auffi en e, une entaille qui fait que non-feulement
fa face fupérieure affleure celle du trapan , mais
encore qu’elle y trouve - un point d’appui qui
l’empêche de gliffer de a verse : l’autre extrémité a
de la planchette eft foutenue par un petit chevalet
, dans l’eritaille fupérieure duquel cette planchette
entre de toute fon epaiffeur ; enfin , il y a eu
F un morceau de planche percé de plufieurs trous ,
dans lefquels on plante un morceau de bois f e , fig, i re, 9 qu’on appelle égouttoir, ou accotoir, contre
Lequel un des longs côtés de la forme repose
dans une fitüation inclinée, pendant que leau
qui s’échappe de la forme retombe par les trous
du trapan dans la cuve : cet égouttoir a des trous
à différeras degrés de hauteur, pour que les formes
de différentes dimenftons puiffent s y appuyer
dans une fitüation inclinée à coté de la cuve.
On voit en A B , la preffe en profil, dont on
a le plan & la fituation refpeétive en A A., f ig 6 ;
enfin , l’élévation & la perfpeétive fig. 5.
Chaque preffe eft éloignée de trois pieds du bord
L D de la cuve , avec laquelle une des deux jumelles
eft jointe par des planches L A ,fig. 6 , ou m ;
fig. i re. Ces planches entrent à couliffe dans la
rainure du poteau l., lequel foutient quelques-
unes des planches qui entourent l’ouverture de
la cuv e, & entre deux.taffeaux cloués fur la face
d’un des montans de la preffe , comme on
le voit en m B , fig' i rE- & en A ,fig. 6 , plane. X .
Ces planches forment ce que l’on appelle la nageoire
du coucheur, dont le fommet eft élevé de
deux pieds au-deffus du fol de la chambre de cuve.
Les preffes de la chambre de cuve font com-
pofées de deux montans on jumelles A B de
douze pieds de longueur , éloignées 1 une de 1 autre
de trois pieds & demi. On leur donne environ
onze pouces de groffeur, fur huit pieds de
long , & on laiffe le bois en grume par les deux
extrémités, ce qui forme des renforts qui fervent-
d'embrèvement au feuii & à l’écrou. Le feuil ede a
deux pieds de largeur, fur quinze ou dix-huit pouces
d’épaiffeur. Sa furface fupérieure n’eft élevée
au-deflus du terrain que d’environ trois ou quatre
pouces ; il eft entouré d’ un pavé de pierres,
dans lequeLon a ménagé des rigoles pour le .
écoulement de l’eau qui fort du papier lorfqu’on
le preffe. L’écrou , de bois d’orme, a cinq pieds
quatre pouces de longueur , fur dix-huit pouces de
groffeur; il eft aflemblé avec les jumelles par le
moyen de tenons à renfort & de boulons à vis CD.
Aux faces intérieures oppofées des deux jumelles
, font pratiquées deux rainures, dont on peut
voirie plan/g-. 6 en A A : ces rainures reçoivent
les tenons du plateau ou banc de preffe G H ,
fufpendu à la tête de la vis P X , par un boulon
de fer qu’on appelle moine, dont la tete appuie
fous la flanche N fur laquelle, lors de la preflion,
R r r