
figures en plomb ou en étain, il faut que cette
matière foit très-chaude : c’eft pour cela que l’on
dit qu’il faut couler à plomb rouge. On connoît
ce degré de chaleur lorfqu’en y jetant un morceau
de papier , il s'enflamme fubitement : alors
©n peut' couler fi le creux eft bien fec.
Ponce. On renferme dans un linge de la lithar-
ge pour faire de l’huile graffeou de la cendre pour
poudrer les endroits que l’on veut eftanaper : c’eft
ce qu’en appelle une ponce.
Portées. Ce font les parties excédentes d’un
moule : on fait aufii des portées avec de la terre
molle pour recevoir le plâtre.
Poussée. C ’eft l’effort que le plâtre fait dans les
creux ou fur les modèles.
Pousser la terre dans les creux, c’eft-à-dire ,
prendre l’empreinte d’un moule avec de la terre
molle.
Prendre. On dit qu’il faut laiffer prendre le
plâtre avant que de l’employer, & attendre qu’il
foit bien pris avant que de dépouiller le creux.
Raisonner , fe dit communément pour marquer
le foin qu’il faut avoir pour juger la pièce
que l’on fait lur une figure ou autres morceaux
de fculpture.
Recuit. On fait recuire les moules deftinés à
recevoir du plomb ou de l’étain : il faut prendre
garde de ne pas laiffer brûler le plâtre en le
recuifant.
Relâcher. Le plâtre fe relâche lorfqu’il eft
trop cuit ou éventé : il durcit à l’inftant qu’il eft
détrempé, puis il devient mol ; c’èft ce que l’on
appelle fe relâcher.'
Remonter une figure ; c’eft attacher au
corps d’une figure, avec du plâtre gâché très-clair,
les parties qui en avoient été moulées féparément.
Repaires. Ce font de certaines marques que
l’on fait aux pièces •& aux coupes pour les remettre
exaélement dans leurs places : la forme en eft
arbitraire.
Répareur ; nom d’un artifte qui fe fert
d’un crochet pour reformer & faire revivre la
fculpture qui eft effacée par la quantité de blanc j
dont on la couvre avant que d’être dorée.
Ripe. C ’eft un infiniment de fer ou d’acier qui
a des dents : il fert à rufiiquer la cire fur laquelle
on doit mettre des épaiffeurs.
Rustiquer. Lorfqu’on a à fondre les parties
des figures, foit en plomb, foit en plâtre, il faut
ruftiquer les deux parties que l’on veut rejoindre
ceft-à-dire, bien piquer les endroits, afin que le
plâtre que l’on met entre deux , s’y attache & ne
rafle plus qu’un corps.
Serré. Lorfque le plâtre eft long à prendre
il faut le gâcher ferré, c’eft-à-dire , mettre beau!
coup de plâtre dans l’eau.
Souder ; c’eft faire la réunion de deux parties
, foit en plomb , foit en plâtre, &c. r
Soufflures. Ce font de petites cavités dans le
plâtre.
Spalt gypseux : efpèce de pierre criftallifée
compofée d’acide vitriolique & de terre calcaire!
Spatule, efpèce de truelle de fer ou de cuivre
avec un manche de bois ou fans manche
qm fert à prendre le plâtre dafts la jatte où il eft
gâche : il faut, avant de fe fervir d’une fpatule
la faire chauffer, & paffer un peu d’huile ou de
cire defîus, afin que le plâtre ne s’y attache pas.
Surmouler. Faire un moule fur une figure ou
autre ornement de plâtre coulé.
Surmoules. Ces creux ne font pas fi fidèles
que les premiers moules faits fur le modèle original.
T alc. Il faut entendre du gypse criftallifé,
lequel a la même tranfparence que le mica ou le
vrai talc.
T oucher , s’entend des coups d’ébauchoir que le
fcumteur donne pour produire l’effet à fon ouvrage.
T ourmente : on dit auflî voilée. On dit vulgairement
que le plâtre fe tourmente lorfqu’une
chape qe porte pas également fur Fendroit où elle
fe trouve pofee : on fe fert auflî du mot voiler
pour exprimer la même chofe.
T ravail du plâtre. La nature du plâtre eft
de fe gonfler : il fait par ce moyen écarter ce qui
s oppofe à fon aélion ; c’eft ce qu’on appelle
travail. r r
| V ents oü soufflures , fe dit des petites cavités
ou bouillons dans les plâtres que l’on coule
fans précaution en comprimant l’air.
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MUETS E T SOURDS , E T LES AVEUGLES.
( Art d’instruire les )
U ne obfervation qui doit donner de grandes ef-
pérances dans les fciences & dans les arts, c’eft
qu’on y eft fouvent parvenu à des découvertes ,
que non-feulement on n’efpéroit pas pouvoir faire,
mais dont on n’avoit pas même l’idée.
On regardoit les muets de naiffance comme
moins guériffables qu’aucun autre ; cependant ce
font ceux-là même qu’il eft le plus poflible de faire
parler, que ceux qui le font devenus par accident. Ils
ne font reliés muets que parce qu’ils étoienr fourds :
l’organe de la parole ne leur manque pas ; ils font
Amplement embarraffés par le défaut d’exercice.
Comme ces muets le font en conféquence de leur
furdité, il faut, pourainfi dire-, leur faire voir les
fons, puis les exercer à les rendre.
Les fourds de naiffance font donc muets ordinairement
, parce qu’ils ne font pas capables d’apprendre
à parler. Cependant, comme les yeux
aident les oreilles, au moins en partie, ils peu-
vent, à la rigueur, entendre ce qu’on dit, enobfer-
vant le mouvement des lèvres & de là bouche ; ils
peuvent même s’accoutumer à faire des mouve-
mens femblables , & par ce moyen apprendre à
prononcer des mots.
Ainfi le doéleur Wallis parle de deux jeunes
gens quiétoient fourds de naiffance, & qui ne laif-
foient pas d’entendre ce qu’on leur dirait, & d’y
répondre pertinemment.
Le chevalier Digby nous apprend, dans fon traité
de naturd corporum , chap. 28 , n°. 8 , qu’un efpa-
gnol d’une naiffance diftingïiée, qui étoit frère cadet
d’un connétable de Caftille , étant né fourd &
muet, étoit infenfible même au bruit d’un coup
dè canon tiré à-fes oreilles.
Comme il lui étoit impoflible de rendre des fons
& des paroles qu’il n’entendoit pas, il fut privé
de manifefter fes idées par l’organe de la voix. Un
certain prêtre Efpagnol s’offrit à lui enfeigner non-
leulement à parler, mais encore à entendre une
converfation.
x Les perfonnes à qui il fit cette propofition éclatèrent
de rire, mais elles furent affez fages pour
mettre lé prêtre à l’épreuve.. On vit avec la plus
grande furprife , au bout de quelques années , que
le maître étoit parvenu, à force de foins , à mettre
ion élève en état de parler , & de proférer ce qu’on
proféroit devant lui en toutes fortes de langues ,
quelque difficiles çju’elles fuffent.
Un prince africain, qui étoit pour lors à la cour
d’Efpagne, éprouva très-fouvent la fagacité de ce
muet, en lui faifant répéter les mots les plus difficiles
de fa langue.
Le chevalier Digby affure qu’il a fouvent con-
verfé avec cet efpagnol, & qu’il admiroit la facilité
avec laquelle il répétoit les paroles proférées
par une autre perfonne qui étoit éloignée de lui
de toute la longueur d’une grande falle.
Le même expédient réuflit fur un des princes de
l’illuftre maifon de Savoye , qui étoit doué du plus
beau génie & de la plus grande fagacité, malgré
cette infirmité.
Le pere Schott rapporte dans fa phyfique cumule
, livre 3 , chap. 33 , qu’il avoir connu deux
jéfuites qui comprenoient tout ce^que l’on difoit à
la feule infpection des lèvres.
I ly avoit, vers la fin du dernier fiècle ,-à Amfter-
dam, un médecin Suiffe, nommé Jean Conrad Amman,
qui apprenoit , avec fuccès, à parler à des
enfans nés fourds; il avoit réduit cette pratique à des
règles fixes, & à une efpèce d’art & de méthode
qu’il a publiée dans fon Surdusloquens, Amfterdam
1692,, & dans fon traité de Loquelâ , ibid 1700. **
M. Waller, fecrétaire de la fociété royale de
Londres , parle, dans les tranfaélions philofophi-
qiies, n°. 3 13 , d’un frère & d’une fceurâgés
d’environ cinquante ans chacun, & nés dans la
même ville que M. Waller , qui tous deuxétoient
entièrement fourds ; cependant l’un & l’autre fa-
voient tout ce qu on leur difoit, en examinant
feulement le mouvement des lèvres, & ils y ré-
pondoient fur le champ.
Il paroît qu’ils avoient tous deux joui du fens
de Fouie étant enfans, & qu’ils l’avoient perdu
dans la fuite ; mais qu’ils avoient confervé une
efpèce de langage qui, quoique barbare, étoit
cependant intelligible.
L’évêque Burnet nous a rapporté encore un
autre exemple de la même chofe dans l’hiftoire de
la fille de M. G od d y , miniftre de S. Gervais à
Genève. Cette fille devint fourde à l’âge de deux
ans ; depuis ce temps elle n’entendoit plus que le
grand bruit, & rien de ce qu on lui difoit ; mais
en obfervant le mouvement des lèvres de ceux
qui lui parloient, elle apprit un certain nombre
de mots , dont elle compofa une efpèce de jargon ,
au moyen duquel elle pouvoir converfer ' avec
ceux qui étoient en état d’entendre fon langage.
Elle ne fayoitrien de ce qu’on articuloit, à moins
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