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doit faire la langue fur le paffage de l’air de l’extérieur
à l’intérieur.
L’appeau de coucou eft un tuyau a fiez court de
corne , d’os , d’ivoire ou de bois. Il y a à fon
extrémité un trou qui étant bouché , doit bailTer
le fon de deux tons pleins , & l ’élever d’autant ,
lorfqu’il eft débouché!
Avec le même appeau on imite le roucoulement
monotone de la tourterelle en débouchant le
trou.
L’appeau de pluvier fe fait de l’os de la cuiffe
d’un mouton ; il a pour l’ordinaire trois pouces &
demi de long. A fon extrémité fe pratique l’etn-
bouchure, qu’on accommode en fifflet avec de la
cire ; on fait dans la longueur deux autres trous,
dont un efl auffi fermé de cire. Ou fi le fon eft
trop obfcur 5 on peut y faire une petite ouverture
avec une épingle ; l’autre trou s’ouvre & fe
ferme avec le doigt dans l’occafiori.
On fait un appeau pour les vanneaux avec un
morceau de. bois fendu, long'de trois pouces &
demi, en mettant dans la fente préparée pour cela
une feuille de lierre ou de laurier.
Pour l’appeau de caille on fabrique un appeau
à feourfe plate, qu’on nomme courcaillet ; le fifflet
fe tire d’un os de la cuiffe de mouton, que l’on
fait tourner & bien unir intérieurement : on lui
laiffe deux pouces & demi de longueur , & à un
bon travers de doigt de l’extrémité, on perce un
trou rond. On fait enforte que le bord du trou
oppofé à l’embouchure foit coupant & en couliffe,
pour que les fôns Reviennent doux. On accommode
avec de la cire l’extrémité, de l’os en forme
de fifflet, & l’autre extrémité fe bouche entière- 1
ment de cire.
Si l’on veut rendre le fon de la caille femelle',,
qui approche affez du cri du grillon , quoiqu’un
peu plus fourd , ou pourroit Faire une ouverture âr
l’exirémité bouchée, au moyen d’une épingle qui
agrandiroit le trou par degrés jufqu’à ce que l’on
foit parvenu au ton que l’on cherche.
L’appeau qu’on nomme vulgairement pratique ,
eft fait d’une lame de fer blanc ou-de plomb recourbée
à.fes deux extrémités, & fur une autre
lame moins longue, efl un petit ruban qui fait l’office
de languette.
Appeau de la chouette.
Il n’eft qu’une efpèce de chiendent fur laquelle
fe trouve la feuille propre à piper. Cette feuille
doit être fort mince , couverte d’un duvet prefque
infenfible à la vue, n’ayant qu’une très-légère côte
dans fon milieu, & ne faifant point le carrelet.
On tient cette feuille entre les lèvres. La langue,
en fe baiffant & fe voûtant par intervalle contre
le palais, augmenté & diminue à mefiire la capacité
de la bouche, & l’air qui' doit frapper la I
o i s
feuille en reçoit des modifications qui imitent les
cris lents- & plaintifs dé la chouette.
Quant aux tremble mens que le pipeur fait de
moment à autre , ils font monotones, & viennent
du gofier'feulement. ijl
On fait auffi un pipeau de coudra ou de-chêne
verd que l’on entaille ; on en unit bien l’en H oit
taillé, puis on enlève adroitement une languette
i que l’on fend très mince en la ratifiant, avec un
canif ou un morceau de verre. La pièce de bois
qui doit remplir le vide de l’ent.iillé, doit être un
peu creuféè, pour que la languette ait la liberté de
frémir & de donner du fon.
Appeaux à frouer.
Frotter-, c’eft exciter, eh foufflant fur quelque infiniment,
un bruit qui imite ou le cri de quelque
oifeau , ou fon v o l , ou le chouchefnent de la
chouette, ou quelques autres cris fingulièrs.
De tous les appeaux k frouer, il n’y en a pas
de plus commode que la feuille de lierre , tournée
de façon qu’elle repréfente affez bien un cône
dont la pointe feroit en bas. On la tient avec les
trois premiers doigts d’une main , obfervant que la
pointe de ce cône remplifle l’intervalle que laiffent
les extrémités dés trois doigts unis entre eux.
C ’eft avec cette efpèce de pipeau qu’on doit
chercher à imiter les différens cris des geais , merles
, drennes, &c.
On doit en frouant, peindre la crainte de ces
oifeaux, leur envie de fe venger , & fonner l’alarme.
’^Un nouvel infiniment à frouer efl fait d’acier;
fa lame n’eft pas tranchante , mais aflez mince
pour qu’en l’approchant des lèvres , l’iffue de l’air
hors de la bouche produife un froument & un
chouchemetit très-imitatifs.
Cette lame fert de manche à un petit marteau
suffi d’acier, avec lequel on appelle les pies.
On efl prefque fur , quand on entend un pie aux
environs d’une pipée, de la prendre bientôt. Ces
oifeaux frappent fur les arbres avec grand bruit, &
s’appellent ai nfi mutuellement ; de façon que quand
on eft prévenu'qu’on a des pies pour voifines,
on fai fit le moment où elles frappent, pout fr pper
plus fort, faifant attention de ceffer prefqu auffitôt
qu’elles.
De l'arbret ou arbrot.
Varbret ou arbrot eft un afemblage de branches
d’arbres réunies en un faifeeau , que l’on pique
en terre au milieu d’un champ ; on entoure &
fon couvre d’épines cet arbror, & dans ces épines
on fait tenir dès bâtons de dix à douze pouces
de longueur, couverts de glu, exc.pté à deux
pouces difplus gros bout, qu’on a fendu dans le
milieu & qu’on laiffe à fec.
On place- à quelque diftance de l’arbret des pioi
s auets hauts d’environ trois pieds , & on y attache
des cages contenant des oifeaux de F.efpèce de
ceux qu’on veut prendre, & qui appellent par
leurs cris d autres oifeaux qui viennent fe pofer
fur l’arbrot, & fe prendre à la glu. Ils font auffi-
tôt faifis par le chaffeur attentif qui les guette derrière
un bùiflon.
Des filets dits nappes. .
L’oifeleur choifit un terrain plat, où il pofe. deux
filets dits nappes, d’environ douze pieds de longueur
& de quatre de largeur , tendus .& attachés
à des chaffis de bois fort légers. II faut laiffer un
efpace vide de là grandeur des deux filets. On
répand du grain dans cet efpace pour fervir d’appât;
on y met auffi quelques oifeaux attachés par
les pattes qui font un appel ; lorfque des oifeaux
viennent au piège , l’oifeleur tire fortement deux
cordes qui font retomber les filets fur ces oifeaux.
On prend de cette manière des chardonnerets ,
des bouvreuils, des p infonsdés linottes , des cabarets,
des bruants, des verdiers, des moineaux
francs, des friquets, des tarins,, & même des ortolans
, dans le temps de leur paffage en automne ,
& autres, petits oifeaux qui vivent de grain.
Notez qu’il eft dû pour rétribution aux capitaineries
royales un certain nombre de ces ortolans
pour avoir la permiffion de les chaffer.
On prend auffi dans ce piège,, furtout en hiver,
les oifeaux qui vivent d’infeéles, comme les bergeronnettes,
les lavandières , les traquets, les
mélanges, les roitelets , les fauvettes , &c.
De la pin fondée.
La pinfonnée eft une chaffe deftruérive qui fe
fait de nuit, en cherchant les oifeaux dans les buif-
fons avec une lumière, & les .affommant avec
une efpèce de battoir.
On peut auffi, pour la pinfonnée, faire une ronde
à trois chaffeurs, dont l’un tient un flambeau , le
fécond .jin bâton pour battre .les haies, & le troisième
des gluaux rangés en éventails , avec lefquels
il tâche d’arrêter les oifeaux qui voltigent tout
effrayés autour de la lumière.
De la pantière.
Lapanti'ere n’eft compofée que d’une nappe Ample
fort longue , & haute de vingt-quatre ou trente
pieds; ce filet doit être tendu de façon que la bé-
caffe ou quelque autre oifeau venant à y donner ,
joit entraîné par le poids de la nappé où il paffe
le col, & fe trouve ainfi embarraffê dans les plis.
De Varaigrie. .
L araigne eft un filet qui a fept ou huit pieds
de hauteur, fur neuf ou dix de large. Ou le fair
de foie ou de fil menu fort & teint en brun. .
On paffe dans le rang des mailles d’en haut une
fmlle. de' la longueur du filet, à chaque bout de
laquelle s’attache un petit coin de bois qu’on
nomme iriquet, On fe munit d’une perche légère
de la hauteur de neuf à dix pieds , pointue du grojs
tou t, & fendue-à fon extrémité fupérieurc, ,
Quand on fait qu’il y a des merles dans une
haie ou quelques antres oifeaux qu’on veut attraper
, pu tend l’araigne dans,, le milieu,. La perche
en foutient un côté, tandis qu’une branche de là
haïe , ou une perche plantée’ foutient l’autre,
■- Il faut, pour que le filet foit bien tendu , qu’il
tombe à la plus légère fecouffe.
Lorfque l’équipage eft tendu , on fe rend à l’extrémité
de la -haie , que l’on bat du côté où le filet
n’eft point tendu, afin de faire pafi’er le,gibier
de l’autre côté, & de l’obliger de donner dans le
piège;
Des traîneaux.
Les traîneaux font des filets longs de huit ou
dix toifes, & larges de quinze ou dix-huit pieds.
Les mailles font â lofanges, & proportionnées à
l’efpèce de gibier qù-’en veut chaffer ; à chaque
"extrémité s’attache une perche, qui doit être de
longueur à égaler la largeur du filet.
Quand on chaffe au traîneau, on s’affure de
l’endroit où des bandes d’alouettes ou de tels autres
oifeaux fe cantonnent, & la nuit on vient à
pas de loup pofer le traîneau fur les dormeufes.
Le traîneau fert auffi à prendre des bécaffines
pendant leur paffage. Elles habitent les endroits
marécageux, & fe prennent d’autant plus facilement
que les herbes font plus grandes.
On fait auffi une efpèce de traîneau qu’une per-
ïonne feule peut porter commodément. On prend
deux perches fort légères, longues de dix pieds ;
on les emmanche dans un fort morceau de bois
de trois pouces d’équarriffage & long de trois pieds.
Les deux extrémités des perches doivent être éloignées,
à proportion déleur divergence,.de neuf ou
dix pieds. Au milieu du morceau de- bois & par
derrière, s’emmanche un autre bout de perche ,
groffe comme le poignet & longue de quatre pieds:
elle fert de manche, que le chaffeur porte fur le
bras. On attache aux perches un filet à mailles à
lofanges de dix-huit lignes de large. On prend
furtout des bécajjines avec ce filet.
De la tirajfe.
La tirajfe eft un filet long de quarante à cinquante
pieds. Les mailles font à lofanges d’un pouce &
demi de large : on s'en fert pour , prendre des cailles
& des perdreaux.
Deux chaffeurs prennent chacun le cordeau nui
fert à traîner la tirajfe, & l ’on en couvre le chien